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Une nouvelle éthique de gouvernance, ou une querelle d’arrivistes ?

Un général emblématique se prénommant Charles faisait preuve, il y a un peu moins de 40 ans, d’un sens aigü de la légitimité démocratique, en remettant son mandat aux Français, après qu’ils l’eurent désavoué.

Les héritiers  ?
Aujourd’hui, il doit drôlement être secoué à force de se retourner dans sa tombe, au vu des « exploits » des héritiers autos-revendiqués du gaullisme.

Pas après pas, Chirac met à genoux la constitution de la Ve république. Maintes fois désavoué, il reste toujours accroché à la branche présidentielle dont il continue consciencieusement à scier, par la pratique, les fondements constitutionnels.

Les désaveux se ramassent à la pelle
Tout d’abord, la dissolution de 1997, pour laquelle un réflexe gaullien aurait été de partir, ou au moins de remettre sa légitimité à l’épreuve des élections. Mais l’homme politique Chirac n’est pas de Gaulle. Il en est même l’exact contraire. Le peuple souverain, c’est bon pour se faire élire, mais pas lorsque l’on est déjugé.

Ensuite la « déculottée » des élections régionales de 2004, dont pas même le Premier ministre ne subisse le contrecoup. Puis, en 2005, le référendum, grand symbole de l’approche gaulliste de l’exercice du pouvoir. « Non, la place est chaude, j’y suis, j’y reste », pourrait-il nous répondre, faisant fi à chaque fois des messages envoyés par les électeurs.

Une formidable chance
Pourtant, son élection de 2002 lui avait procuré une formidable chance de donner enfin, et pas seulement dans la dialectique, un sens gaulliste à son action politique.

La force de la symbolique que portait son élection au second tour à plus de 80%, sursaut républicain face à l’extrémisme et la xénophobie, lui donnait l’occasion de mener une politique au service de tous.

Mais le « gaullisme » chiraquien ne s’est jamais reflété dans son action, ni même dans ses interprétations des faits politiques. Depuis cette date, Chirac et ses gouvernements successifs flouent systématiquement les ¾ de ses électeurs d’alors, n’oeuvrant qu’au service des 19,8 % du premier tour.

Visionnaire ?
Son analyse pertinente de la situation du pays en 1995 et sa capacité à exprimer l’étendue de la fracture sociale pouvaient laisser penser qu’en sus de l’analyse, il était également porteur des remèdes à administrer au malade hexagonal.

Onze ans après, la fracture est passée de crevasse à gouffre béant. La société a été en partie remodelée au service et aux profits d’une minorité aisée.

A Matignon : un emploi sauvé, pour l’instant...
La loi contenant le CPE restera dans l’histoire au rayon "bêtisier", pour avoir été simultanément promulguée et suspendue avant d’être rapidement remplacée par une autre la vidant de son sens.

Que dire de la porte de sortie donnant au chef d’un parti politique, fût-il celui du président en exercice, la charge de gérer la sortie de la crise... Les partis prestataires de services, pour faire à la place de l’exécutif ? De Gaulle ne s’en remettrait pas !

La négation d’une situation sociale dramatique
Cette crise porte en elle un malaise social extrêmement profond, et est la seconde réplique d’un tremblement de terre politique, après celui de novembre 2005. La secousse la plus violente reste à venir, si les hautes sphères de l’Etat continuent à faire la sourde oreille et à ne pas apporter les réponses attendues .

Médias et politiques n’y voient que l’expression d’un malaise social. Malaise il y a, oui . Mais pas seulement. Ce malaise est l’une des expressions d’une situation sociale dramatique très concrète, dans laquelle sont plongés de plus en plus de nos concitoyens.

60 millions d’otages
Et que nous offrent comme spectacle nos plus hauts édiles, censés œuvrer à l’intérêt général ? Une comedia dell’arte triste et navrante, dont les principaux ressorts ne tiennent, pour l’essentiel, qu’aux intérêts particuliers de trois hommes prenant ainsi en otages soixante millions d’autres.

Ces inventeurs de l’exécutif tricéphale ne devraient-ils pas méditer ces paroles de Charles de Gaulle : « L’ambition individuelle est une passion enfantine » ?

La France perdue, au milieu d’une querelle d’arrivistes ?
Bien plus importants pour eux que l’intérêt général, derrière lequel ils cherchent à camoufler vainement leurs jeux de pouvoir, intérêt général dont ils galvaudent ainsi le sens, ce sont d’autres enjeux que ceux de la jeunesse et de l’emploi qui guident les choix de ces élus. Ceux d’une ambition personnelle. Se servir, et non servir. Ne leur pardonne pas, Charles, ils savent parfaitement ce qu’ils font.

Le sens démocratique
Pour toi, le mot démocratie n’avait pas été vidé de son sens. Pour eux , la pratique de la démocratie représentative sous la forme d’un chèque en blanc est le principe, alors que "représenter" ne veut pas dire "choisir pour".

La règle est devenue ce fonctionnement méprisant induisant une approche paternaliste et infantilisante du citoyen électeur, pour lequel il faut décider, car il ne sait pas ce qui est « bon » pour lui.

