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Accueil du site > Tribune Libre > Une brève histoire de la famille et son devenir au XXIe siècle

Une brève histoire de la famille et son devenir au XXIe siècle

La famille n'est pas figée dans l'histoire mais en transformation perpétuelle et cette transformation est déterminée par l'évolution économique.La famille a connu quatre formes historiques avec comme dernière forme le mariage conjugal ou couple exclusif.Le sentiment amoureux exclusif lié au couple exclusif ( forme juridique = mariage) n'est pas naturel mais le résultat de plusieurs générations d'habitudes.L'histoire de la famille montre qu'une femme pouvait avoir plusieurs amoureux en même temps et vis versa.

Le sentiment amoureux exclusif est le résultat de l'emprise de la propriété privée sur les esprits. Puisque dans le monde matériel tout est possession exclusive(logement, habillements, voitures, restauration, etc.), dans le monde amoureux aussi la norme devient la possession exclusive de l'autre et lorsque cela devient impossible c'est le divorce. D'ailleurs là où il n'y a pas de propriété privée le divorce n'a aucun sens : puisque tous les biens matériels sont publics et les enfants sont entièrement entretenus par l'Etat et appartiennent à celui-ci (c'est à dire à tous). Et par suite le mariage lui-même n'a plus aucun sens. 

La famille consanguine

Dans la première forme de famille, les individus se marient par générations. Dans la limite de la famille, les grand-pères et les grandes-mères sont maris et femmes, les pères et les mères sont époux communs, de même leurs enfants formeront un troisième cercle d'époux communs, etc.Dans cette famille, tous les frères et soeurs sont maris et femmes entre eux par contre le mariage est interdit entre parent et enfant. 

La famille punaluenne

Dans cette deuxième forme historique de mariage par groupe, le mariage entre frère et soeur est interdit en plus de celui entre parent et enfant. Les soeurs d'une même mère peuvent avoir des maris communs sauf leurs propres frères. De même, les frères d'une même mère peuvent avoir des femmes communes à l'exclusion de leurs propres soeurs. Dans ce mariage par groupe, le père de l'enfant est inconnu et la descendance est prouvée du côté maternel et seule la filiation féminine est reconnue socialement.

La famille appariée

Dans la troisième forme historique de famille, un homme vit avec une femme mais cependant la polygamie et l'infidélité occasionnelle restent le droit des hommes, bien que la première se présente rarement pour des raisons économiques ; cependant, la plupart du temps la plus stricte fidélité est exigée des femmes pour la durée de la vie commune, et leur adultère est cruellement puni. Mais le lien conjugal peut être facilement dénoué de part et d'autre, et comme par le passé, les enfants appartiennent à la mère.

Rupture majeure : La naissance de la propiété privée et de l'esclavage

C'est avec l'invention de l'élévage des animaux domestiques que naisse la propriété privée. Les troupeaux et le bétail humain deviennent propriétés des chefs de famille. Car l'esclavage aussi naisse à ce moment là. Avant cette révolution économique, l'esclavage était sans valeur. Les prisonniers de guerre étaient tués ou bien adoptés comme frères ; on épousait les femmes, elle aussi, ou on les adoptaient avec leurs enfants survivants. A ce stade, la force de travail humaine ne fournit pas encore d'excédent appréciable sur ses frais d'entretien.

Il en fut autrement avec l'introduction de l'élévage, du travail des métaux, de l'agriculture, etc. Maintenant les femmes sont vendues et achétées ; il en fut de même pour les hommes : la famille se multipliant moins vite que le bétail, on avait besoin d'un plus grand nombre de gens pour surveiller les troupeaux ; on pouvait utiliser le prisonnier de guerre qui de surcroit pouvait faire souche comme le betail lui-même.

L'homme se trouve ainsi en possession de troupeaux et d'esclaves. Il devient indispensable à l'économie et la femme moins nécessaire dans la production. Il se produit une grande révolution dans la famille : le droit maternel est aboli et le patriarcat fut institué. C'est la naissance de la famille monogamique

Friedrich Engels :

Le renversement du droit maternel fut la grande défaite historique du sexe fémininMême à la maison, ce fut l'homme qui prit en main le gouvernail ; la femme fut dégradée, asservie, elle devint esclave du plaisir de l'homme et simple instrument de reproduction. Cette condition avilie de la femme, telle qu'elle apparaît notamment chez les Grecs de l'époque héroïque, et plus encore de l'époque classique, on la farde graduellement, on la pare de faux semblants, on la revêt parfois de formes adoucies ; mais elle n'est point du tout supprimée.

