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La Turquie ne peut plus régler la question kurde seule

Info Collectif VAN - www.collectifvan.org - L’intellectuel turc Cengiz Aktar, l’un des initiateurs de la pétition d’excuses aux Arméniens, signe dans le quotidien turc Hurriyet Daily News un article sur la question kurde, dans laquelle est embourbée la Turquie depuis des décennies. Il y rappelle que « L’utilisation galvaudée et imprudente du mot "terreur" a rendu la question kurde totalement obscure et incompréhensible. Le PKK est une organisation qui effectue de temps en temps des actes de terreur, mais dans l’essence, il se bat pour une cause. » Aktar réclame un médiateur « d’une importance égale à celle des États-Unis » et la mise en place de commissions « non pas pour la fraternité, mais pour ne pas se battre l’un contre l’autre, ne pas mourir et peut-être un jour vivre ensemble. » Le Collectif VAN vous propose la traduction de cet article en anglais, paru dans Hurriyet Daily News le 25 juin 2010.


La Turquie ne peut plus régler la question kurde seule


Alors que notre gouvernement essayait de réorganiser le Moyen-Orient et d’aplanir les problèmes du monde, nous avons été violemment ramenés aux réalités nationales.

(Voici un bon exemple des raisons pour lesquelles un pays ayant des problèmes internes ne peut agir librement à l’extérieur de ses frontières. Pourquoi ne pouvons-nous pas révoquer les contrats militaires avec Israël ? Parce que l’armée est engagée dans des affrontements avec le Parti illégal des Travailleurs du Kurdistan, ou PKK.)

Après huit années au gouvernement, il est impossible pour nos dirigeants de trouver une excuse à la spirale de violence et de dire, "A chaque fois que la Turquie fait des progrès de manière décisive pour devenir un grand pays, des mains sales se mettent en travers de son chemin." Si nous présumons que l’auteur de ces récriminations, le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, se réfère, dans son affirmation, aux forces extérieures et si nous pensons une seconde qu’une telle initiative est possible, cela signifie que la Turquie est vulnérable à de telles forces externes, car elle échoue à résoudre ses problèmes. Le grand art consiste à ne pas permettre au PKK de prendre les armes ou de saisir les forces externes, et, le cas échéant, d’utiliser le PKK.

Comme ce fut le cas dans toutes les autres initiatives réformistes, le gouvernement a transformé l’initiative démocratique pour les Kurdes en un vide, par manque de vision et d’expertise technique pour résoudre le conflit. Au point où nous en sommes aujourd’hui, nous voyons que le PKK agit de son propre fait, au-delà et en dehors de tout contrôle des centres internes ou externes. Avec le PKK parlant "de l’autonomie démocratique" ou, en d’autres mots, parlant de former un gouvernement autonome comme au Kosovo, et avec le Parti pro-kurde pour la Paix et la Démocratie, ou BDP, se préparant à boycotter le référendum constitutionnel, les décideurs kurdes désormais ne se soucient plus de rien. Nous sommes arrivés à un point où il n’y a plus d’interlocuteur de chaque côté.

De l’initiative démocratique vers la médiation

Le gouvernement a pris une mesure très courageuse avec l’initiative démocratique. Mais il a échoué à la développer, comme c’est le cas dans de nombreux domaines problématiques. On a supposé dans le passé que la question kurde était simplement une question de développement économique. Mais ensuite, on a décidé que les demandes concernant les droits identitaires et démocratiques n’étaient pas une plaisanterie. Une fois de plus, la question a été réduite à la formule classique : "Si le conflit kurde doit être réglé, l’État s’en occupera." Donc la question, "Qui sera l’interlocuteur" a été évitée.

