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Les commentaires de Jason



  • Jason Nicolas 27 novembre 2006 16:51

    @Mélanie,

    Merci de votre réponse. Il y a peu de personnes qui peuvent se sortir du modèle de pensée selon lequel le travail consiste uniquement en certaines activités répertoriées de très longue date, voire depuis la nuit des temps. On en arrive à la situation qui fait que certains membres d’une communauté décident (ou ont décidé il y a fort longtemps) de ce qui a de la valeur et de ce qui n’en a pas. La grande difficulté sera de faire entrer ces activités « non marchandes » dans la sphère marchande. Il faudra du temps, mais je pense que c’est possible.



  • Jason Nicolas 25 novembre 2006 00:02

    Bon article qui fait réfléchir. Mais est-ce vraiment, ou sera-ce comme vous l’entendez ?

    L’homme n’est pas fait pour travailler, la preuve c’est que ça la fatigue, disait un humoriste du début du siècle dernier. Derrière la boutade il y a une grande part de vérité. De source de fatigue physique, le travail est devenu une cause de fatigue nerveuse, mentale, parfois extrême, souvent intolérable. Parmi tous les fatigués, vous placez les gratte-papiers parmi les inutiles. Vous oubliez une fonction importante de ces tâches inutiles, qui, soit dit au passage, ne sont pas limitées aux bureaucrates. Toutes ces personnes consomment. Ils sont les acteurs des cycles économiques, et vous dites fort bien que l’on pourrait les payer à ne rien faire, dans le sens classique du terme, càd ne rien produire dans l’économie marchande. Oui, pourquoi pas, mais qui les entretiendra ? Notons aussi que les inactifs qui sont des travailleurs potentiels et reçoivent une aide de l’état participent au maintien d’un salaire minimum général dans le marché du travail. Et ils consomment (souvent des produits importés, j’en conviens), mais ils consomment. De plus, cette intervention empêche les salaires de devenir extrêmement bas (même si le SMIC est une honte aujourd’hui, il y a pire...).

    Vous dites que le chômeur travaille d’une manière ou d’une autre... mais ses activités ne sont pas rémunérées. Cela est parfaitement vrai. Il n’est pas le seul à « travailler gratis ». Pensons à toutes les activités, par exemple domestiques ou sociales, qui ne sont jamais prises en compte. L’économiste américain Gary S. Becker a essayé, avec quelques autres peut-être, de mettre un coût sur certaines activités domestiques et sociales non reconnues comme ayant une valeur comparable à celle du travail classique. Il a même sorti le concept de « human capital » qui a fait rugir les penseurs européens. Concept délicat, visant à établir une unité de compte pour les tâches nécessaires pour la survie d’une communauté, mais non rémunérées. Cela mène à dire que le travail classique, rémunéré par l’employeur cache en fait de très nombreuses autres tâches, coûteuses en temps immobilisé, et qui ne sont jamais prises en compte. Si l’on établissait une unité de compte pour toutes les tâches réelles qui sont occasionnées par un poste de travail, les salaires réels devraient sans doute être triplés sinon plus. Il en est de même pour l’enseignement, la recherche, les institutions qui garantissent le fonctionnement des règles économiques (ordre social, ministères, tribunaux, etc), si tous ces coûts supportés par la communauté devaient être facturés à leur coût réel aux employeurs, ils pourraient mettre la clé sous la porte. Le monde du travail est en réalité un monstre d’injustice économique. Et pourtant ça marche (mal, très mal) mais ça marche. Nos sociétés sont paradoxales.

    Quant aux robots dont vous parlez, il suffit de les taxer à hauteur de, mettons un robot remplaçant cinq personnes, et le tour est joué. Mais qui passera de telles lois ? On sait où vont les profits ainsi encaissés... en investissements bien sûr !

    Selon vos spécialistes, les suicides augmenteront dans les années à venir. Pas nécessairement ; si une communauté décide de mettre l’économie à jour et de la contraindre au service des majorités. Mais j’entends le tollé général d’ici. Mettons au grand jour le travail caché et non payé, et tout le monde sera occupé. Les gens le sont déjà. Payons-les ! Mais les comptabilités publiques et privées seraient entièrement à refaire, l’économie à réinventer. Pas possible, utopique.



