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Accueil du site > Tribune Libre > Fraude fiscale : des paroles aux actes

Fraude fiscale : des paroles aux actes

Bonne initiative hier soir sur France 5 : On repassait La grande évasion  (vers des pays fiscalement très accueillants). Nouvelle version.
  Une sorte de hold-up du siècle.
 Un phénomène bien connu maintenant.
 Le Figaro parle même de braquage mondial 
Une vraie délinquance. Un feuilleton qui dure...
 Beaucoup a déjà été dit, parfois par le menu, mais qu'a-t-on retenu ? Il est bon de rafraîchir la mémoire, par une approche différente.

 Malgré les déclarations, les promesses, les G(en)20, une esquisse d'un début de solution ne semble pas venir. Inertie ? complicité ? intérêts ?
 Même si l'action de la justice américaine a été assez spectaculaire ( quoiqu' hypocrite : et le Delaware ?), à l'égard de certaines officines de nos voisins helvètes. Pour les particuliers seulement.
 Mais les réactions européennes, françaises surtout, dispersées, sont tardives et limitées.
Il faudra du temps pour résoudre le problème. Les inerties sont énormes.
  On peut faire mieux que de multiplier les taxes, qui finalement rapportent peu, et on reste songeur quand on fait un drame pour quelques millions manquant pour le financement de tel ou tel effort social... Il y a 600 milliards qui manquent, selon l'enquête minutieuse de Antoine Peillon, jamais contestée jusqu'ici. Les experts cités par « The Guardian » estiment que l’argent placé dans ces paradis fiscaux et qui échappe donc de cette façon au fisc est l’équivalent du Produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis et du Japon réunis ! En France, six fois le trou de la Sécu...

     L'Etat est en plein désordre pour lutter contre la fraude fiscale 
Depuis 2009, les gouvernements successifs assurent que la lutte contre la fraude fiscale est en tête de leurs préoccupations. Pas un sommet international, pas une réunion européenne ne se passe sans que les autorités françaises rappellent leur détermination à la combattre. La fraude fiscale représente une perte pour l’État de 50 à 80 milliards d’euros par an, a encore indiqué un rapport d’une commission sénatoriale le 9 octobre. La Commission européenne évaluait récemment le coût de la seule fraude à la TVA à 32 milliards d’euros par an en France.

  Les actes, cependant, paraissent avoir du mal à suivre les paroles. Dans son dernier rapport publié le 10 octobre (lire ici), la Cour des comptes dresse un tableau consternant des moyens mis en place par l’État pour lutter contre la fraude fiscale : des troupes désorganisées et mal équipées, chacune luttant pour conserver son pré carré et ses prérogatives, incapables de coopérer et d’échanger des renseignements. Pas toutes convaincues non plus, semble-t-il, que la lutte contre la fraude fiscale soit une urgence… Il y a des déroutes planifiées.

 Depuis trois ans, les textes et les engagements internationaux signés par la France n’ont pourtant pas manqué. L’État a signé la convention OCDE contre les paradis fiscaux, le traité pour les échanges automatiques de données, mais ces derniers en sont encore au stade préliminaire.
La France a aussi instauré une liste des États non coopératifs, redéfinie chaque année par arrêté ministériel. Mais d’emblée, il y a de curieux oublis, comme le souligne la Cour des comptes. « Cette liste qui ne se fonde que sur la signature d’accords d’assistance et sur les évaluations de l’OCDE, demeure très restreinte, ce qui prive largement d’effets l’ensemble de la législation qui s’y réfère. En particulier, la liste française des paradis fiscaux (…) ne comprend pas les pays vers lesquels les fraudeurs fiscaux (personnes physiques et morales) se tournent prioritairement pour réaliser leurs opérations. »
 Ces derniers choisissent prioritairement les pays où la coopération judiciaire n’existe pas, où les structures commerciales sont opaques, où le secret bancaire est solidement établi, rappelle le rapport. Aucun nom n’est cité mais on peut au choix parler de la Suisse, du Luxembourg, des îles Anglo-Normandes, de Singapour, de Panama, des îles Caïmans et de tant d’autres.

