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Voyage en solitude

 Tic tac tic tac, mélancolique et monotone musique du temps qui passe en boucle. Agaçants et inépuisables tours de cadran des aiguilles trottant sur le fond blanc d’un carillon centenaire.

 Jeanne, quatre vingt deux printemps au sablier des saisons, se meurt d’ennui et de tristesse dans son fauteuil en osier. Le regard de la veuve creusé par les larmes se perd derrière l’horizon imaginaire de sa fenêtre. Elle attend le facteur comme d’autres attendent le Messie. Elle sait pourtant que plus personne ne lui écrit, mais la simple et furtive présence du préposé lui délivrant une facture ou une publicité l’a met en joie car, l’instant de quelques minutes, cela lui fera une petite visite et elle pourra briser l’isolement en échangeant quelques banalités avec le fonctionnaire.

 C’est vrai qu’elle se ronge de solitude la Jeanne depuis que son mari est parti moissonner les plaines fertiles du grand Manitou il y a maintenant presque huit années de cela, après soixante révolutions terrestre autours de soleil de vie commune. Deux mille neuf cent vingt deux jours une heure et douze minute, pour être très précis, qu’elle se flétrie, se consume à petit feu. C’est qu’elle a eu le temps de compter la veuve esseulée.

 Les enfants, leurs photos sur le buffet restent la seule preuve de leurs existences car ils ne viennent plus ou que très rarement, ils sont loin, ils travaillent ou ils n’ont pas le temps. Le temps, la denrée la plus précieuse dans ce monde de cinglés que l’homme gaspille en futilité. Elle, la Jeanne le temps l’énerve car il traîne en longueur, les aiguilles avancent trop lentement, le jour n’en finit pas et les nuits d’insomnies sont aussi longues que des peines de prison, les yeux grands ouverts à voir passer les mêmes fantômes quant les ténèbres s'agrandissent et les rêves se fiancent.

 Bien sur, elle trottine chaque jour péniblement jusqu’à la boulangerie, l’épicerie, il faut bien mettre un peu de carburant dans ce frêle petit corps et surtout, surtout parloter avec les commerçants mais, ils sont trop occupés et vite servi, vite parti, tristes éclipses de regards.

 L’absence de relation humaine est son manque, son abîme, sa souffrance. Cette mise à l’écart de la société, cet isolement, cette privation d’amour, d’amitié, l’angoisse et la consume de l’intérieur. Plus personne pour partager ses émotions, ses rires, ses joies et ses appréhensions, pour apposer un baume de gentillesse sur ses doutes et ses peurs face à l’échéance qui approche. De nos jours, la solitude est considérée comme une sorte de tare, elle a un subtil parfum de tristesse, quelque chose qui n'attire, ni n'intéresse personne, et dont on a un peu honte.

 Elle a bien conscience de cette dépendance à la compagnie d’autrui. Certain psy vous diront que quand on cherche les stimuli à l’extérieur de nous-mêmes, nous vivons un phénomène de dispersion. Que nous sommes tout aux choses et aux êtres qui nous entourent sans être présents à nous-mêmes. Du blabla oui, j’aimerais bien les voir avec pour seule compagnie une télé qui déballe stupidités et mensonges à longueur de journée. La solitude qui détruit est aussi celle qui est subie.

 La solitude fait partie de notre expérience de la vie, certes, mais à petite dose s’il vous plait... Nous sommes des animaux sociaux et toute notre vie active on nous a appris à faire avec les autres, la famille, les voisins, le patron, les clients, les collèges de travail etc… Et aujourd’hui, l’exil social. La société dans laquelle nous sommes nés repose sur l'égoïsme. Les sociologues nomment cela l'individualisme alors qu'il y a un mot plus simple, nous vivons dans une société de solitude.

 Quel paradoxe dans ce monde de communication, d’omniprésence des médias, ou une majorité d’individus partage son temps entre le mobile scotché à l’oreille, la vie virtuelle sur ordinateur ou l’abrutissement télévisuel. L’homme a des milliers d’amis sur facebook mais ne connaît pas le nom de ses voisins. C’est d’une hilarante tristesse.