Quant à l’ouverture démocratique, le gouvernement a systématiquement évité de serrer la main des représentants des Kurdes au Parlement. Puisque les députés kurdes n’ont pas été acceptés en tant qu’interlocuteurs, il ne reste que le leader du PKK, Abdullah Öcalan avec qui parler. Peu d’actions symboliques envers des Kurdes ont été jugées suffisantes pour justifier l’ouverture démocratique. Près de 1 300 membres parmi les fonctionnaires municipaux et les responsables kurdes ont été arrêtés, les enfants jetant des pierres à la police ont été envoyés en prison et ces Kurdes revenant du camp de Makmour en Irak du nord et des montagnes Kandil ont été arrêtés, contrairement à qui avait été promis. Le pouvoir judiciaire continue d’assaillir les membres du BDP et du Parti de la Société Démocratique, ou DTP.

Les processus les plus dangereux sont les processus de réforme à moitié achevés. Il n’y a rien de pire que de cesser tout effort après des défis stimulants et des espoirs croissants. De plus, vous finissez par donner à vos ennemis et vos rivaux un argument parfait pour blâmer l’ouverture démocratique comme étant la cause de l’augmentation récente des actions violentes.

Si l’on accorde l’attention nécessaire aux initiatives laissées inachevées, on remarque qu’elles concernent toutes des questions anciennes de ce pays : les questions arménienne, grecque et kurde. Ce sont des problèmes fondamentaux remontant à la fondation de la République. Puisqu’ils ont survécu depuis lors, les résoudre est vraiment difficile. Ni le parti au pouvoir, le Parti de la Justice et du Développement, AKP, ni un aucun autre parti politique n’a la volonté suffisante pour les résoudre et mettre fin "aux guerres" une fois pour toutes. La langue et les concepts utilisés au sujet de ces conflits reposent surtout sur l’armée, ou du moins sur des solutions conflictuelles. Malgré les déclarations récentes pour poursuivre l’initiative démocratique, les membres du gouvernement penchent inévitablement vers le langage du conflit.

L’utilisation galvaudée et imprudente du mot "terreur" a rendu la question kurde totalement obscure et incompréhensible. Le PKK est une organisation qui effectue de temps en temps des actes de terreur, mais dans l’essence, il se bat pour une cause. Et aujourd’hui, l’aliénation et l’éloignement - et ainsi, le danger - ont atteint un tel niveau qu’un cessez-le-feu ne pourra être atteint qu’avec l’aide d’un médiateur d’une importance égale à celle des États-Unis. Deux des règles d’or en matière d’initiatives de médiation sont la perception par les deux parties d’une situation d’impasse, où aucun gagnant ne peut émerger, et l’analyse du coût d’une solution, qui serait moindre que celui de la poursuite du combat. Souvent les parties sont incapables de percevoir et d’évaluer correctement ces deux règles, et pourtant un médiateur est nécessaire.

Parallèlement à la recherche d’un cessez-le-feu, des commissions constituées d’experts nationaux et internationaux devraient être créées, plutôt que d’avoir des organisations d’amateurs concernées uniquement par la sécurité.
Commissions de déclassement des armes ; amnistie, rapatriement et réhabilitation ; politique régionale ; vérité et réconciliation ; et l’éducation, on devrait considérer la Constitution et les lois comme pouvant produire une politique, non pas pour la fraternité, mais pour ne pas se battre l’un contre l’autre, ne pas mourir et peut-être un jour vivre ensemble.

Hurriyet Daily News
©Traduction de l’anglais C.Gardon pour le Collectif VAN – 28 juin 2010 – 07:20 - www.collectifvan.org

 

Article en ligne sur le site du Collectif VAN [Vigilance Arménienne contre le Négationnisme]

La Turquie ne peut plus régler la question kurde seule

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20 réactions à cet article    


  • armand armand 8 juillet 2010 11:29

    Plus généralement le « Daily Hürriyet » - accessible en ligne, offre une vaste panoplie d’articles et de commentaires dans une optique kémaliste. Il y a une remarquable analyse de comment les islamistes de l’AKP ont noyauté l’administration, le monde des affaires, les associations ; comment ils ont tissé des liens privilégiés avec le Hamas, et neutralisé l’Armée, garante du système séculier, en fabriquant toute cette affaire Ergenekon.
    De même, vous pouvez lire comment nombre de Turcs sont arrivés à la conclusion que le gouvernement, par parti-pris idéologique, s’est fâché avec ses soutiens actuels contre une proximité stérile avec l’Iran par exemple.

