L’empereur gaulois que ses adversaires menaçaient d’apocalypse
Le moins qu'on puisse dire est qu'aujourd'hui, les Gaulois n'ont pas le vent en poupe. Professeur au collège de France, Christian Goudineau ne manque jamais d'agrémenter ses conférences par quelques traits d'humour sur les Gaulois qui mettent l'assistance en joie. Les plaisanteries gauloises, ou plutôt anti-gauloises, s'inscrivent en effet dans la pure tradition d'une histoire écrite par les vainqueurs. Au muséoparc d'Alésia, plus de deux mille ans après la bataille, on se félicite toujours de la victoire des Romains et nos manuels scolaires tout en éloges pour la colonisation romaine traitent encore les empereurs gaulois du III ème siècle du nom péjoratif absolument incroyable d'usurpateurs.
Faisant suite à mon article précédent, voici l'autre médaillon qui fait pendant à celui que j'ai présenté et qui, en même temps, confirme mes interprétations.
Après avoir détruit le temple de Chalon - Jérusalem éduenne devenue infidèle et pervertie - Dieu a décidé de déclencher l'apocalypse sur son castrum de la colline de Taisey. Ses anges sont descendus du ciel, soufflant la tempête et crachant le feu biblique.
Menacé à droite par le feu de Dieu, l'empereur Posthumus s'est réfugié dans son bois de saules. Non seulement il n'arrive pas à grimper à l'arbre généalogique des anciens rois d'Israël - ma thèse (1) - mais ce n'est que par le serpent maudit qu'il est arrivé à se relier au rejet davidique resurgi en Gaule dans les fresques de Gourdon http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/cleopas-le-christ-oublie-des-31893. Reconnaissable à sa barbe à deux pointes et à son corps d'Hercule, ses jambes sont animalisées par le péché. A ses pieds, le chien fidèle des chapiteaux extérieurs de sa cathédrale recule devant la colère de Dieu.
Sur le horst de Mont-Saint-Vincent, le césar de Posthumus, Victorinus cherche, lui aussi, à se raccrocher à l'arbre royal. En vain, car la branche casse. Petit hercule que son ambition écartèle sur un Mont-Saint-Vincent/Bibracte/Augustodunum dont les deux hauteurs se séparent, il en perd son pantalon.
Nous revenons, à gauche, sur la colline de Taisey. Trônant sur son piédestal, la statue du légionnaire gaulois est complètement déstabilisée par la tornade. Ses vêtements s'envolent. Sous l'effet du feu de Dieu, son épée a fondu. Le légionnaire est désarmé par la volonté divine tandis que le piédestal s'enflamme. En provenance de la lointaine Italie, enveloppé dans son ample manteau, Saturne s'est mis en route, tenant solidement en mains le manche de sa faux (?). Il s'avance avec la ferme volonté de couper la mauvaise herbe et de reprendre pied sur le piédestal qu'il occupait avant la scission des empereurs gaulois.
Facilement reconnaissable, la forteresse aux trois tours se dresse au sommet de la pente, bien visible pour le voyageur qui arrive de la Saône. La tour de gauche, mauvaise, a pris feu, tandis que la tour de droite - des fidèles - s'est avancée de plusieurs dizaines de mètres. Quant à la haute tour de Taisey toujours existante, elle se dresse dans toute sa gloire, dans la vision future d'une très brillante réhabilitation. Agrémentée de quelques bandeaux et décors architecturaux supplémentaires, elle s'est étirée en hauteur. Un oculus a remplacé la petite fenêtre à meneau du haut et les créneaux ont pris une forme très esthétique.
Derrière la haute tour apparaît un bâtiment que je pense être l'ancienne prison romaine, édifice toujours existant. Plus en arrière, se distingue la muraille de la haute cour telle que l'ancien cadastre en a conservé la trace. Nous avons probablement là l'illustre et mythique Orbandale - Chalon des origines - dont les remparts étaient célèbres pour ses trois rangées de briques dorées. Quel est cet autre bâtiment qui se trouve en contrebas, au pied de la forteresse ? Logiquement, il devrait se trouver à l'extrémité nord du plateau. S'agit-il d'un temple ? Le feu sacré indique-t-il la présence d'une nécropole ? Faut-il situer tout cela au Maupas où ont été mis au jour des sépultures dites mérovingiennes ?
Au pied de la tour de Taisey, la colline s'est ouverte. De l'ouverture béante et voûtée s'écoule à grands flots la lave brûlante des profondeurs volcaniques. Elle dévale le flanc de la colline jusque dans la plaine, aux portes de la ville, et se mêle aux eaux du fleuve. C'est un véritable spectacle d'apocalypse où l'eau et le feu se mélangent et où des flammes courent sur les berges comme des feux follets. Dans leur sommeil d'éternité, les déesses des rivières et des sources, la Thalie et l'Orbize, laissent s'écouler négligeamment de leurs cruches renversées l'eau fraîche et pure qui descend du plateau. Languisante comme le fleuve qu'elle sanctifie, la déesse Saucouna - la Saône - dort, elle aussi, dans son lit étalée.
Surprise par le feu qui sort de terre, la population de Chalon dont le pied gauche est déjà dans les flammes essaie de sauver son pied droit. Sa croupe luxurieuse et cambrée, sa poitrine nue et son corset de danseuse évoquent le péché de la ville de Chalon. Mais ses deux mains en position de refus, l'absence d'animalisation de ses membres, indiquent qu'elle peut encore être sauvée. Chalon-sur-Saône, ô toi l'antique Cabillo, si tu veux retrouver cet âge de Saturne qui fut jadis pour tes habitants un âge d'or, reviens à la vertu de ta tradition. Renverse l'usurpateur Posthumus !
Et Dieu t'enverra ses colombes portant le rameau d'olivier.
Note
1. Ma thèse. Je fais le rapprochement entre une médaille de Posthumus et la fameuse prophétie d'Isaïe (Is 11,1) : « Puis un rameau sortira de la souche de Jessé (père de David), et un rejeton renaîtra de ses racines ». Dans son ouvrage sur l'histoire de la cité d'Autun, Edme Thomas dit au sujet de la médaille dont je donne le croquis : elle représente Hercule nu, avec la légende "Herculi romano". Posthume se faisait en effet appeler l'Hercule et restauraleur des Gaules. On voit entre Hercule et une déesse revêtue du péplum, un arbre ou un pal entouré d'une figure en spirale. Mon interprétation serait plutôt celle-ci : un rejet - rameau davidique - entouré du serpent. Ce qui est toutefois étonnant est la rareté de ce type de médaille dont je ne connais pas d'autres exemplaires.
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