 Nous n’existons et ne vivons qu’à travers le regard des autres. Chaque instant qui s’offre à nous est un nouvel apprentissage de la vie, dans ses limites comme dans ses moments de grande plénitude. Même si notre besoin de l’autre est très grand, il ne peut remplir notre vide et nous apporter la sécurité que nous recherchons. Cette sécurité, il faut la trouver en nous-mêmes car le chemin, il faut le faire solitaire et solidaire.

 Il est un temps vers la fin du parcours ou l’on doit se tenir soi-même dans sa main et s'offrir au néant…


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36 réactions à cet article    


  • Nicolas_M bibou1324 8 juillet 2013 15:19

    Article très bien écrit, je trouve. Après, je pense que le niveau de sociabilisation nécessaire à se sentir bien, dépend des gens. Certains préfèrent la solitude. Je suis de ceux là. 


    Je ne pense pas que nous soyons fait pour vivre en société. Il suffit d’essayer de croiser le regard de quelqu’un dans le métro parisien pour s’en convaincre. Nous sommes fait pour vivre en petites tribus. Aujourd’hui, l’éloignement des personnes nécessaires à la constitution de tribus n’existe plus. Nous sommes entassés sur les autres. Pour trouver un équilibre avec cet avalanche de contacts, nous avons tendance à nous éloigner émotionnellement des gens. A vivre reclus dans la foule. A ignorer les sentiments des autres.

    Une solution, paradoxale, pour vivre plus entouré ? Fuir les villes.

    • Gabriel Gabriel 8 juillet 2013 17:16

      C’est tout a fait exact, l’individu n’a jamais été aussi seul qu’au milieu de la foule. Dans les villages ou les quartiers, le lien social est normalement plus fort (ce n’est pas très difficile) ensuite vous avez la technologie qui rapproche les hommes virtuellement mais les isole souvent socialement. Merci de votre visite


    • Kookaburra Kookaburra 8 juillet 2013 16:47

      Très beau texte, Gabriel, j’aurais aimé l’avoir écrit moi-même. Certains support la solitude mieux que d’autres bien sûr, question d’avoir suffisamment d’intérêts, et encore ! A partir d’un certain âge, au problème de la solitude s’ajoute le sentiment de ne plus comprendre la société moderne, le sentiment que la vie me quitte plus vite que je ne la quitte. On appartient au passé avant d’y être. C’est que la société évolue de plus en plus vite. J’ai l’impression parfois qu’elle va dans le mur.


      • Gabriel Gabriel 8 juillet 2013 17:28

        Kookaburra, il y a aussi cette sensation de solitude au niveau des valeurs qui se perdent. J’en veux pour exemple l’individualisme, le carriérisme, le sectarisme, toutes ces attitudes qui éloignent l’individu de la communauté et détruisent son naturel au dialogue. Vous dites que la société évolue de plus en plus vite, plutôt que le terme d’évolution qui va du moins au plus, je pense à celui de changement qui lui, va souvent du plus au moins ces temps ci… Merci pour votre lecture.


      • rosemar rosemar 8 juillet 2013 19:58

        Bonjour Gabriel


        joli texte pour une bien triste solitude : je crois que nos sociétés ne laissent guère de place aux personnes âgées, dans un monde qui virevolte, elles sont souvent mises à l’écart....
        La vieillesse est trop mal perçue dans notre monde...

        • Gabriel Gabriel 8 juillet 2013 22:01

          Bonjour rosemar, la solitude n’est plus le seule faits des personnes âgées mais touche toutes les couches de la population. Peut-être avons nous perdu un peu de notre humanité.


        • Simple citoyenne Simple citoyenne 8 juillet 2013 21:24

          Bonjour à vous auteur article magnifique tout simplement. Vous parliez des pys, je cite un extrait de votre article ! "Du blabla oui, j’aimerais bien les voir avec pour seule compagnie une télé...] fin de l’extrait. Je connais un médecin, qui lui, a bien du mal à quitter ses patients, il est très âgée et c’est d’ailleurs lui qui est heureux de nous voir quand on vient, pourtant, il est entouré, il a une famille et sa femme le presse même de quitter son cabinet et de laisser sa place à un médecin plus jeune, mais non, il refuse ; alors voyez même eux, se sentent seul !


