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Accueil du site > Tribune Libre > Un indicateur unique du bien-être n’a pas de sens

Un indicateur unique du bien-être n’a pas de sens

Sarkozy dénonce la « religion du chiffre » mais passer du suivi du PIB à celui du PNN ne résoudra rien !

 La commission sur la mesure de la performance économique et du progrès social vient de remettre son rapport à Nicolas Sarkozy. La presse s’en est fait largement l’écho, et a largement centré ses articles autour du besoin d’avoir « une nouvelle mesure des richesses ».

 Ainsi le Monde écrit : « Idée-clé des travaux : mettre davantage l’accent sur la mesure du bien-être de la population plutôt que sur celle de la production économique. Ainsi, au produit intérieur brut (PIB), on préférera le produit national net (PNN), qui prend en compte les effets de la dépréciation du capital dans toutes ses dimensions : naturel, humain, etc. » (article du 14/9/09).

Certes, mais le rapport insiste aussi sur deux autres points, selon moi tout aussi fondamentaux : privilégier le point de vue des ménages (deuxième recommandation) et accorder plus d’importance à la répartition des revenus (quatrième recommandation) (voir les douze recommandations). 

En effet nous raisonnons constamment sur des moyennes qui ne représentent le plus souvent que le résultat d’un calcul et masque la réalité des situations.

Quels sont les points communs entre des familles d’agriculteurs d’une région viticole comme le Languedoc, d’ouvriers de la Région Parisienne, d’enseignants d’une petite ville de province, de cadres dirigeants parisiens, de retraités avec une pension du niveau du SMIC à Lyon… Comment peut-on prétendre faire une moyenne entre tous ces cas ? Comment ne voit-on pas que chacune est impactée très différemment par l’évolution des prix, de la production ou des loisirs ? 

Quelques exemples :

- La baisse rapide des coûts complets (en incluant l’amortissement du matériel) d’accès aux télécommunications et au multimédia représente un gain de pouvoir d’achat relatif pour les familles aisées et surtout si elles sont urbaines (les forfaits « tout en un » sont intéressants surtout en zone urbaine et moins en zone rurale et diffuse). Elle n’a pas d’impact positif pour une famille à revenus modestes. Pire, l’attractivité des nouvelles offres, a souvent conduit ces familles à accroître leurs dépenses en s’abonnant à de nouveaux services.

- L’évolution des coûts de carburants concerne fortement les familles pour lesquelles la voiture n’est pas une option, et surtout si elle représente une part importante des dépenses. Toute augmentation peut amener la famille à devoir arbitrer aux dépends d’autres postes, comme par exemple l’alimentation (on ne peut pas se passer de sa voiture pour aller travailler, mais on peut manger plus souvent des pâtes ou du riz…)

- Le poste immobilier pèse peu en milieu rural (héritage familial, moindre coût locatif) et les familles y sont donc peu sensibles à son évolution (sauf si la zone est touristique).

- L’existence ou non d’enfants dans la famille transforme fortement la structure de consommation et donc sa sensibilité aux évolutions : dépenses scolaires, produits spécifiques (couches, équipements enfant, …), taille de la voiture…

- …

Comment peut-on penser que faire la moyenne de tout cela ait un sens ? Certes tout indicateur repose sur le rapprochement de situations disjointes et le calcul d’une moyenne. Mais ceci n’est possible que si les situations ne sont pas trop dissemblables, si elles évoluent selon les mêmes logiques. Si vous mélangez tomates, courgettes et aubergines, cela a un sens, et cela s’appelle une ratatouille ; si vous rajoutez un pneu, un stylo, une enveloppe et une paire de chaussures, cela n’a plus aucun sens ! C’est ce que nous faisons lorsque nous agglomérons des situations familiales aussi dissemblables : nous obtenons un indicateur qui ne veut rien dire.

 Il serait donc urgent de ne plus regarder cette moyenne et de commencer par faire une typologie pertinente des familles françaises. Pour la construire, plusieurs variables devraient être croisées : lieu d’habitation, taille du foyer, niveau de revenu,…. Même en étant très simplificateur, on aboutirait probablement à plus d’une dizaine de situations.

Le résultat serait à l’évidence plus compliqué à suivre, mais il aurait un sens ! A vouloir faire simple, on a des chiffres qui ne veulent rien dire. 

Aussi si demain on avait un indicateur unique du bien-être, même le mieux calculé du monde, il n’aurait aucun sens non plus !


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12 réactions à cet article    


  • ZEN ZEN 18 septembre 2009 13:43

    @ Philippe
    Pas mieux
    Qui définira le « bien-être », le « bonheur » ?...
    A votre clavier !
    Je ramasse les copies à 18 heures


  • Robert Branche Robert Branche 18 septembre 2009 13:53

    certes ! Mais ce que je conteste c’est le principe même d’un indicateur unique.


