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Accueil du site > Tribune Libre > Peur pour les RASED

Peur pour les RASED

Comme je l’avais évoqué dans un article précédent, nous avions quelques inquiétudes quant à l’avenir des RASED. Mais que se cache-t-il sous cet acronyme dont l’Education nationale est friande ? Fabienne a bien voulu témoigner de son travail, de son quotidien et des menaces qui pèsent sur un dispositif indispensable...

Extrait du journal de bord des observations faites en classe par une enseignante spécialisée exerçant dans un RASED :
« Jeudi 23, CP : Juliette aimerait bien écrire son prénom comme les autres, mais impossible d’y arriver, pourtant elle est inscrite au soutien et sa maîtresse lui a montré, expliqué, tenu la main, elle l’a encouragée, soutenue. En vain. Elle n’arrive à fixer son attention, parle difficilement et est très fatigable.
Lundi 6, CM1/CM2 : Mélina essaye de suivre la séance de lecture, c’est très difficile car elle n’arrive pas à déchiffrer sans erreurs. Elle finit par inventer les réponses et coche au hasard.
Vendredi 10, CP/CE1 : Cyril ne veut pas s’asseoir, il ne veut pas entendre, il ne veut pas voir, il ne veut pas, il ne veut plus, il n’en peut plus… Alors, il court à quatre pattes sous les tables de la classe en criant.
Jeudi 16, CE1/CE2 : Marguerite veut absolument me parler, elle s’effondre en larmes son papa a tout cassé dans la maison de sa maman. »
./..

En 1990, l’Education nationale a mis en place les RASED : Réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficulté (RASED) afin que des élèves comme Juliette, Mélina, Marguerite et Cyril puissent bénéficier d’une aide adaptée quelle que soit l’école où ils se trouvent et pendant le temps scolaire.

Des enseignants, ayant suivi une formation spécifique afin de devenir des maîtres spécialisés dans le domaine pédagogique ou bien dans le domaine rééducatif, travaillent en collaboration avec un psychologue scolaire. Ils conçoivent des adaptations, des aménagements, des remédiations et accompagnent les élèves dans la classe ou en petit groupe ou en individuel, en concertation avec les enseignants, les familles et les élèves. Ils peuvent être amenés à proposer des consultations vers des services de soins, des bilans chez des spécialistes.

Ainsi, Juliette a été orientée en GS vers un centre spécialisé afin de faire un bilan complet, un dossier pour une reconnaissance de handicap s’est ouvert à la MDPH (Maison départementale de la personne handicapée) afin qu’elle puisse bénéficier d’un suivi par un service de soins spécialisés. Elle participe aussi à des séances de travail en petit groupe, pendant le temps scolaire, avec l’enseignante spécialisée en remédiation pédagogique.
Les notions présentées en classe sont abordées différemment, à son rythme et en fonction de la manière dont elle s’en saisit. Cet accompagnement ne s’apparente pas à du soutien du type reprise, il s’appuie sur des techniques très spécifiques comme l’entretien d’explicitation, il fait appel à des données théoriques (stratégies mentales) et à du matériel et des méthodes adaptés (boîte à transformation, figurabilité des lettres, approche kinesthésique, parfois de la métacognition, restauration de l’estime de soi, etc.).

En septembre 2009, le ministère de l’Éducation nationale a décidé de sédentariser 3 000 enseignants spécialisés dans des classes ordinaires, il serait même question de supprimer des RASED complets dans 10 départements « pilote ».
Jean-Louis Nembrini, directeur général de l’enseignement scolaire au ministère de l’Education nationale, a déclaré lors de l’émission Le Téléphone sonne, diffusée sur France-Inter le 27 octobre 2008 : «  Pour beaucoup de difficultés, une attention plus personnalisée du maître de la classe peut venir à bout des échecs ou des difficultés que rencontre l’élève. » La mise en place des deux heures de soutien dispensées par le maître est une des réponses du nouveau dispositif d’aide dont parle M. Nembrini. Il déclare : «  Le maître de la classe va pouvoir, à son échelle aussi, pratiquer l’écoute, rencontrer l’enfant, différemment, non pas dans sa position de maître, forcément, mais dans sa position de personne de proximité. » Est-ce à dire que la formation et l’expérience accumulées par les enseignants spécialisés se réduit à une position de proximité ? J’en doute…

Fabienne, enseignante spécialisée chargée des aides à dominante pédagogique dans un RASED.


