Nucléaire, cette industrie Shadok...
Les shadoks, vous savez bien, ces êtres idiots au cerveau fait de 4 cases, au vocabulaire de 4 mots (un par case) et qui pompaient l'eau devant pour la mettre derrière !
Le nucléaire, vous savez bien, cette industrie qui présente le plus grand potentiel de danger parmi toutes les activités humaines !
Un examen soigneux de ce « nucléaire » après une quarantaine d'années d'expérience peut inciter à penser que cette activité aurait bien pu être le fruit d'une imagination Shadok...
Comme l'explique fort bien Bernard Laponche dans « Nucléaire : le moyen le plus dangereux pour faire bouillir de l’eau » une centrale nucléaire est une sorte d'alambic chauffé par l'atome, extrêmement dangereux et qui doit donc être veillé en permanence afin qu'aucun accident n'ait trop de « chances » de se produire.
Dans son article Bernard Laponche cite cette phrase prononcée par des partisans du nucléaire : « Il existera toujours et partout un scénario dans lequel une catastrophe comme celle de Fukushima pourra se produire. », que l'on peut lire dans son contexte ici : « Le nucléaire est un bien public mondial ».
Qu'on se le dise : quoi que l'on fasse nous ne serons jamais à l'abri d'un épisode catastrophique.
On lira aussi ceci : « La gestion de cette énergie nécessite la transparence démocratique, des exploitants de grande qualité et à l'éthique irréprochable, des réacteurs présentant des garanties irréprochables, une société civile vigilante. ».
Telles seraient quelques conditions de notre sécurité ?
Autant dire qu'elles ne sont pas vraiment réunies à ce jour, notamment en ce qui concerne les « garanties irréprochables » des réacteurs car si l'on y pense bien pourquoi avoir créé « le réacteur le plus sûr », l'EPR, si nos réacteurs plus anciens étaient déjà « irréprochables » ?
Il y aurait donc en France 58 réacteurs nucléaires présentant un niveau de danger avéré peut-être assez largement supérieur à ce qu'on nous laissait entendre jusqu'à maintenant ?
Pourtant tout avait été si soigneusement calculé...
Dans « Probabilité d’accident nucléaire majeur : du calcul à la réalité... » nous avons vu que la probabilité de la fusion du cœur d'un réacteur était estimée à une fois tous les 20 000 ans environ, ceci avant que des accidents se soient produits.
Mais un calcul effectué aujourd'hui, après quelques « événements », nous montre que cette probabilité s'établit à une fois tous les 3000 à 4000 ans.
Entre ces deux valeurs, séparées par un coefficient de 6 à 7, pouvons-nous déterminer un seuil qui définirait la limite de l'acceptable ?
Une fois tous les 10 000 ans, tous les 14 725 ans... ?
Rappelons que sur 3 accidents majeurs (Three Miles Island, Tchernobyl et Fukushima) deux ont provoqué des pollutions durables de territoires devenus des « zones interdites » et que ces deux accidents auraient, chacun, pu avoir des conséquences encore plus graves.
Mais est-il possible de calculer un tel seuil ?
Pour calculer la probabilité d'accident sur un réacteur il aura fallu examiner une série d'enchaînements de causes perturbatrices et dévaluer une à une les probabilités qu'elles se produisent, effectuer la synthèse de cet ensemble de probabilités qui nous donnera la probabilité globale finale.
C'est dire qu'il aura fallu examiner un très grand nombre de scénarios et l'on constate que, pour les accidents qui se sont produits, des scénarios avaient été « oubliés » : il y en a bien d'autres à n'avoir pas été pris en compte !
Avant Septembre 2001 il n'y avait pas dans notre cerveau la case « attentat suicide au moyen d'un aéronef » : les centrales n'ont donc pas été calculées pour y résister.
Avant le séisme de 2004 dans l'océan Indien on aurait éventuellement pu penser installer en bord de mer dans cette région quelques centrales nucléaires (espérons qu'il n'en sera jamais question), ceci parce-que nous n'avions pas l'expérience d'un tsunami de cette puissance dans cette région.
Cette case là n'était pas non plus dans notre cerveau.
Dans la case « tsunami à Fukushima » il y avait une hauteur de vague prévue inférieure à 10 mètres : c'est un mur d'eau de 14 mètres qui a endommagé la centrale, la vague la plus haute (qui aurait peut-être pu atteindre cette centrale) ayant apparemment atteint 23,6 m ailleurs (La vague du tsunami a atteint 23,6 mètres à son maximum).
On voit ici que le fait de déduire que « nous n'avons jamais été témoin de tel événement ici » ne garantit en rien qu'il ne se produira pas un jour, avec une probabilité plus ou moins élevée.
Mais le fait qu'un événement ait une probabilité de se produire « tous les 20 000 ans » ne signifie nullement qu'il se produira dans 20 000 ans !
Il pourra intervenir demain, dans 5, 20, 500 ans... et rien ne garantit qu'il ne se répétera pas le lendemain !
On raisonne ici en termes de fréquences probables et non en dates d'échéances !
