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Jean Sarkozy ou comment prendre un infant par la main...

Tous les psys de France et de Navarre, vous le diront, il n’est jamais évident de grandir dans l’ombre d’un paternel appartenant à la sphère publique. Surtout lorsque le géniteur en question, a une tendance pathologique, à être sur le devant de la scène. Faut dire que son pêché mignon à lui, c’est de monopoliser l’espace médiatique, s’y répandre de manière quasi despotique. Pour exciter les journaleux, Sarko invente pêle-mêle des réformes, des grenelles, des contre-grenelles, Jean passe et des meilleurs. Pour attirer le chaland en manque de frivolité, il n’hésite pas à exhiber sa vie privée, de Cécila à Carla, en passant par des courtisanes éphémères, c’est le grand bal des cocues revisité à la sauce présidentielle. Les vieilles rombières se régalent, nous un peu moins.

Dans l’Histoire de France, on pourrait citer une pelletée d’exemples fâcheux. Des “fils de” qui n’ont jamais pu imposer leurs prénoms, des fils d’Aigles qui sont restés aiglons. L’histoire n’aime pas les redites, c’est bien connu. Vous n’avez qu’à sonder la progéniture d’Hervé Villard, pour finir, de vous en convaincre. Bis repetita non placent…

Pourtant, le fils cadet de Sarko Ier, est bien parti pour déjouer cette funeste destinée. Faut dire qu’il démarre avec de sérieux atouts en manche. Issu du mariage de son paternel avec Marie-Dominique Culioli, corse de son état, il naît le 1er septembre 1986, à Neuilly-sur-Seine. Le fief familial ! Papa y a été maire durant deux décades et son grand oncle Achille Peretti durant 36 ans. Quand on vous dit que c’est une affaire de famille…

 Jean passe donc une enfance nantie et tranquille du coté de Neuilly. Imaginez un petit peu, Tonton Balkany aux petits soins pour surveiller le berceau, Brice Hortefeux s’improvisant parrain gâteau. Poussez le vice jusqu’à projeter, Charles Pasqua, en animateur des repas familiaux. N’en jetez plus, la coupe est pleine, comme dirait l’autre ! Françoise Dolto encore en vie, la vie du gamin aurait servi de cas d’étude pour les traumatismes liés à la petite enfance.

Mais comme on ne peut pas manquer de chances en tout, on peut dire que Jeannot, a été plutôt gâté par mère nature. Ce bel âtre élancé, se distingue par son style “long hair”, à foutre des complexes à tous les sinistrés de la toison, votre serviteur en tête. Dieu merci, le physique ne fait pas forcément le bonhomme. Pour réussir, encore faut-il en avoir quelque peu dans la fiole.

Alors pour cela, Blondin a décidé de suivre les traces du “pater familias”, il s’inscrit en première année de droit. Manque de pot, Jeannot a comme qui dirait, un poil dans les menottes. On l’a bien vu assister deux, trois fois à des cours dans les amphis de Nanterre mais l’ingénu est plus occupé à chasser la shampooineuse, qu’à suivre les cours de droit constit distillé par Guy Carcassonne. Le canard de Mougeotte nous apprend qu’il incarne cette « droite décomplexée branchée Facebook et Gala ». Faut dire que pour ce jeune godelureau, ses classes, il a préféré les faire sous la boule à facettes, façon strass et paillettes. Il poussera même le vice jusqu’à recevoir au Fouquet’s, les chroniqueurs d’Optimum.

Mais s’il y a bien une chose qu’il a héritée de son paternel, c’est l’Ambition ! Ca pour le coup, le jeune corse en a, à revendre. Une ambition qui ne s’accorde pas forcément avec ses penchants pour la “farniente”. Jean s’enterre et il en a conscience, c’est dans ces moments là qu’il regrette d’avoir loupé l’Arcole. Il détient néanmoins, un remède miracle. Quand il ne sait pas quoi faire, il finit toujours par imiter son père. Alors bon an, mal an, Jean sans peur…du ridicule, se met à la politique. Coaché par Jean-Laurent Cochet, ce jeune premier démontre des prédispositions en com’ et même une certaine intelligence sociale. Les chiens ne font pas des chats, “qualis pater, talis filius” !

