Pôle emploi, un fiasco (?)
Où vont se nicher l’hypocrisie et l’incurie ?
Monsieur Habib H. est inscrit comme demandeur d’emploi depuis février 2009. Trois mois plus tard, il reçoit une lettre de Pôle emploi, laquelle précise en objet : Convocation au premier entretien de suivi de votre projet personnalisé d’accès à l’emploi.
But de la missive, prévenir cet allocataire qu’il va désormais bénéficier d’un suivi mensuel personnalisé avec un conseiller de l’agence.
Dans le courrier en question, il est indiqué que l’objectif de ces rencontres sera d’analyser le marché du travail de l’heureux bénéficiaire, les offres d’emploi disponibles et de définir les prochaines étapes de son projet personnalisé d’accès à l’emploi.
Sur la lettre que l’on devine type, un méchant coup de feutre masque ce qui semble être une proposition de rendez-vous.
En ajustant ses lunettes, monsieur Habib H. croit distinguer sous le trait de feutre noir la phrase suivante : "Dans cette perspective, vous avez rendez-vous avec... Mlle Sandra V, le 24 mai entre 14H00 et 16H00, à l’adresse suivante". ................................... (pas d’adresse)
Suit la mention déconcertante : NE VOUS DEPLACEZ PAS MAIS RENVOYEZ LE QUESTIONNAIRE AVANT LE 22 MAI 75O12 PARIS
En matière de clarté et de cohérence, difficile de faire pire.
En fait de convocation pour un premier entretien de suivi du projet personnalisé d’accès à l’emploi, la missive laisse comprendre que l’on va "caviarder" l’affaire entre gens éclairés sur les carences de l’agence en matière de personnel.
Comble d’hypocrisie ou de sénilité administrative (ce qui est inquiétant pour la toute jeune fusionnée) la lettre poursuit sans vergogne : " Afin de tirer profit de cette rencontre, je vous invite à apporter votre curriculum vitae (CV) à jour, ainsi que tout élément permettant d’attester de vos recherches d’emploi".
Double hypocrisie, puisque monsieur Habib H. n’aura guère la possibilité de produire les pièces requises pour un entretien de suivi qui de toute façon ne lui est pas proposé. De plus, s’il avait eu cette chance, la tournure du texte laissait augurer d’un contrôle en bonne forme, plus qu’un entretien formel de conseil et d’accompagnement à l’emploi.
Sur ce, Monsieur Habib H.. reçoit un mois plus tard une nouvelle missive de l’agence qui l’invite fermement à se rendre au cabinet G... en vue de son entrée dans une prestation d’accompagnement, baptisée "CIBLE".
Il est clair qu’en l’absence de tout entretien initial de diagnostic de sa situation personnelle, la boule de cristal de l’agence semble avoir fait merveille, puisque l’on a détecté pour Monsieur Habib H., très autonome au demeurant, le besoin urgent, mais néanmoins tardif, d’un accompagnement personnalisé à l’emploi.
Le ton de la lettre est assez ferme pour ne pas chercher à jouer au plus fin. Aussi, notre allocataire se rendra à la convocation, à l’heure indiquée.
Curieux, le consultant du cabinet G tombe sur la vraie/fausse première convocation et, profitant des informations figurant sur le contrat d’accompagnement extrait d’une base de données mise à sa disposition par l’agence, il décide de contacter la correspondante attitrée de son client du jour, dont les coordonnées téléphoniques (un numéro à huit chiffres) figurent sur ledit contrat d’accompagnement.
En guise de numéro à huit chiffres, il est invité par un automate à composer le fameux numéro 3949, le nouvel instrument de torture mis au point par l’agence pour dissuader les importuns.
Huit minutes plus tard, après avoir bataillé avec l’automate de service, une voix humaine décroche enfin...
- Allo !...
- Puis-je parler à Mlle Sandra V.... ?
- (un long blanc) Vous demandez qui (un autre blanc)... qui, avez vous dit ?
- Je suis un partenaire prestataire de l’agence et je désire contacter Mlle Sandra V. relativement à un allocataire qui m’a été adressé par votre antenne pour la prestation CIBLE.
- Euh !!! (un blanc encore), de toute façon, je ne peux pas vous la passer, il faut lui adresser un mail, oui un mail...
Sur ce, notre standardiste "humaine" s’est vite empressée de raccrocher sans se donner la peine de préciser l’adresse mail de la fameuse Sandra.
Mais surtout, notre consultant a la nette impression que la personne en question est inconnue à l’agence et qu’en trouvant un moyen de lui faire parvenir un mail à la bonne adresse, il s’attend à recevoir, au mieux une réponse évasive, et plus sûrement aucune suite, nada donc...
Voilà qui illustre, une fois de plus, l’incapacité chronique de l’agence de se montrer rapidement à la hauteur des ambitions de son ministère.
Pour l’heure, il semble bien que la fusion soit un véritable fiasco.
Non seulement, l’agence se trouve visiblement dans l’incapacité de faire face à ses obligations, mais pire, elle tente maintenant de s’y dérober, quitte à prendre ses partenaires et ses clients pour des imbéciles.
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