Grippe A (H1N1) à Megève ? Y a-t-il eu transgression du secret médical ?
Ce dernier week end du 12 juillet, les bouchons ont fait la une comme d’hab dira-t-on mais aussi une annonce d’un foyer de grippe A dans une colonie de vacances à Megève. Au début, il était question de ne pas divulguer le lieu, classé secret. Mais peu à peu, la station de montagne concernée était livrée aux médias. Et dans le JT de la mi-journée, TF1 filmait carrément aux abords de la colonie tandis que la Deux offrait quelques images satellite sans doute récupérées sur Google. Le soir, carrément la mobilisation médiatique. Une envoyée spéciale évoquant cette affaire, avec en arrière-plan quelques véhicules de police et une zone de sécurité, matérialisée par un cordon visible, mise en place pour isoler les enfants atteints, les mettre en quarantaine. Le tout sous les yeux des caméras. Filmant le lendemain des jeunes affublés d’un masque et jouant dans un pré. Pendant ce temps, on apprenait que quatre footballeur de Monaco étaient aux aussi atteint, selon les analyses sorties des laboratoires biologiques après prélèvement. Et les dépêches qui se diffusent. Mais pas encore de badauds pour aller voir cette colonie de vacance, la première où un foyer de grippe A (H1N1), c’est ainsi qu’il faut l’appeler, fut détecté.
Une chose est certaine, la réaction d’hypersensibilité médiatique est avérée. Ce qui est naturel en somme puisque les médias ont été mis en contact depuis quelques mois avec ce sujet sensible de la pandémie grippale qui pour l’instant, a causé mille fois moins de décès qu’une grippe saisonnière ordinaire. Aux dernières nouvelles, un seul décès britannique jugé « sain » par les autorités, ce qui sous-entend que les autres étaient sujets à un terrain fragile, voire atteint d’une maladie sévère. Les informations ne sont pas interprétables et fiables. Et l’on apprend de la bouche du médecin attitré des Monégasque de ligue 1 que les joueurs sont rétablis, en très bonne santé, comme s’ils avaient eu une banale indigestion et que ce virus est beaucoup moins virulent que celui de la grippe saisonnière. Laquelle peut engendrer des poussées de fièvre dépassant les quarante ainsi que clouer sur son pieu le patient dans un état de KO végétatif.
Maintenant, cherchez bien, en réfléchissant légèrement sur cette affaire de propagation d’information. Rien ne vous étonne, rien ne vous choque ? Pourtant, quelque chose cloche. Le corps médical est tenu, selon le code de la santé publique, au secret médical. Présentez-vous comme le meilleur ami, ou bien le neveu, le cousin d’un patient hospitalisé, et vous n’obtiendrez aucune information d’ordre médical sur la personne, excepté un communiqué laconique du genre, ne soyez pas inquiet, le patient est fatigué mais en bonne voie de rétablissement. Seuls les rapports de parenté sont considérés comme permettant d’associer au secret médical un malade et ses enfants, ou ses parents. Le secret médical est un dispositif permettant de sauvegarder les droits d’une personne à ne pas voir exposé quelle est sa maladie, que ce soit à des amis, à son patron, à ses collègues, au tout venant.
Or, les médias et ceux qui les ont informés n’ont-ils pas transgressé le secret médical, notamment en annonçant à la France entière que 27 membres d’une colonie de vacances ont choppé la grippe A à Megève ? La réponse est affirmative. Incontestablement. Après, on peut toujours discuter d’un intérêt d’ordre sanitaire. Quand il y a un cas de méningite, la prudence impose qu’on traite les proches du malade. Et l’on sait qu’un traitement existe et peut éviter un décès. Mais cette grippe A n’a rien d’une méningite et aurait pu être traitée par le corps médical et les responsables de la colonie sans qu’il n’y ait aucun traitement médiatique. Ainsi, les médias prennent quelques libéralités avec des principes de protection de la vie privée. Mais ils ne sont pas les premiers responsables puisque l’information est tout de même sortie du corps médical. Avec des résultats de laboratoire qui auraient dû rester secret. C’est un sacré cas juridique. A étudier avec circonspection car les parents seraient en droit de faire un procès pour entorse au secret médical. Pour le reste, l’affaire est entre les analyses des sociologues. Qui verront sans doute un effet de la tendance actuelle où la vie privée est de plus en plus menacée par les investigations et interférences médiatiques.
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