Avaler des couleuvres
Quand le serpent se mord la queue !
Les voies supérieures sont encombrées ...
Le serpent a toujours eu mauvaise presse. Il ne fait pas bon se mouvoir au ras du sol, là où toutes les faiblesses des humains sont amplifiées par cette contre-plongée inquiétante. Le serpent, plus que tout autre, sait nos travers, nos défauts, nos mensonges et nos roueries. Il a beau vouloir changer de peau, oublier ce qu'il a vu, toujours lui reviennent en mémoire nos péchés et nos trahisons.
Alors c'est le serpent qui porte la faute de ces grands pieds qui n'avancent que pour écraser tout ce qui se trouve sur leur chemin. Il fallait une bonne pomme, un bouc émissaire répugnant, bien moins attendrissant que le gentil agneau. Le serpent était la victime idéale, le parfait vilain pour endosser toutes nos turpitudes.
Il peut bien se contorsionner, filer entre les pattes, il tombe sous le poids des fautes qui ne sont pas siennes. Pire que tout, il se fait complice du machisme endémique en acceptant de souffler à l'oreille d'Eve ou bien de Lilith la tentation suprême : celle qui va rester en travers de la gorge d'Adam.
Ainsi, voilà l'origine de la pomme de discorde entre les humains et les serpents. Les uns crachent leur venin contre ces pauvres êtres rampants, alors que ce sont eux qui se vautrent dans les pires excès. Jamais un serpent ne sera le nœud du problème ; la vipère pas plus que la couleuvre. Pourtant les représentants de l'espèce faite à l'image du créateur enfoncent le clou ou bien le python. Le serpent est représentant du diable sur Terre.
C'est la pauvre couleuvre, parce qu'elle est inoffensive, qui s'y colle. Elle doit ravaler son orgueil pour accepter ainsi, à chaque occasion, de servir de caution au mensonge et à la farce politique. Elle se glisse dans les gosiers des braves citoyens qui, sans cesse, sont contraints de supporter toutes les fariboles de ceux qui les gouvernent.
Personne n'en parle vraiment mais les pauvres couleuvres sont menacées d'extinction. À force de servir de goupillon pour faire passer ce qui nous reste en travers de la gorge, elles viennent à manquer. Pas un jour désormais où le bon peuple ne doive se faire un gargarisme avec l'animal complaisant.
Quelques citoyens, plus rebelles, ont fini par se mettre un chat dans la gorge, refusant de lui confier leur langue. Dans le pays, de plus en plus de gens toussent : la potion amère de la farce politique ne passe plus. Ils toussent, ils s'étouffent. La quinte du quinquennat est le mal qui irrite bien des gens.
Couleuvres et chats devraient se donner la main pour que cesse ce massacre des innocents. Il n'est qu'à changer de régime pour que la toux se termine, que le bon peuple retrouve un peu de joie de vivre et cesse de manquer d'air. Il est temps de libérer nos voies aériennes. Nul besoin d'une opération des amygdales : il n'est qu'à s'en prendre aux virus du palais.
Certains prétendront que ce billet est tiré par les cheveux. La couleuvre n'en a pas. Ils font donc fausse route. Eux aussi s'étouffent et accusent leur chien d'avoir la rage quand les véritables enragés sont ceux qui s'arrogent un pouvoir qui n'est plus que de nuisance. Ils feraient mieux d'écouter ces serpents qui sifflent sur nos têtes ; ils annoncent une catastrophe prochaine, un cataclysme provoqué par le sommet de la pyramide.
N'avalons plus de couleuvres ; osons recracher ce système venimeux ! Si le serpent se mord la queue, il n'en sera que plus indigeste et nous cesserons, paradoxalement, d'avoir les boules. Ne rampons plus devant ces tristes personnages, faisons notre mue : passons vite à une sixième République citoyenne. Les couleuvres vous en sauront gré et l'avenir sourira à nouveau.
Serpentement leur.
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