Maintenant que la case « attentat suicide par aéronef » existe dans notre cerveau que donnerait l'impact d'un avion de tourisme bourré d'explosifs là où l'indique la flèche, et où se trouvent probablement les canalisations qui évacuent la chaleur produite par ce réacteur de la centrale nucléaire de Nogent sur Seine ?
Quels dégâts sur le réacteur lui-même ?
Serait-il encore possible d'en approcher, de le refroidir ?
Les mécanismes de ralentissement de la réaction en chaine auraient-ils fonctionné ?
Quel est le risque d'explosion ?
S'il s'exprime, et si le vent souffle d'est, c'est au moins la région parisienne entière qu'il faudrait évacuer...
Mêmes questions si deux avions de ligne s'écrasaient sur ce grand bâtiment de la centrale de Gravelines, qui est supposée pouvoir résister « à la chûte d'un avion de tourisme » (mais peut-être pas chargé d'explosifs ?)...
Quelle est la probabilité pour que nous puissions empêcher à 100% que de telles choses arrivent, et comment la chiffrer ?
Il n'y a pas eu d'attentats suicide au moyen d'avions depuis 2001 ?
Cela garantit-il quoi que ce soit ?
Bien sûr pour y remédier on pourrait imaginer des zones d'exclusion aérienne totale autour des centrales.
Pour un avion de tourisme à une vitesse de croisière de 200 km/h et en tenant compte du temps de réaction de la chasse (un quart d'heure) il faudrait un rayon d'au moins 60 km, rayon qui passerait aux environs de 250 km pour les avions de lignes : notre ciel serait bien calme et sommes-nous assurés qu'un avion de tourisme volant à très basse altitude serait repéré par les radars ?
Y a-t-il dans notre cervelle une case « conflit armé et centrale nucléaire » ?
Bombarder une centrale nucléaire : personne ne commettrait une telle folie !
Espérons le mais... rien ne garantit...
N'oublions pas qu'il y a près de 440 réacteurs dans le monde, que l'on projette d'en construire un peu partout, et que les zones de conflit peuvent naître, au fil de l'histoire...
Afin de se protéger de la destruction, pensant que personne ne s'en prendrait à ce lieu, un belligérant installe une batterie dans l'enceinte d'une centrale, très près des organes les plus sensibles.
Très efficace cette batterie bloque la progression de l'ennemi, qui projette de la détruire en épargnant au maximum la centrale.
La batterie est atteinte, la centrale également.
Les dommages, que l'on aurait peut-être pu maintenir dans des limites moins dramatiques en temps de paix par des interventions massives et rapides, s'étendent : dans ces conditions de conflit il devient impossible de réagir à temps, un pont coupé à quelque distance bloque l'arrivée des secours...
Le réacteur explose, les piscines de refroidissement se vident, les éléments récemment déchargés du réacteur chauffent très vite... d'énormes bouffées de radionucléides sont éjectées dans l'atmosphère, que les vents portent très loin...
Quel modèle prédictif nous permet de chiffrer la probabilité d'un événement de ce type, et quand bien même il existerait serions-nous immunisés ?
Pas le moins du monde.
Sans envisager cette situation extrême pouvons-nous être certains qu'en cas de conflit armé, où que ce soit dans le monde, toute centrale nucléaire serait maintenue en état correct de fonctionnement, ou que toute centrale mise à l'arrêt recevrait la maintenance indispensable pour éviter tout accident majeur (notamment en ce qui concerne les piscines de refroidissement des combustibles) ?
Rien ne le garantit, comme rien ne garantit que de nouveaux conflits armés ne verront pas le jour, bien au contraire.
Certaines études prospectives envisagent même qu'ils puissent devenir plus nombreux dans les décennies à venir à cause des tensions croissantes sur les matières premières et du fait de la raréfaction relative de la ressource pétrolière (croissance massive de la demande, probable décroissance de l'offre).
Mais quittons le domaine des interventions humaines possiblement néfastes pour examiner une autre hypothèse : aucun tsunami de grande envergure n'affecta les côtes françaises depuis fort longtemps à ce qu'il semble, c'est ce que nous indique le site du BRGM « Histoire et caractéristiques des tsunamis observés en France et sur ses abords ».
Le plus ancien répertorié « Glissement sous-marin (baie de Nice) » date du 20 juillet 1564 : la série historique est fort courte... et ne nous dit rien de ce qui a pu se passer du point de vue d'un éventuel effondrement du rebord du plateau continental au large des côtes françaises dans un passé plus lointain.
On constatera que sa lisière est assez étendue mais nous disposons de fort peu de données sur sa stabilité, sur la présence ou non de grandes masses instables dont le glissement pourrait provoquer un tsunami auquel même un EPR ne résisterait pas (et que dire alors de nos autres centrales littorales ?).
Il n'y a pas de case « tsunami exceptionnel sur les côtes françaises » dans notre cerveau et s'il se produisait un certain nombre de nos réacteurs pourraient en être gravement affectés.