          • Gabriel Gabriel 8 juillet 2013 21:54

            Merci simple citoyenne, parfois, même entouré des siens on se sent un peu seul....


          • juluch juluch 8 juillet 2013 22:00

            Un bel article.


            La solitude des personnes âgées, je connais bien en Maison de Retraite......

            Occupons nous de nos anciens comme ils se sont occupé de nous....

            Ne les oublions pas.

            Merci Gabriel.

            • Gabriel Gabriel 8 juillet 2013 22:02

              Merci à vous juluch d’avoir pris du temps pour cet article. N’oublions pas nos anciens, vous avez raison...


              • lulupipistrelle 8 juillet 2013 23:29

                Excusez, mais je n’arrive pas y croire... 


                Je connais des femmes de 82 ans qui ont des emplois du temps de ministre... ma mère par exemple, ou la prof de violon de ma fille qui samedi dernier avait organisé un pique nique ... « nous serons une dizaine »... une trentaine, oui.. 

                Tous les jours, le matin et l’après -midi je passe devant le banc ( en fait il y en a deux côte à côte) des mamies de mon quartier... Il ne désemplit pas de la journée, tout au plus ce sont les occupantes qui changent... chacun s’y arrête pour échanger quelques mots ou entamer une longue discussion... 

                Je connais aussi des personnes solitaires... mais c’est leur choix... tout le monde essaye de les sortir, passe les chercher sous un prétexte ou un autre... quelquefois avec succès... 


                • Gabriel Gabriel 9 juillet 2013 06:55

                  lulupipistrelle ça fait plaisir de voir qu’il y a encore des personnes pour se rassembler et s’occuper les unes des autres. Bien sur il y a des clubs, des associations et puis le voisinage dans certains cas qui a toujours et fait encore parti des relations mais, on ne peut ignorer que beaucoup se retrouve seul et à presque tous les périodes de la vie. Merci de votre passage.


                • 6ber 6ber 9 juillet 2013 10:15

                  Un emploi du temps de ministre, oui bien sur, mais ne serait-ce pas pour fuir cette solitude dont parle Gabriel ?
                  Nous sommes seul devant la mort et la fuite du temps et ce n’est pas les derniers instants de notre vie passés sur un banc qui changeront quelque chose même si c’est préférable que de rester chez soi.
                  Vieillir c’est aussi et surtout devenir seul.


                • lulupipistrelle 11 juillet 2013 12:43

                  Mais à n’importe quel âge nous sommes essentiellement seuls. De la naissance à la mort. Certains ne le supportent pas, et ils se lancent dans dans la vie sociale, et d’autres très minoritaires, vivent dans leur tour d’ivoire...


                  La solitude peut être une préférence...

                  J’avais une grand-mère qui fuyait la société, qu’il fallait supplier de venir les jours de fête, qui pouvait passer une après-midi avec nous sans ouvrir la bouche... 

                • kitamissa kitamissa 9 juillet 2013 14:34

                  Bel article vraiment plein de pudeur et d’humanité !


                  le père de mon épouse parti à 90 ans tout rond le lendemain de son anniversaire , un homme seul dès qu’il s’est senti vieillir et perdre un peu de son autonomie physique,alors déjà lui ai trouvé un appartement plus agréable que celui qu’il occupait depuis trop longtemps, il a repris un peu plus goût à la vie,changer de cadre, ça change beaucoup de choses et c’est bon pour le moral !

                  ses enfants ? dont mon épouse ....ils ne passaient plus ou si rarement, alors je me suis substitué à ses enfants,on était devenus plus que relation gendre à beau père, mais deux amis qui se respectaient, pas du tutoiement chez nous , juste de la complicité...