Le mépris atteint son comble avec les pratiques d’un candidat à l’élection présidentielle/président de l’UMP/ministre de l’intérieur/président du Conseil général des Hauts de Seine (classement dans l’ordre de ses priorités), dont le cumul de toutes ces fonctions porte un discrédit sur les institutions de notre République.


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8 réactions à cet article    


  • ifelhim (---.---.112.45) 5 avril 2006 14:20

    C’est très juste mais le PS me semble porter une co-responsabilité lorsqu’il s’oppose sans propositions (blocage des débats de l’Assemblée via un dépot d’amendements pléthoriques et inutiles, entrainant de fait le recours au 49-3) ou fait du populisme, sans compter le nombre de fois où il se décrédibilise par ses stériles querelles de clochers (les fameux « ténors » qui semblent avoir comme rapport avec les clochers de résonner comme des cloches...).

    Nous avons, en plus d’un problème institutionnel, un problème d’hommes politiques aveugles aux réalités, qu’ils soient de droite ou de gauche. Certaines reformes seraient utiles et même souhaitables mais pour les faire, il faudrait que les hommes politiques eux-mêmes se remettent en question... Ils en sont loin...


    • Al-Capone (---.---.208.238) 5 avril 2006 17:21

      Il faudrait d’autres Hommes politiques, aussi bien a droite qu’a gauche.

      Beaucoup ce sont connus à l’ENA. Y cas voir les photos !


    • RAMSAY (---.---.28.87) 5 avril 2006 15:46

      Tout a fait d’accord avec cette analyse.. et particulièrement sur la querelle des arrivistes.

      Le manque de réflexion sur les remèdes à apporter à la crise actuelle est terrifiant : il consiste pour certains à copier des idées venues d’outre atlantique (discrimination positive, paranoïa sécuritaire, ethnicisation des problèmes sociaux, prévention de la délinquance dès la maternelle avec prescriptions médicamenteuses à la clef, libéralisme débridé, etc...) pour se donner un air de rénovateur et de claironner ensuite « les français ont peur du changement ».

      De plus, la réduction du mandat nous place aujourd’hui constamment soit en pré-période électorale, soit en période électorale, climat plus que favorable à toutes les formes de démagogie..

      RAMSAY


      • Gio (---.---.162.36) 5 avril 2006 15:49

        Ifelhim,

        N’étant pas du tout pro chiraquien depuis l’origine tout en étant de droite, sans complexe, et gaulliste (et qu’on ne me dise pas que de Gaulle était de gauche, ou « socialiste ») avec fierté, je suis d’accord avec vous.

        Pour moi la priorité doit être pour tous d’éviter de voter pour un énarque dans toutes les échéances à venir et ce quelque soit son bord.

        Ils sont tous résolument incapables d’avoir une fibre autre qu’administrative et technocratique.


        • François Guillerm (---.---.186.231) 5 avril 2006 19:36

          Bien que le trio de carrièristes irrécupérables qui nous fait actuellement rire jaune au sommet de l’Etat soit uniquement issu d’un parti de droite, il va de soi que je n’assimile pas les différentes « mauvaises pratiques » de la démocratie décrites dans cet article comme l’apanage de la droite.

          On trouve, tant à gauche qu’à droite, cette vision de la politique par le petit bout de la lorgnette. Tout comme l’on trouve autant d’un coté que de l’autre des hommes et femmes politiques fortement engagés au service du bien commun et de l’intérêt général, sans calcul personnel.

          Je suis pleinement d’accord avec la nécessité d’un renouvellement en profondeur tant personnalités politiques que des méthodes, dont nous venons de voir, ces derniers jours, parmi les pires exemples.


          • www.jean-brice.fr (---.---.133.200) 6 avril 2006 09:20

            La situation actuelle est la conséquence de l’arrivée au pouvoir par un mini coup d’état (Chirac et ses 43 députés en 1974) d’un Président à l’esprit vichyste, en l’occurrence Giscard qui par une loi inconnue du grand public a dévoyé la CONSTITUTION ... Pour en savoir plus, allez sur www.jean-brice.fr


            • Riverain de La Mer (---.---.43.89) 6 avril 2006 23:18

              La Cote d’Azur et pas La France entiere reste attractif aux engagements financielles d’

              - etrangers etablis &
              - des Teens and Twens [soleil et La France en plein desarrois].

              Nous nous tombons pas du tout d’accord avec les statistiques publies par les gouvernements officielles quelqu’on que[cabinet de cuisine Roccard OU gris-gris Villepin].

              Les Teens & Twens d’Allemagne reviendront et depensent beaucoup de sous en France a cause du Francais[Sympa & Patois] qui trouve chaque gouvernement foutu et est extremement difficile a gouverner.

              La moindre chose francaise qui la jeunesse d’Allemagne fascine est un _g_o_u_v_e_r_n_e_m_e_n_t_


              • Antoine (---.---.238.232) 7 avril 2006 10:54

                Bonjour,

                Je pense que c’est une erreur de faire la comparaison Chirac/de Gaulle. Ils ne sont pas dans le mme contexte et a moins de faire une petite étude sur le caractère très différents des deux hommes on arrivera a rien en terme de déduction pour juger du temps présent .

                De Gaulle a tjrs été un « marginal sécantt » tandis que Chirac est un homme qui a tjrs été dans les couloirs et les salles du pouvoir....bref....

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