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Accueil du site > Tribune Libre > Le marché des écoles de commerce : comment le profit liquide (...)

Le marché des écoles de commerce : comment le profit liquide l’enseignement

Pour certains l’éducation est un marché à prendre. Un marché déjà bien existant dans l’enseignement supérieur. Particulièrement juteux dans ce que les milieux « économiques » appelle « les grandes écoles ». On ne parle pas ici des écoles d’excellences, symbole du mérite républicain que sont les écoles d’ingénieurs. Mais des écoles de « commerces ». Ces gardiens du Temple, érigés en modèle de la spéculation sur l’école par le Capital.

article publié initialement sur www.initiative-communiste.fr site web du PRCF - @PRCF_

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Un seul objectif, le chiffre d’affaire

Ce qui compte alors n’est pas la qualité de la formation, l’intérêt pour leurs élèves. Non c’est le chiffre d’affaire, le profit et la part de marché. Pour sûr que dans ce genre d’endroit, on n’enseigne guère les lois du profit et de l’exploitation de l’homme par l’homme du système capitaliste si bien décortiquées par Marx et ses successeurs ! Non, une école de commerce c’est d’abord là pour faire du profit. Pourquoi s’embarrasser des formations par les classes prépas (accessible à tous) et d’un concours (mode de recrutement le plus égalitariste) freins à une sélection d’une masse d’étudiants riches permettant de développer ce « marché » juteux. Alors que l’on peut recruter massivement…. à l’étranger. Ou mieux s’y délocaliser. Tant pis pour le savoir faire d’enseignement universitaire français, et tant pis pour les jeunes de france ! C’est comme cela que des directeurs d’Ecole de Commerce revendiquent de multiplier par 5 leurs effectifs par une expansion tout azimut à l’international. tout en divisant par 3 la part réservée au recrutement par concours à l’issu d’une classe prépa (déjà devenu largement minoritaire)

Il suffit de consulter les gazettes des milieux capitalistes autorisées (nombreux parmi les travailleurs, les militants politiques de gauche et les syndicalistes ne les lisent pas : c’est un tort, on y apprend plein de choses !). Jugez plutôt

Bernard Belletante Directeur de l’EMLyon dans Le Figaro Étudiant du 12 novembre 2014

« la croissance de l’école ne passe plus par le marché français, ni par le segment des classes prépas »

« la contribution de ces étudiants au chiffre d’affaire des grandes écoles est régulièrement en baisse »

L’EMLyon compte aujourd’hui 2754 étudiants : « Nous projetons d’accueillir 10 351 [étudiants] en 2020″ « La part relative des prépas va diminuer à 10% »

« De 16% d’étrangers, nous devrions passer à près de 50% en 2020″ « EMLyon recrutera directement des étudiants étrangers à partir de ses sites étrangers »

Le but est affiché à demi-mots : faire du fric en recrutant le plus possible d’étudiants à fort pouvoir d’achat. Dans ces conditions, évidemment le concours – égalitariste – ne permet pas de sélectionner forcement les étudiants les plus rentables – mais justes les plus méritants (horreur !). On comprend aussi comment sont choisis les critères de classement des performances de ces écoles par les médias.

évolution des droits d'inscription des écoles de commerces USA

Bien sûr, la logique de ces boites à « managers » est de fournir des têtes bien formatées pour réaliser de la manière la plus efficace l’extraction de la plus-value : pour exploiter un maximum les travailleurs. Dans ces conditions, il ne faudrait pas que ces étudiants puissent en venir à se poser des questions sur le monde qui les entoure.

Ce n’est donc pas un savoir économique, culturel, scientifique que compte leur enseigner Belletante, mais simplement leur « donner du sens et susciter la réflexion« . Au passage, pendant que les étudiants s’auto-formeront en « allant chercher l’information » en autonomie dans des projets – ou mieux travailleront gratuitement dans des stages à rallonge (sans salaire cela va de soit) – et bien c’est autant d’économisé en salaire d’enseignants qui eux sont considérés comme inutiles puisqu’ils ne servent qu’à « transmettre du savoir » dans un « enseignement linéaire dans lequel le prof fait descendre l’info ». Les profs et les enseignants apprécieront.

