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S. Freud, « Quelques types de caractère dégagés par la psychanalyse »

"Tous les parfums de l'Arabie n'adouciraient pas cette petite main." (Macbeth, Acte V, scène 1)

"Einige Charaktertypen aus der Psychoanalytischen Arbeit" (1916)

Paru dans la traduction Bonaparte-Marty sous le titre "Quelques types de caractère dégagés par la psychanalyse" et "Quelques types de caractère dégagés par le travail psychanalytique", dans la traduction de Bertrand Féron, dans L'inquiétante étrangeté et autres essais (Gallimard).

Freud s'interroge sur "l'inquiétante étrangeté" de certaines conduites : se considérer comme une exception et justifier - comme le personnage de Richard III dans le pièce éponyme de Shakespeare - le fait de tout se permettre, par des préjudices causés par la nature ou par la vie, échouer exprès pour éviter le succès, s'effondrer, comme la Lady Macbeth de Shakespeare, après avoir atteint le succès pour lequel on avait lutté avec une énergie imperturbable, se rendre coupable d'un délit pour se soulager d'un sentiment de culpabilité...

"Ainsi, la privation, la frustration d'une satisfaction réelle, devient la première condition de la constitution de la névrose, bien que n'étant pas la seule à beaucoup près (...) Le travail analytique nous montre aisément que ce sont des forces de la conscience morale, qui interdisent à la personne de retirer d'une modification réelle heureuse le profit longtemps espéré. Mais c'est une tâche difficile d'apprendre à reconnaître la nature et l'origine de ces tendances justicières et punitives que nous sommes souvent surpris de voir exister là où nous ne nous attendions pas à les trouver (pp.146 et 149)

Freud montre que la différence entre le personnage de Richard III et chacun d'entre nous réside dans le fait que nous avons généralement été obligés d'accepter la frustration de nos désirs par l'éducation morale : "Je revendique le droit d'être une exception, de passer sur les scrupules par lesquels d'autres se laissent arrêter. Il m'est permis de commettre même l'injustice car j'ai été victime de l'injustice (...) Richard est un agrandissement gigantesque de ce côté que nous trouvons également en nous." (p. 145)

A propos de Macbeth, Freud reprend la thèse de Ludwig Jekels selon qui Shakespeare aurait scindé un caractère en deux personnages "dont chacun paraît imparfaitement compréhensible aussi longtemps qu'on ne l'a pas réuni à l'autre pour reconstituer l'unité."

Freud explique que la pièce tourne autour de la notion de paternité inaccomplie et de stérilité féminine :

"Il est clair que Macbeth ne pouvant vivre lui-même éternellement, il n'y a pour lui qu'une voie pour infirmer la prophétie qui lui est contraire (les soeurs fatales ont annoncé à Macbeth qu'il deviendrait roi, mais à Banquo que ses enfants recevraient la couronne) : avoir lui-même des enfants qui puissent lui succéder. Il est non moins clair qu'une fois déçu dans cette attente, il doit se soumettre au destin ou bien alors ses actes manquent leur but et perdent leur sens, et se transforment en la rage aveugle de celui qui est condamné à disparaître, mais veut encore auparavant anéantir ce qu'il peut atteindre." (p. 153)

"Je crois qu'on comprendrait, sans chercher plus loin, la maladie de lady Macbeth, la transformation de son audace impie en remords, en y voyant une réaction à la stérilité qui la convainc de son impuissance face aux décrets de la nature et lui rappelle en même temps que c'est par sa propre faute que son crime perd la meilleure partie du bénéfice qu'elle en attend." (p. 155)

Le comportement d'Hamlet, ses atermoiements, sa lenteur à venger son père s'expliquerait de la même manière pour Freud par le frein de la culpabilité et non par l'indécision du caractère (Hamlet agit promptement dans d'autres circonstances) : Hamlet hésite à tuer Claudius (son beau-père) car ce dernier a accompli ce que lui, Hamlet a rêvé de faire : tuer son père et épouser sa mère. Le meurtre de son père par Claudius lui remet confusément en mémoire ce désir coupable. (Freud, "Le Moïse de Michel-Ange", L'inquiétante étrangeté et autres essais, p. 89)

Freud consacre également plusieurs pages à l'étude d'une pièce d'Ibsen :Rosmersholm et à l'analyse du caractère du personnage principal, Rebecca.