    Intéressante analyse de ce que les éditorialistes appellent l’« Orthopraxy » - les signes extérieurs de soumission à l’Islam sunnite radical - exigés de tout postulant à un emploi administratif, par exemple (voir le cas ubuesque d’une jeune femme chrétienne orthodoxe à qui l’on dit, avec magnanimité, qu’elle n’a pas besoin de se convertir pour devenir secrétaire administratif, seulement porter le foulard !!!)

    Sans parler d’un article qui va droit au coeur d’un amoureux de la Turquie comme moi - comment le gouvernement AKP a augmenté les taxes sur l’alcool, raki compris, de façon si vertigineuse que désormais seuls les riches peuvent en boire.


  • anti-oligarchie anti-oligarchie 8 juillet 2010 17:52

    Je ne connais qu’un état terroristes dans la région c’est Israël. Narcissique et habité par le sentiment d’impunité.(2 ingrédients apocalyptiques quand ils sont réunis).


  • ZEN ZEN 8 juillet 2010 19:35

    Jacob -Hubert
    Voyons ! arrêtez vos bêtises
    Quel meilleur allié d’Israël que l’Egypte, par usa interposé ?, pour ne citer que ce pays
    La chaleur ne vous convient pas...et le surmenage vous frappe smiley


    • ZEN ZEN 8 juillet 2010 20:49

      Jacob
      C’est plus grave que je ne pensais smiley
      Les bouffées délirantes sont fréquentes par ces chaleurs
      Il faut consulter, vite, ou prendre un lexomil avant de dormir


      • wesson wesson 8 juillet 2010 23:20

        Bonjour l’auteur,
        vu ce que l’on peut lire dans la presse récente, et surtout depuis l’acte de piraterie D’Israël, je me hasarderai bien à une explication à tout ces articles bien critiques à l’égard de la Turquie. Je pourrais résumer ainsi :

        « vous nous avez mis le souk avec votre flottille de la paix, alors on va vous mettre le bazar avec les kurdes et les arméniens »

        comme quoi parfois la géopolitique peut s’expliquer même pour les esprits simples comme le mien !


        • À Mehdi Thé OuLaLA33 9 juillet 2010 03:09

          Propagande contre la Turquie !!On apprend rien et on oubli qu Israel soutient le PKK pour destabiliser le gouvernement d Erdogan !!
          D ailleurs hasard du calendrier avant l assaut de la flotille le PKK on entendais plus parlais ils ne faisaient plus aucune action en Turquie et depuis l assaut de l Etat terroriste israeliens contre la flotille turque bizarrement la menace kurde réapparait et menace la Turquie de poser des bombes dans toutes les grandes villes !!!
          Les sionistes sont desormais prévisible dans leurs agissements et les turques ne sont pas dupes du jeu que mene les sionistes israeliens en instrumentalisant le PKK !!

          Et n oubliez jamais la devise du mossad :

          « Par la tromperie la guerre tu mèneras »

          Peace


          • ares 9 juillet 2010 12:03

            @peres99,

            c’est grâce à votre mentalité, votre façon de penser que des actes comme « le genocide arménien » ont été commis !

            Vous croyez que les turcs valent beaucoup mieux que les kurdes ?

            Demandez leurs pourquoi ils occupent militairement un pays membre de l’UE ? Une occupation illegale face à l’interposition onusienne en dehors de tout respect eu égard au droit international !

            Le pkk est le résultat de l’absence de reconnaissance de l’identité kurde, l’absence de développement économique des régions kurdes depuis des décennies ?