D’ailleurs, le gouvernement dans cette logique est en train de fermer nombre de petites classes préparatoires pour ne conserver que les quelques classes les plus élitistes (on se souvient d’ailleurs de l’attaque de ce gouvernement PS de droite complexée contre les profs de prépa l’année dernière). Celles-ci étant accusées de couter trop cher par rapport à l’université. Effectivement les classes préparatoires (de proximité) et les concours sont accessibles à tous et permettent un accès (imparfait) pour les classes populaires à l’enseignement supérieur…. Sélectionner sur dossier, c’est accroitre la ségrégation selon l’argent dans l’enseignement supérieur.

Explosion des frais d’inscription des écoles de commerces

Dans son édition du 12 novembre le très patronal journal les Echos complète le tableau, rapportant les préconisations formulées par un rapport de l’ultra capitaliste Institut Montaigne, pour que les écoles de commerces existent sur « un marché concurrentiel ».

On y apprend que les écoles de commerce ont eu recours à une augmentation massive du nombre d’étudiants et un augmentation non moins massives des frais de scolarité (x2,5 en 20 ans !). Un moyen simple de remplir le tiroir caisse. Utile quand ces écoles sont utilisées « comme des vaches à laits » par les CCI puisqu’une « buisness school est un fabuleux compte de trésorerie ».… Mais cela ne suffit pas pour lutter avec les mastodontes – américains notamment. Rappelons quel merveilleux exemple que l’enseignement aux USA devenu particulièrement prohibitif (on parle de 60 000$ l’année !), inaccessible à la populace (les sans dents !), à moins que les étudiants ne s’endettent avant même d’avoir commencer à travailler pour des décennies. Ce qui permet – avantage non négligeable du point de vue de la classe capitaliste – que d’avoir une main d’œuvre qualifiée pieds et poings liées obligée d’accepter le premier emplois venu. Au passage, on notera qu’en agissant ainsi, le système capitaliste conduit – en sélectionnant par l’argent et en dispensant des formations aux rabais – à alimenter les postes commerciaux de gens issus des mêmes castes – aussi prétentieux qu’incompétents – fragilisant à terme la production. N’est ce pas également ce que l’on constate avec les techniques de management de plus en plus brutale à l’égard de salariés assaillis de montage d’objectifs stupides qui au final nuisent à la production ?

Et le rapport de réclamer l’adossement des écoles de commerces à l’Université… afin de profiter « des infrastructures de recherche qui coûtent cher à développer seul« . Ben tient ! Ou comment essayer de faire financer les coûts des écoles (privés) de commerce par le Public ! Mais aussi de lorgner avec envie sur le très juteux « marché de la formation professionnelle« . Ou développer l’enseignement numérique – non pas en terme de potentialité éducative – mais pour profiter de ses « nombreux avantage comme la réduction, à terme du coûts des enseignements« .

Ne nous leurrons pas, les écoles de commerces sont l’avant garde de l’offensive du Capital dans le domaine de l’enseignement supérieur. Et ce qui s’y passe est le prélude de ce qui est prévu pour le reste. A l’heure de l’aggravation exponentielle de la crise systémique du capitalisme, le Capital se doit de trouver de nouveaux débouchés, et le marché de l’Éducation en est un particulièrement juteux.

source : www.initiative-communiste.fr - site web du PRCF
http://www.initiative-communiste.fr...

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11 réactions à cet article    


  • leypanou 2 décembre 2014 19:23

    On vient bien que sur les grands dossiers, le socialisme de pacotille -ou la droite complexée- n’a rien à envier à la droite décomplexée : qu’est ce qu’il a fait contre l’enseignement aux études commerciales monopole des chambres de commerce avec des frais de scolarité inabordables pour tout le monde ?