Marx ajoute :

La famille moderne contient en germe non seulement l'esclavage (servitus), mais aussi le servage, puisqu'elle se rapporte, de prime abord, à des services d'agriculture. Elle contient en miniature tous les antagonismes qui, par la suite, se développeront largement, dans la société et dans Son État 

La famille monogamique

Elle naît de la famille appariée, sa victoire définitive est une des marques de la civilisation commençante. Elle est fondée sur la domination de l'homme et se distingue de la famille appariée avec une grande solidité du lien conjugal.

Le mariage conjugal n'entre donc point dans l'histoire comme la réconciliation de l'homme et de la femme, et bien moins encore comme la forme suprême du mariage. Au contraire : il apparaît comme l'assujettissement d'un sexe par l'autre, comme la proclamation d'un conflit des deux sexes, inconnu jusque-là dans toute la préhistoire....La première opposition de classe qui se manifeste dans l'histoire coïncide avec le développement de l'antagonisme entre l'homme et la femme dans le mariage conjugal, et la première oppression de classe, avec l'oppression du sexe féminin par le sexe masculin.

Cette citation d'Engels est encore vraie aujourd'hui. Je trouve que le féminisme actuel n'est pas radical. Comment peut-on être féministe et accepter le capitalisme-salariat ? Les deux sont incompatibles. La libération définitive des femmes passe par une nouvelle société communiste :

1) Propriété publique de tous les moyens de production

2) Propriété publique de tous les moyens de consommation : logements, habillements, voitures, restauration, services, etc.

3) Les enfants sont la propriété de tous. Ils sont entretenus, formés, soignés,etc. par l'Etat. Les parents n'auront aucune propriété à transmettre puisque tous les biens de consommation et de production sont publics. Le couple exclusif et sa version juridique le mariage conjugal n'auront plus aucun sens et disparaitront. Il n'y aura plus familles-cellules opposées les unes aux autres. La vraie famille sera l'ensemble de toute la population au sein d'un Etat démocratique. 

 

 

Note : J'ai écrit cet article d'après le livre de Friedrich Engels : L'origine de la famille, de la propriété privée et de l'Etat.


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7 réactions à cet article    


  • Étirév 23 juillet 2020 16:02

    Les premières familles

    Après un temps plus ou moins long, la maternité plusieurs fois reproduite constitue des groupes, formés d’une Mère et de ses enfants. Ce fut la première ébauche d’une famille, un lien unissant ces nouveaux êtres à leur Mère, un autre lien, l’affection fraternelle, les unissant les uns aux autres. Ils eurent des intérêts communs, un même nid, dans lequel ils avaient passé ensemble leurs premières années, un petit coin de terre, qui avait été le théâtre de leurs ébats. La Mère vivait au milieu de ses petits, dont elle était la source de vie et le génie tutélaire, elle les couvait, les soignait, les allaitait, tant que cela leur était nécessaire, et ne les délaissait que lorsqu’ils n’avaient plus besoin d’elle.

    Tous les mammifères restés à l’état de nature nous donnent encore l’image de ce groupement familial dans lequel le mâle n’a pas de rôle ; il a cherché la femelle, dans un moment de besoin physiologique, mais, après le besoin satisfait, il s’est éloigné sans se douter des conséquences de son acte.

    Cette première famille, dont la Mère est le centre, a gardé sa forme primitive pendant de longs siècles.

    La période pendant laquelle la Mère, toute-puissante, a régné sans trouble, est celle qui a été désignée par le mot matriarcat, mot qui est entré dans la littérature historique pendant le 19ème siècle et qu’on doit à Bachofen.

    Le mot Patar, dans le sanscrit primitif, ne signifie pas celui qui féconde, mais celui qui protège.

    C’est le frère de la Mère. C’est pour cela que longtemps c’est lui, l’oncle, qui s’occupe surtout de l’enfant, et, quand les hommes de cette époque parlaient de la descendance, ils ne disaient pas « nos fils », ils disaient « nos neveux ».

    M. Leblois dit : « Le mot Père, qui dans notre langue a un sens précis, n’avait pas ce caractère dans la langue aryenne. Patar était moins un nom, un substantif qu’une expression descriptive dont le sens était « celui qui protège  ».

    « Matar voulait dire celle qui enfante. Fratar, celui qui aide. Swasar, celle qui réjouit. ».

    Renan, dans l’Histoire du peuple d’Israël, nous dit :

    « Le mot Patriarche ne se trouve pas avant le premier siècle de notre ère, mais il est bien fait ; nous l’employons ».

    Et il l’applique aux primitives tribus matriarcales qu’il décrit en substituant le rôle du Père à celui de la Mère. Singulière façon de faire connaître l’histoire de l’humanité ! C’est, du reste, le système employé par la plupart des historiens.

