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Accueil du site > Tribune Libre > Pourquoi la solution fédéraliste à la sortie de crise de l’euro est (...)

Pourquoi la solution fédéraliste à la sortie de crise de l’euro est politiquement irréalisable

     Dans le monde idéalisé de l'européiste de base, le fédéralisme est une impérieuse nécessité pour satisfaire cette nouvelle religion qu'est l'Union Européenne, incarnée par un dieu jaloux : l'euro, qu'il faut sauver par des rituels et sacrifices des économies des pays fidèles.

Cependant, cette douce utopie ne résiste pas à la réalité. 

La théorie économique démontre pourquoi la zone euro n'est pas une zone monétaire optimale. Les travaux de R.Mundell (pourtant partisan de l'Union Economique Monétaire) montrent qu'une ZMO (zone monétaire optimale) nécessite que les chocs asymétriques (un pays en crise …) soient compensés notamment par des transferts budgétaires, une fluidité du marché du travail (mobilité des facteurs de production) permettant une circulation des travailleurs. 

Or, une analyse empirique simple démontre que ces mécanismes d'ajustement n'existent pas. La zone euro se caractérise par son hétérogénéité, qui constitue son vice originel1

 

Ainsi, trois solutions se dessinent pour la zone euro2

 

  • Ou bien les pays périphériques en crise acceptent un appauvrissement de leur économie, le siphonnage de leurs capacité de production et de leur industrie par les pays du nord (cf graphique 1), et leur conversion en une économie de service en emplois faiblement rémunérateur et aux faibles gains de productivité.

  • Ou bien, ils en tirent les conséquences en sortant de l'euro.

 

  • Ou bien les pays du nord acceptent un fédéralisme budgétaire.

 

Cependant, derrière le mot « fédéralisme », asséné avec une joie non dissimulée par les partisans de l'UE fédérale, se cache une plus froide réalité : son coût prohibitif.

 

Le Coût du fédéralisme 

      En effet, deux estimations viennent corroborer ces propos. Tout d'abord celle de Natixis3 réalisée sous la direction de P. Artus en prenant en considération les coûts que représenteraient les transferts budgétaires vers les pays du sud (Espagne, Portugal, Grèce …), pour subventionner une baisse des cotisations, la création d'emplois industriels au détriment des pays du nord (le jeu étant à somme nulle), une amélioration de leur système éducatif etc...

On voit mal un pays accepter une diminution de sa base industrielle pour satisfaire les intérêts de son voisin.... Le chiffre trouvé par Natixis s'élève à 12% du PIB, essentiellement payé par l'Allemagne (par une augmentation de sa pression fiscale de 12 points de PIB par exemple !). Autant dire que ce qu'elle n'a pas accepté pour l'ex-RDA, elle ne le fera pas pour la Grèce !

Une autre estimation réalisée par J.Sapir porte le montant des transferts à 8% du PIB pour l'Allemagne (qui assurerait 90% des transferts)4

 
Ce qui existe actuellement, le MES ( cf encadré), est totalement insuffisant, puisqu'il n'est une assurance que pour les problèmes financiers des Etats, et non contre les divergences des économies réelles. De plus, son montant théorique total n'est pas non plus suffisant (700 milliards d'euros) et les conditions de sa mise en œuvre (l'obligation d'autorisation par le Bundestag pour un engagement supérieur à 190 milliards...).

 L'union des transferts est par ailleurs inenvisageable pour les pays du sud puisqu'il signifierait une perte encore plus importante de leur souveraineté budgétaire.

 Le fédéralisme paraît donc être un vœu pieux alors même que le budget européen pour les années 2014-2020 est en baisse, et que les pays les plus « performants » comme l'Allemagne se détourne vers des zones à plus fortes croissances, comme la Pologne, la Russie, la Chine5…(cf graphique 2) témoignant d'une politique de cavalier solitaire (« beggar thy neighbour »).

 

Allemagne importations

 

Enfin, il est politiquement irréalisable étant donné les différences de visions politiques entre les pays qui souhaitent une diminution de la pression fiscale et des dépenses publiques et sociales et les autres qui souhaitent conserver un haut niveau de protection sociale.

 Bref, des trois solutions envisageables à la crise de l'euro, seule sa dissolution semble réaliste.

 

MES

 

1Zone euro : l’erreur de conception est l’oubli de l’hétérogénéité structurelle ; elle peut conduire à l’éclatement de l’euro, FLASH ECONOMIQUE NATIXIS, 18 Avril 2012 – N°. 288.