                  il aimait les côtelettes d’agneau grillé et le bon whisky !!! bon alors je me pointais chez lui avec ces ingrédients,je l’ai baladé dans les endroits où il n’était jamais allé, on s’offrait un petit restau histoire de voir du monde ...

                  il m’a raconté l’histoire de sa vie, sans radotage, juste parce qu’il se sentait en confiance, il m’a fait ce beau compliment me disant qu’il me considérait comme son fils ...

                  en somme juste une amitié sincère, sans esbroufe ni calculs, et puis sa santé s’est dégradée petit à petit , la vieillesse est un naufrage avait dit justement De Gaulle !!

                  alors, comme il n’était plus autonome du tout, je l’ai fait hospitaliser parce qu’il lui fallait des soins constants ...

                  et puis un après midi, j’étais assis à ses côtés, il somnolait sur son lit , il est parti sans bruit dans son sommeil, certainement heureux que je sois demeuré à ses côtés pour son départ pour l’ultime voyage !! 

                  voilà, c’est tout !

                  • Gabriel Gabriel 9 juillet 2013 15:54

                    Bonjour kitamissa,

                    Ce que vous avez fait pour votre beau père vous honore et j’admire votre accompagnement désintéressé qui a noué, au-delà du lien familial, une belle amitié. Je crois que beaucoup devrait lire ces quelques lignes qui décrivent cette facette de votre parcours car, vous êtes à mes yeux, un formidable exemple. Merci de cette expérience que vous nous faites partager.


                  • Piere CHALORY Piere Chalory 9 juillet 2013 15:34

                    Bel article qui nous change des insanités politocardes & ou filosofo agressives. Oui, la solitude accompagne forcément l’âge avancé, c’est comme ça. 


                    À condition d’y arriver bien sûr. 

                    Mais aujourd’hui, existe aussi une nouvelle, une autre forme de solitude, celle de l’Homo internet Webus. 

                    Elle n’attendra pas le nombre imposant imposé des trop longues annnées ; sitôt le bouton allumé de l’ordi isolant, et hop ! ça y est, nous voilà partis dans le vide interactif.

                    • Gabriel Gabriel 9 juillet 2013 15:58

                      Pierre, cette solitude technologique et cathodique étend son territoire de jour en jour et, comme spécifié dans l’article, l’individu peut avoir des milliers d’amis sur les réseaux sociaux sans jamais adresser la parole à ses voisins de palier.


                    • jack mandon jack mandon 14 juillet 2013 12:09

                      Bonjour Gabriel,

                      Le choix poétique est déjà une réponse heureuse.

                      La solitude, avec ou sans les mots, avec ou sans raison,
                      est notre destinée.
                      Le philosophe romantique Jean-Jacques Rousseau,
                      nous dévoile, dans ses rêveries, l’immense nécessité
                      d’y faire face mais la difficulté d’en assumer la charge et le choix.

                      Me voici donc seul sur la terre, n’ayant plus de frère, de prochain, d’ami, de société que moi-même. Le plus sociable et le plus aimant des humains en a été proscrit d’un accord unanime."

                      C’est peut être salutaire de l’exprimer pour se hisser au-dessus de notre condition.

                      Au fond ce peut être un doux voyage.


                      • jack mandon jack mandon 14 juillet 2013 12:23

                        J’ai souligné à ma manière ce que votre article m’inspire,
                        c’est à dire qu’il ouvre paradoxalement des horizons de plénitude.
                        « Vous serez comme des dieux »
                        Posé dans sa condition humaine, il ouvre des espaces et
                        dessine un monde paisible de liberté et de bien être.

                        Bonne journée.
                         


                        • Suldhrun Suldhrun 14 juillet 2013 18:26

                          Le bonjour jack
                          La mort petique .........

                          Nous , les combattants , de la mort ,

                          alchimistes ou guerriers en avons un aspect plus dynamiques . !!!


                        • Suldhrun Suldhrun 14 juillet 2013 18:30

                          Zut

                          Poetique , vous les le dire


                        • Gabriel Gabriel 15 juillet 2013 08:58

                          Bonjour jack,

                          Pour aller dans votre sens, je vais à mon tour vous citer Rousseau : « Le problème de l’homme c’est qu’il ne sait plus s’asseoir seul sur une chaise au milieu d’une chambre… »  Bonne journée à vous.


