Centre et objet de la controverse qui l’a opposée à Eric Raoult, Lauréate du Prix Goncourt 2009, élevée avec son frère aîné par une mère française dont le mari sénégalais - leur père à tous les deux -, est très vite rentré dans son pays…
Chez Marie NDiaye et sa « France monstrueuse de Sarkozy » qui semble inclure les électeurs qui ont élu Président ce même Sarkozy et qui, du coup, prend pour cible une bonne partie de la société française (1), dans son refus de nuancer ses propos suite à l’intervention d’un Raoult plus opportuniste que jamais (2), on pourra y voir un lapsus qui nous donnera à comprendre ce qui suit - pour peu que l’on soit capable de porter son regard au-delà de ce qu’il est convenu de voir pour mieux commencer d’entendre et de lire entre les mots : l’ambivalence chez un citoyen français issu de la colonisation et de l’immigration (3) de ses sentiments à l’égard de son pays d’adoption - pays autre que celui de ses origines : pays d’accueil de ses parents, pays de rapatriement ou de secours tel une roue, faute de mieux et par crainte du pire…
1 –Et plus encore aujourd’hui, depuis qu’elle a tenu à préciser : « Si Ségolène avait gagné, on serait partis quand même ».
2 - Peut-on imaginer une intervention identique de Raoult si le lauréat avait été d’origine européenne ?
3 - Une guerre d’indépendance n’arrangera rien.
Citoyen français qui peut aussi avoir été lésé, sinon abandonné, par l’histoire culturelle de cette autre identité dont il lui faut, non sans difficulté, assumer bon an mal an, en partie l’héritage ; difficulté à la racine de laquelle on trouvera un pays des origines dont les mœurs, us et coutumes à la fois sociales et politiques lui sont étrangers ; et parfois même : pays de la honte (4) car entaché de non-droit, corruptions, injustices sans nombre, pauvreté et parfois misère que des médias impitoyables ne manqueront pas, sans retenue ni nuances, de relayer jour après jour ; médias qui ne s’occupent que des crimes et châtiments de l’homme qui n’est qu’un loup pour quiconque a la faiblesse de se montrer brebis…
4 – Reconnaissons en toute bonne foi et en toute lucidité… qu’il est très certainement plus facile de se lever le matin quand on est un Français-italien avec pour compagnes la grandeur de Rome et la splendeur de la Renaissance, ou bien un Français-juif avec Marx, Freud et Einstein.
Et alors que ce Français du Maghreb ou d’Afrique noire aura pour principal référant la figure tutélaire d’un homme blanc au passé colonial couvert d’opprobre, pour un peu détestable, mais qu’il ne peut décidément pas se résoudre à haïr, sinon au prix d’un préjudice moral important, étant lui-même ce que l’on pourrait appeler un noir-blanc, souvent plus blanc que noir ; sans compter les fois où il peut être plus blanc que blanc, tout en restant, néanmoins, confronté, encore et toujours, à cette identité des origines d’une inutilité patente telle un boulet et handicap majeur…
Français à qui il peut être donné de réussir, ici, dans ce pays qui l’aura nourri, mais auquel il se trouvera bien en peine de rendre quoi que ce soit puisque c’est ailleurs qu’il lui faudra aller chercher ce qu’il pourrait lui offrir en retour, et que ce pays, qui peut être la France, refusera très certainement de recevoir de lui qui s’interdira alors une telle démarche souvent au prix d’un malaise identitaire incurable...
Ne finit-on pas alors par mordre la main qui vous a nourri quand le destin vous a refusé une autre main qui aurait dû, elle aussi, vous soutenir et contribuer à faire de vous un adulte un tant soit peu autonome ? Une main qui, pour votre malheur, n’aura ni su ni pu le faire…
Car…
Derrière chaque adoption il y a toujours un abandon ; et rien ni personne, jamais, ne peut remplacer ce qui aurait dû être sa famille, qu’elle ait été absente ou bien, écrasée par le poids culturel d’une autre famille dite d’accueil, et plus encore lorsque l’histoire et la culture de cette famille des origines sont jugées par l’intéressé même et toute la société avec lui, infréquentables jusqu’à… l’irreprésentable.
Reste alors ce lapsus compensatoire : « La France monstrueuse de Sarkozy » sans autre formalité.
Aussi…
Pas de re-connaissance à attendre de qui que ce soit, avant une bonne dose d’injustice.
Souvenons-nous : qui que nous soyons, quelle que soit notre histoire, n’est-ce pas là le prix que l’on se paie à soi-même et que l’on fait payer aux autres, sans toutefois jamais cesser d’éprouver à leur égard cette re-connaissance que l’on s’interdit encore, pour l’heure, et à notre issu, d’exprimer, aveuglé par ce vertige qu’est la vie qu’il nous faut construire, seul et tragiquement responsable dans la réussite comme dans l’échec, dans l’harmonie comme dans le chaos.
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Et pour revenir à notre auteur...
Jugement lapidaire que cette formule sur la France de Sarkozy qui concerne en particulier sa politique d’immigration, de la part d’une Marie NDiaye toute scandalisée mais... vu de Berlin : recul sans doute nécessaire à un soutien plus efficace de ceux qui sont frappés par cette politique !?
Allez savoir !
Et son compagnon, Jean-Yes Cendrey
, écrivain lui aussi, de nous déclarer : « Qu’on se souvienne de - la France, on l’aime ou on la quitte - de Sarkozy. Nous avons eu grand plaisir à nous appliquer la conséquence qui s’ensuivait. »
Au moins, sait-on maintenant sur qui on ne doit pas compter.
Et au sujet de Berlin, la ville d’adoption du couple NDiaye/Cendrey : « il est vrai que Marie et moi avons davantage l’habitude de partir que de rester, même quand c’est bien. »
Ce qui relativise les raisons du départ de ce couple prompt à se draper d’une conscience politique citoyenne et solidaire, et alors qu’il a la bougeotte car... ce couple ne tient tout simplement pas en place.