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Commentaire de Nicolas

sur Il n'y a plus de travail


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Jason Nicolas 25 novembre 2006 00:02

Bon article qui fait réfléchir. Mais est-ce vraiment, ou sera-ce comme vous l’entendez ?

L’homme n’est pas fait pour travailler, la preuve c’est que ça la fatigue, disait un humoriste du début du siècle dernier. Derrière la boutade il y a une grande part de vérité. De source de fatigue physique, le travail est devenu une cause de fatigue nerveuse, mentale, parfois extrême, souvent intolérable. Parmi tous les fatigués, vous placez les gratte-papiers parmi les inutiles. Vous oubliez une fonction importante de ces tâches inutiles, qui, soit dit au passage, ne sont pas limitées aux bureaucrates. Toutes ces personnes consomment. Ils sont les acteurs des cycles économiques, et vous dites fort bien que l’on pourrait les payer à ne rien faire, dans le sens classique du terme, càd ne rien produire dans l’économie marchande. Oui, pourquoi pas, mais qui les entretiendra ? Notons aussi que les inactifs qui sont des travailleurs potentiels et reçoivent une aide de l’état participent au maintien d’un salaire minimum général dans le marché du travail. Et ils consomment (souvent des produits importés, j’en conviens), mais ils consomment. De plus, cette intervention empêche les salaires de devenir extrêmement bas (même si le SMIC est une honte aujourd’hui, il y a pire...).

Vous dites que le chômeur travaille d’une manière ou d’une autre... mais ses activités ne sont pas rémunérées. Cela est parfaitement vrai. Il n’est pas le seul à « travailler gratis ». Pensons à toutes les activités, par exemple domestiques ou sociales, qui ne sont jamais prises en compte. L’économiste américain Gary S. Becker a essayé, avec quelques autres peut-être, de mettre un coût sur certaines activités domestiques et sociales non reconnues comme ayant une valeur comparable à celle du travail classique. Il a même sorti le concept de « human capital » qui a fait rugir les penseurs européens. Concept délicat, visant à établir une unité de compte pour les tâches nécessaires pour la survie d’une communauté, mais non rémunérées. Cela mène à dire que le travail classique, rémunéré par l’employeur cache en fait de très nombreuses autres tâches, coûteuses en temps immobilisé, et qui ne sont jamais prises en compte. Si l’on établissait une unité de compte pour toutes les tâches réelles qui sont occasionnées par un poste de travail, les salaires réels devraient sans doute être triplés sinon plus. Il en est de même pour l’enseignement, la recherche, les institutions qui garantissent le fonctionnement des règles économiques (ordre social, ministères, tribunaux, etc), si tous ces coûts supportés par la communauté devaient être facturés à leur coût réel aux employeurs, ils pourraient mettre la clé sous la porte. Le monde du travail est en réalité un monstre d’injustice économique. Et pourtant ça marche (mal, très mal) mais ça marche. Nos sociétés sont paradoxales.

Quant aux robots dont vous parlez, il suffit de les taxer à hauteur de, mettons un robot remplaçant cinq personnes, et le tour est joué. Mais qui passera de telles lois ? On sait où vont les profits ainsi encaissés... en investissements bien sûr !

Selon vos spécialistes, les suicides augmenteront dans les années à venir. Pas nécessairement ; si une communauté décide de mettre l’économie à jour et de la contraindre au service des majorités. Mais j’entends le tollé général d’ici. Mettons au grand jour le travail caché et non payé, et tout le monde sera occupé. Les gens le sont déjà. Payons-les ! Mais les comptabilités publiques et privées seraient entièrement à refaire, l’économie à réinventer. Pas possible, utopique.


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