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Accueil du site > Tribune Libre > Les derniers Dieux sont morts

Les derniers Dieux sont morts

Dieu est mort ! Il s'agissait du Dieu de la bible. Les puissants s'étaient emparés de lui pour mettre sous tutelle les Hommes. Des "dieux" libérateurs apparurent alors : la République, le Communisme, le Socialisme ... et beaucoup d'autres. Le capitalisme les a à leur tour tués pour ne plus laisser que la domination comme règle de société.

LES DERNIERS DIEUX SONT MORTS

Jacques-Robert SIMON

 

 Des dieux ont de tout temps coexistés avec les humains. Les Romains croient en un certain nombre de puissances divines : Jupiter, Zeus, Mars … La religion romaine est une religion basée sur des rituels organisée par l'État romain. Elle est centrée sur la préservation de la paix des dieux qui garantit le bon fonctionnement de la société et des institutions ainsi qu’elle garantit le succès lors des guerres. Il n’y a aucun caractère mystique. Les dieux ont donc un rôle presque purement utilitaire permettant une soumission aux institutions et un renforcement de la cohésion « tribale » pour vaincre les adversaires.

 L'idée du Dieu unique, à la fois créateur, miséricordieux et tout-puissant, s'est faite au terme d'une lente évolution dans le cas du monothéisme juif, qui était au contact de cultures polythéistes. Le christianisme est pour les chrétiens la conclusion du judaïsme, car ils reconnaissent le messie dans la personne de Jésus de Nazareth. Venait alors presque deux millénaires pendant lesquelles les vertus chrétiennes (Foi, Espérance, Charité) devaient guider les « croyants ». Il faut insister sur l’un des aspects, la Charité : l'amour de Dieu et de son prochain. Les relations interhumaines ne devaient donc plus s’inscrire dans un rapport de force ou dans un processus de domination : « Vous avez à aimer votre prochain comme vous vous aimez déjà vous-même ». Les instances de pouvoir comprirent très vite (en fait dès Constantin qui plaça le Dieu chrétien au-dessus de lui) tout le parti que l’on pouvait tirer d’une divinité insaisissable. La bonne application dans la vie de tous les jours des vertus devait être vérifiée par une « autorité » : les puissants et leurs proches s’en chargèrent. Les soumis acceptaient tant bien que mal leur condition car en échange de leur soumission ils pouvaient avoir accès à la vie éternelle.

 Les gens finirent par comprendre que le « marché » était (peut-être) un leurre. L'histoire de la république en France commence dès 1792, avec l'abolition de la monarchie à l'issue de la Révolution Française. Aux vertus théologales succédèrent des valeurs : la liberté et l'égalité dès 1789, auxquelles s’ajouta la fraternité par la suite. Le libellé des principes étaient bien différents mais des notions transcendantales (« J'appelle transcendantale toute connaissance qui ne porte point en général sur les objets mais sur notre manière de les connaître … »).

 La fin du règne du Dieu créé deux millénaires auparavant fut alors officiellement proclamé : « Dieu est mort ! … Et c'est nous qui l'avons tué ! … Ne sommes-nous pas forcés de devenir nous-mêmes des dieux — ne fût-ce que pour paraître dignes d'eux ? ».

 A partir de ce constat, de multiples routes furent proposées pour atteindre les idéaux affichés : la République, le Communisme, le Socialisme, la Démocratie, le Libéralisme (du moins celui qui affirme la liberté comme principe politique suprême) … Les visions différent considérablement si l’on s’en tient à l’exprimé. Cependant toutes les voies ont en commun de tenter de se débarrasser des instincts de domination pour se plier à un code moral respectueux de tous. Il s’agit de substituts de dieux qui devaient prendre la place de Dieu.

 Des tentatives louables furent tentées pour rendre vivant ces ersatz, la plus probante fut la Démocratie. Celle-ci tient compte de la volonté populaire grâce à des élections. L’attente des gens vis à vis des élus, et en particulier vis à vis des principaux d’entre eux, était tellement immense que les vainqueurs des élections étaient (presque) considérés comme des dieux. Cependant, leur proximité avec les Hommes du commun était trop grande pour que ceux-ci ne s’aperçoivent pas rapidement de leurs manquements voire de leurs tares ou leurs vices. De plus, les élus devaient être élus, c’est à dire convaincre (ou complaire) à une majorité d’électeurs. Leurs dires et leurs actions devaient tellement tenir compte de cet aspect, qu’une démocratie du spectacle peu à peu envahit le paysage politique.

 Les règlements et les lois (faites par le peuple) devaient remplacer les tables de la loi (écrites par une divinité), la loi se substituer à la morale. Ce remplacement s’effectua tout d’abord de façon satisfaisante : les lois permirent de concrétiser l’intérêt collectif qui s’imposait aux désirs individuels. Mais peu à peu, les lois découlèrent des rapports de forces ou d’influence et l’ « on » tenta de légiférer en sommant les égoïsmes individuels. Cette opération est cependant rigoureusement impossible : une molécule ne se comporte absolument pas comme un gaz. La « concurrence libre et non faussée » lorsqu’elle est érigée en dogme devient synonyme de loi de la jungle.

 Le capitalisme a tué les derniers dieux, ceux que les Hommes avaient eux-mêmes construits : la domination a pris le pas sur la fraternité, l’amitié, le vivre ensemble … et l’amour.


