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Accueil du site > Tribune Libre > Nul ne sait où va l’Egypte

Nul ne sait où va l’Egypte

Gouverner, c’est être responsable, ce n’est pas satisfaire ses ambitions et ses désirs d’existence luxueuse, tout en satisfaisant une minorité de notables près du pouvoir politique et tenant les rouages de l’économie et des finances. Ce principe de sagesse, les présidents Ben Ali et Moubarak auraient dû le prendre en considération depuis des années. Maintenant, c’est trop tard, l’exaspération populaire a gagné. Faute d’avoir su préserver les classes moyennes, la Tunisie et l’Egypte ont vu se dessiner ce que nous, d’un œil occidental, nommons révolution mais qu’il faudrait interpréter comme une révolte des masses. Ensuite, rien ne laisse présager quelles seront les évolutions respectives de ces deux pays. Sans doute, la Tunisie verrait une transition démocratique se dessiner, poussée par des « ressorts culturels à l’occidentale », liés à la proximité de ce pays avec l’Europe et notamment la France. Le cas de l’Egypte pourrait être très différent.

Il a été dit que les dirigeants des pays arabes ont peur des masses insurrectionnelles depuis les événements en Tunisie. Des informations circulent sur la gestion de stocks stratégiques de céréales et autres aliments de base par les gouvernants de ces pays. Ce qui représente un fait emblématique et hautement symbolique car pour des nations très avancées comme la France ou les Etats-Unis, la denrée faisant l’objet d’un soin particulier n’est pas alimentaire mais énergétique. Les stocks stratégiques sont composés de carburants. En vérité, si un pays doit réellement s’inquiéter, c’est Israël. Car le Proche-Orient semble orienté vers une recomposition politique qu’on voit se dessiner politiquement au Liban et maintenant, en Egypte, avec une initiative populaire. Il est évident que les Etats-Unis surveillent de près les évolutions politiques à venir dans cette région. Notamment parce que les Frères musulmans ont une influence considérable et pourraient bien gagner des élections législatives si la campagne était ouverte comme dans n’importe quelle démocratie. Et finalement, nous retomberions sur une situation telle qu’elle fut vécue par l’Algérie lorsque le FIS l’emporta dans les urnes et que l’armée s’efforça de barrer la route à une évolution islamique du pays. La démocratie peut avoir un goût amer. D’ailleurs, la France a savouré avec dégoût le résultat sorti des urnes un certain 21 avril 2002.

Nul ne peut prédire l’évolution de la situation en Egypte. La crise étant belle et bien présente, depuis des décennies, accentuée cette année par des facteurs économiques. Crise signifie décisions pour les Grecs, danger et opportunité pour les Chinois, alors qu’en sciences physiques, un point critique désigne l’état instable d’un système pouvant bifurquer ou pas vers un nouvel état, avec une indétermination telle qu’une simple fluctuation peut pousser le système dans une ou l’autre des directions, à l’image d’une aiguille suspendue à l’envers, tenant par miracle en équilibre. Ou alors d’un tas de sable qu’un grain supplémentaire peut faire écrouler. Les sociétés étant plus complexes, elles ne sont pas régies par les lois physiques mais se trouvent parfois dans des états critiques pouvant évoluer vers des transitions heureuses… ou parfois tragiques. Ce qui fut le cas de l’Allemagne en 1932. L’Egypte en 2011 est maintenant devenue une nation incertaine. Nous ne sommes que les spectateurs d’une histoire parvenue à un point sans doute critique, dont on ne sait quelle sera l’alchimie sociale et politique qui en sortira, avec une rupture ou alors une normalisation encadrée par l’armée et les notables en place. On image aisément l’inquiétude que pourrait représenter la venue au pouvoir des Frères musulmans dès lors qu’on connaît la géographie locale et notamment, ce point névralgique que représente la frontière entre l’Egypte et Gaza. On peut imaginer aisément qu’une gouvernance, ayant des connivences avec le Hamas et sans doute le Hezbollah, puisse fermer les yeux sur le passage de denrées par forcément alimentaires vers la bande de Gaza. Autant dire que la situation est inconfortable, semée d’ambiguïtés et d’hypocrisies car la sympathie envers cette prétendue révolution pourrait vite faire déchanter les observateurs occidentaux. Il est certain que le sort de l’Egypte se jouera en coulisses. Nous assistons en spectateurs d’une histoire que nous n’écrivons pas mais qui pourrait avoir un impact substantiel sur les équilibres géopolitiques. 