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10 réactions à cet article    


  • vin100 3 novembre 2008 13:34

    Le Camarade Pirate est cette fois ci plus prudent.
    A faire parler les autres, il est vrai que l’on dit moins de conneries.


    • Pirate17 Pirate17 3 novembre 2008 18:14

      Pour quelqu’un qui n’a jamais écrit d’articles, tu as la critique facile... Et superficielle... Quant à raconter des anneries, je dois te reconnaître une expertise certaine....


    • vin100 12 novembre 2008 16:09

      Aneries s’écrit avec un seul N et non pas 2.
      Pour un prof au rancard qui se prévaut de nous faire a longueur d’article la morale sur des sujets qu’il ne maitrise pas, un peu d’humilité lui ferait grand bien.


    • anny paule 3 novembre 2008 16:44

      Pour ceux qui considèrent encore que l’école de la République a un avenir devant elle, je conseille d’aller faire un tour sur : http://www.bakchich.info/article4882.html
      La mort de notre école laïque, gratuite, républicaine y est annoncée, références à la clef.
      Le livre de Muriel Fitoussi et Eddy Khaldi auquel http...se réfère est très bien documenté et montre le complot des catholiques intégristes et de notre gouvernement pour achever la mise à mort ! 
      Dans cette perspective, foin des RASED, pour nos "décideurs", c’est donner de la confiture à des cochons !
      Mais personne ne bouge !!! Le corps enseignant a été tellement démoli dans l’imaginaire collectif que nul ne voit ce qui est en train de se jouer en coulisses...


      • Marilou 3 novembre 2008 17:26

        Très heureuse de voir que, malgré les présidentielles outre-atlantiques qui nous bouffent tout en ce moment..on pense à rappeler ce qui se trame à l’horizon de notre chère école laïque et républicaine.
        Merci à l’auteur de l’avoir fait sur AV.
        Il est regrettable de voir à quel point l’enfant et ses diffucultés n’est plus pris en compte.Car le constat est là...
        On parle d ’abord de supprimer les petites sections et les moyennes sections....
        Maintentant, puisqu’il faut réformer...on s’en prend aux Rased !
        Un enseignant, tout ausi formé soit-il ne pourra jamais se substituer, en une demie-heure, et même au quotidien,au travail que font les enseignants spécialisés du Rased.
        Cela correspond à une mise à mort de leur fonction, et de la reconnaissance de leur travail qui a une réelle importance et utilité.
        Ces enseignants spécialisés, après avoir suivi volontairement une formation, sont à même d’intervenir justement là où un enseignant n’a pas les comptétences pour le faire.
        Doit_on cmprendre alors qu’on demande aux enseigants de tout faire ? L’éducatif, le rééductif, la psycho-motricité, l’orthophonie....etc...
        Cette demi-heure de soutien, c’est du pipo, de la poudre aux yeux !
        Bien sûr que c’est utile, parce que l’enseigant a un moment privilégié avec l’enfant !
        Mais vous croyez qu’ils ont attendu cette réforme,les enseigants, pour avoir une attention particulière à ceux qui ont des difficultés ? Comme si les groupes de réméditaions n’éxistaient pas ? Comme si la pédagogie différenciée n’éxistait pas déjà dans les classes ? Comme si les suivis individualisés n’existaient pas !
        Ce que je constate, c’est que notre chèr ministre est en train de sacrifier des générations, et les futurs citoyens que seront nos, vos,enfants dans dix, quinze ans...
        Cette demi-heure de soutien correspond aussi, rappelons-le à une déscolarisation massive sur l’année, pour les autres. Ou est l’égalité ? Principe répoublicain,non ?
        Ainsi, ce sont l’équivalent de soixante heures de programme qui partent en fumée !! Normal ?!!
        Et il ne faudrait rien dire ? Il faudrait se taire ?
        Par contre, je me permettrais de réagir par rapport aux commentaires peu flatteurs et désolants concernant l’intervention des membres du Rased.
        Les enseignants Rased ont un secteur délimité avec un nombre certain de classes ! trop même ! Et on veut les supprimer !! Bref...
        C’est à eux de s’organiser et de tourner dans les écoles pour aller soutenir les enseignants qui en expriment le besoin. Un enseignant qui vien voir un enfant une fois l’an...vous avez vu ça ou ?!!
        On dit qu’il y a des planqués dans l’EN...mais enfin, quand même !
        Dans l’école de mes enfants, le Rased est très présent et très actif. Il coopère avec l’équipe enseignante, et je sais même qu’il existe des projets d’école où le Rased est inclu .
        Et puis, il me semble que faire de ce personnel un personnel "volant"...ne sera pas forcément garant de résultats efficaces...Je ne sais pas. Je ne fais que proposer une opinion,
        Mais, des enseigants Rased, en poste sur un même secteur, peuvent suivre les enfants d’année en année et ont vraiment une connaissance fine de l’enfant, qu’il soit en Petite section, moyenne section, grande section...Un enseigant spécialisé qui suit ainsi un enfant est à même d’apporter une aide réelle à l’enseigant de l’année en cours, mais aussi à celui de l’année suivante.
        Alors que si on parachute un enseigant Rased comme ça, sur une école...il lui faudra le temps de connaître l’enfant...C’est un tout petit élément, j’en conviens, mais qui, je pense peut aussi avoir son importance en terme d’efficacité pédagogique pour l’équipe enseigante.
        Et je ne sais ce qu’en pensent les psychologues scolaires, mais...ils risquent d’être pas mal débordés !!
        Alors, après, ça fera des parents en colère parce que , à leurs yeux, l’offre ne répond pas àla demande ?
        Alors ;..soyons attentifs, et les yeux, c’est maintenant qu’il faut les ouvrir, après il sera trop tard...et je crains qu’il ne sois déjà trop tard !
        S’en prendre aux enfants, c’est s’en prendre à l’humain..., à l’humanité,à sa base....
        Il y a péril en la demeure.
        Soyons attentifs ! et réactifs si possibles, au lei de critiquer à tout va. C’est bien à nous, en tant que parents de s’occuper de l’avenir de nos enfants ? Ou doit-on accepter en courbant l’échine que les décisions viennent de là haut ?!!
        Une mère d’élèves...inquiète pour le présent, et l’avenir de tous nos enfants.....






