La Syrie ne tombera pas dans l’escarcelle de l’OTAN
Et de trois ! Après l’Irak et
Décidément, le syndrome du conquérant est incurable. Malgré la conviction quasi générale que le colonialisme serait mort et enterré, depuis désormais plus d’un demi-siècle, il faut se rendre à l’évidence que l’ère coloniale n’est pas encore conclue, car la dépossession perdure.
Tandis qu’Israël continue d’étendre imperturbablement ses colonies sur le territoire palestinien, les sionistes de tous pays se sont passé le mot et donné la main pour aider I’État hébreux à légitimer l’illégitime de sorte que l’idée même d’État palestinien est devenue au fil des ans et des promesses une simple et douloureuse chimère. De Paris à Londres, de Berlin à Rome, en passant par Madrid, les vieux démons qui avaient animé les rêves de conquêtes du temps où la vieille Europe se partageait le monde afro-asiatique au Congrès de Vienne ne cessent de se réveiller. Tels des volcans que l’on croyait éteints, ils s’agitent et se mettent à ravager des pays au nom de la liberté et de la démocratie. Et, faire triompher ces deux valeurs primordiales de l’humanité est devenu le prétexte de sionistes au profil de nazi de se manifester dans toute leur animosité et toute leur virulence. Tels un Bernard Kouchner ou un Bernard Henri Lévy qui ont inventé et glorifié le « droit d’ingérence », lequel n’est qu’un artifice développé pour tenter de replacer d’anciennes colonies sous la tutelle des ex-puissances coloniales en leur imposant des dirigeants potiches.
Et le concept de « guerre préventive » forgé par George W. Bush a donné à l’Amérique un alibi pour justifier d’abord l’agression portée à l’Irak et ensuite son concours et son appui à l’entreprise criminelle déclenchée par Nicolas Sarkozy en Libye. Poursuivant le même dessein qui a de tout temps animé le colonisateur dans le but de contrôler les richesses de pays plus faibles, en l’occurrence leurs importants gisements pétrolifères, l’Amérique impérialiste a jeté tout le poids de sa puissance militaire pour violer le droit des peuples de disposer d’eux-mêmes prôné par Thomas Woodrow Wilson, un de ses plus illustres présidents, qui avait défendu ce principe avec force à
Barack Obama le traître
Barack Obama l’avait peut-être oublié, ou bien cela ne devait-il être à ses yeux qu’un détail - dérisoire et des plus futiles - de l’Histoire. Aussi n’a-t-il pas hésité à trahir d’un seul coup les principes fondateurs de son pays, le rêve de Martin Luther King et les espérances des ces peuples d’Afrique, d’Asie ou d’Amérique latine qui l’avaient vu apparaître comme Le Rédempteur. Ils avaient tellement cru en lui. Ils avaient tellement cru qu’il allait changer leur mauvais destin en réparant les cruelles injustices de l’Occident...
Las ! Il s’est mis à parler à l’unisson avec Sarkozy et Cameron le même langage et de la même voix que Bush et Blair. À croire que l’Amérique des impérialistes avait choisi d’élire un Président noir dans le but d’utiliser une marionnette pour mieux poursuivre ses basses œuvres afin de mieux assouvir sa soif insatiable de puissance et de domination et garantir ses intérêts...
Aussi, retirer d’Irak la soldatesque qui avait détruit et mis sous séquestre ce pays n’a été qu’un subterfuge pour tenter de présenter un visage pacifique sous lequel dissimuler l’acharnement à vouloir mettre au pas les pays arabes réfractaires au sionisme en jetant dans le chaos
L’Irak et
À vrai dire, leur sort menace de s’étendre à tous les pays où le « Printemps arabe » est en train de causer ses ravages, au grand plaisir de ces Occidentaux qui ne cessent de hurler à travers leurs médias leur colère haineuse et de clamer leur volonté guerrière en rêvant de déchaîner les foudres de l’OTAN contre les peuples récalcitrants qui refusent leur tutelle. Comme à présent celui de Syrie, qu’ils désirent soi-disant également libérer de l’autocratie et sur lequel ils s’acharnent en diabolisant Bachar el-Assad.
Certes, Bachar el-Assad n’est pas un exemple de démocratie. Pour un esprit épris de liberté, lui et son régime ne peuvent inspirer aucune sympathie. Il est arrivé au pouvoir par voie héréditaire en juillet 2000, succédant à son père Hafez, à la mort de ce dernier. Celui-ci avait régné trente ans en tenant le pays d’une poigne de fer depuis qu’il avait accédé à la magistrature suprême en 1970 au moyen du dernier d’une succession de coups d’État militaires réalisés tantôt dans l’intention de redresser, tantôt de « rectifier les principes du parti », et à la fin de corriger la révolution socialiste prônée et inspirée depuis plus d’un demi-siècle par le même parti Baâth.
