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Sacré Charlemagne !

Sacré Charlemagne !

 Comme Clovis, comme Jeanne d'Arc, l'empereur à la barbe fleurie a été malmené par une tradition historique ambigüe.

 Il a été bon à tout faire, à tout justifier.

Tiré à hue et à dia, il a été utilisé pour défendre des causes aussi diverses qu'opposées parfois.

 Dans la fabrique d'une histoire mythique et/ou instrumentalisée, il a incarné des figures diverses, selon les besoins de la cause, les croyances d'époque.

 L'Eglise le sanctifia dès 1165, malgré ses moeurs peu orthodoxes, ou ce que l'on en sait. 

 Il est plutôt hasardeux de reconstituer les traits de personnalité du résident d' Aix-la -Chapelle, là où on retrouve encore des traces de son ancienne grandeur célébrée.

 Sous la plume de V.Hugo puis de Michelet, et tout au long du 19° siècle, on sculpta une figure héroïque, héros national, unificateur éphémère, sans masquer certains des excès, comme le massacre des Saxons.

 A l'origine du projet européen, la figure de Charlemagne, entre histoire et légende, a été invoquée et le reste parfois encore, même s'il s'épuise, comme s'il était, de manière parfaitement anachronique, le père de de l'Europe.

  Le discours hitlérien l'a récupéré dans le cadre de sa volonté de domination d'une Europe promise à la soumission politique et économique au joug fasciste. Dans sa mythologie fourre-tout, «  Hitler considérait Charlemagne comme l'un des plus grands hommes de l'histoire d'Allemagne, car il voyait d'abord en lui l'unificateur des Allemands et le créateur de l'Empire ; il l'approuvait d'avoir, en vue de ce « but national suprême », aussi bien introduit la religion chrétienne dans les pays germaniques que d'avoir agi avec une rigueur impitoyable contre tous ceux qui ne voulaient pas coopérer à l'unification sous l'égide du christianisme. C'était pour cela qu'il ne tolérait pas que l'on pût critiquer les massacres du grand empereur Charles… » (Dr Otto Dietrich, Hitler démasqué)

   Dans cette entreprise, la division Charlemagne, de sinistre mémoire, a combattu jusqu'au denier jour au service du Führer jusqu'à la chute de Berlin...

 La propagande franco-nazie parisienne a utilisé cyniquemment le nom de l'empereur, comme on le voit dans certaines expositions officielles ou affiches de circonstance.(document ci-joint).

____________Sur les ruines d'une Europe en lambeaux, le projet européen renaissant aspire à une nouvelle unification, pacifique celle-là, en invoquant aussi l'esprit de Charlemagne au  secours de l'Europe (*).

  L'esprit démocrate-chrétien de la plupart des pères fondateurs utilisa ce mythe utile, comme un moteur de refondation, sans grand souci d' objectivité historique, sans se demander si l'unification voulue aurait la même brièveté historique que l'oeuvre unique mais fragile de Karolus Magnus.

                 [ Dans ses mémoires, le fondateur du mouvement Paneuropa, Richard de Coudenhove-Kalergi évoque la proposition qu’il aurait faite en 1951 à De Gaulle de lancer à partir de la ville d’Aix-la-Chapelle un appel à la restauration de l’empire carolingien dans l’esprit du XXe siècle. L’idée aurait plu à De Gaulle mais aurait échoué « à cause de ses conseiller nationalistes » (Koudenhove, 1958,340).

En octobre 1952, Mrg Frings, archevêque de Cologne exhortait les jeunes assistant au congrès des Jeunesses catholiques de son diocèse de contribuer à restaurer l’Empire de Charlemagne.] 