        • Yohan Yohan 3 novembre 2008 17:51

          Dans ce pays, on passe son temps à faire de la godille sans jamais expliquer pourquoi l’on crée et pourquoi l’on supprime. Peut-être que le système RASED n’est pas bon, comment savoir ? Faudrait-il encore connaitre la vraie valeur ajoutée des RASED et faire un bilan qualitatif de leur apport. L’a-t-on fait seulement ?. 
          De toute façon, à force d’empiler, les couches du gâteau s’effondrent sur elles-mêmes


          • Pirate17 Pirate17 3 novembre 2008 18:25

            Il me semble que l’action des RASED fait l’objet de suivis et d’évaluations.

            1. Bilan qualitatif.

            Évaluation par le réseau des projets élaborés pour chaque élève.

            Évaluation par l’enseignant de sa classe de l’évolution de l’élève.

            1. Bilan quantitatif.

            Grille du suivi des élèves par école (qui  ? pour quoi ? par qui ? Combien de temps ?)

            1. Bilan général.

            Analyse du fonctionnement global du RASED par secteur et pour la circonscription : mise en relation des données en termes de demandes, besoins, réponses du RASED.

            Dysfonctionnement et difficultés pouvant amener à d’éventuels ajustements.

            Il serait bon qu’un instituteur E puisse nous éclairer sur ces bilans qui relèvent de l’académie.
            Ainsi l’académie de Bordeaux (les autres aussi, je suppose) procède à des réunions de régulation dont les comptes rendus sont visibles et téléchargeables sur la toile... (http://webetab.ac-bordeaux.fr/Primaire/64/oloron/olo/file/rased/regul/Cpte-rendu-reunion(7-2-05).pdf)

            Je présume que des synthèse des travaux de chaque académie doivent être effectuées au ministère... Ne croyez surtout pas que les enseignants travaillent à leur guise, quand bon leur chante et sans contrôles...


          • Flabelline 3 novembre 2008 18:55
            La pétition www.sauvonslesrased.org recueille à ce jour plus de 90 000 signataires. Si vous souhaitez la pérennité des RASED, vous pouvez nous aider à atteindre les 100 000 avant demain (vote du budget à l’Assemblée Nationale) en signant à votre tour et en diffusant largement le lien.
            Je suis une maîtresse E qui ne regarde pas ses horaires et qui fait le point très régulièrement avec les familles et les enseignants.


