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On a fait tout ce qu’on a pu mais tout s’est passé comme d’habitude

Spectacle théâtral de Philippe Fenwick mise en scène Philippe Fenwick et Frédéric Duzan avec Philippe Fenwick, Sarah Schwartz (funambule) Zed (musicien et chargé de la contestation verbale) ZOU – Zone d’Ombre et d’Utopie… à Villeneuve en scène.

En plein air, un spectacle sur la façon de faire un spectacle. Façon qu'on appelle en général le parcours du combattant.

Dans un pays imaginaire mais situé entre Picardie et Normandie, qui emploie 30% des gens à la culture, il n'est pas particulièrement commode de réaliser un projet qui vous tient à cœur. Philippe Fenwick, héritier (?) de l'entreprise de chariot élévateur a une grande idée, à la mort de son père : faire une tournée de Brest à Vladivostok... en train... en Transsibérien. Il se met en quête d'argent. Ce sera la principale quête. Il faudrait parvenir au Bureau A qui, semble-t-il, a l'argent ou tout au moins les clés de l'attribution de l'argent. La réussite dépend de cette rencontre avec quelqu'un du bureau A. Du projet lui-même, on ne saura pas grand chose, en dehors du fait qu'une des bifurcations pour trouver un chemin avec issue amène l'invention d'un personnage, lequel personnage fera la base d'un spectacle d'une compagnie bien en vue. Bref, on l'aura compris, monter un spectacle est tout sauf s'occuper d'art ou de culture et le succès la réalisation est au bout de patience, d'astuces, comment connaître le beau-frère du concierge du président de bureau des actions culturelles amateures poly-genres et multi-arts  ?... Ne pas hésiter à jouer dans une MJC de la banlieue de Düsseldorf, pour trois fois rien, et si c'est trop cher, pour rien du tout... Tout cela est très éprouvant. La vie personnelle et affective en est fortement impactée : le bébé meurt avant même que d'être né... il faudrait coordonner l'amour et la vie familiale avec le développement du projet.

Un jour, joie, on abandonne. Trop dur, trop de galère. Le lendemain, joie, on reprend. Quelqu'un va nous faire rencontrer quelqu'un qui nous permettra de rencontrer quelqu'un qui nous rapprochera du Bureau A...

Le propos pourrait être assez amer. Il est général comme un conte et prend l'action étatique comme au temps du communisme  : lenteur, paperasse, attentes, rencontres inutiles... Ce en quoi le propos est assez raisonnable. Max Weber il y plus de cent ans prédisait une augmentation sans fin de la bureaucratie. Cependant, ce n'est pas tout-à-fait ce qu'on a vu et ce propos pourrait être plus circonstancié à des situations précises qui mériteraient qu'on s'y attarde et qu'on en cherche compensation et chemin vers une justice. Rien sur de nouveaux modes de financement participatif, lié à Internet (le crowdfunding). Rien sur la débrouille, le démarrage petit et la montée en puissance gagnée aussi à longueur de temps mais dans la création et la constance.

Avec ces ingrédients tragi-comiques, bien connus, et sans espoir (les questions : Que faire d'autre  ? Comment imaginer qu'il en soit autrement ? Et quel autrement serait sans problème ? Ne sont pas attrapées) le spectacle est vif, alerte, drôle, inventif... l'espace est découpé, à la lumière, seulement à la lumière, comme on dit aux ciseaux, en petits lieux actifs, et très performants (il y a même un divan de psychanalyse), le projet, quand il apparaît enfin, est représenté juste par un rideau rouge et un présentateur dans un cercle de lumière, simple et efficace.

Avec Michel Fenwick, un personnage féminin plutôt du côté du cirque jour toutes sortes de choses métaphoriques, sur le fil de fer, sur une corde... elle danse aussi, représente un peu l'épouse quelquefois et chante très bien en Allemand (un moment où le projet semblerait sauvé si les comédiens parlaient Allemand). Elle dresse aussi un cochon dans un numéro de cirque étonnant, tandis que Fenwick a sombré dans le désespoir. Le musicien qui envoie une excellente musique en direct se lance à la fin dans un rap sur le thème : il n'y a pas que toi, Philippe, à avoir du mal à réaliser tes projets, t'es pas le plus malheureux de la Terre...  »

Un spectacle agréable, enlevé, sur un fond de révolte, mais un fond connu et convenu.


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