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Accueil du site > Tribune Libre > La crise grecque, une révélation qui n’aura pas lieu

La crise grecque, une révélation qui n’aura pas lieu

Lettre à un jeune Européen.

Juillet 2015, après le référendum.

[Le 5 juillet 2015 le peuple grec appelé en référendum refusait le plan financier visant à régler la dette publique que d’autres lui avaient mise sur le dos. Une semaine plus tard les parlements d’Europe et d’Athènes mettaient en place le plan que le peuple venait de refuser].

La crise grecque est terrible elle est en train de sacrifier toute une génération, la plus jeune forcément. Si au bout de la cure d’austérité la reprise mondiale ne vient pas - c’est un risque au moins à moitié certain - alors on se demande ce qu’auront obtenu les Grecs. Ou plutôt l’on sait qu’ils seront devenus un peuple sous tutelle.

Bien sûr on peut imaginer qu’une partie de l’industrie automobile allemande délocalise une partie de sa production en Grèce, quoi de mieux qu’un pays financièrement exsangue où le système social et le marché du travail y seront totalement dérégulés, façon néo libérale, alors que les salaires y sont déjà extrêmement bas. Si l’on y rajoute des ports en mains chinoises, les aéroports en mains [on ne sait pas encore] on imagine désormais tous les joint-ventures possibles, une vision intéressante pour qui sait y faire. A moins que ce ne soit le contraire, que le Pirée devienne le port de débarquement de nouvelles voitures aux noms exotiques qui bientôt défileront en masse. Merkel, Merkel, et le gentil Nicolas et leur copain de classe des Pays-Bas, voient-ils autre chose que le soleil qui poudroie ?

On pourrait ici arrêter la plaisanterie, des jeunes souffrent et se décomposent à petit feu dans les rues d’Athènes et ailleurs. Ce qui se passe devrait alerter les consciences politiques, la crise grecque est un symptôme extrêmement grave, qu’on ne traite pas à la manière de Diafoirus, avec des phrases directement sorties des grandes écoles, seignare, purgare, le ROE [return on equity, rendement sur les actions] n’est pas supérieur aux facultés spirituelles de l’homme, le malade n’est pas imaginaire, il est juste en train d’être tué. Drelin, drelin, drelin, Angela, drelin Moscovici, drelin Schäuble, drelin Dijsselbloem, car il y a ici erreur politique, et elle est monumentale.

 

Parce que voyez-vous il y a la démocratie, ou plutôt son absence, son absence dans le grand corps malade de l’Europe. Et s’il n’y a pas de démocratie il n’y a pas d’âme non plus, et ça c’est politiquement mortel.

C’est la chienlit au pouvoir, déjà le théâtre de la fin.

 

Le jeune grec en train d’y passer :

Madame Angela je suis en train de mourir à petit feu.

 

Mère angela :

Cela il fallait y penser avant.

 

Le jeune grec :

Mais je n’étais même pas né quand nos politiciens corrompus vous achetaient pour des milliards de sous-marins dont nous n’avons pas besoin.

 

Mère angela :

Vendu, c’est vendu, ne pas payer c’est voler.

 

Le jeune grec :

Mais nous le peuple, on n’a jamais rien décidé, nous n’avons jamais voté les budgets militaires qui nous ont tant endettés, tout cela est contraire à la démocratie.

 

Mère angela :

Adressez-vous à vos parents.

 

Le jeune grec :

Mais la démocratie c’est important pour vous, avec votre figure si sympathique, vous ne pouvez pas gouverner l’Europe et ne pas penser à ça ?

 

Mère angela :

Et bien si justement. Si tu avais un peu de jugeote, tu saurais que pour arriver au poste où je suis ça coûte très cher, des sommes faramineuses, et ce n’est pas la démocratie qui les paie. Seul mon sourire est gratuit… pour le reste, moi j’ai défendu les banques et les industries de mon pays, une autre question ?

 

Le jeune grec :

Mais au final si on regarde de quelle poche l’argent sort et dans laquelle il entre, c’est bien dans les vôtres et dans celles de vos amis qu’il entre...

      …

Ne regardez plus jamais un galet au bord de la mer Angela.

 

Mère angela :

Et pourquoi je te prie ?

 

Le jeune grec :

Vous auriez la désagréable impression d’y voir votre coeur. Mais rassurez-vous, nous nous rappellerons que vous êtes la plus forte, un certain nombre d’entre nous continueront à dormir dans la rue, comme des chiens. A chacun sa vision de l’existence. Mais nous, nous nous en souviendrons.

 

Aristote : mais que viens-tu d’écrire là Adimante [adimante c’est moi celui qui vient d’écrire ce dialogue].

 

Adimante : oh rien je suis désespéré, cette crise grecque me désespère…

 

Aristote : toi qui écris des essais si sérieux et respectables, qui a lu et étudié tant de lois et tant de chiffres…

 

Adimante : oh j’en ai parfois assez, j’ai l’impression que c’est aussi utile que de pisser dans un violon... j’ai passé des années à étudier, à tout déchiffrer, j’ai déflaté des séries à n’en plus finir, recomposé des statistiques la même chose, construit tant de syllogismes, synthétisé autant de raisonnements, lu des textes que personne ne lit ; et personne n’écoute… personne ne voit…

J’ai écrit à tous les médias français, j’ai contacté Syriza, d’autres, des ministres et personne ne répond. Ils veulent juste ne pas voir, regarder leur serait insupportable. Bien sûr je peux comprendre, regarder la réalité en face n’est pas facile quand tu découvres que toi aussi tu es responsable, j’imagine un jeune français ou un jeune européen du Nord qui découvre que la dette des Grecs a servi à donner de l’emploi peut-être à son père, à son oncle sur un chantier naval ou dans une banque. Mais la question n’est même pas là. La question c’est un peu comme si le chirurgien te dit qu’une partie de ta chair a la gangrène et qu’il faut l’enlever sinon tout est foutu, c’est la dureté du chirurgien mais c’est aussi le courage. L’éthique c’est parfois pareil à la chirurgie, il faut oser quelque chose que l’on ne ferait pas volontiers, se regarder dans la glace mais pour aller ensuite plus loin. Les Européens ne le font pas et ne le feront probablement jamais, leur civilisation est foutue…

Une seule chose pourrait les sauver, c’est qu’ils aient une révélation. Qu’ils se rendent compte que quelque chose doit se passer, que quelque chose n’est pas juste, que la crise grecque doit être l’occasion d’un changement, sinon ils seront perdus.

