Total cauchemar
Avec un peu de sagacité et de lucidité on peut alléguer que le système économique actuel est quasi parvenu au stade de mort clinique, asphyxié par sa vanité, sa voracité, son égocentrisme et ses turpitudes. Sans concurrent, sans opposant, le capital mondialisé libéré de toute contrainte a produit les conditions de sa ruine qui serait déjà effective sans le soutien massif de contribuables par ailleurs spoliés par le système. Ou l’histoire de la victime qui porte secours à son tortionnaire !
Une cause antagoniste et indiscutable à l’oeuvre depuis 40 ans - le monstre ultra libéral se gorge de profits, exige des gains toujours plus monstrueux et pour ce faire génère une concurrence mondiale basée sur le moins disant salarial et social ; coût moyen de l’heure de travail aux USA : 24 $ ; en Chine : 50 cents - a provoqué quatre conséquences désastreuses pour les pays occidentaux : la désindustrialisation, la précarisation du travail, la paupérisation d’une grande masse de travailleurs et le dopage jusqu’à l’overdose des individus au crédit, illusion compensatoire et éphémère à la compression salariale. Naturellement la prospérité du système était subordonnée à l’attribution de salaires de misère et à toute absence de politique sociale dans les pays producteurs (Chine, Vietnam...). L’esclavage revisité ! Et ce qui devait arriver advint : la consommation occidentale, le coeur du système (70% du PIB aux USA, 60% dans la zone €) a cessé de battre. Et quand le coeur s’arrête, les marchés s’écroulent...
Le système a tiré sur la corde jusqu’à la rupture. Les massages cardiaques, déjà maintes fois prodigués dans des périodes moins tourmentées, seront cette fois-ci bien futiles. Tous les plans de relance ou de sauvetage conduisent au mieux à la constitution de montagnes de dettes privées ou publiques (chiffrage du plan américain par Bloomberg : 8400 milliards de $, plus de 50% du PIB américain ; jusqu’où iront-ils avant de s’écrouler ?) au pire à la faillite pour les plus faiblards.
Dégâts collatéraux, spectateurs du désastre, les paroissiens de base vont maintenant découvrir un nouveau système : le système de la nasse. La non efficience probable des mesures de relance sera en effet révélatrice de la sophistication du piège. Bienvenue à Pandémonium !
Si nous considérons que la consommation (donc l’individu) est le coeur du système , le pouvoir d’achat en est par conséquent le carburant. Or la grande majorité des entreprises (PME, TPE) n’étant pas en mesure d’augmenter les rémunérations (risques sérieux de délocalisations voire de faillites) toutes les mesures de soutien de la demande seront financées par emprunt d’Etat et conduiront inéluctablement à de fortes hausses d’impôts supportées principalement par les classes moyennnes (bouclier fiscal oblige). Sinon les déficits deviendront rapidement abyssaux et insupportables pour les finances publiques. Conséquences garanties : baisse du pouvoir d’achat, baisse de la consommation et son corollaire la hausse du chômage. Le soutien de l’offre pourrait être pertinent si les économies étrangères étaient en bonne santé et si nous pouvions ainsi augmenter nos exportations. Mais les consommateurs anglais, allemands, italiens, espagnols, américains et bien d’autres sont confrontés, souvent surendettés, à la même paupérisation. Ce n’est pas un problème d’offre, le problème c’est qu’il n’y a plus de client et que sa dimension est mondiale ! A moins qu’une incitation à l’endettement privé par une politique de crédit "facile" et débridé réanime pour un bref instant le mourant. A l’américaine. Savoureuses perspectives !
Eu égard à la situation économique de la planète et aux contraintes et effets de la mondialisation toutes ces mesures ne sont en vérité qu’artifices ponctuels. Un bout de scotch sur une fracture ouverte !
Total cauchemar ! Sauf à considérer enfin la cause, la stupide idéologie ultra libérale, le poison mortel, et d’en traiter urgemment les symptômes avec une médecine de cheval :
- Le protectionnisme (taxes à l’importation, réévaluation des monnaies asiatiques). Je sais c’est un gros mot, mais la politique monétaire chinoise ne s’apparenterait-elle pas à du protectionnisme ? Peut-être mais çà arrange l’actionnaire !
- La fiscalité : refonte et harmonisation au moins européenne afin d’éliminer le dumping fiscal et la délocalisation des plus fortunés ;
- La monnaie : création, parité, taux d’intérêts variables selon l’utilisation du crédit ;
- La fuite des capitaux, véritablement détournements de fonds vers les paradis fiscaux ;
- La protection sociale pour tous (c’est sérieux ?).
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