"Après ce long séjour dans la création littéraire, revenons maintenant à l'expérience des médecins. Mais seulement pour constater en peu de mots leur concordance totale. Le travail psychanalytique apprend que les forces de la conscience morale par lesquelles nous devenons malades du fait du succès, comme on le devient ordinairement du fait de la frustration, dépendent intimement, comme peut-être toute notre conscience de culpabilité, du complexe d'Oedipe, du rapport au père et à la mère." (p. 168)

La troisième partie de l'étude : "criminels par conscience de culpabilité" s'intéresse à "l'inquiétante étrangeté" des actes illicites commis pendant la période prépubertaire de "personnes par ailleurs honorables (vols, tromperies, incendies volontaires, etc.). Selon Freud, de tels actes sont commis avant tout parce qu'ils sont interdits et que leur accomplissement constitue pour leurs auteurs un soulagement psychique d'un sentiment de culpabilité qui leur préexiste : "Cet obscur sentiment de culpabilité provient du complexe d'Oedipe : il est une réaction aux deux grands desseins criminels, tuer son père et avoir des rapports sexuels avec sa mère. Comparés à ces deux grands desseins, les crimes commis pour obtenir une fixation du sentiment de culpabilité (sur des motifs forcément moins graves) sont assurément un soulagement pour l'homme tourmenté..."

L'article se termine sur une référence à Nietzsche : "Un ami m'a fait ultérieurement remarquer que le "criminel par sentiment de culpabilité" était également connu de Nietzsche. La prééxistence du sentiment de culpabilité et sa rationalisation par le recours à l'acte, transparaissent dans les discours de Zarathoustra "Du pâle criminel". On peut se demander, du reste, si Nietzsche n'a pas lui-même emprunté ce thème à Dostoïevski (Crime et Châtiment).


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17 réactions à cet article    


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 16 mars 2018 11:07

    Article intéressant mais qui ouvre tellement de voies de réflexions que je me limitérai à un exemple qui touche de nombreuse personnes : 

    Heureux au jeu, malheureux en amour."

    • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 16 mars 2018 11:10

      Par contre, je ne vois pas le lien entre le titre et le texte qui suit. Le caractère rélève des variantes de la personnalité et selon la typologie freudienne, des fixations des individus à certains stades ou fixations de leur développement : Anal (avare), oral (dépendant), urétral ou et phallique (arriviste, ambitueux).


      • Mal’ 16 mars 2018 11:22

        C’est intéressant quand on connaît Freud et les références, mais manquant peut-être de contextualisation, à commencer de but en blanc.


        • Jean Roque Jean Roque 16 mars 2018 12:15

          Tiens ?
          Le sectateur de Néné le chthonien mimétique est sorti de sa procrastination salubre ?
          Qui n’ a pas guari sa pléonexie virtuelle ?
          Le coryphée des rhapsodes tjrs ds dans son appétence KTOdique pégreleuse ? Le séditieux affalé dans son canapé Darty s’égruge encore et encore sur cette lumière d’aphasique, y implorant le salut platonicien de la caverne bréneuse des bobos Tavernes à coups d’épithalames sodomites freudiens ? Pourquoi l’atrabilaire diptère persiste à déféquer sur le proskénion des folliculaires gauchonnets d’interBEnet, expérissant encore piteusement de l’essenciellement inessentiel ? Tout palimpseste grattouillé puis copié/collé à l’ontique Big Merda, ne fait que boursoufler la substance cartésienne souillée par l’étendue de sanie, en cette ergastule des scloréo-handicapés gocho-le-collabos, tant polluée des séides troupeauïdals de la vénérienne déesse Journalope mondialiste, suce-nommée : « l’hétaïre gallo-mondaine des bobos soumis à leur insignifiant gland remplacement ».
           