Mais pourquoi ce nucléaire, à propos ?
Il fût un temps l'un des objectifs clairement affiché était de chauffer nos chaumières.
C'est ce que nous rappelle « Comment la France est devenue nucléaire (et nucléocrate) ».
On y lit : « La Commission PEON (Production d’électricité d’origine nucléaire), créée en 1955, va mettre au point la stratégie électronucléaire adoptée en 1973 par Pierre Messmer alors Premier ministre de Georges Pompidou. Le Plan Messmer prévoit la construction de 4 à 6 réacteurs par an jusqu’en 1985. EDF, maître d’œuvre, envisage dans le même temps d’équiper environ trois millions d’habitats en chauffage électrique d’ici 1985. »
Schématiquement il s'agit de produire de grandes quantités de chaleur (eau vers les 300°C) dont on utilisera une partie (environ 30% de taux de conversion, ou rendement) pour fabriquer de l'électricité, et dont on évacuera l'essentiel dans l'atmosphère, la mer ou une rivière.
Cette électricité sera consommée par des radiateurs pour nous chauffer d'une chaleur qui rejoindra finalement (et très souvent avec beaucoup de facilité) l'atmosphère.
S'il n'y a pas ici un processus extrêmement comparable au pompage des Shadoks (pomper l'eau devant pour la mettre derrière)...
Autrement dit comment résoudre un problème par la voie la plus difficile, la plus complexe, la plus dangereuse, la plus coûteuse... alors que l'on sait depuis longtemps déjà (même si de grands progrès ont été réalisés dans ce domaine depuis les années 70) construire des édifices très bien isolés et donc fort économes en une énergie qui peut provenir d'autres sources moins critiques ?
Réponse : en construisant de monstrueux alambics dont on savait déjà à l'époque qu'ils pourraient n'avoir rien d'inoffensif...
Pierre Messmer en « professeur Shadoko »...
Certes il n'est pas anodin de construire en visant l'excellence thermique : il y a surcoût mais si l'on examine le bilan sur la durée on constatera un amortissement généralement très rapide de ce surcoût par rapport à une moindre isolation compensée par une consommation plus importante d'énergie.
Le « tout nucléaire » risque de se révéler comme une ineptie économique dans bien des cas, surtout si l'on se penche sur la question de ce démantèlement des centrales, que l'on tente à tout prix de retarder par ces temps...
Mais la question énergétique est abordée de façon fort curieuse en France, parfois (souvent !).
Est-il préférable de « produire » plus d'énergie ou de mieux isoler ?
Souvenons-nous : « 03.08.09 - Production d’électricité à partir de biomasse : Jean-Louis BORLOO annonce le succès de l’appel d’offres « Biomasse 3 », avec plus 100 projets présentés sur tout le territoire français ».
Ce plan intègre la filière « bioénergies », laquelle comprend les « sous produits » de l'agriculture parmi lesquels on trouve la paille.
Ainsi on brûlerait plus ou moins de 4,5 à 5,5 millions de tonnes annuels de surplus français de paille (on trouvera cette évaluation sur le site de l'INRA) pour faire de l'électricité.
Mais chaque kilo de paille utilisé comme isolant produira une économie d'énergie très largement supérieure à la quantité d'énergie récupérée lors de sa combustion (avec un rendement de +- 30%).
Il est donc nettement plus rentable, du seul point de vue énergétique calculé à moyen et long terme, de construire des maisons bois / paille que de bruler bois et paille pour chauffer des maisons en béton (dont le coût énergétique est déjà largement plus élevé).
En vérité ce plan a été signé JL Borloo, notre fameux « écolo schiste » du nom de ces gaz pour lesquels il signa des permis d'exploration en différentes régions de France, probablement sans s'être vraiment documenté sur les conséquences néfastes d'une telle industrie (et s'il savait c'est encore pire de sa part !).
Pas très fiable, ce garçon...
Quand je vous dis que l'esprit Shadok souffle sur les questions énergétiques en France...
Revenons à nos catastrophes nucléaires.
Aucune de celles que je décris (rassurez vous je n'ai pas exploré tous les scénarios possibles) n'est arrivée ?
Mais depuis quand une vague de 14 mètres n'avait pas déferlé sur Fukushima ?
Peut-être même cela ne s'était-il jamais produit... au moins depuis extrêmement longtemps.
Si nous voulons réellement nous tenir à l'écart de toute catastrophe nucléaire il faut que nous prenions en compte toutes les causes possibles d'accidents majeurs en sachant que, quelles que soient les probabilités qu'ils surviennent, ils peuvent avoir lieu demain.
Si nous acceptons d'utiliser l'énergie nucléaire il faut par conséquent que nous admettions l'idée qu'une catastrophe majeure (ou plusieurs car le fait qu'une se produise n'implique pas qu'une autre ne puisse suivre) est un fait normal par rapport à cette acceptation, quelles que soient les conséquences humaines, matérielles, économiques... de cette catastrophe.
Ceci au même titre que l'accident de la route est la conséquence de notre circulation automobile.
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