Celui qui toujours nie
S’il est parfois, sinon souvent, difficile de trouver chez Nabe une pensée un tant soit peu cohérente, mais bien plutôt des humeurs (souvent "mauvaises") et beaucoup de déception et de colère jusqu’au ressentiment et la tentation du sabordage de soi...
En revanche, il y a chez lui des moments de lucidité bien trop rares dans le monde littéraire ; lucidité sur son Art qu’est l’écriture et sur ceux qui en ont fait leur métier : les éditeurs et les critiques -, sans oublier les lecteurs.
"Ce devrait être une vocation de la littérature, une vocation d’ordre apostolique et évangélique, d’être un don de sa parole à des gens qui ont besoin d’elle pour en être soulagés (....). Le don de son verbe qui échappe à tout contrôle et qui est du côté de la liberté la plus totale (...). Parler pour les autres - y compris de soi, pourquoi pas."
Ou bien encore : "Il y a un écart énorme entre le livre et la littérature dont les écrivains ne sont pas conscients ou ne veulent pas être conscients."
On trouvera aussi chez Nabe un fond imaginaire d’une grande richesse (Florent Georgesco).
"... ce monde littéraire qui décidément aura toujours été un obstacle entre la littérature et son lecteur. Certains sont résolus à faire sauter les intermédiaires. Plus de journal, plus de livre. L’idéal pour un écrivain aujourd’hui serait un texte immanent, suspendu dans l’atmosphère, un texte qu’un avion écrirait dans le ciel avec la fumée de ses réacteurs !"
Et La suite...
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Nabe sacrifie tout au style, le sens passant à la trappe, le plus souvent.
Or, en littérature, tous les grands stylistes ont aussi une tête bien faite.
Certes, il est dit qu’en littérature, ce qui importe ce n’est pas ce qui est écrit mais bien… comment c’est écrit…
Mais lorsque Nabe abandonne le comment, très vite on se rend compte que le fond de sa « pensée » reste très peu structurée, et relève plus de l’humeur que d’une opinion avisée et informée, fruit d’un vrai travail de réflexion.
Il suffit simplement de revoir le fameux Apostrophe de 1985 qui nous présentait son premier ouvrage publié « Au Régal des vermines » …
Nonobstant la suffisante ou le manque d’ambition littéraire de ceux qui l’entouraient ce soir-là car, c’est bien de Nabe qu’il s’agit, dans cette émission, MEN n’a que l’excuse de son jeune âge et le talent de sa plume.
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Pour le reste…
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Vingt cinq ans plus tard, on retrouve cette même lacune quant à la cohérence et le sérieux de ses analyses et de ses diagnostics.
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Sans doute Nabe a-t-il grandi trop vite, ce qui revient à dire qu’il n’a pas eu le temps de grandir et ce faisant, de mûrir, emporté, très tôt par le tourbillon de la certitude de son talent...
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Oublieux du fait que.. même en littérature, on ne peut décidément pas faire l’économie d’une démarche et d’une dynamique qui soient porteuses de sens ; et plus encore quand on a l’ambition de déchiffrer la réalité.