            Maintenant tout ces problemes leurs tombe sur la gueule !

            je n’ai JAMAIS vu un pays avec deux populations différentes ! on a eu l’exemple de l’URSS, de l’empire ottoman, de la yougoslavie, la tcheco-Slovaquie, Israël-Palestine et même les belges se tapent sur la gueule maintenant !

            la question sera difficile à régler pour les turcs ! ils ont deux solutions :

            - soit nier l’existence des kurdes , les qualifier de « turcs montagnard », ne pas développer économiquement les regions kurdes ,appliquer une politique d’assimilation ce qui a été leur initiative durant presque 1 siecle et qui a débouché sur tres peu de résultat concret puisque cela n’as fait que renforcer « le terrorisme », une rancoeur turc-kurde et une guerre sale avec leurs lot de victime

            -Soit accepter la réalité kurde, leurs donner plus de droit, et développer économiquement les regions kurdes. C’est tres difficile face à une population fière et nationaliste ,refusant de reconnnaitre leurs erreurs passés (genocide arménien, occupation illegitime de chypre....)....De plus les régions riches (istanbul, izmir, ankara,antalya...) devront payé des d’impot faramineux afin que les régions pauvres de l’est prenne leurs essors économiques !

            La deuxième solution est la plus adapté pour affaiblir la rébellion kurde mais je ne pense pas que la population turc soit prête à l’accepter aussi facilement !
             
            Pour ma part, je pense qu’ils ont tout intérêt à scinder la Turquie en 2 pays distinct : le kurdistan d’un coté et la Turquie de l’autre ! ca règlera la question de la guerre civile, elle ne sera pas obligé de porter sa région anatolienne comme un fardeau économique et elle aura un meilleur visage pour rentrer dans l’union européenne ! Et pour une autre raison encore : je n’ai jamais vu une pays avec 2 peuples différents !

             


            • armand armand 9 juillet 2010 13:56

              Peres,

              Je vous ferais remarquer que si les Turcs sont en Turquie depuis mille ans, on parlait déjà des Cardouques (les Kurdes) il y a 2300 ans (chez Xénophon).
              Ce qui ne leur donne pas plus de droits, mais autant.

              Mais réjouissez-vous, vous avez un gouvernement adoré des Kurdes, mais détesté de l’armée, pendant que le PKK tue des soldats turcs.
              Il n’y aurait pas l’affaire Ergenekon, que les Pachas auraient déjà mis de l’ordre dans tout cela.


            • CVAN CVAN 9 juillet 2010 12:57

              Comme à l’accoutumée, les commentaires extrémistes et racistes affluent ici... Nous précisons à nouveau (c’est pourtant marqué dans notre introduction) qu’il ne s’agit pas d’un article du Collectif VAN (CVAN), mais d’une traduction que le CVAN a faite. L’auteur de cet article est Turc. Il s’agit de l’intellectuel turc Cengiz Aktar, l’un des initiateurs de la pétition d’excuses aux Arméniens : il a signé cet article dans un quotidien turc (Hurriyet Daily News). Nous ne sommes pas toujours d’accord avec ses positions, mais heureusement que l’intelligentsia turque bouge à Istanbul : vivement que des intellectuels Turcs de France relèvent le niveau du débat dans l’hexagone également.
              Car certains des posts mensongers publiés ici font l’apologie de la déportation d’un peuple, voire d’un génocide : c’est affligeant. Et illégal.

              Collectif VAN [Vigilance Arménienne contre le Négationnisme]
              BP 20083, 92133 Issy-les-Moulineaux - France
              Email : [email protected]
              http://www.collectifvan.org


              • ares 9 juillet 2010 13:38

                @ peres,

                c’est dommage que tu sois con !
                Mais le plus inquiétant est que 90% de la population turc est à ton image !
                Incapable de regarder la réalité en face, incapable de s’auto-critiquer, incapable de remettre en cause son histoire, son passé

                Quant au collectif van, je pense que c’est plus une association qui se bat contre les négationnistes du genocide arménien mais pas contre les turcs ! C’est légitime et louable.

                il est important de savoir accepter la critique surtout quand elle est fondée !