En octobre 2007, il s’investit dans la campagne municipale de Neuilly au coté de David Martinon. Il va même jusqu’à dire, « on te soutient à mort, David ». Pour le coup, il crevait plutôt d’envie de lui prendre sa place. Cinq mois plus tard, coup de poignard dans le dos, il rejoint la liste dissidente d’Arnaud Teullé. Pour l’anecdote, il faut savoir que depuis, ce pauvre diable de Martinon, a mis les adjas, il consume sa vie politique, en tant que consul à Los Angeles. Quoiqu’il en soit, la liste Divers droite de Teullé est vaincue par Fromentin. Comme Jeannot ne manque pas de réactivité, il se rabat “in fine” sur les cantonales. Il est élu en mars 2008, conseiller municipal des Hauts de Seine. Dans la foulée, il brigue la présidence du groupe UMP du 9-2, appuyé par les amis de Papa, les Balkany en tête. En juin 2008, il est élu. Certaines mauvaises langues vous diront, que Sarkozy a parachuté son rejeton pour court-circuiter Devedjian, et à terme lui ravir sa place de président du conseil général. Pourtant, ce n’est pas le genre de la maison…

En l’espace de quelques mois, Jeannot la mitraille, a bousculé le “cursus honorum” et revisité les Ides de Mars. Même son père n’avait pas fait aussi bien…à cet âge là. Une jeunesse insolente, sur lequel Christophe Hondelatte, n’avait pas hésité à rebondir, « Si j’avais été votre père. Je vous aurais conseillé d’attendre d’être un homme, de finir complètement votre adolescence » lui avait-il lancé de but en blanc sur RTL.

Mais quand ça tourne vinaigre, pas de soucis. Jean sait qu’il peut compter sur Papa. On lui vole son scooter, Sarko, ministre de l’Intérieur à l’époque, en fait une affaire d’Etat. C’est la curée des perdreaux, toute la maison poulaga est sur le coup, il manque plus que les chinois du FBI. ADN, dissections, relevés de goudron, tout y passe ! Quand c’est son chevelu de fiston, qui est accusé d’avoir percuté une BM et s’être enfui, Sarko fait régner l’omerta. Pire, le plaignant se retrouve à devoir payer 2000 euros pour « procédure abusive ». Février 2007, c’est la relaxe pour Jean sans peur, infraction non caractérisée selon le juge. Mais il y avait pourtant un témoin oculaire votre honneur ? Quel témoin ?

Désormais, Jean est donc libre comme l’air. Un mandat de 6 ans comme conseiller général, ça lui laisse le temps de voir venir. Mais tous les Balkany, vous le dirons, le clientélisme ne fait pas tout ! C’est le grisbi, le nerf de la guerre. Pour cela, Jeannot a eu la bonne idée de flirter avec Jessica Sebaoun, héritière de la maison Darty. Il lui promet le contrat de confiance et pousse même le syncrétisme jusqu’à suivre des cours de Torah. Le 10 septembre 2008, il se marie en grande pompe à Neuilly. Toute la smalah sarkoziste est conviée, de Carla Bruni à Doc Gynéco, en passant par Brice Hortefeux, de quoi accroître les plaisirs de la table. Darty convole donc désormais en Sarkozie, Jeannot quant à lui, aspire à d’autres cieux.

Au moment de faire le bilan de cet itinéraire d’enfant gâté, on ne peut pas s’empêcher de repenser, aux tristes heures de notre histoire. A ces siècles enfouis, que Michelet narrait mieux que quiconque, où pour quelques deniers, on achetait une charge de prélat ou d’officier public. A mi chemin, entre la simonie et le népotisme, le parcours de Jean Sarkozy semble dicté par des méthodes d’un autre âge et d’un autre temps. Il est perçu par certains citoyens comme un retour annoncé du bonapartisme. Mais plus que cela, il s’agit d’un affront terrible et outrageant adressé à la doctrine sur laquelle Nicolas Sarkozy avait bâti toute sa politique. La méritocratie…

 Mancioday

http://www.ruminances.fr


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