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Accueil du site > Tribune Libre > Hewlett-Packard ou comment empêcher la création d’emplois

Hewlett-Packard ou comment empêcher la création d’emplois

Une fois de plus, à l’occasion du plan de restructuration de Hewlett-Packard, notre classe politique, relayée avec enthousiasme par les médias, a apporté une éclatante démonstration de son talent pour prendre les postures et les initiatives de nature à consolider notre incapacité à créer des emplois et donc à réduire le chômage.
Cela a commencé par la répétition inlassable de l’argument, exemplaire, de l’analphabétisme économique que nous cultivons, selon lequel une entreprise, réalisant des profits, n’est pas fondée à réduire ses effectifs.
Cela s’est poursuivi par le soupçon selon lequel les dirigeants du groupe américain viseraient par priorité la France, sans qu’il soit étayé par une quelconque analyse qui aurait démontré que notre pays serait frappé proportionnellement plus que les autres.
Cela s’est accompagné de gesticulations publiques, voyage aux Etats-Unis, saisine de la Commission européenne, initiatives dont même leurs auteurs savaient dès le départ qu’elles étaient vaines et inutiles.
Cela a culminé enfin avec le dernier épisode, celui de l’exigence du remboursement des aides publiques dont Hewlett-Packard aurait bénéficié, alors que, pour le moment, leur recensement, dont on aurait pu espérer naïvement qu’il ait été préalable à ces déclarations, ne semble avoir révélé péniblement qu’un peu plus de 1 million d’euros de subventions des collectivités locales de l’Isère.
Il n’a même pas manqué ce matin, sur Europe 1, le rapport établi par le président du conseil général de l’Isère entre cette aide locale et le salaire supposé du patron de Hewlett-Packard.
La classe politique mesure-t-elle les dégâts que ce psychodrame à la française provoque sur les décisions de créer des emplois dans ce pays ?
Désormais les groupes étrangers qui seraient tentés d’embaucher, savent qu’ils s’exposent, dans le cas où les circonstances économiques leur imposeraient de réduire les effectifs, à devoir rembourser les aides qu’on leur aurait éventuellement accordées pour les attirer en France. Ils savent aussi que ce qui les attend, ce n’est pas une négociation virile sur les conditions de départ, de formation et de reclassement des employés dont ils se séparent, mais des tentatives dérisoires d’imposer de l’extérieur une modification des objectifs de l’entreprise. Ils savent enfin qu’ils seront traînés dans la boue et insultés. Croit-on qu’un tel épisode restera ignoré ou inaperçu des entreprises étrangères déjà implantées en France, ou de celles qui envisageraient d’y venir ?
Ce serait être aussi bien naïf que de penser que les entrepreneurs français ne se sentiraient pas également concernés. Beaucoup d’entre eux s’étaient dit, au cours des derniers mois, que les initiatives du plan Borloo, le contrat de nouvelle embauche de Dominique de Villepin, les prémisses d’un dialogue constructif entre le Medef et les syndicats, annonçaient une ère nouvelle. Il ne semblait plus impossible que notre pays commence à traiter sérieusement la question du chômage, en distinguant ce qui devait relever de l’entreprise, la décision d’adapter les effectifs en baisse ou en hausse à l’évolution du marché, et ce qui relevait d’une approche collective, l’organisation de la protection et de la mobilité des salariés tout au long de leur vie professionnelle, à travers des compléments de revenus adéquats, des actions de formation intense et continue et un dispositif actif de soutien au reclassement et à la recherche de nouveaux emplois.
Répéter indéfiniment des épisodes tels que celui qui affecte Hewlett-Packard, à l’image de ceux qui au cours des dernières années ont défrayé la chronique, constitue l’un des meilleurs moyens que nous ayons inventés collectivement pour empêcher la création d’emplois en France. Que l’on soit de droite ou de gauche, il ne devrait pas être impossible de le comprendre, et de modifier notre comportement en conséquence, ne serait-ce que par respect pour le sort des dix pour cent de nos compatriotes auxquels nous sommes incapables de proposer un emploi.
Le temps n’est-il pas venu d’arrêter l’amateurisme et l’improvisation dans ce domaine, et de faire du traitement de ce problème l’enjeu d’un consensus national, au lieu de prétendre le résoudre à travers l’alternance de solutions opposées qui ont toutes échoué, et à travers des approches politiques qui ne trompent plus personne sur leur efficacité ?


