Trop cher, temps d’attente excessivement élevé, personnel incompétent : les critiques fusent concernant les hotlines, et plus précisément celle des fournisseurs d’accès Internet. (FAI).
Étant moi-même hotliner, je souhaite légitimement donner mon avis et ainsi permettre au plus grand nombre de découvrir comment travaillent ces personnes si souvent injustement décriées.
Je tiens à préciser que je ne travaille pas pour un FAI mais pour une société qui édite et développe des logiciels (au nombre de six).
Cet article n’est pas là pour justifier tel ou tel problème de fonctionnement de ces centres d’appel. Il veut seulement en montrer les causes.
I - Une formation très limite
Commençons par le commencement. A mon arrivée dans l’entreprise (que j’appellerais X par confidentialité), je dois avouer que je me sentais assez perdu. Je ne connaissais absolument pas les méthodes de travail car je n’avais jamais eu aucune expérience dans le domaine.
L’employeur devait donc tout m’apprendre de A à Z et ce, malgré le fait que je baigne dans l’informatique depuis ma plus jeune enfance et que j’ai donc des compétences largement nécessaires pour exercer correctement le travail demandé.
On m’apprenait ainsi les bases de mon métier : comment dois-je parler aux clients, que dois-je leur demander en priorité, et surtout comment dois-je régler leurs différents problèmes. Et c’est à partir de là que j’ai compris que pour répondre aux exigences mon futur métier, je ne devrais compter que sur moi-même. En effet l’élocution de mon formateur était comparable à celui d’un enfant de huit ans, ce qui n’aide pas à la compréhension des choses. Tant pis, je décide de prendre sur moi et je continue ma formation, mais cette fois-ci tout seul, en essayant de comprendre le fonctionnement des logiciels que X édite et développe.
2 - Les premiers appels : une catastrophe
Vient alors rapidement les premiers appels. Une catastrophe. Les clients me parlaient de notions que je comprenais à peine. Il fallait l’avouer : ils en savaient plus que moi. Un comble pour un hotliner. Mais étais-ce vraiment ma faute ? Je ne m’étais toujours pas familiarisé avec les logiciels que déjà je devais répondre à des questions bien pointues et bien complexes. Bref, j’essayais avec plus ou moins de réussite de résoudre les problèmes des clients. J’étais dépité et je ne croyais plus du tout en mes compétences pour réaliser à bien mes objectifs. Mais je décidais de m’accrocher.
Même si ces premiers appels furent désastreux, ils m’ont tout de même permis d’en savoir un peu plus sur les logiciels. Et ce sont finalement ces appels, donc les clients, qui m’auront formé...
3 - Un travail ennuyeux
Au fil des semaines, le métier commençait sérieusement à rentrer et les premiers automatismes apparaissaient. Malheureusement, les premiers signes d’ennui aussi. Enchainer les appels, entendre toujours et toujours cette même sonnerie dans cet immense salle remplies de téléphone. Vous ne décrochez plus le téléphone, vous êtes le téléphone. Quel sentiment ingrat. L’image que l’on a envers sois-même prend un sacré coup. Le taylorisme est mort ? Vive le taylorisme.
Je suis jeune et j’espère que ma vie professionnelle ne résumera pas à un téléphone que je dois décrocher. Qu’elle ne se résumera pas à tous ces appels, à toutes ces personnes qui vous considèrent comme des moins que rien, qui vous raccrochent au nez et qui ne connaissent aucun règles de politesse nécessaires à la vie en communauté.
Mais je plains les autres, ceux qui n’ont pas d’autres choix que d’accepter un travail qui vous rend idiot.