    On m’a même raconté le cas d’une jeune fille admise à l’ESSEC et qui n’a pas pu y aller car elle n’a pas pu trouver un financement pour ses études, ses parents étant trop pauvres pour les lui payer (elle n’avait pas le profil idéal pour qu’on lui prête sans problème, même si elle a été admise à l’ESSEC).


    • La cerise sur le gâteau 3 décembre 2014 10:51

      Qui plus est, on leur dispense des cours en américain (cf. loi Fioraso) pour les transformer en petits soldats français soumis au dogme outre-atlantique.

      Ils trouvent cela fabuleux.

      Moi pas.


      • taktak 3 décembre 2014 12:04

        Oui il faut combattre le tout anglais.
        www.defenselanguefrancaise.org


      • lloreen 3 décembre 2014 14:25

        A l’ auteur.

        Votre article est excellent et je suis tout à fait d’ accord avec votre vision. C ’est un fait que ces cerveaux formatés le sont dans le seul but de la maximisation du profit c ’est à dire la domination et la pression perpétuelle sur les masses laborieuses, ravalées au rang de « ressource » (humaine).
        On prend conscience du mépris abyssal de ces gens rien qu’ en lisant leur novlangue franglaise qui ne veut plus rien dire du tout mais dont le seul but est d’ élargir un fossé infranchissable entre les maîtres et les esclaves.

        Mais si plus aucun « employé » n’ acceptait de travailler pour ces tyrans, ils se retrouveraient bien seuls dans leur tour d’ ivoire et ils y resteraient définitivement enfermés.


        • lloreen 3 décembre 2014 14:41

          Il est indéniable que cette course au profit à tous les niveaux progresse à la vitesse V.
          C ’est dans l’ ordre des choses.

          Certains ont le larbinisme inscrit dans leurs gènes...à moins d’ opérer une déprogrammation génétique il n’ y a aucune de raison qu’ ils ne soient pas conformes à leur programmation tyrannique.

          Par contre, il existe parallèlement à cela un mouvement sans cesse croissant, qui ne se satisfait absolument pas de cet état de fait et dont les actions portent leurs fruits.
          Je ne citerai que l’ initiative la plus accomplie parmi tous ces mouvements humanistes, le contributionisme, où l’argent (c ’est à dire le néant) est proscrit.

          http://www.alterinfo.net/UN-MONDE-SANS-ARGENT-le-Systeme-UBUNTU-de-Contribution-ou-l-Ordre-Naturel-des-Choses_a98383.html

          Il va sans dire que tous ceux qui font partie de cette mouvance n’ ont pas l’ étincelle d’ un commencement d’ idée de se soumettre à cette « élite » totalement déshumanisée.
          D ’autant plus que la vie en autarcie où l’ énergie est gratuite est les récoltes abondantes est quasiment est ce qu’ il y a de plus gratifiant.


          • lloreen 3 décembre 2014 14:44

            pardon : d’ autant plus que la vie en autarcie où l’ énergie est gratuite et les récoltes abondantes est quasiment ce qu’ il y a de plus gratifiant.


            • lloreen 3 décembre 2014 14:48

              Une excellente initiative est aussi celle des incroyables comestibles.
              La terre appartenant à tous, ce qu’ elle donne GRATUITEMENT et à profusion doit être GRATUIT.
              Plus on veut contrer le tout marchand, plus il faut développer le tout gratuit.

              http://www.incredible-edible.info/

              Cela peut paraître un peu hors sujet, mais finalement pas tant que cela, dans la mesure où ces « produits » formatés issus de ces écoles déshumanisantes souhaitent nous « vendre » un monde qui ne leur appartient pas.