          • Jean Roque Jean Roque 16 mars 2018 12:34

            BAC 2018 DE RAP GLOBISH,
             
            Qq questions de l’option ‘français langue morte’ :
             
            1) Suivant l’école française de la perception nocturne (Bergson), le café est fondateur des institutions sacrées de toute horde de pithécanthropes (bonobobos de goche). Pourquoi ? (2pts)
             
            2) Quelle est l’énergeia du clavier de l’auteur ? (1 pts seulement, vu que la réponse crève les yeux)
             
            3) Quelle est l’étantité forestière liant, la route, la banqueroute, et les Béruriers Noirs ? Expliquez. (2 pts)
             


            • alain_àààé 16 mars 2018 14:58

              mais quand arréterons nous de faire des articles sur un fumiste.Je l ai déja écri tout ce qui concerne FREUD a éte annulé par des psychiatres anglosasons dans les années 80.tout ce que freud a écri voir démontré par experience n as toujours été de la fumisterie.donc ces psychiatres ont faient table rase de tout ce qui concerne freud.


              • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 16 mars 2018 15:04

                @alain_àààé


                Merci, je comprends mieux votre haine à mon égard,....Hélas. Votre pathos traverse vos écrits,....Aucune maladie ou atteinte au cerveau n’expliquent vos fautes,...

              • Jean Roque Jean Roque 16 mars 2018 15:31

                @Mélusine ou la Robe de Saphir.
                Il a raison, le gamin qui veut sodomiser sa mère par complexe d’Oedipe ça vaut le gamin qui veut enculer sa sœur par mimétisme avec papa.
                C’est le niveau 0 de la philosophie. Du masturbatoire pontifiant. On critique la religion, les tabous sexuels pour pas critiquer le système social, un classique du libéral gogocho-le-collabo
                Il y a longtemps qu’on sait que les conneries que raconte Freud sont liées au contexte de l’époque et que ses « névroses » de la bovidée bovarienne ont disparu dans la modernité du fesses-boucs pornographique , opium libidineux du troupeau des glands remplacés porcinisés du Supermarché, sexes décérébrés pousseurs de caddie.


              • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 16 mars 2018 15:37

                @Jean Roque


                Avant de dire n’importe quoi, lisez mes commentaires sur Bertrand Cantat. Les musulmans à travers la loupe freudienne.

              • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 16 mars 2018 15:40

                @Jean Roque


                Et avant de dire n’importe quoi, sachez que Freud était royaliste et se méfiait du communisme. Vous parlez de ce que vous ne connaissez pas.

              • alain_àààé 16 mars 2018 17:26

                @Mélusine ou la Robe de Saphir.
                je ne vous ai jamais critiqué.mais vu le commantaire d hier ou vous avez dit que le peuple francais était pro nazy avant la guerre de 39/45.alors vous m oripiliez et je n ai rien a vous dire a part que vous avez les mémes méthodes des juifs.si vous n arrivez pas a ce que ce personnage ne vous obéisse démonter le méme si cest faux.vous une ordure et une salope.quand a mes fautes je me suis déja expliqué depuis des mois.je n ai pas attendu que vous veniez sur ce site pour m expliquez que je fais des fautes.


              • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 16 mars 2018 17:37

                @alain_àààé



                Il est très malaisé de répondre à un commentaire confus. Mais vous avez mal saisi mes propos d’hier. Je voulais simplement signifier qu’à certains moment d’après moi INEVITABLES, un peuple est conquis par l’idée de mort et de guerre. Même Tobie Nathan, un juif le confirme : « L’histoire des hommes est largement parsemée de guerres, de conquêtes, de retraites, de carnages, de négociations, de « plus jamais ça ! »… Et à chacun de ces épisodes mortifères, dieu est présent. Un dieu, des dieux, selon les époques ou les cultures. Mais l’important pour chacun des protagonistes est d’avoir le sien. Et de le glorifier, d’implorer, à genoux ou en hurlant, son appui et ses faveurs. Souvent ces dieux sont étrangement proches les uns des autres, partagent une histoire quasi commune, mais ce n’est pas ce que l’homme en guerre met systématiquement en valeur. Bref, ce sont toujours les sociétés humaines qui se servent de dieu pour justifier leur guerre. il ne s’agit de culpabiliser, mais d’accepter linéluctable cycle de VIE et MORT.