  • Jason Nicolas 24 novembre 2006 12:24

    Merci pour cet article qui semble très bien informé. J’ajouterai, à propos des lobbies, un article de la Zeit (Hamburg) repris par Courrier International du 9/11/06, dans lequel il est fait état des activités d’un tout petit bureau, le Bureau Européen des Unions de Consommateurs (BEUC), dans lequel une poignée de spécialistes fait face à « plus de 15.000 lobbyistes à oeuvrer pour faire entendre la voix des secteurs industriel et agricole... » Dans la métaphore du renard libre dans le poulailler libre, les renards sont plus nombreux que les poulets (ou les oies ?)

    Qant à M. Seillière qui a ses entrées auprès du très conservateur (pour ne pas dire plus) Barroso, il continue à imposer sa partition à l’Europe. Et, ce qu’il y de consternant, c’est que personne,dans cette affaire ne se soit indigné (à ma connaissance,jusque-là) d’un tel procédé.

    Est-ce là l’ouverture européenne ?



  • Jason Nicolas 20 novembre 2006 17:55

    Monsieur,

    Les profits des entreprises ne sont pas scandaleux (jugement moral), mais ce sont des excédents nécessaires qui peuvent être employés à faire tout ce que les chefs d’entreprises désirent dans le cadre des lois, y compris s’attribuer des émoluments pharaoniques, comme c’est le cas aux USA, par exemple (et en Europe un peu moins).

    Le capitalisme moderne a toujours voulu sortir du social, c’est à dire ignorer les impacts de ses activités sur la société où l’activité profitable était exercée. La question que je me pose est : de quel droit (moral) un entrepreneur exerce-t-il son activité dans une société donnée, et avec l’autorisation de qui ? et pour y faire quoi exactement ? Quel va être l’impact social, économique, écologique, anthropologique même, de cette activité ? Qui en décide ? L’entrepreneur va et vient dans une communauté donnée, entre et sort comme dans un moulin, fait et défait ce qui lui plait sur le plan économique, et c’est tout à fait normal ? Cet entrepreneur est à l’origine de changements sociaux d’une extrême ampleur parfois, cause des changements de moeurs (alimentaires, vestimentaires, familiaux etc), module les institutions à sa guise (modernité oblige), entre autres l’enseignement, etc ; et personne n’y trouve rien à redire... Le capitalisme règne en roi, et l’intendance suivra. Qui civilisera ce Moloch ?

    Le capitalisme crée des surplus colossaux qui sont la plupart du temps dilapidés, ou au mieux très mal employés. Le travail est un ingrédient nécessaire dans cette machine infernale, et ceux qui le produisent sont trop souvent ignorés par les petits comités de chiens savants qui se réunissent dans les endroits cachés de la planète. Décidément, le capitalisme est bien trop sérieux pour être confié à des capitalistes, ou pire, à des financiers. Quant aux profits, c’est le sommet de l’iceberg.



  • Jason Nicolas 18 novembre 2006 17:38

    @ Marsupilami et autres...

    Vous avez le droit de jouer avec les hochets qui vous conviennent. J’attire votre attention sur les quelques 200.000 (chiffre à vérifier) produits chimiques que l’UE voulait répertorier et ainsi forcer les industries chimiques à regarder de plus près quant à leur nocivité à long terme. Comme par hasard le dossier semble oublié.

    Savez-vous que par le port d’Amsterdam (plus grand port d’Europe) transitent des millions de tonnes de soja en provenance d’amérique latine, produit dans des conditions inconnues, vérifiées par qui ? et qui finissent dans votre chaîne alimentaire ? Regardez les chaînes de télé étrangères, lisez des journaux autres que ceux de l’hexagone, vous y découvrirez d’autres thèmes que ceux à la mode en Frane, et qui font une utile diversion.

    Merci pour le « dégage ».



  • Jason Nicolas 18 novembre 2006 13:40

    @Forest Ent

    Le trait commun de nos systèmes politiques c’est de ne voir les obstacles que quand les décideurs les ont sur le nez. Les groupes sont souvent aveugles. Cette cécité est bien connue. Et puis, les problèmes d’environnement sont une telle manne financière pour tant d’entreprises, et source d’emplois future (eh oui). La destruction constructive, énoncée (entre autres) par l’historien de l’économie Schumpeter, est ici à l’oeuvre. Contradictions du capitalisme aurait dit Marx. J’ose à peine le dire, mais cela me semble si vrai. Pour faire marcher nos systèmes, à défaut des guerres (bonne vieille recette) il faut bien lutter contre quelque chose et commercialiser l’eau, l’air, bref tout ce que nous avions gratuitement jusqu’ici. Il n’y a qu’en créant de nouveaux marchés que l’on créera des richesses... Et fouette cocher !