 

Aristote : et quel est ce changement ?

 

La démocratie directe Aristote. La seule vraie démocratie, celle où le peuple n’est pas un pantin dont on tire les ficelles, celle où lui seul peut être maître de son destin, décider de ses dépenses et de ses impôts, et ne pas laisser d’autres décider à sa place, et lui mettre des dettes sur le dos, mais je crois que c’est peine perdue…

Tu sais ce que j’écris Aristote, tu as lu ces lignes où je te montre les vertus supérieures de la démocratie directe. Combien de vies de jeunes français auraient été sauvées au cours de l’Histoire, combien auraient évité l’horreur et la mort, la déportation dans les bagnes, si au cours de leurs révolutions ils avaient connu la démocratie directe [1], mais combien de sang a coulé je te l’ai montré de même pour les jeunes allemands. Combien de vies sacrifiées, anéanties, combien de souffrances ? Ont-ils les uns et les autres oublié tous leurs morts ? Et aujourd’hui en Grèce et sur ce continent qui fut l’un des plus riches et des plus glorieux des grand-mères pleurent en silence parce qu’elles ne peuvent pas payer leurs médicaments, leurs médicaments Aristote, quelle honte, mais quelle honte. Toute la génération d’un peuple sacrifiée et sais-tu pourquoi ?

Parce qu’il n’y a pas de démocratie là où ils vivent, parce qu’il n’y a pas de démocratie en Europe. Vois-tu Aristote des dépenses militaires astronomiques ont généré la dette des grecs mais le peuple grec ne l’a jamais décidé lui-même, des politiciens grecs corrompus se sont arrangés avec des industriels et des financiers du Nord, sous le regard bienveillant de leurs parlements. Et aujourd’hui ce peuple est à genoux et devra payer durant des générations, quelle honte, quelle honte.

S’ils avaient connu la vraie démocratie, alors des voix dans le peuple auraient pu s'élever et demander des comptes à ces politicien-ne-s, ce qu'ils étaient en train de faire, ils auraient pu soulever directement cette question devant le peuple, ces dépenses, les amener sur la place publique pour que les politiciens en rendent compte et s’expliquent, c’est cela la démocratie directe, un droit de contrôle direct sur l’activité des gouvernements et des parlements.

C’est un instrument essentiel de paix et de tempérance entre les uns et les autres, c’est un instrument d’équilibre Aristote, jamais nous ne serons tous d’accord les uns avec les autres mais cette démocratie-là empêche les excès, les excès des uns et des autres, elle empêche les abus, elle permet de les contrôler, c’est un instrument de survie.

Ce qui se passe en Grèce est la leçon qu’ils devaient en tirer. Mais l’Europe encore une fois est en train de marcher dessus, ils préfèrent la destruction. Si les Européens ne réalisent pas que quelque chose doit ici et maintenant changer dans leur manière de faire, qu’une nouvelle mentalité doit maintenant remplacer l’ancienne alors ce continent partira à la dérive Aristote, il partira et toi même tu sais pourquoi.

N’est-ce pas toi qui un jour comparait l’âme humaine à un attelage de deux chevaux et nous expliquait que pour le faire avancer le secret se trouve dans son équilibre, que l’attelage n’avance que si tu es capable de faire avancer tes deux chevaux ensemble, que la progression n’est possible que si tu allies le cheval de gauche et le cheval de droite pour les faire aller ensemble dans la même direction.

Et ça c’est la magie de la démocratie directe qui en est seule capable, mais en Europe ils marchent dessus, pendant qu’en Asie d’autres de manière différentes à la tête de l’Etat, avec d’autres manières de penser disent : nous sommes la tête et vous êtes les jambes, sans vous nous ne pouvons rien. Pendant que dans certains endroits d’Asie lorsque l’on est en haut et que l’on se trompe on s’excuse, en Europe la vanité se dissimule sous les regards hypocrites qui méprisent le peuple. Le règne est aristocratique il laissera bientôt place à la haine. Les Européens sont en train de disparaître Aristote bientôt ne leur restera plus qu’une compréhension froide des chiffres et cette sale et fausse démocratie à laquelle personne ne croit. En Europe ils n’imaginent plus rien, ils pensent qu’ils sont la tête mais ils détruisent leurs jambes, seuls les hommes stupides sont capables de ça.

Crois-tu vraiment qu’un tel comportement est à même d’obtenir les meilleurs résultats ? Que cette attitude permet d’aller loin. C’est ne pas percevoir toute l’étendue de la réalité. Bonheur politique disais-tu, lorsque leur âme aura disparu leur corps aussi disparaîtra, sans âme le corps est une illusion qui ne subsiste que contrainte et forcée, ou par la force du hasard, c’est au mieux une fonction végétative. Le peuple d’Europe se transforme en être végétatif, ou malade, puisqu’il est en train de détruire tout respect qu’il a pour lui-même.

La crise grecque devait donner lieu à un changement, à autre chose, à un renouveau et une révélation qui n’aura sans doute pas lieu. J’écris pour parler de l’âme de la démocratie, de son but, mais combien vraiment s’y intéressent ? Les Européens savent tout sur tout, ils savent tout sur la politique. Ils lisent les journaux et écoutent la radio, lire des essais de plus de vingt lignes à quoi bon, ils savent déjà tout. Ils écoutent de petits empereurs qui balaient tout d’un revers de la main, pendant que les bateleurs et ceux qui obéissent aux menteurs s’enrichissent.

Savent-ils que les exportations militaires de l’Allemagne vers la Grèce ont augmenté de 230 % lorsque cette dernière est entrée dans l’UE, que ce petit pays pauvre de l’Europe est devenu en importance son deuxième client militaire, que l’Allemagne premier pays industriel d’Europe a écoulé en Turquie et en Grèce près du quart de toute sa production militaire depuis 1950, qu’à la chute du Mur de Berlin lorsque les autres clients de l’Allemagne ont réduit leurs dépenses militaires que ce sont les Grecs et les petits pays du Sud qui ont pris le relais... [2]. Oh comme ils étaient contents alors à Berlin, Francfort, Paris, Amsterdam. Sais-tu Aristote qu’en 2007 la France livrait à la Grèce la troisième plus grosse commande militaire de toute l’histoire moderne de l’industrie française [3], sais-tu que la Grèce est le premier client militaire des Pays-Bas, que les dépenses militaires du Portugal après son entrée dans l’UE sont devenues 30 % plus élevées que celles qu’il avait du temps de sa dictature et de ses colonies, le savais-tu ? Savais-tu que durant les vingt-cinq dernières années les pays les plus pauvres de l’UE ont restreint leurs dépenses d’éducation pour augmenter leurs dépenses militaires ? Comme c’est intelligent. Nous vivons dans un monde formidable.