2Trois possibilités seulement pour la zone euro, FLASH ECONOMIQUE NATIXIS, 25 octobre 2012 – N°. 729

3« La solidarité avec les autres pays de la zone euro est-elle incompatible avec la stratégie fondamentale de l’Allemagne : rester compétitive au niveau mondial ? La réponse est oui », NATIXIS, Flash-Économie, n°508

4J.Sapir, Le coût du fédéralisme dans la zone Euro. http://russeurope.hypotheses.org/453

5L’UE, plateforme de production de l’économie allemande, Xerfi-Synthèse n°1 — juin 2013 http://www.xerfi.com/xerficanal/PDF/Xerfi-synthese-1.pdf

 


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8 réactions à cet article    


  • Robert GIL ROBERT GIL 23 janvier 2014 15:18

    Jusqu’à maintenant, l’Europe s’est construite contre les peuples et sans eux. C’est un montage bricolé pour la libre circulation de la finance et des capitaux. Ce sont les partis politiques au pouvoir qui ont ourdi un tel projet.......... ;

    voir : L’EUROPE EST ENCORE A INVENTER…


    • colza 23 janvier 2014 17:27

      La question est : Qu’aurait connu de pire la Grèce si elle était sortie de l’Euro dès le début de sa crise ?


      • izarn izarn 24 janvier 2014 12:14

        Rien de pire : la Grece aurait chuté c’est sur, mais se serait redressée et aurait une croissance positive. Mais ilfallait que la Grce reste dans l’Euro : Un défaut de sa dette mettait en danger des banques qui detiennent la dette grecque (Ex : Chypre...) De plus idéologiquement, cela mettait en danger le dogme de la monnaie unique.

        Si la Grece s’en était sortie, vous vous rendez compte des dégas idéologiques ?
        Donc la Grece ne doit pas se redresser. Pour ces gens c’est inacceptable. Donc on peut dire que tout a été fait pour punir la Grece. Et non pas l’aider. La Grece c’est la menace destinée à nous faire peur.

      • Xenozoid 24 janvier 2014 12:19

        et testé la résistance
        sans sortir de l’otan pas de solution(s) pour la gréce de toute facon

        kalispera


      • alteréconomie alteréconomie 24 janvier 2014 17:17

        Elle aurait sans doute chuté pour 1 ou 2 ans puis serait repartie, comme l’Argentine : https://pbs.twimg.com/media/Bd8dTYMCEAAVHy-.png


      • christophe nicolas christophe nicolas 23 janvier 2014 19:25

        L’Europe doit rester sous les nations. Son but doit être le respect les équilibres des balances commerciales de chaque pays en minimisant les échanges. Point final et c’est déjà pas mal.


        • izarn izarn 24 janvier 2014 12:37

          La thése qui déclare que la Grece, avec ses politiciens pourris ont hyperendetté le pays est completement débile. Le Japon a 250% de dette. Les USA sont plus endettés que la Grece. Alors ?

          L’effondrement bancaire de 2008 a fragilisé ces pays, comme l’Irlande, le Portugal, l’Espagne. Or les banques c’est la finance privée. Que l’Etat ai exageré oui, mais ce n’est pas l’origine de la débacle. Dans un pays libre de sa monnaie on soutient les banques par la planche à billet, et la monnaie perd de sa valeur : Dévaluation. 
          C’est bien l’euro qui est la perte de la Grece, de façon incontestable. L’erreur de ces pays est d’etre entré dans l’euro par facilité. Quand tu as une monnaie faible on te prete moins qu’avec une monnaie forte, mais tu détruits ta compétitivité, et quand ça val mal ta dette explose. C’est l’effet de levier. Quand ça va bien tu gagnes, mais quand ça va mal t’en prends plein la tronche...Alors l’Allemagne ? Mais l’euro est adapté à son économie, égoistement. Et elle donne des leçons de vertu ? Sans blagues ? L’idée qui voudrait que la Grece ai la meme économie que l’Allemagne n’a aucun sens. C’est pour cela que le concept de féderalisme n’a aucun sens économique. Sauf à d’énormes transferts de capitaux, gratuits, de l’Allemagne vers la Grece.
          Ce que fait la France vers ses DOM-TOM, ou la Corse. Ce que font les américains chez eux entre états fédéraux.
          Sauf que l’Allemagne veut le beurre et l’argent du beurre en nous faisant des leçons de bonne conduite : Ca n’a strictement plus aucun sens.



          • Aldous Aldous 24 janvier 2014 13:41

            C’est bien beau de rêver, mais cette fédération les peuples n’en veulent pas.


            Elle nous sera donc imposée par les européïstes qui croient avoir tous les droits.

            Et elle finira comme l’URSS.

            La seule question qui vaille est : combien de morts avant qu’on s’en débarasse.

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