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11 réactions à cet article    


  • (---.---.137.76) 30 septembre 2005 14:09

    Quelques précisions me semblent utiles à propos de cet article.

    1) Les entreprises étrangères continuent à investir en France : elles savent qu’elles vont trouver dans notre pays des compétences, des infrastructures, des débouchés.

    2) le cas d’HP est somme tout différent sur de nombreux aspects : Tout d’abord, HP est une entreprise qui gagne beaucoup d’argent (+ de 14 milliards de dollars de liquidités APRES impots actuellement ; et plus d’un milliard de bénéfices au cours du dernier trimestre... Ensuite, HP est une entreprise qui réalise 40% de son Chiffres d’Affaires en Europe ; il s’agit du même pourcentages de suppressions d’emplois sur le plan en cours de réalisation. Et HP peut se permettre d’augmenter ses administrateurs de 40% par an ; je ne suis pas sûr que les salariés de cette entreprise en recoivent autant... Enfin, HP est particulièrement heureuse de voir l’Etat Français, par le biais d’entreprises publiques, participer à l’augmentation de ses revenus : il s’agit pour cette société d’une sorte de « rente-à-vie » par l’amplitude des revenus générés par les systèmes hérités de Compaq et TANDEM qu’elle facture à notre beau pays. La contrepartie ? HP ne veut pas l’imaginer, puisqu’elle veut bien l’argent mais pas les salariés... Cruel dilemne pour une entreprise qui se veut citoyenne...

    3) Ne parlons pas d’emplois industriels : ceux-ci sont partis de France il y a bien longtemps, et notamment chez HP. Mais attention ! il s’agit maintenant de supprimer des emplois à haute valeur ajoutée ! Si la France laisse partir ces emplois maintenant, deviendrons nous une société composée uniquement de retraités et de salariés qui ne seront là que pour s’en occuper ? Quel avenir à terme si nous ne nous battons pas pour ces emplois ?

    4) pour terminer, rappelons l’épisode des « 35H »... Il faut rappeler que, suite à l’application des 35H en France, les gains de productivités sont tels qu’HP France réalise 4% du CA mondial de la socitété avec seulement 3% des effectifs mondiaux. L’épisode des 35 heures a fait passer une charge de travail sur la plupart des cadres de l’entreprise (80 % du personnel !) de l’ordre de 13 heures par jour ! on est loin des 35 heures... Hélas ! on imagine mal l’effet d’annonce désastreux de cette loi ; la mauvaise réputation de notre pays vient de l’idée qu’en font certains décideurs d’autres pays. Mais d’autres ont bien compris l’avantage qu’ils pouvaient en tirer. La preuve ? ils continuent à investir en Franc, eux !


    • Mathieu (---.---.212.160) 30 septembre 2005 14:09

      Encore un orticle original tiens ! Oui il faut laisser les entreprises licencier c’est le seul moyen de lutter contre le chomage (ben tiens !) Pourquoi pas leur décerner la légion d’honneur quand cs entreprises licencient alors qu’elles font plein de bénéfices, quel courage ! Quel beau geste !


      • Didier Vincent Didier 30 septembre 2005 19:09

        Contrairement à Pierre Bilger, je ne pense pas que la question HP devienne déterminente dans le choix des entreprises étrangères à s’installer en France ou pas. Seuls les critères économiques prévalent, en ce sens nous gardons quelques avantages solides et c’est tant mieux. Cela étant dit, il est juste de faire remarquer que l’aspect psychlogique peut avoir un impact et qu’à niveau de concurrence égale, les choix se détournent de la France.