Et le rêve Aristote, le rêve.

Lorsque la tête détruit les jambes, lorsque celui qui gouverne détruit la jeune pousse qui s’éveille et la met au pas, sous le joug [cela semble chez certains dans les gènes], alors ils détruisent des rêves, des millions de jeunes européens sans emplois que maintenant ils humilient dans leurs droits politiques, les consomment comme de la chair à euro, des citoyens sur papier dont on peut faire tout ce qu’on veut, les faire payer pour des générations si cela nous chante. Ça n’est pas vraiment le rêve ni le bonheur politique.

Ils nous montrent un monde sans principes qui dévore ses propres enfants, ou plutôt les premiers enfants de leur voisin qui passent à portée. Ils sont odieux et ne s’en rendent même pas compte. Le visage mou de leur reine contraste avec les mâchoires en tenailles de la multitude de petits junkers [en allemand, petits hobereaux] qui l’a mise au pouvoir. L’Europe en est quadrillée, mais ce tableau est éculé au moins depuis les Carolingiens. Une simple sensibilité humaine, ni malade, ni corrompue, suffirait pour s’en apercevoir. Le message cependant est clair, leur Hymne à la joie nous écœure et ne cache plus rien, désormais le monde sait que ces Européens n’ont plus aucun scrupule, que plus rien ne les gêne et ne les retient.

Du point de vue politique c’est une catastrophe, hier ils divisaient et mettaient en concurrence les uns et les autres, c’est leur principe, désormais lorsque tu seras endetté on saisira aussi tes droits politiques. Ou plutôt, on te les laissera mais on fera comme s’ils n’existent pas. C’est beaucoup plus facile. On votera, ils se congratuleront à Bruxelles en souriant et en précisant aux gentils journalistes qu’ils respectent la démocratie, puis aux yeux de tous et sans aucune pudeur ils s’assiéront sur ton vote sans que personne ne réagisse plus que ça. Certaines prophéties littéraires et cinématographiques semblent étrangement se réaliser, et même pire, ici le vote de toute la jeunesse grecque est aux yeux de tous bafoué sans que personne ne les interrompe, sans qu’aucun juge n’élève la voix. Qui aurait vraiment cru cela possible ? Pas toi Aristote n’est-ce pas, à ton époque qui aurait osé une telle profanation, un tel manque de respect envers sa société aurait été jeté directement dans une fosse ou cloué vivant sur une croix. Aujourd’hui c’est la loi du silence, de l’aveuglement, la démocratie est profanée, et tout le monde se regarde d’un air satisfait.

Autant te le dire Aristote, je n’aime pas leur monde, je n’aime pas leur Europe, je n’aime pas leur façon de faire, je n’aime pas leurs figures, je n’aime pas leur absence de morale, je ne les aime pas.

Dis-moi Aristote pourrais-tu accuser ton meilleur client militaire d’être quelqu’un qui ne sait pas tenir ses comptes, le mettre à genoux, et lui mettre ensuite un couteau sur la gorge, alors que tes propres industries l’ont corrompu ? Pourrais-tu l’accuser et l’obliger maintenant à vendre tous ses meilleurs actifs, ceux qui lui rapportent un peu d’argent, ses ports, ses compagnies électriques, alors qu’il t’a soutenu, qu’il a durant des années soutenu ton industrie militaire pour qu’elle ne s’effondre pas ?

Si tu étais juge, pourrais-tu rester sur ton siège et attendre ton salaire à la fin du mois sans rien dire ?

J’ai envie de vomir Aristote. Ils me donnent la nausée. Je ne suis ni de droite ni de gauche, mais ils me donnent la nausée. Et je pense que je ne suis pas le seul. Je comprends que l’on ait besoin de travailler, de gagner de l’argent, de ne pas créer de chaos inutiles, mais autant de bassesse… Ils n’ont plus aucun sens moral.

IIs trompent tout un peuple dont une grande partie n’a probablement jamais su ce qui se passait dans son parlement, ensuite ils lui mettent sur le dos une dette qu’il n’a pas lui-même contractée, une dette si astronomique qu'ils doivent l’imputer à ses enfants et à ses petits-enfants et au-delà, et lorsque ce peuple vote pour dire non ils sourient et se serrent les mains en lui supprimant ses droits politiques. C’est ignoble, il n’y a pas d’autres mots.

Ce qui arrive à la Grèce ne devait plus jamais arriver. Tant de discours tant de promesses. Que ces gens d’Europe ne nous parlent plus de dignité, de principe, d’Etat de droit. Dans leurs bouches ces mots n’ont plus aucune valeur, ce sont des écorchures, des paroles de singes.

Oh Aristote, regarde seulement.

Regarde aujourd’hui... leur sordide victoire à peine engrangée ce qu’ils osent rajouter. Les Grecs viennent d’être humiliés, leur vote écrasé, leurs actifs les plus précieux seront vendus [4], ils ont été trompés, et le président socialiste de ce grand pays qu’est la France, regarde ce qu’il dit :

“La zone euro a su cette semaine réaffirmer sa cohésion avec la Grèce. La qualité de la relation franco-allemande y a été pour beaucoup. L’esprit européen a prévalu”.

François Hollande, le 19 juillet 2015 [5].

 

Est-il stupide ou croient-ils que nous le sommes tous devenus ? A peine ont-ils descendus le cheval qu’ils se précipitent pour achever le cavalier. Qui seulement pourrait proférer une telle insanité ? Tout un peuple vient d’être trompé, mis à genoux, son référendum violé, dénié, écrasé, et le président socialiste de la France déclare, sans la moindre pudeur, que c’est l’esprit européen, que la qualité de la relation franco-allemande y a été pour beaucoup… [on le croit ici sur parole]

Quelle indécence. Quel manque de respect. Quelle désinvolture. A qui obéit-il ? C’est incroyable. Qui aurait cru voir ça ? Les socialistes français attaquent la démocratie sociale, mettent à sac la Grèce, soutiennent la vente de l’eau publique, oui de l’eau, au privé, condamnent plusieurs générations de Grèce à la tutelle et leur président nous parle la bouche en coeur d’une belle réussite. J’ai envie de vomir. Ils jettent à terre leur ami et leur allié et s’en félicitent comme si c’était une action admirable entre toute. Quelle bande de vendus.