Des rives de
Depuis plus de 40 ans,
À la fin des années 1970, profitant des difficultés politiques et économiques surgies suite à l’intervention syrienne dans la guerre civile du Liban, ils crurent le moment favorable venu et tentèrent de provoquer un soulèvement populaire en se lançant dans la lutte armée. Cependant Hafez el-Assad réagit violemment et fit échouer l’insurrection. En 1980 il frappa d’anathème la confrérie en promulguant une loi condamnant à la peine de mort quiconque « est affilié à l’organisation de la communauté des Frères musulmans », contre lesquels il déchaîna son armée. Le bilan fut très lourd : plusieurs milliers de combattants islamistes périrent à Hama en 1982.
Les leaders de cette organisation trouvèrent aussitôt refuge à Londres où l’internationale islamiste a constitué une sorte de tête de pont en Occident, un point de chute et un lieu de rencontre des chefs de l’islam politique, de l’Algérien Abassi Madani, au Soudanais Hassan Tourabi en passant par le Saoudien Oussama Ben Laden… Sur les rives de
Alors que Hassan el-Banna l’avait créée pour lutter contre l’occupation britannique de l’Égypte, la confrérie des Frères musulmans s’est mise sans hésiter au service des Britanniques et des forces de l’impérialisme occidental et s’est transformée en nébuleuse opaque et menaçante. Wahabites, salafistes et autres fanatiques assoiffés de sang se sont donc ligués sous les auspices de l’OTAN - dont ils sont même devenus un instrument politique ! - pour combattre par les armes les États arabes à tendance laïque.
Le printemps algérien
Cela s’était déjà vérifié en Algérie dans les années 1990. Et l’Algérie avait déjà fait, à son heure, la douloureuse expérience du « Printemps arabe ». Le Front islamique du salut qui avait averti qu’il était résolu à prendre le pouvoir « par le vote ou par les balles », avait créé une Armée de libération du salut de 40.000 maquisards auxquels étaient venu s’ajouter les GIA et autres « afghans » qui avait plongé le pays dans la guerre civile, l’horreur et l’effroi. Bilan de ces dix années noires : 200.000 morts et destructions calamiteuses d’innombrables infrastructures. Mais l’Algérie n’a pas sombré dans le chaos. En dépit de l’aide financière massive de l’Arabie Saoudite et de l’Iran, du soutien des chancelleries et des grands médias occidentaux au FIS par le biais d’une campagne de désinformation, notamment à coups de « Qui tue qui ? » tendant à semer la confusion pour jeter l’opprobre sur l’État et ses forces armées auxquels étaient attribués les massacres effroyables accomplis par des islamistes sans foi ni loi, ces derniers furent mis hors de combat. Et les rescapés, bandes de quelques centaines de despérados, ont fui au Sahel où ils ont constitué al-Qaïda au Maghreb islamique…
Quant aux démocrates algériens, qui avaient eu tant de mal à faire entendre leur voix en Occident, ils sont sortis non seulement indemnes, mais aussi vainqueurs de cette guerre, dont le véritable enjeu était la forme de société que le FIS désirait imposer au pays. Alors qu’ils avaient été la cible privilégiée des islamistes qui les auraient fait disparaître du panorama politique si le FIS avait pris le pouvoir, ils ont réussi à faire triompher le principe de liberté d’opinion et d’expression qui avait été confisqué par le système du parti unique depuis l’indépendance. Même s’ils n’ont pas réussi à investir de façon prépondérante le champ politique où les différents partis se réclamant de la démocratie restent marginaux, ils ont par contre pu marquer de leur empreinte la vie culturelle et médiatique du pays. Depuis 1989 les journaux indépendants n’ont cessé de prospérer, de même que l’édition, ce qui a favorisé une circulation des idées au point d’éveiller les consciences et d’influer sur la vie politique de sorte à provoquer - un peu comme ce qui s’était passé au Siècle des Lumières quand Rousseau, Voltaire, Diderot et D’Alembert libérèrent la pensée et déchaînèrent la vague qui allait déchirer le voile de l’obscurantisme et emporter la monarchie despotique - la révolution culturelle dont le monde arabe a besoin pour entrer sans drame et sans heurt dans l’ère démocratique à laquelle il aspire et qui l’attend. Et, sans l’aide et l’intervention de ces sociétés occidentales bien intentionnées...
