La frousse, l’une des connexions majeures entrant dans la confection de bien des espèces sur terre dont l’humain est la principale. Un ingrédient qui arrive quelquefois à protéger la vie mais qui, hélas la plupart du temps, conduit les masses de l’angoisse au renoncement.
Lorsque cette frousse, telle une épidémie, se propage avec violence, elle débouche sur la panique. Sinon, comme toujours, ou presque, elle n’est que feu de paille en acceptant, très vite, la noyade, en loques, dans la servilité que l’on dit être la protection suprême alors que les masses humaines refusent de voir que cette angoisse qui vire à l’effroi n’est qu’un leurre, souvent indécent, essaimé par les dominants.
Depuis quelques lustres et dans sa grande majorité, aux quatre coins de la planète, l’homme se disant moderne, l’occidental principalement, vit ainsi, en tremblant tout en se croyant LIBRE, naïf qu’il est.
La Peur ?! Le Malheur ?! Un Démon à deux têtes capturé (ou inventé) par toutes les religions, ces formidables découvertes commerciales des dictateurs d’antan. Ces derniers l’ont largement utilisé, après l’avoir abondamment nourri, dans le seul but d’apprivoiser ou asservir les foules. Bête immonde dont se servent encore avec allégresse envers leurs peuples, les potentats de tout poil, qu’ils soient politiques, républicains ou pas, pieux, financiers, penseurs et philosophes.
La Peur ? Peur de tout et de rien. Pèle mêle. Du microbe, de préférence asiatique, espagnol ou javanais, de l’animal et de l’insecte, le long moustique venu des tropiques par exemple, du tonnerre, de l’éclair ou du cyclone, mais aussi du soleil qui chauffe trop la terre ou d’un nuage. Peur du ciel. Peur de soi, d’un miroir, du voisin. Peur de l’autre puis de Dieu et de son châtiment supposé. Crainte du riche et peur du pauvre. Du chef et du sous chef. Du gendarme comme du voleur. Du boulot ou du chômage.
Peur de l’aventure. D’avancer ou de reculer. De manger ou de jeuner. Du médecin. D’un courant d’air. De la neige ou de la canicule. De la vague trop haute. De l’horloge qui tourne trop vite. De la route meurtrière, de l’euro trop haut, du dollar trop bas, du pétrole qui s’épuise ou de la plante qui disparaît, des banques qui s’empiffrent et des hôpitaux qui débordent et même des minarets ou des clochers. Plus navrant encore, en France notamment, peur de manquer… d’essence et de vacances plutôt que de pain.
Peur d’un barbu ou d’un simple moustachu. D’une peau noire ou seulement bronzée. Surtout de l’œil bridé, et, sur les oriflammes, de la faucille et du marteau, du croissant, de la croix ou de l’étoile et, pire que tout, du noir et du rouge de l’anarchie dont on ignore pourtant la texture. Peur d’un curé ou de ses frères imam ou rabbin, d’un voile, de la femme et même, ô sacrilège, de l’enfant, du collégien.
Peur d’imaginer, peur de rêver, peur d’aimer.
Servie par son armée de bâtards que sont l’anxiété, l’angoisse, la frayeur, l’effroi, l’épouvante, la trouille et même la psychose, cette Diablesse, marâtre de toutes les manipulations et de tous les mensonges, a trouvé de nos jours dans l’information et ses véhicules aussi rapides que la tornade, le pouvoir d’anesthésier, à travers les continents, les peuples travestis de la civilisation soi-disant « avancée ». A grands coups de maléfices, crises, rivières et fleuves qui débordent, terre qui craque et volcan qui crache, colis « piégés », bombes et cadavres en tout genre, assénés sous de grossières grimaces de pitié ou d’horreur, presqu’en boucle et abondamment grossis, par des myriades de petits écrans, sans jamais oublier, fric oblige, de chiffrer bien vite en « pépètes » le coût de ces catastrophes.
Distiller la vraie peur, celle de la Mort, ne suffit plus aux maîtres du monde et leurs vils courtisans, ils distribuent ainsi la peur de VIVRE.
Dédaignant un passé historique qui a eu son lot de grandes peurs ici et là, il suffit d’observer, œil et oreille attentifs, autour de soi, pour mesurer, stupéfait, les dégâts que peut produire un tel serpent lorsqu’il s’empare de la plèbe. Surtout lorsqu’il lui est distribué par ses propres chefs, aidés en cela par de doctes savants, friands de télévision, experts en tous genres, fonctionnaires des explications alambiquées et qui, comme les politiques dont ils dépendent, ne savent rien d’autre de la vie que le cuir avachi de leur fauteuil sur lequel se ramollissent leurs fesses flasques et la brillance de leurs manches en lustrine.
Une race d’hommes-courtisans, néfaste et qui prolifère, hélas, gangrénant un peu partout, la terre d’un XXI° siècle Occidental bien malade.