            • Frédo45 Frédo45 3 novembre 2008 21:06

              Ce qui est le plus navrant, c’est que l’on voit des hauts fonctionnaires confondre pédagogie différenciée, remédiation, personalisation et individualisations. Le soutien scolaire est une remédiation : on revient sur ce qui a été vu en classe et non acquis. Les RASED travaillent sur les méthodes qu’utilise l’enfant pour acquérir un savoir. Ca n’a rien à voir. C’est effrayant de voir que nos supérieurs hiérarchiques sont aussi ignorants sur le sujet...


              • tiptop 21 novembre 2008 13:13

                Depuis un an, l’école est sens dessus dessous. Chaque jour l’accumulation de réformes peu ou mal appliquées fragilise l’édifice. Les enseignants sont sommés parfois de manière extrêmement brutale de marcher au pas. Beaucoup aujourd’hui se posent la question : est-ce l’éducation nationale en tant que service publique qui est visée ? Discours de militants ou d’ultra gauche comme voudrait le faire croire le gouvernement (voir la lettre de Devedjian adressée aux militants UMP) ? Pas si simple. La protestation dépasse largement les opposants naturels de M. Darcos.

                 
                Partout des appels à la désobéissance pédagogique se multiplient. Des motions circulent demandant la suspension de l’aide personnalisée. 

                Alourdissement de la journée scolaire.
                 
                Je suis professeur des écoles en REP depuis 15 ans. Arrivé à 7h30, sorti à 17h 30 je travaille 10 heures par jour les lundi mardi jeudi vendredi. Peu de pauses. Corrections, préparations, concertations diverses et réunions rendent extrêmement denses les journées. Je ne me plains pas. Le hic est que ces journées de dingues sont aussi celles des enfants. Jusqu’à 10 h de présence à l’école et 7h 40 d’activités encadrés pour certains !! Sans même parler des devoirs le soir ! Je suis prêt avec beaucoup de mes collègues à réduire mes vacances, travailler le mercredi matin pour faire bénéficier à nos enfants , comme dans de nombreux pays, des journées allégées 8h- 15h, les municipalités prenant le relais par la suite. On en est très loin.
                 
                Le rythme des enfants est le cadet des soucis d’un ministre affairé à vendre son « aide personnalisée » et ses stages pour mieux faire passer la suppression des autres dispositifs d’aides. Depuis des années, nous marchons sur la tête en terme de rythme scolaire. Les rapports des chronobiologistes, les enquêtes PISA qui dénoncent le niveau de stress chez les élèves français, prennent la poussière. Un CP travaille autant d’heures qu’un lycéen !
                 
                Suppression de postes à tous les étages
                 
                Dans notre établissement, cette année nous avons perdu nos EVS après notre aide éducatrice. Conséquence : les activités en demi-classe (précieuses pour gérer la difficulté scolaire et mener à bien certains projets) ne sont plus assurées. Les remplaçants se font rares. Une institutrice de l’ école voisine n’a pas été remplacée pendant 15 jours. Pire, l’éducation nationale a l’intention désormais de demander aux municipalités de remplacer au pied levé (Source : le délégué à l’éducation de ma commune). Avec du personnel non qualifié cela va sans dire…
                 
                11 000 postes en 2008… Voilà le principal objectif affiché par le ministre de l’éducation nationale, le fil rouge de sa politique. Le « toujours plus » ne garantit pas l’amélioration des résultats nous assène-t-il. Oui, des moyens pour l’éducation nationale, c’est ce qu’on appelle en bonne logique une condition nécessaire mais pas suffisante…Il faut aussi des réformes structurelles et des pratiques pédagogiques adaptées. Mais alors il faut en déduire que le « toujours moins » à l’œuvre ne peut produire que le pire, surtout avec un tel niveau de désorganisation actuel. Darcos parie-t-il sur le pourrissement de la situation ? Qu’il se rassure, il est à l’œuvre…
                 
                Suppression de l’aide spécialisée (Rased)
                 
                J’ai dans ma classe 3 enfants du voyage en grande difficulté, deux ENAFs (élèves non francophones) deux élèves diagnostiqués hyperactifs, deux dyslexiques, et deux posant de graves problèmes de comportement. C’est la réalité d’une classe en REP aujourd’hui. Plus que jamais nous avons besoin de poser les bons diagnostics pour proposer des aides adaptées mais cela ne peut se faire qu’en équipe. Supprimer le RASED reviendrait à faire reposer toute la charge sur le seul instituteur. 
                 