La laïcité en péril
En ce moment crucial que traverse
Leur importe-t-il que les Frères musulmans et autres djihadistes de tout bord auxquels ils accordent leur soutien avec hargne et arrogance, ont justement pour projet d’éradiquer l’esprit laïc et d’instaurer la dictature de la charia, comme cela est en train de se passer en Tunisie, en Libye ou en Égypte où les réflecteurs des médias occidentaux les contraignent à porter pour l’instant le masque de
Évidemment, tout cela ne les intéresse pas. Pas plus que de savoir – si réellement elles ne le savaient pas – que les islamistes syriens, à l’instar de ceux d’Algérie en octobre 1988, ceux de Tunisie, de Libye ou d’Égypte de ces derniers mois, ont mis à profit des manifestations populaires, provoquées par des conditions de vie déplorables, pour transformer des révoltes pacifiques en rébellion armée. Par contre, faire passer pour de la répression brutale et sanglante de civils les ripostes des forces de l’ordre d’un État en position de légitime défense contre des rebelles armés qui ont pris l’initiative et la responsabilité de déclencher l’effusion de sang est un exercice de désinformation dans lequel brillent des journalistes qui ont introduit dans la déontologie journalistique la mauvaise foi comme chapitre fondamental. Ainsi font-ils apparaître sans pudeur et sans scrupule sur les chaînes de télévision et dans les pages des journaux des charlatans, présentés comme « opposants », que seules des rancunes et des aspirations personnelles ont amenés dans les capitales occidentales où ils exploitent tantôt la crédulité et l’ignorance, parfois le mépris et la mauvaise foi, et en tout cas le droit d’asile et la générosité consécutive des gouvernements en récitant leur profession de foi anti-Assad à coups de tirades et de couplets stéréotypés qui leur permettent de percevoir les subsides dévolus aux réfugiés politiques et les transforment en héros des plateaux de télévision, loin, très loin des malheurs du peuple syrien qu’ils contribuent à aggraver en réclamant, sans craindre l’opprobre et la perte de dignité, une ingérence des puissances occidentales conduisant à une intervention armée criminelle contre leur propre pays !
Amis de
Aussi, le Conseil National Syrien créé à Istanbul sous les auspices de l’OTAN et avec l’aide financière de l’Arabie Saoudite et du Qatar par le biais d’un rassemblement disparate de prétendus démocrates regroupés autour du noyau dur des Frères musulmans, n’est-il, comme l’a été le CNT libyen, qu’un instrument entre les mains de ceux qui se proclament « amis de
Les opposants du Forum démocratique syrien, eux, rejettent catégoriquement et à juste raison les appels à rejoindre le CNS. Ils ne veulent pas de l’aide occidentale, car renverser le régime de Bachar el-Assad est à leur sens du ressort de peuple syrien. Aussi entendent-ils l’entraîner dans la révolution de leurs vœux qu’ils espèrent catalyser et faire triompher. C’est ce que leur représentant à Paris, Boutros Hallaq va disant dans les médias qui acceptent de lui tendre leurs micros. Mais la logique de ces démocrates qui refusent et la tutelle occidentale et l’allégeance aux monarchies féodales d’Arabie Saoudite et du Qatar se heurte au mur de l’absurde qui renvoie comme écho à leur voix le leitmotiv stupide et lassant « Bachar el-Assad doit partir », donnant le sentiment d’une profession de foi qui finit par résonner aux oreilles de la majorité des Syriens, étrangers à toute opposition, comme les prodromes d’un danger menaçant leur patrie. Une menace d’autant plus réelle, que l’Irak et
Ainsi, retranchés dans leurs fiefs de Homs, Hama ou Dar’a, les Frères musulmans et leurs suppôts, que les puissances de l’OTAN ont désigné dans leur propagande et leurs projets criminels comme « peuple syrien », alors qu’ils ne représentent qu’une frange marginale de celui-ci, comment peuvent-ils apparaître sur le plan du bon sens et de la raison ?
Aux yeux des Russes et des Chinois, mais aussi pour les peuples d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine, soit les trois quarts des habitants de la terre, ils ne sont qu’un avatar de la vie politique syrienne, qu’il appartient à
Cette fois-ci, les Russes et les Chinois ne se pas laissés et ne se laisseront pas prendre au piège de la perfidie qui les avait entraînés à faire voter au Conseil de sécurité de l’ONU la funeste résolution 1973 contre
Avoir fait le choix de la lutte armée ne leur sera d’aucun profit ; et, en vérité il ne peut profiter qu’à ceux qui sont aux aguets, tels des vautours, attendant la chute de leur proie. Cependant,
Mokhtar Sakhri
* Mokhtar Sakhri est auteur des livres Les démons de la foi et Justice pour Irak ! parus au mois de juin en nouvelle édition chez Edilivre.
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