  • ZEN ZEN 18 septembre 2009 13:55

    Pas mal
    Et la Rollex ?


  • Robert Branche Robert Branche 18 septembre 2009 14:08

    sur le plan du principe, je pense que cela a évidemment un sens, mais je ne vois pas comment on pourrait les additionner ! 

    D’où l’idée de plutôt s’en servir comme des élements à prendre en compte lors la définition des typologies

  • non666 non666 18 septembre 2009 15:05

    Le fond du problème est ailleurs.
    Sarkozy , qui voulaient juger les autres, les subordonnés, au mérite, à base d’indicateurs chiffrés (combien d’expulsions realisés, combien d’augmentation de crimes et delits dans ta prefecture.....) voit arriver pour lui l’Heure des bilans.

    Le mieux est de casser le thermomètre tout de suite....
    Apres avoir vidé l’election europeenne de son role de seule election de mesure de la representatitivité reelle des partis politique en morcelant le vote en 7 circoncriptions ,
    apres avoir vérrouillé l’election présidentielle avec un premier tour entre elus, entre maires dependant des investitutres et des subventions departementales et regionnales eminement politique , voila que le petit teigneux decide , une fois de plus, d’empecher qu’on mesure son efficacité reelle.

    Il avait promis qu’il irait « chercher la croissance avec les dents » , il casse donc tout instrument de mesure de cette croissance qui lui serait defavorable.
    Le temps venu, il se paira (avec notre argent) un « sondage » OpinionWay qui une fois bricolé comme il faut nous apprendra que nous sommes convaincu de l’efficacité economique du gouvernement de Sa Petitesse....
    C’est comme dans le film « la folie des grandeurs » ou de Funes demande a montant ;

    « Flattez moi »
    « monsieur est beau »
    « vous etes sinceres ? »
    « vous m’avez demandé de vous flatter.... »

    Ce serait comique si ce n’etait aussi tragique.

    Traitre a NOTRE pays, tricheur et entouré de courtisans.....Heureusement que Bouyghes, Lagardere et Boloré sont la pour faire l’info !


    • pmxr pmxr 18 septembre 2009 17:06

      Quand les chiffres sont mauvais ... comme les notes à l’école mieux vaut les faire disparaitre !


      • denis84 18 septembre 2009 18:23
        Afin d’apporter ma modeste contribution à l’édification du nouveau barométre du bien etre,qui va remplacer l’obsolete PIB pour mesurer l’état de notre société,je propose une liste de critères qui me paraissent incontournables,et qui peuvent aisément etre évalués mensuellement,ceci pour assurer un bon suivi :
        - le nombre de suicides chez FranceTelecom
        - le nombre d’expulsions de locataires
        - le nombre de chomeurs supplémentaires
        - le nombre de défaillances de TPE/PME
        - le nombre de services publics fermés
        - le nombre de nouvelles taxes
        - le nombre de nouvelles lois liberticides
        - le nombre de nouveaux bénéficiaires du RSA
        - le nombre de fermetures de sites industriels
        - le nombre de délocalisations
        - le nombre d’interdits bancaires
        - le nombre de dossiers de surrendettement
        Cela me semble une bonne base de départ, le tout devant bien entendu etre pondéré en fonction des catégories socio-professionnelles qui n’ont pas toutes la meme conception du bien etre.
        En effet,si pour un travailleur pauvre passer une nuit au chaud à l’abri de la pluie apres un frugal repas remplit de bien-etre,un petit incident de service lors d’un week end sur un yacht de luxe cassera le moral d’un trader pour plusieurs jours.
        Ces derniers étant fondamentaux pour la réussite du pays (dixit une ministre) ,il conviendra de donner à leurs critères un coefficent plus élevé,leur bien etre étant primordial !!
        Et donc remplacer le bon vieux « quand le batiment va,tout va » par le plus moderne « quand le cac 40 va,tout va » !!
        En fait,la seule difficulté va etre de convaincre 90% de la population que son bien etre s’accroit quand la finance se gave
        Quoique.......................avec toutes les couleuvres qu’elle a déjà avalées,ça devrait « glisser » sans trop de peine....
        Et ainsi, dans pas longtemps ,on pourra lire des sondages du style :
        58% de Français ressentent plus de bien etre que l’an dernier à la meme époque.
        Ce qui PROUVERA que les « réformes » vont dans le « bon sens » !!!!!

        Mais ce n’est qu’un humble avis

        D’autres critères d’appréciation ?
         







