Pour une politique progressiste, il faut sortir de l’UE et de l’euro
Le week-end dernier, à l'occasion du congrès du parti de gauche, un de ses dirigeants en dénonçant le "coup d'état financier" conduit par l'UE à Chypre pointait à raison la responsabilité totale du ministre des finances du gouvernement français et le fait que le PS fasse le choix de servir la classe dominante plutôt que de répondre aux aspirations du peuple que l'a élue.
Mélenchon, porte parole éminent du Front de Gauche enfonçait le clou en déclarant que ce Moscovici" ne pensait plus en Français mais avec la langue de la finance", ajoutant également que "entre la souveraineté du peuple" et l'euro, il "choisit la souveraineté du peuple". Cela tranche avec les déclarations habituelles du FdG affirmant en dépit du bon sens que "l'euro est notre monnaie" ou déclinant à tout les modes l'appel à un changement vers "une autre europe" alors que l'ensemble de la construction européenne depuis le traité de Rome démontre l'impossibilité de changer la destination de cet outil construit dès l'origine pour servir les marchés, et faire respecter la concurrence libre et non faussée.
Un récent article de J Sapir, économiste progressiste reconnu, proche du Front de Gauche réaffirme des éléments d'analyse économique mais aussi politique intéressants démontrant la position intenable du Front de Gauche sur la question européenne.
http://russeurope.hypotheses.org/1102
Notamment, Sapir y critique les rodomontades d'un Mélenchon qui - pour ne pas égratigner ni son rêve fédéraliste européen sans doute issu de son idéalisme trotskysant de sa jeunesse, ni la position d'un appareil du PC tenant à toute force aux subsides du PGE (au point de régner la faucille et le marteau pour le symbole du PGE) et de ses alliances avec un exécutif PS même totalement discrédité - préfère désigner l'allemagne comme responsable que de constater que c'est bien la construction européenne et l'euro qui empêche une politique progressiste en France.
"Pourquoi prétendre donc qu’il existe un « plan de Mme Merkel » en réalité inexistant (du moins sous cette forme et avec ce contenu) ? Essentiellement pour cristalliser une opinion française, aujourd’hui plutôt anti-allemande (et non sans quelques bonnes raisons) et présenter une position qui revient en fait à accepter les conditions de l’Allemagne comme constituant une résistance à cette dernière. Par une présentation d’un plan imaginaire, Jean-Luc Mélenchon peut ainsi se draper dans une posture avantageuse qui masque une position largement incohérente. Il propose tout une série de mesures qui sont strictement incompatibles avec l’existence même d’une monnaie unique." [Sapir - Mélenchon : l'Euro et l'outrance 29 mars 2013]
Face à un Cahuzac fier d'affirmer que son camps avait fait le choix de se trouver face à la barricade où s'affronte d'un coté les peuples travailleurs, de l'autre les marchés (euphémisme désignant les capitalistes), le revendiquant en niant la lutte des classes, Mélenchon revendiquait à raison la défense des travailleurs en dénonçant la politique d'austérité au service des capitalistes de Cahandréou et Hollandréou.
L'alternative progressiste qu'appelle le FdG à travers un programme au service des travailleurs a su réunir les bases traditionnelles de l'électorat de la gauche il n'a pu convaincre plus largement, à cause du vote utile, mais aussi à cause de la captation d'une partie de l'électorat populaire par un FN se posant en seul recours pour défendre le pays face à l'Europe et la mondialisation. On sait bien que la discours anti-mondialisation du FN n'est que de façade et quiconque gratte un peu retrouve rapidement les antiennes libérales et propatronales de toujours de ce parti financé des son origine par la classe dominante(discours anti syndical et corporatiste, volonté de baisser les salaires, soumissions à l'Allemagne). Néanmoins, il est patent que ce parti, ultime recours de la classe capitaliste pour conserver sa domination sur les travailleurs, peut surfer seul et sans trop de contradiction sur la dénonciation des méfaits de l'UE et de l'euro, méfaits suscitant un large rejet de l'UE et de l'Euro par nos concitoyens.
Ce programme résolument progressiste n'a donc su convaincre car il porte en lui la contradiction entre une politique certes souhaitable mais absolument inapplicable dans le cadre contraint d'une UE et d'une BCE imposant par construction et de façon totalitaire la primauté des intérêts des capitalistes.
C'est bien pourquoi cela fait longtemps, par exemple lors des dernières élections, qu'à gauche, certains interpellent le FdG et son candidat.
Tel le PRCF à travers une lettre, par exemple : http://www.initiative-communiste.fr/wordpress/?p=10476
Comme d’autres forces politiques progressistes, nous pensons au contraire que l’UE est intrinsèquement une construction du capital, que l’Euro est l’axe structurant de cette politique de guerre au monde du travail et aux nations constituées. Nous jugeons donc impossible une orientation progressiste de l’UE : on ne transforme pas un crocodile en doux végétarien. Rappelons que 80% de la classe ouvrière, selon les derniers sondages, partage notre constat et plus largement les couches populaires de façon majoritaire.
Bien entendu il ne s’agit pas simplement de constater la divergence mais d’étudier la manière de la surmonter de façon dynamique, dans une perspective qui nous serait éventuellement commune, et cela dans une situation où notre pays vit sa crise existentielle la plus grave depuis 1940, ce qui appelle à des efforts unitaires de tous les patriotes progressistes. Et cela d’autant plus qu’il serait gravissime d’abandonner au FN le combat contre l’euro : ce combat, à la fois national et social, fut en effet au cœur de la campagne du PCF de G. Marchais et de la CGT d’Henri Krasucki pour le « non » à Maastricht, qui impliquait le « non » à la monnaie unique.