 On est encore loin du compte ! Ce que confirme la banquier Naulot.
La réforme est inachevée. Bercy, qui mobilise peu de moyens, de manière inorganisée, constitue un verrou et semble traîner les pieds. Effet Cahuzac ?
  "...Seul le ministère des finances a le droit de lancer des poursuites, en déposant une plainte préalable, elle-même soumise à l'autorisation de la commission des infractions fiscales (CIF). Cette lourde procédure, unique en Europe, donne lieu à des allers-retours incongrus entre la justice et Bercy, et débouche sur très peu de poursuites : environ mille plaintes déposées en 2011, pour 55 000 infractions constatées et redressements effectués, selon les chiffres du ministère. Et selon les avocats, les syndicats de magistrats et les ONG qui luttent contre la fraude fiscale, les cas transmis à la justice sont loin d’être les plus graves. Bien souvent, Bercy se réserve le droit de négocier avec le contribuable fautif, et agite souvent le dépôt de plainte comme le bâton censé inciter le mauvais payeur à coopérer...Yann Galut, député socialiste du Cher en pointe sur la lutte contre l’évasion fiscale, auteur d’une proposition de loi offensive sur la question, déclarait ainsi vouloir « mener le combat parlementaire ». « Pourquoi traiter la délinquance fiscale différemment des autres ? Pourquoi une exception dans ce domaine sur la façon dont la justice peut se saisir d’un dossier ? », interrogeait-il..."

     ____  Le 23 septembre 2009, Nicolas Sarkozy assurait aux Français qui l'interrogeaient sur TF1 et France 2 : "les paradis fiscaux, le secret bancaire, c'est terminé..."

 


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13 réactions à cet article    


  • alberto alberto 6 novembre 2013 14:51

    Salut ZEN

    Ainsi que tu l’indiques, nos politiciens et nos hauts fonctionnaires trainent vraiment des (deux) pieds pour partir à l’assaut de la fraude et de l’évasion fiscale !

    Comment ne pas croire qu’ils y ont intérêt (à trainer des pieds) les uns et les autres ?

    S’ils y mettaient autant d’énergie que celle dépensée pour la chasse aux ROMs...

    P.S. Ton lien vers le rapport de la cour des comptes est corrompu.

    Bien à toi


    • ZEN ZEN 6 novembre 2013 15:56

      Salut alberto

      Oui, il faut s’attendre à des surprises concernant l’inertie de Bercy
      Voici le bon lien

      Cordialement


    • Robert GIL ROBERT GIL 6 novembre 2013 15:20

      Pourquoi l’administration fiscale a-t-elle perdu 25 000 agents depuis 2002 ? Pourquoi le nombre de vérifications approfondies de situations personnelles a-t-il chuté de 12% entre 2006 et 2011 ? Pourquoi laisse-t-on chaque année 60 à 80 milliards d’euros échapper à l’impôt, tout en prétextant les déficits publics ainsi creusés pour sacrifier les retraites, les allocations sociales, les emplois publics, les investissements écologiques d’avenir ?

      voir : STOPPEZ L’EVASION FISCALE !


      • bakerstreet bakerstreet 6 novembre 2013 19:41

        Bravo Zen pour cet article, bien ficelé, documenté, et n’offrant pas de failles dans sa cohérence. On voudrait bien qu’il soit plus lu, mais peut être l’est il, et que les lecteurs comme moi, ne trouvent rien à rajouter


        • Franckledrapeaurouge Franckledrapeaurouge 6 novembre 2013 22:03

          Bonjour Zen,


          La réforme fiscale ( qui est aujourd’hui à l’arrêt (1) ), 
          et une véritable lutte contre l’évasion fiscale (2),
          sont un des enjeux majeurs, urgent
          et indispensable pour le redressement économique du pays.

          Notre système sociale (qui est génial) et depuis 1945, basé 
          sur la redistribution de la richesse créer par la force de travail.

          Tous et toutes nous servons des routes pour allez à l’école,
          ou au stade, chez le médecin, à l’université, à l’hôpital, l’aéroport
          La gare ...

          Mais dite moi, il n’y que des infrastructures public ?