        Je me permets d’ajouter que le commentaire d’AgoraVox sur la question des 4% du CA ramenés aux 3% des effectifs ne me parait pas valide. Le CA, aussi interessant soit il n’est pas à proprement parlé un critère de performances de l’entreprise, surtout dans ce type d’entreprise pour laquelle l’origine du CA reste difficie à identifier. Parle t-on du CA de destination ou du CA d’origine, cad CA généré par les ventes en France ou le CA généré par les établissements HP en France et à destinations diverses ? Juger de la performance de HP France en rapprochant ces deux chiffres est bizarre.


        • L'équipe AgoraVox Carlo Revelli 30 septembre 2005 19:48

          Didier,

          Il ne s’agit pas d’un commentaire d’AgoraVox. Su vous faites référence au premier commentaire c’est quelqu’un qui n’a pas signé son message et qui a laissé l’url de l’article d’AgoraVox.


          • Didier Vincent Didier 30 septembre 2005 20:43

            Mea Culpa et mes excuses à AgoraVox


            • Pbi (---.---.238.19) 30 septembre 2005 22:51

              Pour éviter tout malentendu, je précise que je suis d’accord avec Didier : l’affaire HP ne peut être « déterminante » dans l’évolution future des investissements étrangers en France. Je suis bien conscient que beaucoup d’autres facteurs entrent dans la décison d’investir. Ce que j’ai voulu souligner, c’est que cet élément, ajouté à d’autres, n’a pas créé en France un environnement, notamment psychologique, favorable pour le développemnt des entreprises, qu’elles soient d’ailleurs étrangères ou françaises, et par conséquent pour la réduction du chômage. J’ajoute que depuis que ce billet a été écrit et publié sur mon blog, il y a huit jours, le tir a été fort heureusement partiellement rectifié.


              • yannig (---.---.175.16) 1er octobre 2005 10:46

                HP a bénéficié non seulement de subventions (peu importe que ce soit ou non pour l’emploi) mais en plus de partenariats avec des instituts nationaux de recherche. HP développait par exemple des solutions de scann innovantes avec L’institut de recherche en informatique. Celà faisait de l’état un obligé et un client captif.

                Mais HP a remis en cause ces partenariats quand on s’est rendu compte que la recherche ne donnait de résultat que sur des années, et nuisait au prochain bilan semestriel. Il était plus rentable de ne pas innover et d’innonder toute la France de ces imprimantes jet d’encre aux cartouches prohibitives.

                HP a dit avoir versé 700 millions de taxe pro en France. Encore heureux ! ça finance les administrations, qui sont ses clientes. Et une fois pour toute les subventions ne sont pas une compensation vis-à-vis des taxes.


                • Manu (---.---.77.234) 1er octobre 2005 11:52

                  Après ce genre d’article, il ne faut s’étonner de la fracture grandissante entre le monde de l’entreprise et les français. Comment peut-on justifier ces suppressions d’emploi ? Si désormais une entreprise en pleine santé arrive à justifier un mode de gestion pareil (si on peut appeler cela de la gestion...), où va-t-on ?

                  Cadre d’une entreprise privée, je sais de quoi je parle : alors que celle-ci a publiée l’an dernier des résultats historiques, l’enveloppe d’augmentation était inférieure à celle de l’année précédente ! Ah, j’allais oublier : le dividende par action, lui, était augmenté de 33%.

                  Qu’on ne s’étonne plus de l’attirance grandissante pour la gauche extrême, pour ne pas dire l’extrême-gauche, de l’électorat. Mais qui a tiré le premier ?


                  • Xavier (---.---.23.106) 2 octobre 2005 03:39

                    Je ne peux résister de publier ici une note que j’ai écrite le 22 septembre :

                    Aux dirigeants de HP depuis 10 ans,

                    Pendant 10 ans, vous avez donné du travail à des milliers de français. Merci. Vous voullez vous réorganiser. OK. J’espére que vous reviendrez embaucher rapidement en France.

