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Accueil du site > Tribune Libre > La commission pour le Livre Vert de Martin Hirsch

La commission pour le Livre Vert de Martin Hirsch

« Une politique de la jeunesse rate sa cible si elle se limite à une partie des jeunes ». C’est pourtant bien ce que je redoute à la vue de la constitution de cette commission.

 Juillet 2009, le travail auquel Martin Hirsch s’est attelé depuis sa nomination en qualité de Haut-commissaire à la Jeunesse fait l’objet d’une présentation à la presse et d’un document en 85 pages. Cette commission, composée donc de partenaires sociaux, de représentants des étudiants, de membres d’instances représentatives de la jeunesse, d’acteurs du monde économique, des collectivités territoriales, de parlementaires, de personnes issues du monde universitaire et de réseaux nationaux, d’associations et de personnalités qualifiées, a élaboré un Livre vert qui devra définir les grandes orientations et les options ouvertes dans les différents champs de la politique de la jeunesse. La question de l’autonomie des jeunes sera au cœur des discussions qui porteront sur la formation, l’orientation, les ressources et la résidence, la citoyenneté et la culture (FORCES).

4 mois de travail en tout auxquels ont participé environ 70 personnes "qualifiées" dont la liste est consultable ici. Qui s’y trouve ? Des représentants des étudiants, des partenaires sociaux (y compris le MEDEF), les chambres consulaires, des jeunes représentant les Scouts, l’ANACEJ, la JOC, le MRJC, Léo Lagrange, le Conseil National de la Jeunesse... On y trouve aussi des représentants des collectivités territoriales, des parlementaires (de droite comme de gauche), le monde universitaire, les Missions Locales, E2C France (école de la deuxième chance), quelques associations : la Ligue de l’Enseignement, l’UNAF, Animafac, l’AFIJ et Unicités ; et enfin quelques personnalités comme Olivier Galland (le seul sociologue de la commission !), le directeur de l’AFPA et d’autres personnes dont une magistrate ou bien encore la DRH du groupe Danone... Ben oui, Danone se préoccupe de l’avenir de nos jeunes...

Un petit regard critique sur cette composition ? On ne peut pas dire que cette commission respire la diversité ethnique ! Le seul patronyme à consonnance maghrebine par exemple est celui d’Ali Sidhoum, présent en "qualité" d’ancien stagiaire de l’Ecole de la deuxième chance de Paris... Autre critique, la présence marquée d’organismes à vocation chrétienne et de plus, aucun représentant d’obédiance islamique par exemple... Un seul sociologue présent (heureusement, un bon), aucun représentant d’organisme privé d’insertion professionnelle (tel C3 Consultants) a qui les pouvoirs publics demandent pourtant de suppléer aux carences des Missions Locales et du Pôle Emploi ; quant aux mouvements d’éducation populaire et autres associations qui travaillent activement auprès de la jeunesse comme la Fédération Nationale des Centres Sociaux et Socioculturels, ou bien encore les MJC et autres Maisons de quartier, ils ne sont pas représentés, alors même que le Livre vert insiste sur l’importance de l’éducation informelle et principalement sur l’éducation populaire... Notons aussi l’absence d’un grand spécialiste de la jeunesse en France, j’ai nommé l’INJEP qui est pourtant l’outil le plus important dans ce domaine que possède notre gouvernement. Tout cela, à mes yeux, jette déjà un certain discrédit sur ce Livre vert. "Une politique de la jeunesse rate sa cible si elle se limite à une partie des jeunes". C’est pourtant bien ce que je redoute à la vue de la constitution de cette commission.

UN AGENDA DE REFORME

Quel est l’objectif de ce travail ? Un agenda de réforme allant de 2010 à 2015. Là, c’est un bon point si c’est tenu, car on reparle enfin de ce que doit être la politique : une vision de l’avenir. La commission selon ses propres dires, "a travaillé pour produire du changement". Dans une société où les jeunes payent plus en cotisations chômage qu’ils ne recoivent d’indemnisation, alors qu’ils subissent de plein fouet ce chômage, la responsabilité de tous est engagée pour mettre fin à cette pénalisation. C’est pour cette raison que la commission a d’abord travaillé sur les problématiques de l’éducation et de l’emploi. Ambition qui vise à rendre les jeunes citoyens :


- autonomes

- solidaires

- responsables

- engagés

L’autonomie est à mes yeux le point le plus important à travailler, surtout dans un pays dont la politique fait passer les aides par la famille d’abord (CAF), y compris au-delà de 18 ans, bridant les possibilités d’autonomie dans l’oeuf. Comme le dit la commission en préambule : "Développer l’autonomie des jeunes, c’est développer l’indépendance financière et résidentielle des jeunes, en même temps que leur capacité à prendre individuellement et collectivement les décisions qui les concernent. Cela implique aussi d’accompagner les jeunes pour favoriser leur orientation scolaire et professionnelle et leur émancipation culturelle" (on remarquera d’ailleurs la brillante absence de représentants de la culture dans la commission). Mais qu’est-ce que la jeunesse ? La commission se pose la question, estimant que le découpage actuel des 16-25 ans est trop restrictif pour appréhender les enjeux de la jeunesse. Elle préfère définir cette jeunesse comme "un passage qui commence à la fin de la scolarité obligatoire et finit par l’insertion durable dans la vie active". Rien de nouveau sous le soleil, mais au moins c’est dit et écrit. Elle spécifie aussi qu’une des caractéristiques de la jeunesse est le tâtonnement, et imagine même un droit à l’erreur en matière d’orientation, ce qui pourrait être révolutionnaire à terme si cette idée est suivie d’effet, car n’oublions pas qu’il s’agit d’un livre vert, c’est à dire les bases d’une simple réflexion... 