              • lloreen 3 décembre 2014 15:02

                Ceux qui connaissent des techniciens et des ingénieurs peuvent se constituer au réseau francophone pour la construction d’ un générateur quantique fournissant gratuitement l’ électricité.
                C’ est un générateur parmi d ’autres , il est bien entendu perfectible.
                Ces plans sont diffusés pour la propagation de ces générateurs d’ ABORD aux plus nécessiteux.
                Nous avons constaté que certaines personnes très aisées se sont accaparé un secteur afin de faire un maximum de profit, ce qui est totalement CONTRAIRE à l’ esprit dans lequel cette initiative a été créée.
                C ’est inévitable et nous en avons mesuré les conséquences. De nombreux générateurs fournissent déjà des communautés très pauvres dans les pays dits « en voie de développement ». Cela aura pour effet de contrecarrer les desseins des fournisseurs traditionnels pollueurs. Le bouche à oreille fonctionnant très bien et internet faisant le reste.

                Réseau francophone.

                http://www.magnetosynergie.com/forum/viewtopic.php?f=19&t=1821

                Une contre-offensive du cartel énergétique est bien évidemment déjà en cours depuis 1892 où le brevet a été déposé.
                Des faux-plans sont diffusés sur internet pour freiner la progression.Je un des liens initiaux.

                http://legrandchangement.com/energie-libre-premiers-resultats-positifs/

                Il faudra être vigilant pour éviter de tomber sur les faux réseaux dont le but est de saboter le projet d’ extension.
                Il existe une communauté francophone facebook mais le lien a disparu du net...


                • Trelawney 3 décembre 2014 17:02

                   les écoles de commerces sont l’avant garde de l’offensive du Capital dans le domaine de l’enseignement supérieur. Et ce qui s’y passe est le prélude de ce qui est prévu pour le reste

                  A qui la faute ?

                  L’éducation nationale est une route rectiligne sans voie de dégagement qui va de la maternelle au BAC. Juste après le BAC (où pour ne pas l’avoir il faut une dérogation) il y a cette énorme barrière de péage que représente les études supérieures. Les bacheliers y viennent se buter dessus comme les vacanciers un jour de grand départ.

                  Il est vrai que l’éventail des choix possibles est énormes. Il lui faut un compte en banque garni et une bonne note à son bac français. Pour le reste, tout est possible si l’on possède les deux choses citées plus haut.

                  1° choix : école de commerce : 25000 à 45000 euro par an de frais d’inscription plus la nourriture et le logement. Ensuite si papa ou maman a des relations ca peut le faire, sinon salaire entre 1800 et 2500 euro par mois et accroche toi bien parce que maintenant t’es dans l’arene et on ne fait pas de quartier « la gloire ou la mort »

                  2° chois : science PO : 25000 euro par an de frais d’inscription plus la nourriture et le logement. Ensuite journaliste au SMIG, ONG à gratos ou attaché parlementaire si t’as des compétence que tu n’as pas appris à l’école

                  3° choix : ingénieur 25000 euro par an qui peuvent être payé par une entreprise si tu choisit l’alternance. Ensuite salaire 2500 euro pas plu

                  4° choix : véto le concours est très difficile mais si tu rates tu peux encore faire médecine c’est moins difficile. Mais on bloque les entrées ca permet au médecin existant de se faire du fric sur le dos de la sécu et au patient d’attendre 6 mois pour avoir un RDV

                  5° choix : faculté de n’importe quoi (droit psycho, langues, art contemporain, cuisine moléculaire, etc) tout ce que vous voulez pour vous épanouir intellectuellement. Mais la c’est direct Pole emploi et les restau du cœur.

                  Si vous choisissez la fac ou une école, elle vous ponctionnera entre 30000 euro min et 200000 euro maxi et votre avenir sera toujours aussi incertain.

                  L’enseignement supérieur : la grande arnaque du siècle


                  • Sarah 4 décembre 2014 16:26

                    Excellent article.


                    Je ne trouve pas un seul mot à changer.

                    Vous décrivez exactement la réalité.

                    • Sabrina Chtourou 10 décembre 2014 11:56

                      Chiffre d’affaires prend un S à la fin, dommage ! la faute se répète plusieurs fois. cela nuit à la qualité de l’article

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