                        • Gabriel Gabriel 15 juillet 2013 09:02

                          Suldhrun, pourquoi combattre la mort, elle n’est que le prolongement logique de cette « vie », nous ne faisons que passer d’un jardin à l’autre. La première loi des alchimistes n’est-elle pas : « Tout est dans tout… » ?


                        • Suldhrun Suldhrun 15 juillet 2013 10:27

                          Gabriel , la mort est rigide et froide , immobile et de decomposition , alors que la vie demande tant a faire

                          Tout est dans tout , certes mai cette affirmation est souvent mal comprise c est comme dans les philos d Orient qui preconisent la vie comme illusion mais d ici a croire que c est une irrealitee .......

                          En fait nous soulignons par le Tout l empreinte que nous portons de la Nature Universelle car issus de celle ci , faits a son image nous sommes

                          Par ex , le rythme

                          La nature possede un rythme , les saisons les rotations voir meme le quartz a du rythme
                          et ainsi nous reproduisons ce schema de fonctionement par le rythme cardiaque , respratoire du sommeil aussi .

                          Un dernier mot la mort a ete implante de facon artificielle a l humain par la loi de la chaine alimantaire du vivant , une realite difficilement explicable .

                          a bientot


                          • Gabriel Gabriel 15 juillet 2013 14:54

                            Tout ce qui a commencé doit finir, c’est un fait mais ne parlons nous pas ici de la matière ? Et est ce que votre esprit, âme ou appelez cela comme vous voulez est matière. Nous sentons et nous savons par expérience que nous sommes éternels. Je ne devrais pas avoir ici à en convaincre un alchimiste. Notre évolution, je cite toujours des préceptes alchimistes, va du minéral à l’homme en passant par le végétal et l’animal pour après ? Qui mourra, verra....


                          • Suldhrun Suldhrun 15 juillet 2013 16:54

                            Qui mourra , verra .....

                            L aspect de votre curiosite ,releve bien , d un mimetisme moutonier . Une fatalite et quoy d autre ?

                            Merci d avoir ouvert cet espace de dialogue , aussi je vous laisse ... a votre curiosite

                            Amitie a votre texte et a vos intervenants , sensibles et elegants dans leur manieres


                            • Gabriel Gabriel 16 juillet 2013 09:45

                              Mimétisme moutonnier dites-vous ? Je prends cela avec le sourire bien qu’il y aurait long à dire sur l’aspect de ma curiosité et la votre concernant les limbes. Merci d’avoir participé au débat.


                            • Gabriel Gabriel 17 juillet 2013 07:37

                              Bonjour Selena, notre vie n’est qu’un long apprentissage, un passage obligé à notre évolution. Merci pour ce que vous faites, les accompagnements sont une des plus grandes écoles de la vie où, ceux qui partent, nous apprennent comment continuer.


                            • Gabriel Gabriel 18 juillet 2013 08:20

                              Selena, en effet la vie a un humour dévastateur car en nous mettant au monde elle nous a déjà condamnés à mort. Mais n’est ce point là, la seule réalité à expérimenter ? Les questions se bousculent et les réponses tardent à venir à celui qui, souvent, ne sait pas entendre. Imaginez les centaines de tombes d’un cimetière et imaginez que l’on donne la possibilité à ses locataires de revivre une seule journée sur terre. Que croyez vous qu’ils feraient, ils iraient au supermarché, à leur  travail, chez leur banquier ou, ils aimeraient ? C’est vrai qu’il faut jouir chaque jour de la vie car il est bien plus tard que nous le pensons. Nous sommes en perpétuel apprentissage de l’amour car, à bien y regarder, il n’y a rien d’autre de plus puissant et elle est l’énergie originelle et constitutif de notre être. Nous sommes cela et rien d’autre, à nous de réveiller cette énergie car le but de notre quête sera de retourner là d’où nous sommes venus et de nous voir enfin tel que nous sommes vraiment. Nous ne sommes jamais aussi vivant qu’à l’heure de notre mort, dommage...