Constat premier : notre système éducatif prépare mal à la vie professionnelle. Et "les liens entre la sphère éducative et le monde de l’entreprise sont beaucoup trop ténus, peu solides". A quoi s’ajoute une mauvaise coordination des acteurs (trop ?) multiples ; "un rôle insuffisant des entreprises dans la formation et l’orientation des jeunes" ; "une répartition de l’effort public très inégale"... 

C’est sur les bases de ces réflexions que la commission a décidé de travailler pour présenter les objectifs d’une nouvelle politique de jeunesse. A suivre

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5 réactions à cet article    


  • Dosadi 10 juillet 2009 10:02

    Je dirais plutôt : « Notre système éducatif prépare mal à l’autonomie. »


  • jean 12 juillet 2009 21:30

    Décidément il a toujours faux ce dosati !!! alors le collectif ou l’indinviduel ????????


  • patdu49 patdu49 9 juillet 2009 15:57

    «  Elle préfère définir cette jeunesse comme »un passage qui commence à la fin de la scolarité obligatoire et finit par l’insertion durable dans la vie active« . »

    pour ça que ayant BAC moins 4, et 43 piges aujourd’hui, je suis resté enternellement jeune, lol, car je n’ai JAMAIS connu «  l’insertion durable dans la vie active » (au sens ou ils l’entendent)... selon leur definition de la jeunesse, je serais peut être donc grabataire jeune avant de quitter ce monde...

    de +, je suis réfractaire rien qu’au mot « insertion » .. au sens ou ces messieurs dames, l’entendent .. ce mot ça me fait penser à un objet qu’on voudrait rentrer dans un moule, ... même s’il faut raboter à mort ce même objet, ou le faire entrer a coup de tatannes ...n et à mes oreilles ça a une consonnance un peu « incarcération » ..

     et je n’ai pas la même définition de « vie active » non plus, je ne me considère en rien inactif, y compris en écrivant ces qq mots ...

    et ce n’est pas necessairement ou l’education ou la formation, qui m’en a empéché, mais plutot simplement les salaires de merde, les conditions de travail de merde, qui font que je refuse de remettre les pieds, dans tout les emplois précaires, et/ou durables mais précaires quand même niveaux des revenus (style environ du smic plein temps), que j’ai pu tester...

    qui ne m’ont JAMAIS permis, d’avoir une vie épanouie, sans peur du lendemain, une vie ou on est dans la légalité, et ou on ne se prive pas des besoins fondamentaux d’existance .. et c’etait même pire quand j’etais en situation d’emploi, puisque j’etais encore + fauché qu’aux minimas sociaux ..

    dés un smic plein temp :

    -perte APL
    -perte CMUc
    -perte éxo taxe habitation et redevance télé
    -perte tarif social energie (même si dérisoire)
    -à rajouter frais de route et/ou restauration sur place, usure des fringues, etc

    bénéfice net, j’étais davantage fauché, et j’étais par dessus le marché, usé, vanné, léssivé, stressé ...
    je me tapais des lumbagos, ou de la spasmophilie .. je coutais à la sécu ..

    je polluais avec mes vieilles caisses, à aller trimer pour engraisser des cons sur mon dos, pour produire ou manutentionner ou vendre de la merde de la surconso, ou autres occupations parfois avilissantes .., et je ne cessais de perdre mon temps, entre assedic, CAF, ANPE, sécu, terrains de casses pour recuperer mes epaves quand en rades, prud’hommes, agences intérims, etc etc .. en + de mes jours, mois de boulots, car ça mettait chaque fois un bordel administratif monstrueux ... avec les erreurs qui vont avec ou parfois on se retrouve 2 mois sans un radis.

    et comble du comble, à cette époque, j’engraissais une vieille rentière et sa fifille futur héritière, qui me baisait 1 tiers de mes revenus, en étant locataire de leur T1 bis tout sombre et déprimant ...

    j’irais peut etre rebosser un jour quand le RSA socle sera à 1000€ net et le SMIC à 1500€ net .. et net d’impot ..
    sinon, qu’on ne me me pète pas les couilles ... surtout ..

    et les jeunes, bah je vous souhaite bon courage ... je viendrais manifester à vos cotés si vous vous revoltez enfin un jour ...


    • baussapi 10 juillet 2009 02:49

      « l’art est difficile, la critique facile »

      malgré tout le mal que je pense de Martin et du Gouvernement en général, je trouve profondément anti-journalistique, feneant et qualifiable de quasi-propagande de lancer un article sur la composition de la commission plutôt que de faire l’effort d’aller chercher les faiblesses du texte. Toute composition est contestable, que celle ci le soit plus que d’autre n’est pas le débat, la seule et unique critique possible est celle des mesures proposées. Je n’ai pas lu le texte, et ne le lirai probablement pas dans les jours à venir.
      mais je me garde bien de le commenter.
      Pierre

      • Marsiho Marsiho 10 juillet 2009 07:44

        Mais oui Pierre...

        Je suis en partie d’accord avec vous, et c’est bien pour cela que je suis en train de finir de le lire dans son intégralité. Je sais donc de quoi je parle, d’autant que cela touche directement mon univers professionnel (et je ne suis pas journaliste). 
        Quant à la composition, elle a fait et fera débat, y ccompris par ses membres eux-mêmes dont certains avaient créé un blog pour pouvoir dire ce qu’il en pensait... Voir les références sur mon site.
        Maintenant toute action publique s’expose à la critique, et tout citoyen a le devoir d’être critique sur la politique...

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