Dans quel monde vivent-ils ? Qui est donc cet homme ? Croient-ils que la démocratie est un jeu ? Sait-il qu’il parle de la vie et de la liberté de millions de femmes, d’hommes et d’enfants sur ce continent ? Tout un peuple jeté à terre avec lâcheté et il se félicite. La terrible indécence. Cela me fait peur. Une telle absence de pudeur m’indique que plus rien n’est impossible, qu’ils croient à nouveau [ou encore] que tout leur est permis.

Oh Aristote, ce monde-là ne changera pas avec des hommes comme ça. C’est une impossibilité. Et quand les hommes ne changent pas alors ce sont les institutions qu’il faut changer. Si ces hommes et ces femmes ne voient pas qu’ils sont sans âme, qu’ils sont odieux et inacceptables, qu’ils n’ont aucune grandeur, que c’est au-dessous de tout sur le plan humain et foule au pied les plus innocents, qu’ils détruisent la société, alors c’est que les institutions doivent changer. Lorsque les hommes ne se rendent plus compte alors il faut y mettre un frein.

Dans la vie lorsque une chose dysfonctionne elle pose bien souvent un problème éthique, tu le sais mieux que moi, c’est-à-dire la question de la fin et des moyens, ce que l’on fait, comment on le fait et pour aller où, dans quel but.

Certains écouteront, nous ne sommes pas les seuls, ils parleront et écriront sur les réseaux sociaux, mais rien ne changera, ici c’est le mal qui avance. Sans doute une partie descendront dans la rue, brûleront des bâtiments publics ou d’autres choses, d’autres encore d’autres fois, ils planteront des tentes au milieu des villes, mais ceux d’en haut, les nouveaux rois, attendront, ils attendront seulement qu’en bas ils s’épuisent, comme ils ont attendus que la Grèce s’épuise, comme ils attendent que la Suisse le fasse.

On ne change pas le monde en plantant une tente au milieu d’une ville, on change le monde en changeant ses institutions politiques, sans démocratie directe en Europe rien ne changera. Si au moins quelques jeunes européens pouvaient l’entendre et commencer à s’y intéresser plus que tout. C’est la condition pour qu’un nouveau monde puisse naître en Europe, il faut mettre en place de nouvelles constitutions et de nouveaux droits politiques pour les hommes et les femmes de ce continent.

Qu’ils se lèvent et réclament enfin leurs droits, les constitutions qui les gouvernent sont à eux et non à ceux qui les gouvernent, et si ces constitutions sont à eux alors ils doivent avoir le droit de les changer. Ils ont droit à la démocratie directe.

Voilà 2500 ans celui qui était reconnu citoyen d’Athènes avait plus de droits politiques que les peuples d’Europe n’en ont aujourd’hui, de Berlin à Paris, en passant par Porto, Rome, Helsinki, Prague, Dublin, Paris, Madrid, Stockholm, Londres, Varsovie et les autres. Si les peuple d’Europe veulent empêcher que d’autres s’enrichissent et leur mettent des dettes sur le dos, il n’y a que la démocratie directe, rien d’autre ne peut l’empêcher. La dette grecque montre que c’est la seule solution pour faire revenir la morale sur ce continent.

Ceux qui dirigent l’Europe disent démocratie, de grâce enlevez leur maintenant ce mot de la bouche, c’est un viol, une injure, ils n’ont pas le droit de le prononcer. Ce que montrent ces gouvernants ce n’est pas la démocratie, ce qu’ils montrent c’est qu’ils ne sont pas à leur place. Le mot liberté est répété jusqu’à l'étourdissement dans tous leurs discours, exigez maintenant que ce mot vous revienne. Vous indigner ne suffira pas. Exigez maintenant la démocratie directe, le contrôle des gouvernements et des parlements. Ou alors oubliez le mot liberté.

Michel Piccand.

 

P.S. Ceux qui s'intéressent à la relation entre dette grecque et absence de démocratie trouveront ici un petit quiz intéressant : http://lc.cx/ZdpF

 

 

© 2015. Ce texte peut librement circuler, être partagé, recopié et republié sous quelque forme que ce soit et sur n’importe quel support, journal, blog, à condition de ne pas être modifié et de contenir toutes ses sources. En cas de republication merci d’en informer [email protected]

 

Notes

[1] Le mythe de la démocratie guerrière. Éditions Adimante. Michel Piccand © 2015 disponible sur Amazon.

[2] La dette grecque ou La honte de l’Europe. Éditions Adimante. Michel Piccand © 2014 disponible sur Amazon.

[3] En 2015, le HRADF fond chargé de vendre les actifs de l’Etat grec mettait en vente 12 ports dont celui du Pirée et de Thessalonique, le Pirée étant le plus grand port de containers de tout l’Est de la Méditerranée, dont une partie de l’exploitation déjà cédée pour 35 ans au premier transporteur maritime chinois Cosco. Se trouvaient en vente les 37 aéroports régionaux dont ceux très lucratifs se trouvant sur les îles, la concession d’exploitation de l'aéroport international d’Athènes, la livraison d’eau potable et le traitement des eaux usées dans toute l’Attique et la Macédoine, la participation d’un tiers de l’Etat grec dans Hellenic Petroleum qui couvre ⅔ des capacités de raffinement du pays et distribue les produits pétroliers dans tous les Balkans et en Bulgarie, les sociétés de services et d’entretiens des chemins de fer, la poste grecque, l’importation et la distribution de 90 % du gaz en Grèce, la principale compagnie de production et de distribution de l’électricité, la plus grande autoroute qui traverse la Grèce d’Est en Ouest et relie l’Europe à la Turquie, toutes les loteries, les lotos sportifs et les paris hippiques, nombre de marinas et de ports secondaires, des complexes touristiques et des plages dans les îles, des infrastructures des jeux olympiques, des terrains logistiques au bord des nœuds autoroutiers, des immeubles et des propriétés foncières, des sources thermales. Cette liste décrit ce qui était en vente au mois de juillet 2015, d’autres actifs de l’Etat grec pouvant être transférés ultérieurement dans ce fond. Assez curieusement le plan de dessaisissement de ces actifs imposé par les Européens laissait à la Grèce la possibilité d’utiliser une partie du revenu dégagé par ces ventes pour la réinvestir... Le plan de privatisation visant à rembourser la dette de la Grèce [Déclaration de l’Eurogroupe du 12 juillet 2015 / SN 4070/15 p.4] prévoyant que la vente des actifs grecs devraient servir d’une part à rembourser le prochain prêt que les Européens allaient octroyer aux Grecs via le MES [mécanisme européen de stabilité, dispositif européen de gestion des crises financières de la zone euro], d’autre part, à dégager au moins 50 milliards d’euros dont une moitié servirait à rembourser et recapitaliser les banques, un quart à réduire la dette du pays et un quart pour des investissements.