        • Peretz Peretz 18 septembre 2009 18:39

          Le seul indice non économique qu’il serait intéressant à connaître viendrait de sondages du style « croyez-vous qu’il y ait un avenir radieux pour tout le monde ? » Tout le reste n’est que littérature.www ?citoyenreferent.fr


          • UnGeko 19 septembre 2009 10:03

            « En effet nous raisonnons constamment sur des moyennes qui ne représentent le plus souvent que le résultat d’un calcul et masque la réalité des situations. »

            C’est pour cela qu’on utilise variance et écart type comme indicateurs de dispersion !! Non ?

            « Il serait donc urgent de ne plus regarder cette moyenne et de commencer par faire une typologie pertinente des familles françaises. Pour la construire, plusieurs variables devraient être croisées : lieu d’habitation, taille du foyer, niveau de revenu,…. Même en étant très simplificateur, on aboutirait probablement à plus d’une dizaine de situations. »

            Mais EDF-GDF a déjà réalisé ce travail il y a 15 ans lorsque l’entreprise publique était passée d’une entreprise de fourniture d’énergie à une entreprise de de services englobant l’usage des énergies.

            Prendre des critères matériels pour calculer le bien-être me semble très réducteur et occulte les aspects philosophiques et spirituels !

            De toute façon tout le monde a bien compris qu’il ne s’agit que d’une énième opération de com de Sarko pour dire l’inverse de ce qu’il fait ! Allez hop ! Un petit coup de Stiglitz pour redorer son blason ! 


            • Robert Branche Robert Branche 19 septembre 2009 11:21

              Désolé mais ce n’est pas ce que j’ai voulu dire : je n’ai jamais voulu écrire que pour calculer le bien-être il fallait prendre des critères matériels.

              Mon article n’était probablement pas assez clair.
              Mon propos est le suivant : je saisissais l’opportunité des conclusions de la commission Stiglitz pour contester le principe d’un indicateur unique, d’une moyenne.
              En effet quelque soit l’exactitude de la mesure faite (en supposant donc que l’on est arrivé à calculer quelque chose de fiable : un PIB révisé, un PNN, ou ce que vous préférerez), comme le français moyen n’existe pas, aucun français ne se retrouvera dans ce résultat.
              Pour cela, il ne faut pas un indicateur unique, mais avoir d’abord défini un certain nombre de situations représentatives (compte-tenu de la diversité à prendre en compte, c’est certainement plus de 10), et pour chacune faire le calcul de l’indicateur.
              Tel était le propos de mon article.
              Enfin donner simplement la variance ou la dispersion ne servirait à rien car on ne saurait toujours pas à quelle situation correspond telle valeur. Ceci aurait quand même toutefois l’intérêt de mettre l’accent sur le danger de regarder la moyenne.

            • Francis, agnotologue JL 19 septembre 2009 10:28

              La TVA, taxe à la valeur ajoutée, est perçue sur une partie du PIB. Cette partie du PIB devrait pêtre clairement identifiée. Autrement dit, le PIB est un montant égal aux à la somme des montants auxquel s’est appliquée la TVA, plus quelque chose qui ne participe pas de la TVA.

              Il me semble qu’il y aurait une étude intéressante pour caractériser ces deux grandeurs.

              Je note que la partie « issue » de la TVA aurait le mérite d’être validée par les assujettis.

              Enfin, en souvenir de débats anciens qui se sont déroulés sur AGV, quid de l’apport de la fonction publique, et plus particulièrement, des servicesgratuits aux citoyens tesl les parcs publics, les allées cyclables, etc.


              • Francis, agnotologue JL 20 septembre 2009 11:55

                Je ne voudrais pas paraître insister mais cet indice dérivé de la TVA, appelons lePIBtva, seraît selon moi, un indice très pertinent.
                 
                Ceci dit : certains secteurs sont exonérés de la TVA. C’est une aberration de la TVA et non pas du principe que j’expose ici. D’autre part, Cela n’empêche pas la mesure du PIBtva : il suffit d’admettre que zéro multiplié par X divisé par zéro ça fait X. Ce n’est n’est pas parce qu’une activité est exonérée de TVA qu’il ne faut pas la prendre en compte dans notre calcul PIBtva. Sauf si l’on décrète que certaine activités sont délibérément exclues de l’indice.

                Aspect négatif de cette mesure : la tendance de l’Etat à supprimer tous les autres impôts au profit de la TVA.

                Il faut donc, non pas prendre en compte la TVA mais la somme de tous les impôts et taxes diverses. Pour conclure je dirai qu’il faut lier le PIB et les recettes fiscales de manière transparente. Effet pervers : la tendance à augmenter les recettes fiscales et en même temps augmenter les subsides et autres prébendes, en particulier celles qui faisaient dire à Michel Rocard que la redistribution se fait à l’envers

                Il faut donc une comptabilité nationale transparente qui classe clairement ce que l’Etat fait des recettes fiscales, en particulier quel est le type de redistribution. La restitution d’IR au titre du bouclier fiscale en fait partie.

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