                    A tous les dirigeants de multinationales et de petites compagnies étrangères,

                    N’écoutez pas les gesticulations des politiciens français qui voudraient faire revenir HP sur ses suppressions d’emplois. Je serais vraiment heureux que vous veniez vous installer en France. Si vous donnez du travail pendant quelques années à des français, vous aurez le droit de les débaucher sans problème, en remerciement.

                    Aux politiciens français qui pensent aux élections,

                    Arrêter de faire une contre publicité dramatique contre la France. Nous sommes déjà très mal plaçé dans l’opinion des CEO étrangers. Lancez une campagne “Hire in France”, et pensez au service après vente.


                    • (---.---.65.158) 5 octobre 2005 22:07

                      Qui a empéché la création d’emploi chez HP ?

                      C’est en tout premier lieu la décision catastrophique de la furie médiatique Carly Fiorina en décidant de racheter Compaq il y a 4 ans de cela. Beaucoup d’analyste prévoyait les difficultés, elles sont là ! Qui en a bénéficié ? Carly, plus de 240 millions de dollars sous diverses formes, en guise de remerciement au cours de ses quelques 5 années passées chez HP. Qui en fait les frais ? Nous, les employés de France et d’ailleurs. Si HP n’avait pas racheté Compaq cette entreprise serait moribonde aujourd’hui et HP aurait continué son bonhomme de chemin, constitué d’une palanquée de business autonomes dont la particularité était de se comporter en start-up qui soit grossissaient, soit disparaissaient sans faire de vague, ni licenciement d’ailleurs.

                      Donc on peut gloser sur la France éternelle qui ne sait décidément pas s’adapter et donne une image pitoyable d’elle même, c’est certes parfois vrai, mais nos amis américains sont à cent lieus de cela quand ils font du business. C’est je dirais même un non événement.

                      Par contre ce qui en serait un c’est si les patrons Français avaient une attitude différente au niveau de l’embauche.

                      Et là, il n’y a pas besoin de changer la législation, ni fournir des aides, ni même payer moins d’impots, mais peut-être plutôt de cesser de recruter sur diplome, faire le pari de l’intelligence et de la créativité tel que justement HP le pratiquait quand il embauchait. En tant que potentiel futur chomeur je serais vivement interéssé ! L’image terne de la France à l’étranger c’est aussi la rigidité patronale Française faite de poncifs libéraux dont le commandant Sylvestre sur France Inter ou LCI en est le chantre quotidien qui ont peu avoir avec une quelconque réalité économique.


                      • Gérard (---.---.219.5) 18 octobre 2005 22:48

                        J’ai subi pendant plusieurs années l’actuel CEO (PDG) d’HP : Mark le nettoyeur ! Sa seule capacité a ete de centraliser, délocaliser, sous-traiter, externaliser, ce qui lui a permit d’avoir le prix de l’action qui double chaque année mais rien pour le moyen ou long terme. Reste que depuis l’entreprise s’est vidée de nombreuses competences. Son mot d’ordre « ameliorer la competitivite » a ete utilisé chez nous avant d’etre utilise chez HP. Tous les acquis ont ete supprimé, ne reste que ce qu’impose la loi. HP n’est qu’au début de son degraissage, la disparition des RTT est deja annoncée, avec chantage pour reduire le nombre de licenciement, mais, ne soyons pas naif, d’autres licenciements suivront la suppresion des RTT et autres avantages chez HP. Reste a savoir si nous acceptons, resigné, que l’argent aille a des rentiers ou a ceux qui travaillent. Je ne pense pas que la direction prise par l’économie actuelle d’aller vers le moindre cout pour donner le maximum a l’actionnaire perdure tres longtemps, mais plus nous insistons pour poursuivre cette course folle, plus nous risquons une explosion brutale et incontrolable du systeme. Deja, les entreprise americaine reduisent leurs moyens pour la retraite de leurs employés, bientot ces americains agés prendront les emploies des jeunes et l’amérique s’auto-detruira. Bon courage a ceux qui vont rester chez HP et bonne chance aux autres.

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