Il y a ici deux lectures possibles ; celle qui consiste à voir les gentils Européens laisser un peu de fonds aux Grecs pour leurs investissements nécessaires et l’autre vision un peu moins naïve qui cerne précisément les pratiques néo-libérales qui visent à priver l’Etat de ses actifs rentables pour les céder au secteur privé [privatisation] mais qui dans le même temps lui laisse financer les infrastructures nécessaires qui ne génèrent aucun gain. Il y a ici une contradiction économique majeure de la vision néolibérale. Comment peut-on en effet reprocher à l’État son endettement alors qu’on le prive de tous ses actifs rentables et qu’on se repose sur lui pour assumer les tâches nécessaires qui ne rapportent rien ? Les mesures de privatisations présentées ici étaient soutenues et proposées en consensus avec les grands partis socialistes européens et notamment le parti socialiste français et l'administration Hollande. On peut donc être de gauche et n’avoir aucun scrupule à forcer un État à se séparer de ses actifs les plus rentables.

[4] Les critères de Maastricht qui en théorie interdisent à un Etat-membre d’avoir une dette publique supérieure à 60 % de son PIB et que [la moitié des États ne respectent pas, dont les grands pays directeurs de l’UE, Allemagne, France, Royaume-Uni] sont en vigueur depuis 1993. Alors que la Grèce n’y a jamais satisfait, que depuis 2000 son endettement était en moyenne de 110 % de son PIB, elle passe commande à la France de la troisième plus grosse commande militaire jamais reçue par ce pays. En tant qu’Etat-membre le gouvernement français ne pouvait donc ignorer que son industrie livrait d’énormes commandes d’armements à un autre Etat-membre déjà surendetté et qui ne respectait pas les exigences d’endettement qu’ils ont ensemble conclus. Dans un tel cas de figure, le gouvernement français porte donc une large responsabilité politique pour la crise qui s’en est suivit en Grèce. Fermer les yeux sur l’endettement de la Grèce n’est certes juridiquement pas condamnable, mais du point de vue moral et politique la responsabilité est entière, d’autant lorsque l’on est un pays fondateur et directeur de l’UE. Le reproche fait ici à la France peut être reporté sur tous les autres Etats-membres dont l’Allemagne qui peut être jugée sur le même niveau, de même ceux dont les instituts bancaires ont financé ces achats d’armes, le Royaume-Uni, le Benelux, les Pays-Bas. Par leurs actes les uns et les autres ont favorisés l’endettement de la Grèce, en terme pénal on serait à la limite de la complicité. En tant qu’Etats-membres ils sont ici complices du non-respect des critères de Maastricht par la Grèce puisqu’ils l’ont aidée à les violer encore un peu plus. On ne peut pas être membre d’un même traité et ne rien dire, voir favoriser l’autre partie, lorsqu’elle le viole. Du point de vue politique et moral cela ne peut être justifié lorsque l’on prétend vivre dans la même communauté d’intérêt. La responsabilité politique de ces pays pour la dette grecque est donc entière, elle l’est d’autant plus qu’il était évident qu’un pays avec une structure économique comme celle de la Grèce ne pourrait jamais assumer de tels montants de dépenses militaires.

 

[5] François Hollande, “François Hollande milite pour un gouvernement de la zone euro” L’Express AFP le 19 juillet 2015.

 

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Statue d’Éspitèmè (la connaissance) sans tête à la bibliothèque Celsus d’Éphèse. Photo José Luiz Bernardes Ribeiro

 


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25 réactions à cet article    


  • Fergus Fergus 27 juillet 2015 09:22

    Bonjour, Adimante

    Le pire est que nous sommes pourtant bien dans des démocraties. Et si les gouvernances qu’elles ont produit ont dérivé depuis des décennies dans un sens néolibéral si peu respectueux des peuples, c’est avec la complicité de ces derniers : sans ces peuples qui votent et élisent leurs représentants en connaissant leur duplicité, nulle dérive ne serait possible, ou du moins seraient-elles limitées à un mandat unique avant le coup de balai salutaire. Or, rien de tel : faute de promouvoir des courants politiques alternatifs, nous avons les pouvoirs que nous méritions !


    • Captain Marlo Fifi Brind_acier 27 juillet 2015 09:37

      @Fergus
      Nous avons les dirigeants que les médias mettent en avant.
      Ils sont tous européistes, et interchangeables.
      Ceux qui proposent la fin de cette mascarade européenne, comme l’ UPR, sont censurés.


    • Fergus Fergus 27 juillet 2015 11:55

      Bonjour, Fifi Brind_acier

      Vous savez très bien que l’accès aux médias est, dans un contexte audiovisuel où les émissions à caractère politique sont devenues plus rares que dans le passé, directement dépendant d’un minimum de notoriété et de résultats électoraux. Or, si Asselineau et l’UPR ont une certaine visibilité sur quelques sites du net, grâce au forcing d’une poignée de militants - possiblement rémunérés pour certains ? -, ils ont en revanche des résultats électoraux proche de zéro au niveau national. Inférieurs en tous les cas à d’autres formations politiques que l’on n’entend quasiment jamais dans les médias.

      On ne peut donc sérieusement parler de « censure » de l’UPR dès lors que ce micro-parti n’est pas plus mal traité que d’autres. Cela relève de la propagande victimaire !

      Autre chose : vous accusez, non sans raisons, les médias mainstream de véhiculer une idéologie plutôt consensuelle et de faire l’opinion. Cela vous arrange évidemment de tenter de le faire croire (un constat qui vaut pour tous les partis très minoritaires !). Mais dans ce cas, comment expliquer qu’en 2005 le projet de Traité constitutionnel européen a été rejeté très nettement par les Français alors que tous les grands médias, tous les partis de gouvernement , et quasiment tous les intellectuels appelaient à voter OUI ? 

