« Nous n’avons pas l’intention de vendre et l’ancien maire (Léopold Ritondale récemment décédé) s’était publiquement engagé à n’exproprier personne… », résume, déterminée, Florence Bruna-Biagi, la fille de l’un des deux frères Bruna qui ont hérité du domaine familial, au total 8 000 m2 consacrés à la culture florale, en deux parcelles attenantes de 4 000m2.
Seulement voilà, une nouvelle municipalité UMP arrive en 2008, avec à sa tête le dauphin de l’ancien maire, Jacques Politi, qui ne s’embarrasse pas des engagements de son prédécesseur et feint d’ignorer superbement le dossier.
Or le projet en question court depuis au moins cinq ans, c’est si vrai que 85% des terrains appartenant à une vingtaine de familles, sont d’ores et déjà vendus, à l’amiable, c’est tellement mieux comme ça. Entre 15 et 23 euros le m2.
Car dans la première commune horticole de France, la pression foncière est très forte sur les terres agricoles, celles-ci n’étaient pas classées « agricoles » mais en 2NA (non aménagé), ce qui entraîne une dépréciation du prix du terrain.
Les frères Bruna, eux, n’entendent pas spéculer, ils veulent simplement continuer l’exploitation paternelle qui, au prix d’un travail très contraignant, fait vivre deux familles. Florence et son mari Christophe sont sur la même longueur d’ondes et travaillent tous les deux sur l’exploitation sans ménager leur temps.
Depuis un an, les choses se sont précipitées : l’adjoint M. Carrassan, au cours d’une réunion au Casino, informe les familles concernées que la mairie va modifier le POS, que l’aménagement s’effectuera en trois temps, ce qui ne rassure pas du tout les frères Bruna. Florence est reçue, dans la foulée, par l’adjoint à l’agriculture, M. Di Russo qui se montre compréhensif et souscrit à la proposition de la famille de donner une partie du terrain pour la voie secondaire envisagée, à condition de les laisser chez eux.
Mais voilà, la compétence de la zone est déléguée à TPM et le maire n’apprécie pas que son adjoint se soit engagé pour la municipalité ! Il ne faisait que confirmer l’engagement donné par la municipalité précédente.
Le fonctionnaire de TPM, M. Vignals, ne s’embarrasse pas, lui, du passé. Il dit à Florence Bruna-Biagi, en mairie d’Hyères, que « TPM veut la maîtrise totale de la zone… ». Il ne laisse comme choix aux deux familles, « que la vente amiable au prix fixé par TPM ou ce sont les Domaines qui fixeront le prix et vous serez expropriés ».
Le maire et TPM ont donc choisi le reniement et la procédure d’expropriation ! Les familles Bruna-Biagi n’avaient d’autre choix que de renoncer ou de se battre. Elles ont choisi la seconde, fortes de leur droit à exploiter LEUR petite propriété, ce qui, au demeurant, ne compromet pas le projet, puisque les deux parcelles sont à l’extrémité de la zone. Et puis il s’agit d’un projet immobilier privé, dont l’utilité publique est tout, sauf évidente. En tout cas, il ne justifie pas l’expropriation, les discours officiels sur le maintien des terres agricoles qui s’amenuisent dangereusement, ne manquent pas.
Alors, il faut passer aux actes, monsieur le président de TPM, ministre ! C’est l’une des prochaines rencontres prévues dans l’agenda de Florence qui, du coup, a dû renoncer à tenir la boutique de vente des fleurs pour s’occuper du dossier et du site internet à temps plein afin d’alerter l’opinion publique, seule chance d’espérer fléchir le pot de fer.
Des personnalités locales et nationales ont été saisies et même venues sur le terrain, comme le Dr Noyer, conseiller municipal d’opposition, les députés J-P Giran, N. Mamère, les vice-présidents du conseil régional, R. Alfonsi et J. Canapa, scandalisés par ce dossier…6 000 signatures ont été recueillies en quelques semaines. Daniel Vuillon, agriculteur à Ollioules, initiateur des AMAP en France s’est également beaucoup impliqué.
Ce cas, malheureusement pas unique, est typique du grand écart entre les principes énoncés et les actes qui les contredisent, entre le peu de cas qu’on fait des femmes et des hommes que l’on prive de leur outil de travail, dans l’industrie, l’agriculture et les services, sacrifiés pour assurer la rentabilité de capitaux privés.
René Fredon