  • Jason Nicolas 17 novembre 2006 19:43

    Débats intéressants. Mais avant de recommander de « rattraper le retard pris par rapport aux autres partis socialistes des pays de l’UE » il faut examiner ce que les Socio-Démocrates de l’ère Schröder ont fait en Allemagne : démantèlement de la couverture sociale (les programmes de Hartz),la dégradation spectaculaire du droit du travail, cadeaux continus au patronat en échange de promesses jamais tenues...

    Deuxième point à ne pas perdre de vue : il suffit d’un clic d’ordinateur pour transférer des milliards à l’autre bout de la planète (libre circulation des capitaux oblige), mais on ne peut transférer les heures de travail équivalentes ou les mettre en oeuvre rapidement. Le capital est extrêmement mobile, mais le travail ne l’est pas. C’est ce que les futurs élus perdent de vue en ces temps de campagnes médiatiques.

    Quant à stimuler les micro-entreprises qui, réunies, représentent de grands gisements d’emploi, c’est un défi permanent qu’il faut relever énergiquement. Je n’ai pas beaucoup entendu parler de ce genre de choses ces derniers temps. Le surfing politico-médiatique cache bien des problèmes profonds et des déconvenues à venir.



  • Jason Nicolas 16 novembre 2006 16:17

    Plus on fait de lois, et plus on crée d’infracteurs, disait-on au temps de Montesquieu. Il serait plus sage de créer des conditions telles que les citoyens n’aient aucun intérêt à les enfreindre. Le problème dans la plupart des gouvernements, c’est qu’on crée des lois et on les oublie. Pire même, on oublie de les appliquer ou de les supprimer. Trop de lois et trop peu de moeurs et d’honnêteté politiques. Un suivi sérieux serait un bon début pour faire le ménage.



  • Jason Nicolas 14 novembre 2006 18:21

    Vous oubliez le méthane, produit lors de la digestion de certains aliments. Très polluant, le méthane. Pensez aux flatulences, Monsieur, pensez-y ! Un impôt supplémentaire ici aussi !



  • Jason Nicolas 14 novembre 2006 18:10

    Qu’en des termes cinglants ces choses-là sont dites. Vous avez un art de pourfendre la cuistrerie ambiante qui force l’admiration. Vous avez mille fois raison sur le fond comme dans la forme.



  • Jason Nicolas 14 novembre 2006 13:27

    Bonjour, Anaxagore, je suis d’accord. La privatisation est à la mode, comme la fusion des entreprises. Il n’y aura rien à faire contre ce vent malsain qui nous souffle de Bruxelles et contre les écoles de commerce qui sortent des cadres aux vues étroites, le tout relayé par la presse aux ordres du grand capital. Car au gré de chacune de ces modes économiques et du respect des vaches sacrées il faut se poser la question : cui bono ? Qui profite ?

    Si l’on se base sur les effets connus des privatisations outre Atlantique et en Allemagne, le bilan est plutôt mitigé. Cela a résulté inévitablement en augmentations de tarifs, en diminutions du pouvoir d’achat des populations concernées, en perte de qualité des services, et, last but not least, en facteur d’inflation. De plus, la valeur pour l’actionnaire étant une priorité, et non le service public, il est très envisageable que les financiers laissent tomber une société qui ne devient plus rentable en raison des réglementations imposées, ou de cahiers des charges trop coûteux à exécuter. Si le service est vital pour le pays, l’état (le contribuable) pompe de l’argent pour renflouer la chose, et se dessine alors le modèle bien connu : Profits privés, pertes publiques. Et le tour est joué.

    La formule qui serait jouable serait une participation forte de l’état qui veillerait à la bonne conduite des sociétés privatisées et à préserver les intérêts du public. Je pense que cela existe déjà dans certains secteurs, mais je ne sais pas lesquels.

    Si ça tournait mal, la question des responsabilités se posera alors, mais les responsable ne seront alors plus au gouvernement. C’est merveilleux. D’où la nécessité d’un contrôle dans le temps de ce genre de chose. Mais par qui et comment ? Jury citoyen ? Je vois mal l’homme de la rue statuer sur les effets de la privatisation...