      En fait, une majorité de Français se situent sur une ligne de centre-droit, plutôt favorables aux partis de gouvernements, malgré les griefs contre ceux qui se succèdent depuis des décennies. Cela vous ennuie. Cela m’ennuie également pour d’autres motifs. Mais c’est sans doute la réalité.


    • doctorix, complotiste doctorix 27 juillet 2015 17:01

      @Fergus


      possiblement rémunérés pour certains ?

      Propos pitoyable....
      Petite crotte déposée en catimini, comme ça, en louçdé...

      Je vous signale en passant que Le Pen a été reçu par Reagan quand son parti comptait moins de 300 adhérents.
      Si Asselineau pouvait être entendu, il emporterait tous les suffrages, de droite comme de gauche.
      C’est bien pour ça qu’on lui cloue le bec.

    • Captain Marlo Fifi Brind_acier 27 juillet 2015 17:25

      @Fergus
      Quand Mitterrand a poussé le FN dans les médias, il faisait moins de 1% aux élections depuis 10 ans. Et Mitterrand a même changé la loi électorale pour les élections législatives de 1986, en introduisant la proportionnelle, ce qui a permis au FN d’avoir 35 députés.

       


    • malitourne malitourne 27 juillet 2015 17:34

      @Fergus
      J’ai de plus en plus l’intime conviction, Fergus, que vous n’êtes pas sincère vous non plus et que vous vous foutez de la gueule de pas mal de monde. Vous êtes là pour contribuer à orienter le débat : beaucoup de mousse sur des sujets secondaires ou très secondaires, et un marquage à la culotte serré sur tout propos remettant en cause l’UE.


    • leypanou 27 juillet 2015 21:32

      @malitourne
      Vous vous trompez : c’est un européiste convaincu, pensant que l’UE a été créée pour le bonheur des peuples, a empêché la guerre entre autres.


    • Le421... Refuznik !! Le421 28 juillet 2015 03:04

      @leypanou
      Exactement ce que je me suis tué à expliquer en 2005 en militant pour le NON. On se faisait traiter d’anti-européen alors que nous voulions juste une Europe différente avec plus d’égalité et de démocratie. Nous sommes gouvernés par des gens que nous n’avons pas élus. Le Parlement Européen n’est que consultatif, les vraies décisions se prennent à Berlin et à Washington...


    • Fergus Fergus 28 juillet 2015 09:10

      Bonjour, Le421

      Bien que fervent européen - et non européiste ! -, j’ai milité moi aussi avec détermination pour le NON en 2005, exactement pour les mêmes raisons que vous.

      Mais je diverge de votre analyse en cela que nous avons bel et bien élu les décideurs de l’Union Européenne, autrement dit les chefs d’Etat ou de gouvernement qui siègent dans le Conseil européen (la plus haute instance de l’UE). Quant aux députés européens, leur pouvoir n’est pas uniquement consultatif car ils peuvent, comme en France, déposer des propositions de lois. Qui plus est, la présidence de la Commission est désormais subordonnée de fait à leur accord. Ces élus ont donc une responsabilité importante dans le choix de la ligne politique qui sera mise en œuvre par cette Commission, bras exécutif des orientations du Conseil Européen.


    • Captain Marlo Fifi Brind_acier 27 juillet 2015 09:35

      La démocratie directe, c’est quoi ? Le peuple est souverain. Point. Il n’existe pas 36 démocraties, il y a la démocratie tout court, qui suppose « un démos », un peuple.
      Or, il n’y a pas de peuple européen, donc aucune démocratie possible dans l’ UE.


      Ce qui pose la question de la souveraineté et de la sortie de l’ UE. Dont le seul moyen légal et pacifique est l’article 50. Mais la sortie de crise suppose aussi le fonctionnement de l’ Etat et de ses droits régaliens, pour prendre des mesures souveraines : sur la monnaie, les lois, les frontières etc. Et remettre en place toutes les régulations antérieures. 

      La démocratie directe peut ensuite, prendre la forme de référendum d’initiative populaire, comme en Suisse, ou comme le préconise l’ UPR dans son programme. Mais dans le cadre d’un Etat souverain.

      Ou bien le terme « démocratie directe » est employée par des démagogues mondialistes, genre Attali, qui espèrent enterrer les Etats Nations, mais sans le dire ouvertement.
      Quel est l’avis de l’auteur sur cette question ?
      Il utilise le terme X fois, sans jamais l’expliciter, ce qui laisse planer un doute sérieux.

      • adimante adimante 27 juillet 2015 16:40

        @ Fifi et Fergus, merci pour vos intéressantes remarques.

         

        J’aurais peut-être dû donner des explications sur la démocratie directe, en voici quelques-unes résumées.


        Pour un Suisse la démocratie directe est une institution qu’il comprend presque naturellement, puisque il est appelé à voter au moins 4 fois par année non pas pour des élections mais pour accepter ou non des textes de lois ou des modifications éventuelles de sa constitution.


        Pour faire simple - la terminologie est compliquée et change selon les pays - il faut bien distinguer entre initiative et référendum. Dans le premier cas se pose la question de savoir qui prend ou peut prendre l’initiative de changer la loi ou la Constitution, les élus et/ou le peuple ? Le second cas dérive de l’action de s’en référer au peuple, de lui demander son avis et de lui donner l’occasion de voter.


        Puisque l’on parle de démocratie directe il faut être clair, tant le référendum que le peuple français a voté en 2005 pour la constitution européenne, que le référendum grec du 5 juillet 2015, ne sont pas des instruments types de démocratie directe. Ce sont des instruments de démocratie parlementaire. En 2005 c’est Jacques Chirac qui a décidé seul si le peuple pouvait ou non voter. Pour un Suisse il est extrêmement choquant qu’une seule personne [ou le seul parlement ou les seuls partis politiques] ait le pouvoir de décider seul si tout un peuple peut voter ou non.


        En Suisse toute modification de la constitution ou adhésion à une organisation internationale [ex. UE] doit obligatoirement être soumise au vote du peuple. De même, n’importe quel groupe de citoyen peut décider de modifier en partie ou totalement la constitution ; s’il réunit 100’000 signatures de citoyens alors les autorités seront obligées de soumettre les modifications proposées au vote du peuple qui lui décidera en dernier ressort.

        C’est la raison pour laquelle nous ne sommes pas dans l’Union européenne, parce qu’à chaque fois le peuple a dit non. En théorie des citoyens pourraient proposer en Suisse de mettre une constitution d’un tout autre régime, si le peuple l’accepte alors le changement de régime sera légalement institué.