C’est pourquoi nous souhaitons vous interpeller sur une question cruciale.
Si une fois élu président, vous constatiez, – ce qui nous parait inéluctable au vu des rapports des forces en Europe et en Allemagne -, que vos propositions pour transformer l’UE se heurtent au refus des autres gouvernements de l’UE (menaces et sanctions financières à l’appui),
quelle serait votre attitude ?
Vous soumettre en attendant des jours meilleurs comme l’a fait Jospin en 1997 ? Ou bien vous battre frontalement pour dégager notre pays de l’étau qui paralyse toute alternative progressiste, y compris jusqu’à la sortie unilatérale de l’euro et à la rupture totale avec l’Europe supranationale du grand capital ? Le vote de millions de citoyens dépend en réalité de la levée de toute ambiguïté sur cette question. [Lettre du PRCF au citoyen Mélenchon 10 février 2012 ]
Les déclarations de ce WE pourraient être un début de réponse à cette lettre qui n'avait alors suscité qu'un étonnant silence de la part du FdG.
Il est urgent que les organisations politiques de gauche, au service de la classe des travailleurs adoptent une réelle position de classe face à la construction européenne et à l'euro, et en défendant la souveraineté de la Nation permettent au peuple de recouvrer sa souveraineté et ainsi de pouvoir initier une large contre offensive face à la violente guerre de classe que conduit la classe capitaliste utilisant ses armes de destructions massives que son la construction européenne, la troïka, le FMI mais aussi le démantèlement des États à par une balkanisation rampante (décentralisation acte 3, création d'euro région telle le référendum en Alsace) ou l'exacerbation des indépendantisme (catalogne, flandre, italie du nord, etc.) qui divise les travailleurs. Il faut reconnaître que certaines organisations - tel le PRCF - défendent de telles positions depuis longtemps, dénonçant la construction européenne et l'euro , combattant pour la souveraineté de la Nation et portant une politique progressiste et patriotique d'alliance populaire pour un nouveau CNR. Cela s'est traduit par exemple par un appel commun pour un nouveau CNR, "Pour que reviennent les jours heureux" par le M'PEP, le PRCF, les CPF :
http://lepcf.fr/appel-commun-pour-un-nouveau-CNR-M
Cette article de J Sapir, et l'analyse qu'il y développe vient confirmer la pertinence de l'analyse portée par des organisations telles que le PRCF ou le MPEP de ce que sont l'UE et l'Euro et la légitimité de l'interpellation critique à l'égard des militants du FdG qui en tant que première organisation de gauche, et à ce titre portant l'essentiel de la responsabilité d'être à la hauteur de la défense des intérêt du peuple et du combat contre le fascisme dont l'histoire nous apprend qu'il sera l'ultime recours une fois que les organisations politiques traditionnelles au service de la classe dominante (PS, UMP, EELV, MODEM...) seront définitivement discréditées. Ces militants doivent entendre cette critique et y répondre rapidement, car l'actuelle position du FdG désarme les travailleurs et renforce le FN.
Citons à nouveau J Sapir :
La position de Jean-Luc Mélenchon, et hélas à travers lui celle du Parti de Gauche, est ainsi une double erreur, à la fois stratégique et tactique.
C’est une erreur stratégique à deux niveaux. D’une part parce qu’elle désarme les Français dans la lutte contre l’austérité et la politique de dévaluation interne que même actuellement le gouvernement avec l’appui du MEDEF. À chaque fois que l’on avance que cette politique est un désastre annoncé, on nous répond qu’elle est nécessaire compte tenu de nos « engagements européens », c’est-à-dire de l’Euro. D’autre part parce que cette le discours de Jean-Luc Mélenchon ne voit pas que le plus grand danger aujourd’hui en Europe vient justement de l’existence de l’Euro qui pousse les pays à s’affronter [...] En fait, sous le masque d’un « internationalisme » de façade, la politique de Jean-Luc Mélenchon va faire le lit des pires replis nationalistes.
C’est une erreur tactique ensuite. Elle rend inaudible le Front de Gauche et en son sein le Parti de Gauche. Elle le condamne à végéter électoralement. Elle pousse alors à une surenchère, soit verbale [...] soit politique qui est une impasse. Il y a à gauche un débat qui s’est amorcé sur l’Euro, et qui touche à la fois le Parti Socialiste, où les doutes se font jour dans certains secteurs, mais encore la gauche « hors-parti » (on le voit dans un mouvement comme le M’PEP ) 1 et aussi le Front de Gauche. Ce débat dépasse par ailleurs largement ce que l’on nomme la gauche. Si le Parti de Gauche et Jean-Luc Mélenchon avaient adopté une attitude cohérente sur la question de l’Euro en proposant des voies de sortie qui ne soient pas purement propagandistes et en proposant des formes de maintien d’une coordination minimale entre les nations, une fois dissoute la zone Euro, ils auraient gagné une crédibilité importante qui leur permettrait d’être l’un des pôles de recomposition de la vie politique française. Faute de l’avoir fait, ils se condamnent à n’être que les spectateurs de cette crise au lieu d’en être les acteurs. Il faut à cet égard méditer sur l’élection législative partielle de l’Oise qui a vu la candidate du Front National arriver à plus de 48%. On estime que plus de 40% des votes des électeurs du Parti Socialiste se sont reportés sur elle. C’est une leçon qu’il convient de méditer. [Sapir - Mélenchon : l'Euro et l'outrance 29 mars 2013]
[1] [ cote à cote avec le PRCF ajoutons nous ]
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