                            • jack mandon jack mandon 18 juillet 2013 00:42

                              Bonsoir Selena,

                              Oui, tout au coeur de la vie, entre cimes et abimes,
                              avec l’enfant que nous sommes et son ombre devenue,
                              comment nourrir la fraicheur et la candeur du vivant,
                              quand le naufrage nous étreint ?
                              « Un livre se referme d’un côté et va s’ouvrir ailleurs »
                              Ici et maintenant, nous ne pouvons que spéculer en
                              contemplant notre prochain en lui offrant une écoute.
                              Nous pouvons aussi simplement l’écouter nous confier
                              en silence le livre de l’ailleurs en nous faisant tout petit..
                               


                              • Gabriel Gabriel 18 juillet 2013 08:34

                                Jack, j’aime bien cette citation de Spinoza : "Nous sentons et nous savons par expérience que nous sommes éternels..." Merci à tous pour vos interventions sur ce texte.


                                • jack mandon jack mandon 18 juillet 2013 11:13

                                  Gabriel, bonjour,

                                  S’étire le débat dans la discrétion ouatée du thème.
                                  A la lumière tenace de la poésie et de la philosophie.
                                  C’est vrai que d’un commun accord nous savons
                                  le présent et l’autre monde éternel...
                                  alors pourquoi cultiver l’inquiétude ou l’angoisse
                                  en tournant et retournant dans nos têtes.
                                  Il est des textes porteurs d’essentiel,
                                  sur lesquels il suffit de se laisser porter comme
                                  sur un immense fleuve paisible en découvrant
                                  le paysage, méditatifs et silencieux.


                                  • Gabriel Gabriel 18 juillet 2013 12:05

                                    Quel calme au milieu de ce vacarme médiatique, des conflits de ceux qui sont pour à ceux qui sont contre et qui n’auront, de tout façon, jamais la même heure à leur montre parce qu’ils restent campé sur leurs certitudes sans jamais lâcher prise et écouter leur petite voix intérieure. Finalement, le chemin de la connaissance n’est pas très long, 20 à 30 centimètres tout au plus, la distance de la tête au coeur. Merci et bonne fin de semaine.


                                  • jack mandon jack mandon 20 juillet 2013 09:25

                                    Bonjour Selena,

                                    Le rêve est un enseignement souvent compensatoire.

                                    Votre profession est difficile à gérer.
                                    Elle est à la fois matériellement dramatique et paradoxalement
                                    complètement illusoire tellement elle fausse la magie de la vie.

                                    Votre rêve vous donne, mais nous donne aussi une clé.

                                    Le vide, la peur de la chute, le vertige...

                                    Revoyez les Propos d’Alain sur la mort et l’imagination

                                    « La mort est une maladie de l’imagination.  »

                                    La vie et la mort sont intarissables autant qu’illusoires

                                    On ne finit pas de se saluer, comme sur la planète du petit Prince


                                    • jack mandon jack mandon 20 juillet 2013 11:40

                                      Selena et Gabriel,

                                      Vos interventions, les miennes, touchent certainement
                                      à des questions essentielles qui, de surcroit, sont au coeur
                                      de la poésie et de la philosophie.
                                      Si on en a le gout, elles encouragent une espèce de débat feutré
                                      entre rêve et réalité. C’est l’intime qui déboule dans un univers
                                      qui ne l’accueille pas spontanément. L’actualité.
                                      Pour cette raison, depuis toujours, les arbres de l’actualité
                                      sont dressés pour cacher la forêt de l’être.

                                      A vous deux je puis dire que ces thèmes, désertés
                                      par le plus grand nombre, représentent secrètement
                                      des vraies sources de félicité pour les gens heureux.

                                      Si l’on peut dire avec Alain,

                                      « Le bonheur est une récompense qui vient à ceux qui ne l’ont pas cherchée.  » Le bonheur est une manière d’être qui s’alimente naturellement.


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