    Quant à la privatisation de l’Éducation Nationale, l’idée ne me déplairait pas de voir ce mammouth avec ses syndicats finir empaillé au muséum d’histoire naturelle. En France, comme en Europe d’ailleurs, on n’expérimente pas assez de nouveaux services au niveau d’une ville, d’une région, etc. Un peu d’émulation se produit en Allemagne puisque les Länder sont indépendants quant aux programmes d‘enseignement. Mais les syndicats sont encore plus corporatistes et égoïstes qu’en France.

    Merci d’avoir mis le sujet sur le tapis. Mais je suis pessimiste. Si nous n’avons pas le pouvoir, nous ne changerons rien.

    P.S. Jetez un coup d’œil sur les passages du livre de Bernard Maris, antimanuel d’économie, Ed. Bréal, p. 110 et sq.



  • Jason Nicolas 13 novembre 2006 10:47

    Merci pour votre article, équilibré, bien informé, clair ; c’est un plaisir de vous lire. Je suis surpris de ne voir que cinq commentaires face à une situation aussi vieille que l’humanité, ou peut-être à cause de cela ? En espérant avoir le plaisir de vous lire.



  • Jason Nicolas 11 novembre 2006 20:11

    En 2ème réponse à Forest Ent « Le privé... prend par nature une marge plus avantageuse. »
    — Le privé a été appelé à la rescousse des caisses de la sécu, c’est clair et admis.
    — Ce qu’il faut examiner avec soin ce sont les conditions de la constitution de cette marge qui prend place de concert avec le concept de marché. Ce marché qui nécessite, pour reprendre une expression de J.E. Stiglitz « une information juste et précise dans son fonctionnement. » Or cette information est asymétrique, faussée/déséquilibrée, ainsi que des économistes respectés et célèbres l’ont maintes fois répété.C’est flagrant dans le cas qui nous concerne ici. Il s’agit bien en effet d’une mauvaise pratique où la règlementation devrait intervenir, dans l’intérêt général.

    Lu l’article sur les oligopoles. Très bon, très édifiant. Mais dans l’assurance complémentaire santé il y a un grand nombre d’acteurs, assureurs et lois 1901 (non-profit). Votre article est très éclairant mais on ne peut dériver ce qui doit être de ce qui est. Il n’y a pas nécessité absolue à cet état de choses.



  • Jason Nicolas 11 novembre 2006 13:58

    En réponse à Forest Ent : Oui, je suis d’accord avec vous, chacun ne peut se transformer en actuaire. Mais les actuaires peuvent fournir leurs résultats ou des analyses, même grossières, aux consommateurs. Depuis cet article, j’ai découvert que le Bureau Européen des Unions de Consommateurs - BEUC, s’intéresse quelque peu à la question. Il y cite une étude du CREDOC qui indique que 84 ou 94%(?) des personnes interrogées ne connaissaient pas leurs dépenses santé.

    A mon avis le paradoxe du marché de la santé reste entier.

    Le fait que votre entreprise vous impose, ou vous fasse « cadeau » d’une complémentaire santé illustre la situation suivante : La sécu se défausse, l’entreprise y gagne en réputation de bon employeur et c’est bon pour son tableau comptable, mais chacun y trouve son compte, et c’est l’usager qui paie en fin de compte. Tout baigne. Par ailleurs je reconnais que chacun a le droit d’ignorer ce que lui coûte ses dépenses santé. If it ain’t broke don’t fix it ! Si le système n’est pas cassé ne le réparons pas. C’est aussi une philosophie. Attendrons-nous la prochaine crise ? ou est-ce que « gouverner c’est prévoir » ?



  • Jason Nicolas 11 novembre 2006 11:20

    Quelle sotte idée que d’associer le droit et le bonheur !!! Deux concepts si divergents qu’on aboutit à une discussion de café du commerce. Amusant, mais c’est tout. Le droit d’un côté, système fermé, codifié, rigide et le bonheur, l’ineffable, très subjectif et balayant très large, ces deux termes ne faisant pas bon ménage. Je n’ose pas imaginer « le bonheur pour tous ». A quand le supermarché du nirvana ? Le bonheur des peuples, on a eu Staline, Mao et Hitler, ça suffit, non ?