        Les Suisses peuvent aussi directement agir cette fois non sur la constitution mais sur les lois. Toute nouvelle loi ou modification d’une loi est soumise en Suisse au référendum dit facultatif, à chaque promulgation de loi les citoyens ont cent jours pour réunir les signatures de 50’000 citoyens demandant que la loi ou sa modification soit soumise au vote du peuple, il s’agit donc ici pour le peuple d’un véritable droit de veto et de contrôle direct sur l’activité gouvernementale et parlementaire.


        En Suisse, les citoyens auraient par exemple pu s’opposer eux-mêmes et directement à la vente des actifs étatiques comme le fait actuellement la Grèce, de mêmes qu’à ses dépenses militaires exagérées qui ont été à la source de son colossal endettement. Des droits politiques qui n’existent donc pas en Grèce ou en France.

         

        Vous posez la question de la souveraineté, alors il est ici clair que c’est le peuple qui est le souverain et nul autre, non pas l’Etat [qui ne tient sa souveraineté que par délégation du peuple] pas plus comme en France que la nation [en Suisse la nation n’est pas un concept juridique ou politique].


        Je ne peux malheureusement m’étendre ici sur ces questions qui relèvent de la théorie de l’Etat et de la souveraineté. Mais si ces questions vous intéressent je vous invite à consulter mon essai « Suisse, années 2015… Un Peuple Qui Disparaît » ou une très longue note est consacrée à ces différences entre la France et la Suisse. Cet ouvrage disponible sur amazon.fr [désolé d’en faire l’article ici] pourrait vous intéresser à plus d’un titre, car même s’il parle principalement de ce qui se passe en Suisse - l’attaque actuelle contre la souveraineté du peuple par l’internationalisation du droit - il fait des comparaisons avec la France et devrait vous montrer comment ce qui « reste » de la souveraineté des peuples est en train d’être « supprimé » au niveau des processus institutionnels et politiques internationaux.


        Etant entendu que d’un point de vue helvétique, le peuple français et allemand par exemple ne sont déjà plus des peuples souverains, s’ils l’ont jamais été un jour. Et la raison en est relativement simple, la souveraineté ne se partage pas, elle est indivisible. Elle peut tout au plus déléguer les formes de son exercice comme par exemple la puissance publique, à l’Etat. Un peuple qui ne peut s’opposer ou refuser les actes de son gouvernement ou de son parlement est un peuple qui n’est plus souverain.  Ces questions sont particulièrement expliquées et démontrées dans l’essai précité.


        Quant à Mr Attali, à ma connaissance, je crois qu’il ne sait pas tellement de quoi il parle lorsqu’il parle de démocratie directe.


        • doctorix, complotiste doctorix 27 juillet 2015 17:08

          @adimante

          Peuple suisse, nous envions votre pognon, mais pas seulement...
          Egalement vos lois, et votre bon sens.
          Nous ne sortirons de cette galère que les fourches et les piques à la main, direction Bruxelles.
          Je sens que ça vient...

        • Captain Marlo Fifi Brind_acier 27 juillet 2015 17:32

          @adimante
          Merci pour votre réponse en précisant que vous parlez depuis un pays souverain, et pour un pays souverain. Ce qui n’est plus le cas pour les pays européens depuis le Traité de Maastritch et de Lisbonne, qui ont dépouillé les Etats de leurs droits régaliens.


          Même les droits des consommateurs ont été transférés à la Commission européenne.
          Le gouvernement français ne peut même pas imposer des étiquettes sur les produits selon sa convenance..., c’est dire sa marge de manoeuvre !

        • malitourne malitourne 27 juillet 2015 17:44

          @adimante
          Alors Fergus, la démocratie Suisse vs la démocratie UE, ca t’inspire moins de commentaires que les carlines des Grands Causses ?


        • Fergus Fergus 28 juillet 2015 09:36

          Bonjour, malitourne

          Il se trouve que je suis un grand admirateur de la Confédération helvétique - un pays où je me suis souvent rendu - et de son mode de fonctionnement démocratique.

          Pour autant, je pense que ce qui est possible en Suisse (pays de 8 millions d’habitants) ne l’est pas en France, pour des raisons de taille, mais aussi - et surtout - pour des raisons culturelles. D’une certaine manière, les « initiatives populaires » sont un peu la réplique moderne des assembles anciennes, de type Landsgemeinde où les citoyens venaient autrefois au chef-lieu du canton pour voter sur les propositions du moment. 

          Cela dit, rien n’empêche un pays comme la France de progresser dans la voie du référendum d’initiative populaire, en jetant à la poubelle le « Référendum d’Initiative Partagée » de Sarkozy qui n’a été qu’une odieuse parodie et un foutage de gueule des Français.

          J’ajoute à cela ce que j’ai déjà eu l’occasion de d’écrire : au delà de la question des « initiatives », la Suisse est précisément le type de modèle que je souhaiterais pour l’Europe, chaque pays de l’Union étant, au niveau continental, ce que sont les cantons au niveau de la Confédération. Et la Suisse est un formidable exemple de la possibilité à des citoyens d’appartenir à une même entité politique malgré des langues différentes - rappel : 4 langues officielles dans le CH ! - et des modes vie ou de culture pour le moins variés entre les cantons francophones, germanophones ou italophones. Or, ce qui a été possible en Suisse, mais également en France avec des peuples divers, le sera tôt ou tard pour l’Europe  !

          Un peu hors sujet, mais en relation avec le regret que j’ai de la disparition annoncée de la langue romanche, cet article où j’y fais allusion : La haute Engadine, une pure merveille de la nature.

          Quant à la défense des carlines, c’est une cause juste ! smiley



        • Ben Schott 28 juillet 2015 11:55

          @Fergus
           
          « Pour autant, je pense que ce qui est possible en Suisse (pays de 8 millions d’habitants) ne l’est pas en France, pour des raisons de taille, mais aussi - et surtout - pour des raisons culturelles. »
           
          « 
          la Suisse est précisément le type de modèle que je souhaiterais pour l’Europe »
           
          « 
          Or, ce qui a été possible en Suisse, mais également en France avec des peuples divers »
           
           
          Résumons donc : le modèle suisse n’est pas transposable en France pour des raisons de taille et pour des raisons culturelles, mais il serait transposable à l’échelon supérieur, c’est-à-dire l’UE. Mais finalement, ce qui a été possible en Suisse mais pas en France, a été possible en France comme en Suisse.
           
          C’est très clair.
           