___________

 (*) "... La présentation de Charlemagne en tant que figure tutélaire de l’Europe unifiée est donc des plus subjectives et relève en grande partie du mythe.. Concrètement, l’instrumentalisation de la figure historique de Charlemagne prend la forme d’un discours sur l’Europe dans lequel la nécessité de l’intégration est étroitement liée au rappel de ses mérites. L’effet ainsi produit a été évoqué de manière paradigmatique par deux membres du directoire du Prix Charlemagne pour qui « l’unification de l’Europe ne se fera certes pas par des discours ;... L’objectif premier de l’instrumentalisation de la symbolique carolingienne est de susciter une adhésion de type émotionnelle au projet européen.  Pour ce faire, des symboles et des représentations historiques sont mis en relation avec des thèmes politiques contemporains. Grâce à ces connexions explicites ou implicites, les discours en question produisent de la légitimation et peuvent conférer celle-ci au processus d’intégration ainsi qu’aux initiatives proposées par les responsables politiques qui ont recours à ces symboles...  Dans les années 1950 et 1960, elle remporta un grand succès, entre autres par ce que, associée au projet d’unité européenne, la référence à Charlemagne permettait aux Allemands de raviver positivement l’idée d’empire qui avait été sérieusement disqualifié par l’expérience du IIIème Reich et par l’épisode Wilhelminien. Par ailleurs, sa dimension religieuse en faisait une option très attractive pour les tenants de l’idée de chrétienté. Le fait que des catholiques convaincus comme Konrad Adenauer, Alcide de Gasperi et Robert Schuman aient adhéré à l’idée d’Europe carolingienne comme incarnation de l’Europe chrétienne est certainement à mettre en relation avec le paganisme affiché par le bloc communiste...  La référence à Charlemagne s’éloigne de la réalité historique pour se concentrer sur l’aspect mythique, à savoir son aura d’unificateur, dont la réputation dépassait les frontières de son empire. Il n’en reste pas moins qu’avec l’élargissement à l’Est de l’Union européenne, la figure de Charlemagne n’est plus suffisamment rassembleuse et ne dispose pas d’une dimension pan-européenne suffisante pour être autre chose qu’une vague figure tutélaire.."

 


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10 réactions à cet article    


  • juluch juluch 16 mai 2014 18:32

    Faut savoir que Charles le grand était tout, mais pas un Empereur à la barbe fleurie.


    Il était particulièrement sanguinaire.

    Il a effectivement était récupéré par tous le monde. Il est clair qui a unit, sous l’Egide de l’Église, l’Europe grâce au feu et à l’épée.

    Ainsi que de nombreux massacres.

    On a actuellement unit l’Europe grâce au Dieu pognon......autre temps autres moeurs....

    Petit aparté sur la 33 division Charlemagne :
    Se sont des hommes qui furent fidèle jusqu’au bout et qui ont combattus les Russes sur le front de l’Est.

    Que l’on soit d’accord ou pas sur leur engagement militaire et politique, ils sont restés loyal jusqu’à la fin......

    je tenais à le préciser.

    Sinon merci pour le partage et l’analyse Zen.

    • soi même 16 mai 2014 20:02

      Charlemagne à eu pour mission de préparer l’Europe du moyen age chrétien.
      Il faut le voir comme Alexandre le grand qui rependit la culture Helléniste en Orient.
      En même temps, je suis tous à fait d’accord avec le sens de votre article de cette récupération tardive à des buts non avouable.
      Cela pose la question l’histoire sert quel but en définitif ?


      • brieli67 16 mai 2014 22:28

        Je savions bien que CAROLUS me disait qqchose



        un dada - une Schnapsidee de la Maison

        Véro volatilisée dans ses arpents de neige depuis belle lurette..

        • brieli67 16 mai 2014 22:38

          ET pie -----noire — comme la Vosgienne au Géromé 


          cette sortie 1-congrue
          de Sidi Môritz sur son site hébergeur

          kesako de cette (en)volée dithyrambique de notre filosoff eR ?? 

           

          • ZEN ZEN 17 mai 2014 11:36

            L’abus de Gewüz nuit à la santé...


          • brieli67 16 mai 2014 23:11

            au Fait M.le Professeur 

            as tu lu depuis S.G.

            un avis perso depuis ?
            autre que du couper-coller qui est la marque indélébile de tes papiers 
            et de tes interventions.

            Regrets : quelle héca-tombe ! que de disparus.

            • Aldous Aldous 17 mai 2014 00:34

              Correctif : Charlemagne ayant été cannonisé par un antipape il n’est pas sanctifié par l’Eglise.


              Pour faire bonne mesure Benoit XVI l’a béatifié, ça fait plaisir aux eurolâtres et ça lui rappelait sans doute sa jeunesse (voir le message de Juluch sur la division du même nom).

              Pour les chrétiens orthodoxes, par contre, il est une figure trouble : l’initiateur de la querelle du Filioque, qui aboutit à au grand schisme d’Orient ce qui était manifestement son but (se débarrasser de l’influence byzantine sur l’occident chrétien).

              On aura du mal a en faire un unificateur.

              • cathy30 cathy30 17 mai 2014 10:29

                Son vrai nom était Carolus Magnus. 


                • Aldous Aldous 18 mai 2014 13:26

                  Magnus n’est pas son nom mais un épithète.

                  Son nom c’est Charles fils de Pépin.

                  Mais Pépin étant un traitre à son roi, Childéric III, dernier roi mérovingien et descendant de Clovis ça fait tâche.

                  Alors exit Pépin le bref (=le nain) et du coup on n’appelle pas sa dynastie « les Pépiniéristes » smiley mais les Carolingiens.


                • ZEN ZEN 17 mai 2014 11:32

                  C’est écrit dans le billet...

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