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8 réactions à cet article    


  • Rémi Manso Manso 31 janvier 2011 15:15

    Une piste peu explorée par les médias commence néanmoins à sortir :

    Ce matin sur France Culture, pour son émission les enjeux internationaux, Thierry Garçin était en communication avec le géopolitologue François Thual pour parler de l’Égypte.
    Après un bref rappel sur la position stratégique de ce pays en ce qui concerne les approvisionnements en pétrole, via le canal de Suez, François Thual a aussitôt fait référence à la question démographique :

    « Je crois qu’il faudrait dire un mot de ce qui est à mes yeux aussi une crise sociale et économique. Vous avez 3 chiffres : en 1967 il y avait 30 millions d’habitants en Égypte, aujourd’hui il y en a 84 millions et en 2050 il y en aura 150 millions ! Or ces habitants disposent de 145.000 km² vivables, pour un pays qui fait 1 million de km². Je rappelle cela pour dire qu’il y a une pression démographique qui a généré la misère. Vous avez plus de 50% de la population qui a moins de 24 ans.

    Se poser la question des relations des États-Unis avec la crise actuelle, c’est aussi gratter l’écume des choses. Cette crise est-elle soluble uniquement par la diplomatie, uniquement par des mutations politiques ? Personnellement j’en doute. C’est une crise structurelle, c’est pour cela que les États-Unis sont très inquiets. »


    • plancherDesVaches 31 janvier 2011 17:25

      Mes trois épouses successives sont issues de fratries de 6 à 7 gosses...
      D’où certaines interrogations sur votre connerie monstrueuse.

      On interdit aux « autres » de faire des gosses.. ???
      Comme de polluer comme nous le faisons joyeusement.. ???

      Expliquez-moi, andouille.


    • Rémi Manso Manso 31 janvier 2011 22:40
      @plancherDesVaches :
      - permettez-moi tout d’abord de vous féliciter pour l’adéquation entre le niveau de votre argumentation, son style et le pseudo que vous avez choisi...
      - ensuite, où avez-vous lu que François Thual parle d’interdire quoi que ce soit ? Avez-vous entendu parler de l’instruction des femmes, de la planification familiale, de la contraception libre et gratuite, voire tout simplement de l’intelligence des peuples, qui, quand on le leur explique, sont parfaitement capables de comprendre les enjeux écologiques de leur région et de la planète.

    • Didier Barthès 1er février 2011 21:07

      Oui c’est le gros problème, on peut dire tout ce qu’on veut, le régime Egyptien de demain devra faire face à un pays qui gagne simultanément chaque année plus d’un million de personnes et zéro mètre carré. Sacré problème, et plus on tarde pour favoriser à tout prix une baisse de la natalité plus on fait peser sur les générations futures une menace extrèmement grave. Dans un monde qui manquera d’énergie et donc, dont les rendements agricoles seront menacés, l’Egypte déja fortement importatrice de produits alimentaires se trouvera en bien mauvaise posture. Je ne parle pas de l’Etat du Nil dont les rives hébergeront plus de 100 millions de personnes.


    • baska 31 janvier 2011 15:19

      « En vérité, si un pays doit réellement s’inquiéter, c’est Israël. » Tout à fait, c’est la panique totale à sion. Nouveau caprice de l’enfant gâté : l’entité sioniste presse les yankees de soutenir moubarak. Selon le journal haaretz cet entité a fait parvenir un message secret à washington et à l’europe leur demandant de soutenir la stabilité du régime moubarak. A sion, on préfère le totalitarisme à l’émancipation du peuple ! 


      • 2102kcnarF 31 janvier 2011 15:21

        @Dugué ’ Nul ne sait .... ’

        On s’en doute tout de même..... en voyant les oiseaux de mort tournoyés dans le ciel caïrote, avions de chasse comme à Gaza.

        Les intérêts de 5 000 000 de juifs contre ceux de 80 000 000 de bougnoules...

        Y’a pas photo !


        • BANANE 31 janvier 2011 22:58

          moi je sais...avec les frères musulmans, l’Egypte va à grande vitesse tout droit dans le mur


          • alphapolaris alphapolaris 1er février 2011 07:50

            « Gouverner, c’est être responsable, ce n’est pas satisfaire ses ambitions et ses désirs d’existence luxueuse, tout en satisfaisant une minorité de notables près du pouvoir politique et tenant les rouages de l’économie et des finances. »

            Tiens ! j’ai un moment cru qu’il s’agissait d’un article sur Sarkozy smiley

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