                L’aide personnalisée est en train de se mettre en place au prix au prix d’une surchauffe sans précédent dans les familles, les écoles et les municipalités… Quid des enfants dont le dispositif d’aide n’est pas pertinent et qui ont besoin d’une aide plus spécialisée ? 2000 postes RASED vont être supprimés dès la rentrée 2009.
                 
                Flicage des profs dans la blogosphère et les forums.
                 
                Internet est le seul espace où nous pouvons encore nous exprimer et être entendu. Dans les grands médias la cause est déjà entendue ; les journalistes du PAF ne font le plus souvent, à de rares exceptions près, que la communication du gouvernement. Avez vous déjà vu au JT un enseignant en grève s’exprimer plus de 10 secondes ? Les grands médias se fourvoient dans des faux débats (faut-il revenir à l’école d’autrefois) et présentent l’école d’aujourd’hui de façon souvent caricaturale. Certains éditorialistes (comme Natacha Polony. Marianne n’est pourtant pas un journal qui peut être soupçonné de Sarkozysme) défendent les thèses populistes des Brighelli et consorts et font parti de lobbies (« sauvons les lettres ») à l’origine des nouveaux programmes.
                 
                Cette décision de confier à une entreprise privée le flicage des profs sur le net est d’une violence inouïe. Darcos prétend "anticiper et évaluer les risques de contagion et de crise". Personne n’est dupe, un enseignant auteur d’un blog contestataire s’est déjà vu attribué un blâme. On s’attaque à la liberté d’expression. Dans quelle démocratie vivons nous ?
                 
                Rémunération à la prime
                 
                Enseignant de Cm2, je vais toucher une prime de 400€ pour faire passer les évaluations nationales en Janvier. Mes collègues sont super contents pour moi. Eux ne toucheront pas un centime et passeront plus de temps à préparer eux-mêmes leurs évaluations…Et bonjour la zizanie lors de l’attribution des classes à la prochaine rentrée !
                 
                Les nouveaux professeurs des écoles ont paraît-il touché une prime de 1500€. Je suis content pour eux. Ce ne les empêchera pas de se retrouver dans les quartiers les plus difficiles sans y être préparé (voir Formation professionnelle). Ils vont pouvoir se payer des vacances.
                 
                Diviser pour mieux régner ? Une vieille stratégie de guerre du maréchal Lyautey.
                 
                 On prépare les enseignants à la rémunération au mérite. Sur le principe, pourquoi pas ? Mais comment évaluer les profs de façon équitable ? Temps de travail (investissement dans des projets) , qualité de l’enseignement, résultats des élèves ? Quel que soit l’angle choisi (Darcos a choisi le troisième) l’équation est d’une complexité inouïe. Nous travaillons sur de l’humain, les enfants ne sont pas des machines à apprendre. L’humilité est de mise dans ce dur métier où quoi qu’on dise les réussites et les échecs de nos élèves ne dépendent que pour une part de notre action. « Il y a trois métiers impossibles : celui de parents, d’enseignants, et de politiques ». Cette phrase de Freud devrait inquiéter Darcos, il cumule les trois…
                 
                Evaluation nationale bilan et non plus diagnostic.
                 
                Avant l’ère Darkos, nous faisions passer des évaluations nationales diagnostics. Dès septembre, nous avions des données précises sur les points faibles et points forts de nos élèves que nous pouvions exploiter en équipe et communiquer ensuite aux parents.
                 
                Aujourd’hui, on change radicalement de logique. Il ne s’agit plus d’outiller les enseignants pour gérer la difficulté scolaire car en janvier les dés sont jetés depuis longtemps. On met les écoles en concurrence puisque les résultats globaux de chaque école seront accessibles par le bouche à oreille. Cela participe à l’actuel démantèlement de la carte scolaire.
                 
                Assouplissement de la carte scolaire :
                 
                Les exemples en Europe sont nombreux et les effets convergents. Une fois la digue rompue (elle était déjà fissurée de part en part), la nécessaire mixité sociale prend l’eau et des écoles dans certains quartiers se ghettoïsent.
                L’escroquerie consiste à dire que ce sont les parents qui choisissent. Les chefs d’établissement qui croulent sous les demandes d’inscriptions et les dérogations savent qu’il n’en est rien. Ce seront toujours les mêmes qui iront dans les établissement de leur choix.
                 