    Cette époque aujourd’hui retrouvée a été cachée pendant des siècles, et c’est la condamnation des historiens. Toutes les Écritures primitives qui la mentionnaient ont été altérées. C’est du 10ème siècle avant notre ère au 4ème siècle que cette œuvre de falsification a été accomplie ; on effaça de l’histoire le rôle de la Femme, son règne primitif, ses luttes, ses mérites, toutes ses grandeurs. Et quand le Droit paternel fut introduit dans le monde, vers le 11ème siècle avant notre ère, on mit le mot Père dans les Écritures révisées, partout où l’on trouvait le mot Mère.

    La réalité, comme tout ce qui est très loin de nous, se perd dans les brouillards de l’histoire et semble invraisemblable, extravagante même à ceux dont la vue superficielle ne juge le passé que d’après le présent. C’est ainsi que la famille paternelle et le droit paternel de date récente sont nés d’un régime de renversement que nous, verrons plus loin commencer. Ce Droit est devenu pour les peuples dégénérés un fait si naturel qu’ils ont de la peine à concevoir et à croire que la famille maternelle n’ait jamais existé. L’esprit s’est fait au renversement, on l’a pris pour un état primitif, né de la Nature, alors que c’est un état secondaire, né d’une altération des lois de la Nature.

    Figurons-nous un homme habitué à porter son habit à l’envers et que l’on n’aurait jamais vu que recouvert de ce vêtement dont la surface est une doublure ; l’œil s’y serait si bien fait que, si quelqu’un venait à dire que cet habit est retourné, qu’il a une autre face que nous ne voyons pas, personne ne le croirait et c’est la primitive surface qui semblerait la doublure.

    Faitset temps oubliés


    • JC_Lavau JC_Lavau 23 juillet 2020 16:12

      http://citoyens.deontolog.org/index.php/topic,123.0.html

      Le miston s’instruit au meeting.

      « Camarade ! Camarade ! Dis au gouvernement... »


      • Clark Kent Séraphin Lampion 23 juillet 2020 17:10

        « Dans la première forme de famille, les individus se marient par générations. Dans la limite de la famille, les grand-pères et les grandes-mères sont maris et femmes, les pères et les mères sont époux communs  »

        Un jour la copine de toto lui dit :

         si on se mariait

         impossible, dit Toto, chez nous on se marie toujpours dans la famille : mon grand-père avec ma grand-mère, mon aocle avec ma tante, etc...

        En fait, c’est faux. Le tabou de l’inceste est la norme sociale qui rejette les pratiques sexuelles entre individus de même parenté, et qui aboutit à la prohibition de l’inceste dans toutes les sociétés connues. Les fondements de ce tabou sont un sujet de réflexion et d’étude en sciences humaines, depuis que Freud, puis surtout  Lévi-Strauss ont fait de l’interdit de l’inceste un préalable nécessaire à la structuration des sociétés humaines.


        • JC_Lavau JC_Lavau 23 juillet 2020 19:46

          @Séraphin Lampion. J’ai compris pourquoi mon père et ma mère se sont mariés le même jour : c’est par économie !


        • Opposition contrôlée Opposition contrôlée 23 juillet 2020 17:55

          Les enfants sont la propriété de tous. Ils sont entretenus, formés, soignés,etc. par l’Etat.

          Il aurait mieux valu se contenter de recopier Engels, et surtout de le lire jusqu’au dernier chapitre, plutôt que de nous asséner ça. Évoquer la « propriété » des enfants... Et faire l’apologie de l’état... Argh. Je sais bien que des décennies de soviétisme ruskov ont voulues faire passer le néo-tzarisme stalinien comme une inspiration de Marx, mais tout de même...


          « L’État [...] est l’aveu que cette société s’empêtre dans une insoluble contradiction avec elle-même, s’étant scindée en oppositions inconciliables qu’elle est impuissante à conjurer. » 

          « Le compendium de la société civilisée est l’État qui, dans toutes les périodes typiques, est exclusivement l’État de la classe dominante et qui reste essentiellement, dans tous les cas, une machine destinée à maintenir dans la sujétion la classe opprimée, exploitée. »

          Friedrich Engels, l’origine de la famille, de la propriété privée et de l’Etat, chapitre 7 : Barbarie et civilisation.


          • binary 23 juillet 2020 18:04

            1) Propriété publique de tous les moyens de production

            2) Propriété publique de tous les moyens de consommation : logements, habillements, voitures, restauration, services, etc.

            Puisque « publique » possède tous ce que j ai et que je fais, pourquoi irai je travailler ?


            • Xenozoid Xenozoid 23 juillet 2020 18:10

              @binary

              pourquoi doit tu travailler ? gagner ta vie avant de la perdre ? 

              pourquoi devez vous « gagner »votre vie ? l’avez vous jouer a votre naissance ? 

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