        • Fergus Fergus 28 juillet 2015 12:11

          Bonjour, Ben Schott

          Ce commentaire persifleur est digne de l’UPR, mais on y est habitués !

          J’ai pourtant été clair, me semble-t-il, et vous avez parfaitement compris mon propos, en dépit de votre propos discourtois qui met sur le même plan un principe structurel et un mode d’expression de l’électorat. Je reprécise donc :

          - La structure étatique confédérale helvétique me paraît être un excellent modèle pour une future évolution de l’Union Européenne, les Etats membres étant au sein de l’UE ce que sont les Cantons dans la confédération.

          - En revanche, la démocratie directe basée sur le recours aux « initiatives populaires » me semble difficile, pour ne pas dire impossible, à transposer dans la société française, de même d’ailleurs que dans la plupart des grands pays de l’Union.

           


        • Ben Schott 28 juillet 2015 12:38

          @Fergus
           
          Réjouissez-vous que mon commentaire ne fût que persifleur ou discourtois, car bien que vous prétendiez le contraire, vous n’êtes pas clair du tout, comme en atteste les trois phrases que je rapporte et que vous avez pourtant écrites vous-même.
           
          Je crois que vous savez au fond de vous que l’Europe fédérale que vous appelez de vos vœux n’aurait qu’une espérance de vie très réduite : imaginez qu’une majorité de pays membres votent un autre fonctionnement de la Banque centrale, et c’est l’Allemagne qui mettrait fin à l’aventure.
           
          Rendez-vous aux évidences.
           


        • Ben Schott 28 juillet 2015 12:41

          @Fergus
           
          Par ailleurs, je vous signale que je n’ai ma carte dans aucun parti, pas plus l’UPR qu’un autre, ce qui ne m’empêche pas d’y trouver de très bonnes analyses.
           


        • Fergus Fergus 28 juillet 2015 12:57

          @ Ben Schott

          Vous n’avez peut-être pas votre carte à l’UPR, mais vous en reprenez de plus en plus souvent la dialectique.

          Pour ce qui est de mon positionnement, je crains qu’il ne me suive jusqu’au moment de ma crémation future, tant cette voie européenne est, à l’évidence, celle qui s’imposera à tous, dans le contexte mondialisé qui obligera, de plus en plus, les actuelles nations à s’allier dans des entités de niveau supérieur, ou à choisir le dépérissement dans l’isolationnisme.

          Quant à l’Allemagne, elle mange actuellement son pain blanc car son horizon socioéconomique est plutôt sombre à quelques années, notamment du fait des contraintes démographiques, et cela, même des économistes proches de la CDU en ont conscience.


        • Ben Schott 28 juillet 2015 13:07

          @Fergus
           
          « Pour ce qui est de mon positionnement, je crains qu’il ne me suive jusqu’au moment de ma crémation future »
           
          C’est le propre de tous ceux qui ont la foi.
           


        • malitourne malitourne 28 juillet 2015 14:11

          @Ben Schott
          Je crois qu’il n’y a rien à faire pour Fergus. Il est europhile jusqu’au trognon.

          Pour lui une France sans Europe c’est comme « une paella sans coquillage, c’est comme un gigot sans ail, un escroc sans rosette : quelque chose qui déplaît à Dieu ! »

          Je lui souhaite quand même longue vie, ainsi qu’aux carlines des grand causses.


        • alinea alinea 27 juillet 2015 22:31

          La démocratie directe demande des médias autonomes ; le fric achète les médias ; et le fric, on sait qui l’a.
          Sinon, pour en revenir à la Grèce, l’ennemi est intérieur, celui qui se laisse acheter, qui n’a aucun dessein pour son pays.. un incorruptible, voilà ce qui nous manque. Car l’ennemi, le malin qui essaie de feinter ou d’arnaquer l’autre, il y en aura aussi longtemps que ça marchera !
          Nous, nous sommes baisés par les US ; notre industrie a foutu le camp, bradée ; c’est pas faute d’avoir lutté : l’ennemi était à l’intérieur !
          J’ai bien aimé ce texte, à ce détail près !


          • Le421... Refuznik !! Le421 28 juillet 2015 02:58

            Excellent billet pour ma part.

            Les écrits de DSK n’ont rien de contraire à votre idée profonde... Puisque c’est la vérité !!

            Si au bout de la cure d’austérité la reprise mondiale ne vient pas...

            Même la grande pintade du FMI le sait parfaitement. La saignée, ça ne dure qu’un temps et ça ne guérit que l’hémochromatose. Et encore !!


            • finalfox 1er août 2015 00:53

              Je me suis arrêté à aristote.
              Ça m’énerve de lire ce genre de chose.
              Premièrement la charge de la dette grecque ne représente que 2.6% du pib grecque, à comparer aux 5 % des portugais qui paient sans ennuyer personne. Beaucoup de pays ont une charge de la dette plus lourde que la grèce mais ne se plaignent pas, ce qui met la grèce dans les ennuis c’est qu’elle dépense inconsidérément.

              Mais admettons que le problème ce soit la dette et pas la gestion grecque.
              Vous pensez que tsirpas n’a pas pensé à refuser de rembourser ? Évidemment qu’il y a pensé, et il s’est rendu compte qu’il n’avait pas les moyens de payer les retraites et les salaires des fonctionnaires.
              C’est la gestion grecque qui rend la grèce dépendant des créanciers, rien d’autre.

              Pour merkel vous pensez quoi ? Qu’elle va aller voir les grecs en leur disant « allez y dépensez sans compter c’est moi qui paie » ? Et elle va aller voir ses électeurs et leur dire « hé j’ai donné votre argent aux grecques, vous vous rappelez, ceux qui nous traitaient de nazis il y à deux mois ».

              La solidarité européenne envers la grèce est payé par nos impôts. Chaque fois que la grèce reçoit un prêt une partie de ce prêt est accordé par la france, par nous, il est normal que l’utilisation des fonds soit vérifiée.

              La dette grecque a déjà été restructuré, elle a été allégé de 107 milliards, les intérêts sont reportés à 2023, la duré est passé de 30 à 50 ans pour alléger les échéances. L’europe à fait des efforts immenses pour aider la grèce, mais la grèce continue à demander plus, logique que les créanciers en ait assez de mettre au pot encore et encore.

              Pour finir les grecs n’ont pas le monopole de la misère, si vous voulez voir des pauvres il suffit de se promener dans n’importe quelle ville de france pour voir des sdf.

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