                Nouveaux programmes. Tromperie au sujet des évaluations internationales PISA
                 
                « Les connaissances et capacités s’acquièrent par l’entraînement » Cette phrase sentencieuse répétée à longueur de programme est un non sens pédagogique dénoncé par tous les professionnels. L’entraînement n’est qu’une étape dans le processus d’apprentissage. Le comble est que les petits français, si on en croit les résultats PISA, sont plutôt performants pour résoudre des exercices mécaniques. En revanche ils manquent d’imagination, d’initiative face à la résolution de problèmes.
                 
                C’est dire si on fait fausse route avec des programmes plus lourds (introduction de l’histoire de l’art, réduction de 108 heures) et centrés sur l’accumulation mécanique de savoirs. Ils sont, contrairement à la propagande officielle, moins ambitieux et décentrés par rapport au fondamentaux. (je suis d’accord sur ce point avec Luc Ferry et Jack Lang). Ils induisent une pédagogie purement transmissive qui ne répond en rien à la difficulté scolaire. Si ce catalogue indigeste est réellement appliqués (rassurez vous les enseignants font encore preuve de bon sens !), la liberté pédagogique est un leurre. Mais alors que faire de programmes inapplicables ?
                 
                Mais la véritable escroquerie est plutôt dans l’interprétation des données PISA par le ministre. Il prétend que les résultats désastreux de la France en matière d’éducation justifie l’abandon des programmes de 2002. Tout d’abord la France se situe dans la moyenne des pays de l’OCDE. Ce n’est certes pas glorieux mais ce n’est pas non plus la Berezina annoncée. De plus cette évaluation internationale se fait par tranche d’âge (15 ans) donc il faudrait attendre au moins 2012 pour commencer à avoir du recul sur les programmes 2002.
                 
                Précisons que ces derniers faisaient l’objet d’un large consensus au sein de la communauté éducative. Les nouveaux programmes nous ont été présentés en mai 2008 lors d’une « consultation » grotesque (« Trouvez vous les programmes lisibles ? »). Les éditeurs, eux, n’ont pas attendu et nous avaient déjà proposé des manuels révisés 2008 ! Devant la gronde généralisée, le ministre en a retiré les aspects les plus grotesques. Mais l’esprit a été conservé.
                 
                Réforme de l’inspection.
                 
                Fini l’inspection des pratiques pédagogiques. Désormais ce sont les inspecteurs qui prendront la classe pendant une heure avec l’instit comme spectateur ! Objectif : vérifier l ‘acquisition des connaissances. On imagine la tête d’Amandine ou de Mouloud si on leur demande hors de tout contexte de réciter le passé antérieur ou de montrer qu’ils maîtrisent la règle de trois ! Bonjour le ridicule. Ce scénario surréaliste a été présenté aux inspecteurs lors d’une réunion académique particulièrement houleuse. Je plains ces derniers, leur métier, déjà extrêmement difficile, va devenir impossible.
                 
                Fin programmée de l’école maternelle ?
                 
                Plusieurs éléments convergents sont sur ce site : http://asso.nordnet.fr/ecole.et.territoire/fin%20de%20la%20maternelle.html
                 
                Si Xavier Darcos ne veut pas être surnommé « le ministre de la sieste et des couches culottes », qu’il mette le paquet sur la maternelle au lieu de mettre les maternelles en paquet de 30 (rapport du HCE 2007) !
                 
                Réforme des IUFM : fin de la formation professionnelle
                 
                Tout est cohérent : les nouveaux programmes étant essentiellement fondés sur la transmission, il suffit de recruter des professeurs des écoles à bac +5
                 
                La deuxième année d’IUFM consacrée à la professionnalisation des professeurs est supprimée. Les étudiants ayant décroché leur concours seront affectés directement dans les classes avec pour seule formation une sorte de tutorat assurée par un conseiller pédagogique. Cette réforme se base sur le principe que toute personne qui possède les compétences requises est à même de les transmettre !
                On imagine les dégâts à venir. 
                 
                Mépris des enseignants
                 
                C’est certainement la raison qui fait de Darcos le ministre de l’éducation le plus impopulaire de la 5ème république parmi les professeurs. Les exemples sont trop nombreux pour être cité ici. Le clip où il se demande s’il faut bac +5 pour changer les couches en maternelle nous a fait rire jaune. Voilà un ministre qui ignore que les enfants sont accueillis propres.
                 
                Ce mépris, nous lui rendons bien.

                 

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