          Même les écoles dite privé, ne peuvent fonctionné sans 
          les subventions public, et là, que nous dit-ont,
          que les personnes qui profitent le plus, ceux qui
          ont gagné beaucoup d’argent Grace :

          Au bon niveau d’instruction donnaient dans nos université, 
          Ou nos écoles techniques, et qui leurs a permis d’avoir
          des salarier bien formé,

          Des salariées qui pouvaient venir travailler, Grace au
          Bon état des routes, et aux réseaux de transport 
          En commun.

          des salarier en bonne santé, grâce à
          La formation universitaire des médecins, et
          Aux hôpitaux.

          Des salarier détendu, grâce aux installation sportives
          Mise à leurs dispositions, par les collectivité locale......

          Bref, tous ces gens qui aujourd’hui regarde le peuple
          De France avec mépris, et qui ce sont enrichis Grace 
          A l’effort collectif, aujourd’hui, ils refusent de participer
          De façon juste, et de facto plus importante, car leurs
          Moyens financier sont devenu pour certain, n’ayons 
          Pas peur des mots, gigantesque.

          Mais c’est gens là, la justice française ce doit de les punir,
          (Cela ne vous rappelle rien ?)

          Et que dire de notre personnel politique, cela fait maintenant
          Des années qu’ils sont à la solde de cette oligarchie
          Parasite, qui se moque de tout et de tous, et s’enivre
          De son image et de son argent.

          Je vais terminer par un constat, tout simple,
          Cela fait des années que nos politiciens nous vendent
          l’Europe, son le libre échange, qui doit nous emmener 
          Vers le progrès sociale, la modernité.

          Ils y travaillent Pour nous, s’en relâche, 
          Ils œuvrent corps et âmes pour notre bien être,
          Et l’avenir de nos enfants.

          Moi ce que je vois, ce que leur progrès social,
          Leur modernité et tout leur baratin, fait qu’aujourd’hui,
          Beaucoup trop d’honnête gens, ne peuvent plus se loger, se soigner
          Ni même se nourrir convenablement, dignement.

          Nos problème de financement des caisses de retraites,
          De la sécu, du service public..... Trouvent leurs causes
          Dans ce problèmes, des niches, de la fraude et des cadeaux
          Accordé à ceux qui en avaient le moins besoin.

          Je suis désolé d’avoir débordé et d’avoir fini
          Hors sujet, mais ce que je vois, ce qui je lis au quotidiens
          me RÉVOLTE.

          En tout cas ZEN, c’est un très bon article sur lequel il faut revenir,
          Encore et encore et peut être qu’un jour, la majorité silencieuse 
          Se réveillera.

          CORDIALEMENT

          FRANCK

          1


          2









          • Franckledrapeaurouge Franckledrapeaurouge 6 novembre 2013 22:24

            Voilà le vrai boulot de nos politiciens,


            Quand on voient qui sont leurs patrons,
            Ont comprend vite que la lutte contre les paradis
            Fiscaux, et une réforme juste de notre fiscalité,
            ne sont pas à l’ordre du jour et ni seront pas de si tôt.


            A bon entendeur.

            Franck



            • ZEN ZEN 7 novembre 2013 08:26

              Merci Frank

              Le problème est bien à l’ordre du jour, mais verbalement, à part la brèche partielle faite dans le système suisse par les USA, pour des raisons très intéressées et très hypocrites.
              La question touche un nombre de pays plus important qu’on ne le croit, comme le note un certain rapport, que reprend Mediapart aujourd’hui.
              Extrait :
              « Les USA n’ont pas de leçon à donner  :  »Il y a aussi les pays respectables, qu’on voit rarement, voire jamais, désignés dans les listes noires : Etats-Unis, Allemagne, Japon. Sans oublier le Liban, jusqu’alors inconnu de nos services pour ses activités financières. Le « top 10 » de l’index d’opacité financière, présenté aujourd’hui par le Tax Justice Network (TJN), est à l’image de ce réseau d’experts et de militants, qui lutte activement contre les paradis fiscaux : radical, pointu, inattendu.


              Le TJN publie son troisième Financial secrecy index depuis 2009, en partenariat avec les ONG qui soutiennent son combat, dont les associations françaises regroupées dans la Plateforme paradis fiscaux et judiciaires. Fidèle à son discours, le réseau entend rappeler que « les pays de l’OCDE, et notamment les pays européens, loin d’être des champions de la lutte contre les paradis fiscaux, sont au cœur du problème »..."