                • armand armand 9 juillet 2010 13:53

                  Le plus drôle c’est que les Kurdes soutiennent massivement le gouvernement AKP...

                  Alors que les Alevis, qui descendent des Bektachis, derviches officiels des armées ottomanes et qui ont aidé, par leur doctrine syncrétiste, à convertir l’Anatolie, soutiennent le CHP, l’ancien parti d’Atatürk.

                  Il ne faut pas tout confondre. La Turquie est intervenue militairement à Chypre pour empêcher la majorité grecque de proclamer le rattachement de l’île à la Grèce (« Enosis ») à la suite d’un coup d’état contre Makarios. La Turquie a tout simplement défendu les siens, objet de pogromes de la part des pistoleros chypriotes de Nikos Sampson.

                  De même, face au PKK, la Turquie se défend contre le terrorisme. Jusqu’à récemment, elle reconnaissait à Israël le même droit à l’autodéfense.

                  Il est malheureux que l’actuel gouvernement AKP, plus soucieux de panislamisme sunnite que de l’héritage et de la pensée d’Atatürk, s’allie avec les pires extrémistes. D’ailleurs, si vous visionnez les manifestations anti-israëliennes, la plupart des banderoles sont... en arabe !!!!


                  • ares 9 juillet 2010 14:39

                    @armand,

                    l’AKP a désarmocé la question kurde en leur donnant plus de droit et de liberté. il a aussi redressé l’économie des régions kurdes en s’investissant dans des projets comme le barrage d’illisu !

                    ce n’est pas totalement illogique qu’une bonne moitié de kurde soutienne l’AKP ! C’est le seul parti à avoir reconnu la pluralité de son peuple ! c’est le seul aussi a avoir comme ciment l’islam afin de garder la cohésion de son parti et de son électorat.

                    On est loin de l’extrême droite turc ou du parti laïque :héritage d’ataturk qui refuse toute reconnaissance et qui se base sur le nationalisme et la répression à outrance

                    Sur ce point, je ne comprend pas pourquoi les occidentaux soit si admiratif d’ataturk. il a installé une dictature dans son pays et a massacré des dizaines de milliers de kurdes lorsqu’il se révoltait !
                    On est loin d’un modèle à suivre


                    • armand armand 9 juillet 2010 18:50

                      ares,

                      Atatürk a commis des erreurs, car ce n’était pas un surhomme. Personnellement je pense qu’il aurait dû conserver le califat, à titre purement religieux, et que le sultan-calife de l’époque aurait joué le jeu. Mais son oeuvre a été immense, régénérant un pays menacé de dépeçage. Et il a dû combattre des adversaires féroces - dans ce cas, pas surprenant qu’il ait employé la force.Vous connaissez sans doute le mausolée d’Anitkébir - à la différence de la plupart des dictateurs on chercherait en vain la moindre trace de haine ou de boucs-émissaires dans les écrits d’Atatürk. De même, il a écrit qu’il fallait éviter la guerre à tout prix - sauf quand la survie de la nation était en jeu. On est loin des déclarations fascistes de l’époque.

                      J’étais assez bluffé par l’AKP au début, car j’y voyais une volonté de mettre la Turquie en paix avec son héritage ottoman. Et effectivement ils avaient une approche plus humaine de la question kurde. Je croyais aux déclarations selon lesquelles l’AKP n’était pas plus islamiste que les républicains U.S. ne sont chrétiens.
                      Mais de plus en plus, ils (ou certains, au pouvoir) jettent le masque. Les analogies entre Erdogan et Ahmedinejad sont flagrantes - même milieu social, même absence de culture, même conservatisme religieux, même populisme. Et surtout, on constate dans la vie de tous les jours une islamisation rampante, au départ festive et folklorique, et maintenant plus contraignante et pesante.