              • Robin Guilloux Robin Guilloux 16 mars 2018 21:16

                @alain_àààé


                Les choses ne sont pas si simples. Le dossier Freud, à mon avis, est loin d’être clos. J’ai lu le dossier noir de la psychanalyse et Le crépuscule d’une idole de Michel Onfray, mais je ne suis pas entièrement convaincu. Vous pouvez penser avec Freud ou contre Freud, mais je ne pense pas que vous puissiez penser sans Freud. 

              • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 16 mars 2018 21:41

                @Robin Guilloux

                Bonsoir.Pour penser sans Freud il suffit de panser avec Rabelais.


              • alain_àààé 17 mars 2018 04:10

                @Mélusine ou la Robe de Saphir.
                je ne crois pas que vous soyez  médecin pour porter un jugement sur les gens.JE retiendrais quand méme que vous vous permettez d écrire que le peuple français était pro nazi avant la geuerre 39/45. ce qui est faux car comme les miens et beind autres ont été résistants avant d étre déportés.ce qui n as pas été le cas de votre peuple.


              • Gollum Gollum 17 mars 2018 10:36

                @Robin Guilloux


                 mais je ne pense pas que vous puissiez penser sans Freud. 

                C’est pourtant ce qu’a fait CG Jung dont les conceptions de l’inconscient (seul concept commun avec Freud peut-être ainsi que le transfert) n’ont rien à voir avec celles de Freud.

                Il faut bien que l’un des deux soit dans l’erreur. Puisque incompatibilité.

                Donc lequel ? Vous connaissez mon choix là-dessus bien évidemment.

              • Jean Roque Jean Roque 16 mars 2018 16:22

                Siècle où la scolastique est supplantée, Eramus, More, Bacon début du matérialisme, empirisme anglais (la pensée anglaise). De la terre féodale au commerce et tissage. Guerre des enclosures. Spoliation des terres de l’Église et communaux paysans par les gochos-le-collabos de l’époque. Squirarchy de la gentry (bobos propriétaires). Accumulation primitive du Capital anglais. Le puritanisme, alibi de conscience de la nvlle classe de la bourgeoisie accédant au pouvoir, contre l’épicurisme des anciens féodaux. Fletcher décrit des incestes, des perversions, des frivolités.
                 
                Au contraire Shakespeare c’est l’héroïque de la classe montante qui va conquérir un Empire futur, à travers l’océan de « La Tempête », force et vulgarité de l’impérial, pouvoir et nation, ascension du plébéien. Moralisme pragmatique, philosophie rationnelle. Dct Faustus de Marlowe avant le Faust de Goethe. « La période chevaleresque de la bourgeoisie » dira Engels.
                 

                Shakespeare c’est l’idéologue droitdelhommiste de la bourgeoisie de l’époque, bientôt impérail. Un gocho-le-collabo. Mais avec la fin du règne d’Elisabeth et arrivé de Jacques I s’affrontaient les féodaux dégénérés et les bobo puritains de goche. Hamlet renonce à la vendetta traditionnelle de l’ancien monde féodal, comme Iseult renonça au mariage de l’ancien monde barbare
                 
                Comme Iseult est devenue princesse féodale, Hamlet est devenu bobo d’affaire, gocho-le-collabo, mais moins dégénéré avec encore des idéaux, moins philistin, moins de goche, pas encore du pur « froid payement comptent » dépourvu « extase chevaleresque »

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