            • kéké02360 7 novembre 2013 09:04

              pour parler de l’impôt il faut le comprendre !!!!

              https://www.facebook.com/video/embed?video_id=10151576426352030 



                • eric 7 novembre 2013 10:05

                  A 57% de PIB dépense par l’État, on en déduit que fraude et optimisation fiscale surtout, sont les deux narines qui permettent encore a la société de respirer.

                  Car si on ajoute ces deux truc au total, qu’on évalue le black on parvient a quoi 65% -75% de la richesse produite qui passerait a grands frais entre les mains publiques si on les résorbaient  ?

                  C’est a dire que la société française dans son ensemble, serait taxée comme un vulgaire footballeur, et pas au taux marginal, au premier franc...

                  Ce n’est même plus un problème économique, mais un problème de liberté. On peut très bien imaginer des services publics tellement géniaux qu’a ce prix ils nous changeraient vraiment la vie en mieux. Mais quand les trois quart de ce qui te fait vivre, c’est un fonctionnaire qui décide comment tu doit l’utiliser, il faut vraiment avoir confiance dans son désintéressement et la supériorité de ses choix par rapport aux tien.

                  Des lors la question est moins de savoir d’où vient l’argent ou d’où il ne vient pas que de savoir ou il va.
                  L’exil fiscal concerne essentiellement des gens qui ne parviennent pas a récupérer assez de fric de l’Etat. Les autres restent et « optimisent ».
                  Prenons le dernier et le prochain livre de Dormann.
                  Le Nouvel observateur survit grâce a l’argent et l’aide public. Il reste. Ses dirigeants mentent sur leurs salaires et se font rémunérer en dividendes d’usufruit de part sociales non imposables. Certes, malgré tout, ils payeraient peut être moins d’Impôt ailleurs, mais il n’est pas sur du tout qu’ils obtiendraient autant d’argent des contribuables pour un produit de cette qualité.
                  Dans le suivant, on verra comment Mediapart truande le fisc plus que Cahuzac, en affirmant qu’il est juste « en avance sur la loi » avec l’approbation tacite des services qui en ont une trouille bleue. Lui aussi largement subventionne, il dénonce ceux qui n’ont pas d’autre choix que de partir, faute de disposer des mêmes complaisances. Et on le comprend. Cela le prive de financement potentiel.

                  Mais cela concerne les riches prébendiers.
                  Il faut voir qu’en bas, le problème est exactement le même. On ne peut pas vivre avec les minima sociaux, sans la débrouille, le black, la fraude.

                  Ce sont les progrès de l’informatique qui vont faire exploser le système. De plus en plus, on sera contrôlé. de plus en plus les riches partiront et les pauvres crèveront.

                  C’est pourquoi avant même de lutter conte la fraude, il est indispensable de reformer l’État.


                  • ZEN ZEN 7 novembre 2013 10:18

                    S’agit-il de ce Dorman là, dont les choix politiques ne sont pas explicités
                    Le soutien de l’Etat à la presse, qui vient de loin, n’est pas en soi un scandale
                    Le problème est ce qu’il est devenu.
                    Pourquoi Mediapart serait-il moins aidé queChallenges ?
                    Réformer l’Etat, oui, mais dans quel sens ?...


                    • eric 7 novembre 2013 10:47

                      Oui, c’est lui. Et dans la prochaine édition, les passages sur les conseil des spécialistes de com d’Obama au PS sur la manière de gagner les élections presidentielles et sur Mediapart et la fiscalité valent a eux seul le détour.
                      Qu’est ce que ses choix politiques changeraient aux chiffre étayés qu’il communique ?
                      Pourquoi les aides a Mediapart, challenge et autres, représentent elles plusieurs fois la hausse du RSA, et pourquoi dans les pays démocratiques l’information parvient a exister sans consanguinité avec les finances publiques. A 60% du CA paye par le contribuable, tu ne peux plus être contre les hausses d’impôt...
                      Reforme de l’État ? C’est a la fois lourd et simple. Lourd parce que c’est la moitie de la richesse nationale. Simple parce qu’on a des exemples dans tous les pays qui s’en sortent.


                    • LE CHAT LE CHAT 7 novembre 2013 14:58

                      il faut aussi brûler le portique de Bercy ?  smiley

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