                    • samir 9 juillet 2010 15:37

                      Salam peres,

                      j’avais lu l’accusation d’un historien turc qui affirmait que des massacres avaient eut bien eut lieu mais qu’ils avaient été pratiquée par les jeunes turques : mais cet historien precisait que ces jeunes turques etaient formés a tres grande majorité de DONMEH il affirmait meme que Ataturk etait lui meme un DONMEH

                      qu’en penses tu ?


                    • armand armand 9 juillet 2010 18:59

                      Les Arméniens - ceux qui étaient nationalistes - avaient en effet l’intention de profiter de la guerre pour faire sécession. Il y au eu effectivement de terribles massacres de Turcs également. Les écrivains français Pierre Loti, Claude Farrère, Pierre Benoit en ont parlé. Effectivement, la violence n’était pas à sens unique.
                      Mais il n’en reste pas moins que le régime Jeune-turc avait en tête l’évincement des minorités de toute l’économie et leur remplacement par un type de Turc qu’ils définissaient comme exclusivement musulman sunnite (traditionnellement, les minorites, juives, arabes, arméniennes, grecques, étaient commerçants, banquiers, pêcheurs, etc.) Avec la guerre, ce programme d’évincement est devenu, vis-à-vis des arméniens, un projet d’extermination. On pourrait ajouter que les Kurdes ont été les premiers à s’en prendre aux Arméniens et que de nombreux Turcs les ont défendus, cachés, aidés.
                      On peut rappeler aussi que le régime Jeune-turc n’était ni le régime impérial d’Abdulhamit II (renversé par les JT qui voulaient une alliance avec l’Allemagne) ni le régime kémaliste. D’ailleurs, Atatürk na pas hésité à qualifier les massacres anti-arméniens de honteux.


                      • ares 9 juillet 2010 19:54

                        @armand,

                        Je crois que c’est plutôt les kurdes qui ont cherché à défendre, cacher, protéger les arméniens ! d’ailleurs l’amitié arméno-kurde est un fait avérée et nulle part les arméniens parle de massacre kurde !

                        Je n’ai pas le même point de vue que vous pour l’AKP ! Elle a redressé l’économie turque, donner plus de droits à ses minorités, tenté un rapprochement avec l’arménie , elle a même voulu ouvrir un port et un aéroport à l’ile de chypre pour mettre fin unilatéralement à son embargo. Une tentative qui a été vaine suite au refus de l’armée !

                        Tous les partis politiques précédents ,qu’ils soit laïque ou nationaliste, n’ont pas fait une telle œuvre ! Celui de briser des tabous....
                        Face à l’hostilité des dirigeants européens (sarkozy en tête) et à la lenteur de sa candidature pour l’UE, Il ne faut pas s’étonner que la Turquie se tourne à l’est ! Et elle le fait avec raison !


                        • armand armand 9 juillet 2010 20:41

                          Ares,

                          Si je puis me permettre, il faudrait retrouver vos sources - les autorités ont lancé de nombreuses tribus kurdes contre les colonnes de « déplacés » arméniens. Certes, ils n’ont été que les instruments de la politique « Union et Progrès », mais des deux côtés (kurde et arménien) on le reconnaît pour le déplorer.
                          Ce que vous dites de l’AKP je l’aurais répété mot pour mot il y a un an ou deux. L’affaire de l’UE n’explique pas tout - et ce n’était pas une raison pour se jeter dans les bras d’Ahmedinejad. Même Béchir el-Assad s’inquiète que le gouvernement turc en fasse trop désormais, c’est pas peu dire.
                          Déjà il y a cent ans, déçus par l’Angleterre, les Jeunes-Turcs se sont alignés sur l’Allemagne - et voyez ce que cela a donné !
                          D’ailleurs l’AKP a déçu la puissante organisation patronale TUSIAD, son meilleur soutien, un grand nombre de modérés aussi.
                          Je pense plutôt qu’un noyau dur de l’AKP a utilisé divers stratagèmes pour mettre en oeuvre son projet de société : le rapprochement avec l’Europe neutralisait l’armée, l’affaire Ergenekon enfonçant le clou. Ce n’est pas un hasard aussi si l’AKP entretient des rapports étroits non avec les organisations palestiniennes laïques, mais exclusivement avec les plus islamistes. Ceci dit, ce retournement vers l’est ne peut rien apporter de concret à la Turquie. Cela risque de lui coûter l’appui des Etats-Unis (qui ont beaucoup soutenu la candidature turque à l’EU). A la longue, si Erdogan pousse encore les feux de la radicalisation, je crois qu’il y aura droit, à son coup d’état. Il en a l’habitude.
                          J’espère que je me trompe.