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19 réactions à cet article    


  • Doume65 29 novembre 2014 17:52

    «  Vous avez à aimer votre prochain comme vous vous aimez déjà vous-même  »

    Dans le genre révisionnisme, on ne fait pas mieux. L’injonction de Jésus est « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimé »

    Tu sens pas comme une différence ?


    • ben_voyons_ ! ben_voyons_ ! 29 novembre 2014 21:52

      Oui, je la sens, la différence, je la sens bien.

      Jésus m’a bien b...


    • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 30 novembre 2014 13:09

      Je vois très bien la différence, mais je ne doutais pas de la teneur du message.


    • soi même 30 novembre 2014 00:54

      Vous savez très bien que ce m’est une histoire de point de vue, en réalité qu’est qui est le plus important, raconté des balivernes où considérer que la vérité existe au delà de ce que les hommes pensent sens et veux !

      A votre avis la vérité se trouve où ; dans ce que l’’on colporte où dans ce que l’on perçois pas, et qui n’exclut pas que cela n’existe pas , puisque ce n’est pas perçus  ?

      Seul l’avenir va nous le révélé et les sceptiques d’aujourd’hui vont être bien surprit quand leurs morts seront advenues !

      Inutile de convaincre, les faits s’en chargeront !


      • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 30 novembre 2014 13:12

        On peut faire le parallèle avec l’établissement d’une théorie. Par nature, on ne peut pas la voir, par contre elle peut aider à comprendre ce que l’on voit.


      • soi même 30 novembre 2014 15:54

        La seule différence c’est que cela se confirme où cela est repoussé aux calendes grec, En ce qui concerne les morts, on l’on peut vivre une réel expérience intérieur !
        Difficile à convaincre, car il s’agit bien de développer un certain don qui passe la plus part du temps inaperçus pour la plus part des personnes, ce don est un sens aigus de l’observation, et comme il vous sembles déraisonnable de parler de ce sujet, vous comprenez que je préfère me taire que de sollicité une pierre devenir un haricot !


      • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 30 novembre 2014 19:32

        Je pense que même les théoriciens les plus abscons ont en effet un sens aigu de l’observation.


      • soi même 30 novembre 2014 22:58

        Il faut tombé bien bas pour pensé que votre réflexion est juste !


      • Le p’tit Charles 30 novembre 2014 08:13
        Les derniers Dieux sont morts....Pas tout a fait...les hommes sont devenus des « hommes-dieux » par leur seule volonté...Facile de s’en rendre compte en regardant notre société actuelle...

        • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 30 novembre 2014 13:13

          Vous faites allusion à l’élection d’hier ??


        • Le p’tit Charles 30 novembre 2014 16:46

          ++

          en effet...

        • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 30 novembre 2014 19:36

          Merci pour la citation de Sartre, auteur que j’ai beaucoup lu et que j’aime. Toutefois les valeurs proposées par « Dieu » ne sont pas des illusions, elles servent essentiellement à se détacher des instincts : la loi du plus fort afin de s’accoupler aux femelles.


        • Jean Keim Jean Keim 30 novembre 2014 09:33

          Si les idéologies font des dégats alors arrêtons d’en faire, il n’est pas toujours aisé de s’ouvrir à l’évidence que les efforts menés pour divulguer une idée se font au détriment de l’objectif initial.

          Prenons comme exemple le communisme, doctrine oh combien généreuse, oui mais voilà, sa mise en place s’est faite à travers l’organisation d’un parti et ses apparatchics qui sont devenus plus importants que l’idéal communiste lui-même.

          • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 30 novembre 2014 13:17

             « les efforts menés pour divulguer une idée se font au détriment de l’objectif initial. » Ceci est malheureusement exact (et très bien formulé). Je pense que la raison essentielle provient du fait qu’il faut transformer une idée qui est proposée par un ou quelques individus en un mode de vie collectif qui concerne un grand nombre.


          • Jacques Raffin Jacques Raffin 1er décembre 2014 09:40

            Il n’y a qu’un seul dieu pour l’humanité, c’est le pognon, et il est bien vivant.

            Il n’existe que dans nos pauvres têtes et il enterrera tous les autres dieux, qui ne sont que de pâles comparses.

            En attendant, ils sont encore là, à nous distraire au JT…


            • Crab2 1er décembre 2014 11:10

              ….nulle personne, quelque peu sensée, ne peut vraiment faire preuve d’étonnement, cela n’est pas dû au hasard de voir le Mufti d’ Istanbul montrer au pape François, lors de son déplacement en Turquie, le passage dans le raciste coran qui reconnaît la conception virginale de la Vierge Marie

              http://laicite-moderne.blogspot.fr/2014/12/les-racines-du-mal.html

              ou sur :

              http://laiciteetsociete.hautetfort.com/archive/2014/12/01/les-racines-du-mal-5501159.html


            • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 1er décembre 2014 12:37

              c’est exact !


            • luluberlu luluberlu 1er décembre 2014 11:34

              OUI J raffin dieu n’est pas mort il est POGNON, il fabrique notre réel, et permet à celui qui en a la grâce tout de ce qui nous concerne dans notre civilisation.Tous ou presque nous courront nous travaillons et mourrons pour lui ....Je crois en lui il est source de bonheur et de joie, y a qu"a voir la tronche de celui qui en ramasse dans les caniveaux.

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