En ces temps troubles et dépourvus d’humanité, je repense à un bateau, un tas de ferraille qui, à peine quelques jours après la fin de la guerre, commença son odyssée méditerranéenne, au service des vies menacées.
Son nom, en Grèce, reste un mythe, lié aux intellectuels grecs sauvés en 1947, en pleine guerre civile par Octave Merlier et Roger Milliex respectivement directeur et directeur adjoint de l’Institut Français d’Athènes, tous deux résistants. Les miraculés, on les connait : Le surréaliste Ado Kyrou qui fut un temps rédacteur de Positif, le Philosophe Kostas Axelos récemment disparu, Castoriadis, l’urbaniste Candilis, Mitsi Hatzikaros, amie de Picasso, le compositeur et urbaniste Yannis Xenakis, Mimika Kranaki qui a raconté l’histoire du Mataroa, ou le philosophe Svoronos.
Deux cent « boursiers » du gouvernement français, exfiltrés pendant la Bataille d’Athènes et qui jouèrent un rôle prépondérant dans les sciences, l’art et la littérature française de l’après guerre. C’était un temps où les fonctionnaires fidèles à la République bravèrent les nazis et les vichystes, puis les troupes nationalistes et anglaises d’occupation pour sauver des vies.
L’histoire ne s’arrête pas là. Car le Mataroa n’était pas à son premier voyage humanitaire. Depuis 1945, il s’était fait une spécialité : C’est sur sa vieille coque que furent transportés, depuis Marseille, les premiers enfants juifs ayant survécu à Buchenwald puis, faisant escale à Naples encore 1200 survivants de Bergen Belsen.
Depuis Chypre, le Mataroa brava les quotas draconiens de l’administration britannique et emmena jusqu’en Palestine les survivants des camps de la mort, dont certains seront malheureusement refoulés à Chypre et même l’Allemagne.
On parle souvent du Théodore Herzl et de l’Exodus, affrétés par l’organisation Aliyah Beith (immigration maintenant) il m’a semblé opportun de parler du Mataroa (femme aux grands yeux en polynésien) pour rappeler qu’en d’autres temps, ceux qui refoulaient étaient anglais et que les « terroristes » voulant débarquer étaient de membres de la Haganah et des enfants.
Il se trouvera toujours un bateau pour emmener l’espoir.
... C’est la Grèce, après l’Espagne, qui nous a fait savoir, dans la rage et l’amertume, qu’on peut avoir raison et être vaincu. Mais c’est la Grèce qui la première a fait saisir au monde que les hommes de liberté pouvaient être aussi ceux du courage et qu’aucune défaite n’était éternelle... Qu’on juge de ce qui signifiait cet enseignement pour des hommes désarmés, livrés à la plus monstrueuse des tyranies et décidés à surmonter tout ce qui était à surmonter..
Michel Bonjour Vous m’apprenez la mort de Kostas Axelos, dont j’ai un peu côtoyé l’enseignement à Paris, dans les années 60. Une pensée forte et originale Pour faire écho à votre éloge de la Grèce, si décriée en ce moment :
"J’appartiens à
un petit pays. Une pointe rocailleuse sur la Méditerranée, où il n’y a
pas d’autre richesse que la lutte de son peuple, la mer et la lumière du
soleil. Elle est petite notre terre, mais son patrimoine est énorme." (Georges
Séférise,prix Nobel de littérature en 1963)
Vous m’avez fait me replonger dans mon atlas des migrations du Monde dont j’avais fait un résumé. On y lit "En 2001, la diaspora grecque était estimée à plus de 6 millions de personnes. La plupart vivent dans les pays anglo-saxons en Amérique, en Australie, en Afrique du Sud. Quasiment absente d’Asie en dehors du Proche-Orient. L’expulsion des Grecs d’Asie mineure après 1922 à la suite du conflit avec la Turquie avec des liens privilégiés des impérialismes britanniques et russes.
Le problème de Chypre qui perdure entre ces ennemis de toujours. Avec l’affaire récente du bateau humanitaire, on rappelait les anciennes connivences de la Turquie et d’Israël qui étaient mises à mal.
Je parlais de la volonté de certains de créer une confédération de notre pays. Il n’en existe qu’une seule dans le monde : le Commonwealth. Dernièrement, lors d’une émission de Kiosque de TV5Monde, un journaliste constatait l’affaiblissement de cette manière de s’agglomérer en pays confédérés.
Oui, mais un des plus grands poètes grecs, Kavadias (marabout) est né en Mantchourie et j’ai rencontré en Amazonie un sorcier d’origine grecque... Une très grande communauté grecque habite l’Asie Centrale et le Caucase. La Turquie et Israël ça va mal depuis déjà deux ans. Et ça ne risque pas de s"améliorer