                          • ares 9 juillet 2010 22:57

                            Je pense que les coups d’États en Turquie est un procédé révolu. Aujourd’hui le peuple turc a pris conscience que l’armée ne peut pas tout faire et ne peut pas décider tout d’elle même ! Nous avions bien pris l’exemple lors des manifestations géantes à Istanbul contre la nomination d’abdullah Gul pour la présidence turcs ! les manifestants disait bien « Ni coup d’etat ni pays islamiste ». bref le bras de fer entre l’AKP et l’armée a tournée à l’avantage du gouvernement et tant que erdogan sera au pouvoir l’armée devra faire profil bas !

                            enfin je pense qu’il est totalement logique d’avoir une relations apaisée avec ses voisins ! Les relations avec l’iran , la syrie, la palestinne, plus ou moins l’arménie, et même les kurdes irakien se sont rechauffés . et c’est tant mieux que la Turquie joue ce rôle de pont entre l’orient et l’occident !

                            Personnellement je ne vois pas en quoi c’est un mal de se rapprocher de l’Iran. C’est un grand pays , son voisin géographique.
                             et que lui reproche-t-on finalement ? de se doter de l’arme nucléaire ?
                            -face à ses voisins nucléaires : Pakistan, Russie, Israël !
                            -face à ses gisements de gaz et de petrole et à l’appétit américain tout juste à ses portes en Irak et en Afghanistan !
                            -face à l’exemple d’une guerre injuste et illégitime en Irak

                            Il n’est peut être pas idiot que le peuple iranien cherche à se protéger !

                             

                             


                            • armand armand 10 juillet 2010 11:28

                              Ares,

                              Relation apaisée ne veut pas dire alignement systématique.
                              Jusqu’à récemment on aurait parlé de relations apaisées - à l’heure actuelle, comme je l’ai écrit plus haut, même la Syrie s’inquiète de ce que la Turquie ne soit plus à même de jouer l’intermédiaire.
                              Que reproche-t-on à l’Iran ? Mais d’être une dictature théocratique, pardi, qui condamne encore les femmes à mort pour lapidation, qui supplicie ses opposants, qui a le souci ubuesque de légiférer sur les vêtements, la longueur des cheveux des hommes, le port de la cravate, les pratiques sexuelles. D’être un régime illégitime, installé par un torrent de sang et d’exécutions, et qui se maintient grpâce à une concentration de pouvoirs mafieuse entre les mains des Gardiens de la Révolution.
                              Justement, je crains que nombre de hiérarques de l’AKP n’aient jamais abandonné leur ambition de moins en moins secrète de rétablir la char’ia en Turquie.
                              Un gouvernement responsable à la tête de ce grand pays qu’est l’Iran et toutes les prévenions tomberaient d’elles-mêmes.


                            • armand armand 11 juillet 2010 12:47

                              peres99,

                              C’est vrai que les Kurdes ont beaucoup gagne en autonomie depuis quelques années, et que le PKK ce sont des terroristes totalitaires.

                              Mais c’est quoi cette référence : « certains terroristes capturés ne sont pas musulmans ».
                              C’est bien la propagande AKP - pas d’ennemi chez les musulmans !
                              Avant, on disait que ce n’étaient pas des Turcs...
                              Erdogan et les siens réinventent une nouvelle définition du Turc...

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