La république s’est défilée ce 14 juillet 2016
Ce défilé du 14 juillet marquera la fin de règne de François Hollande. D’aucuns ironisent déjà sur le président le mieux coiffé de la cinquième république. Les événements de ces dernières années fleurent la fin d’une époque. Cet épisode du tifgate à l’Elysée n’a pas été encore interprété comme il se doit. Il ne se résume pas à une affaire de coiffeur payé 10 000 euros mais au fait qu’un président ait à ce point le souci de son image et se croit obligé d’être recoiffé avant chaque apparition. Etrange pour un président qui se voulait normal. Son prédécesseur avait une maquilleuse à plein temps. Lui aussi, soucieux de son image avec le costard impeccable. Cette fin de modernité emprunte quelques traits à l’Ancien Régime. Est-ce la décadence de nos mœurs politiques ?
Une image pour décrire le monde ? Celle de trains qui foncent à toute vitesse. Les uns accélèrent, restent sur les rails et les autres déraillent, avec les passagers débarqués, finissant dans le décor ou éjectés dans le précipice. Ces déraillements existent sous diverses formes. Désordres financiers de 2008, gens sortis du monde des travailleurs ou de la consommation ordinaire, brexit, attentats, état d’urgence et partout dans le monde, des déraillements, comme au Venezuela, pays placé entre les mains de l’armée, comme l’Algérie, l’Egypte et bien d’autres pays. En France, l’Euro de foot a bénéficié d’un service de sécurité jamais atteint pour ce type d’événement. Dans l’histoire de la cinquième république, on n’a jamais vu des défilés syndicaux encadrés par un tel déploiement de forces de sécurité. C’est le signe d’un pouvoir qui assoie son contrôle. L’engagement républicain des jeunes laisse perplexe. Servir la patrie, cette formule sonne d’une étrange manière, du moins à mes oreilles qui n’apprécient pas trop cette musicalité d’un autre temps.
Boris Vian n’en croirait pas ses yeux. Assister au défilé avec en plus les bouteilles d’eau et les parapluies interdits. Comme dans les fans zones. Ce n’est pas le monde dont nous avions rêvé. Pas plus que cette république qui n’existe plus et cette société faite d’un assemblage d’intérêts personnels, communautaires et corporatistes. La France dans laquelle chacun aurait un revenu décent et pourrait accéder aux soins n’existe plus depuis longtemps. La finance a elle aussi déployé son état d’urgence avec les mesures prises par la BCE mais aussi d’autres banques centrales. Le système technumérique est solide mais les vies en marge sont broyées.
En 2007, Sarkozy a été plébiscité dans les urnes. En 2012, Hollande a été élu par défaut. En 2017 les candidats font défaut. Aucune personnalité, aucun projet ne se dessine ni aucun enjeu à part la même rengaine sur la croissance et l’emploi. C’est donc un chef suprême d’entreprise qui sera élu président. Pas de quoi faire rêver.
Dans les années 1970 une jeunesse post-68 et post-hippy avait en tête un monde nouveau, pacifique, avec des hommes émancipés, libres, une justice économique, une excellence culturelle. Un autre monde était possible. Mais l’aiguillage a été pris avec un serrage de vis à la fin des seventies. Les sociétés avaient-elle le choix ? Il est plus difficile de répondre à cette question que de résoudre la gravité quantique.
Il ne faut pas s’affoler, même si la république n’est plus parce que les vertus républicaines ont été abandonnées par les « serviteurs » de l’Etat. Il ne faut pas regretter l’effritement de la démocratie qui ne peut pas marcher parce que l’instruction a été délaissée par les citoyens qui ne s’informent pas des choses politiques ou quand ils le font, se gargarisent de lubies marxisantes ou souverainistes. Il ne faut pas regretter la fin de la justice sociale car il n’y a pas eu de justice et d’ailleurs, il ne peut y en avoir parce que les hommes sont différents en aptitudes, en capital physiologique et en environnement social. Tout au plus, l’Etat peut corriger les injustices ce qui est le minimum syndical et puis, ne nous plaignons pas, l’Etat continue à fonctionner. Et d’ailleurs, le candidat par défaut prisé par les Français n’est autre qu’Alain Juppé, un homme d’Etat pour gouverner un Etat fort ! Et vous me pardonnerez aussi ce billet écrit par défaut pour des lecteurs qui font défaut.
Bonnes vacances, la rentrée sera comme la précédente.
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