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 Décembre 2018, début d’un état de siège qui ne dit pas son nom

Suite aux attentats perpétrés à Paris et à Saint-Denis le 13 novembre 2015, l’état d’urgence avait été décrété aussitôt lors d’un Conseil des ministres réuni dans la nuit du vendredi 13 au samedi 14 novembre. Prolongé six fois par le Parlement, l’état d’urgence a pris fin le 1er novembre 2017 alors qu’est entrée en vigueur la loi du 30 octobre 2017 renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme.

Ce dispositif de "légalité de crise" qui n’a fait qu’intégrer au droit commun une mesure d’ « exception » constitue une dérive de la répression policière en France sur laquelle s’appuie le gouvernement (provisoire ?) en place pour massacrer son propre peuple. Nous sommes désormais sous « un état de siège permanent » qui ne dit pas son nom, pratiquant des arrestations préventives basées sur des soupçons, sans preuve de délit.

L’état de siège est un régime sous lequel les libertés publiques sont restreintes et les pouvoirs de police sont exercés par les autorités militaires (les gendarmes sont des militaires) avec des compétences accrues. Régi par l’article 36 de la Constitution, l’état de siège, quand il dit son nom, est décrété en conseil des ministres en cas de « péril national ». Au-delà de douze jours, sa prolongation devrait être autorisée par la loi.

Le samedi 8 décembre, 89 000 membres des forces de l’ordre dites « répressives » ont été mobilisés, dont 8 000 à Paris, soutenus par 14 « VBRG » (Véhicules Blindés à Roues de la Gendarmerie). Dans la capitale, 36 stations de métro ont été fermées au public, de nombreux magasins ont baissé leurs rideaux et les portes d'une dizaine de musées et de sites touristiques majeurs sont restés fermés. L’Opéra, la Comédie-Française, le théâtre Marigny et le théâtre des Champs-Élysées ont annulé leurs représentations.

Une vague d'arrestations massive a eu lieu ce même jour, acte IV de la mobilisation du mouvement "gilets jaunes". La police a confisqué des masques de protection contre les gaz lacrymogènes et des casques de moto aux manifestants, ce qui a provoqué l'indignation et a ravivé le feu. Les forces de police ont arrêté 1 723 personnes participant au mouvement, dont 1 082 à Paris. Une jeune mère a lorsqu'elle s'est retrouvée en détention sans avoir été accusée de rien et sans pouvoir allaiter son bébé de quatre mois. 

Mais ce jour-là, cette répression ne s’est pas abattue que sur ce mouvement né des problèmes de fin de mois. Ce même 8 décembre, lors de la marche pour le climat réunissant entre 1 000 et 1 500 personnes à Nancy, Florent Compain, président des Amis de la Terre, et Denys Crolotte, du Mouvement pour une Alternative Non-violente, ont été arrêtés pour avoir organisé une manifestation malgré l'interdiction faite par la préfecture. Ils ont été libérés après avoir plus de 21 heures de détention et risquent une peine de prison de six mois de prison et une amende de 7 500 euros.

A Bordeaux, ce même 8 décembre, Antoine, 26 ans, a été amputé de la main droite après l'explosion d'une grenade explosive GLI-F4, une arme composée de 25 grammes de TNT et de gaz lacrymogène qu'il tentait de renvoyer à l’expéditeur assermenté. En Europe, seule la France utilise ce type d’arme pour des opérations de « maintien de l'ordre public ». 32 autres manifestants ont été blessés. » Ils ne peuvent pas nous envoyer ça dans la gueule, ", a dit Antoine « nous on n'est pas armés, au mieux les gars ils ont des masques à gaz ou des lunettes de plongée, ils se débrouillent comme ils peuvent pour s'armer contre des gens en face qui ont des gilets [pare-balles], des casques et des matraques, des boucliers et des lance-grenades. Je savais qu'ils avaient des flash-ball et des lacrymos mais ça je n'imaginais même pas qu'ils avaient ça. C'est horrible"

Pourtant, dès le 30 novembre, un groupe d'avocats de personnes blessées par ce type de munitions avait adressé une lettre ouverte au ministre de l'Intérieur  : « Alors que depuis 2016, tant le Défenseur des droits que l’Association chrétienne pour l’abolition de la torture (ACAT) tirent le signal d’alarme quant au recours à ces armes à feu, l’Etat persiste à recourir massivement à ces grenades explosives au risque assumé de mutiler voire de tuer. "La seule réponse à cette lettre a été la répression d’un gouvernement déstabilisé.

Le même 8 décembre, une photographe de presse, Yann Foreix, a été la cible d'un tir dans le dos à deux mètres de distance de la part d’un policier. Même scénario pour Boris Kharlamoff, photographe de l'agence A2PRL , également frappé dans le dos par un projectile en caoutchouc tiré par un policier en civil. Eric Dessons, du Journal du Dimanche a été hospitalisé pour une fracture à la main après avoir été frappé à deux reprises par un CRS et un photographe de Reuters a été touché par une balle de LBD à Bordeaux. A Paris, un reporter de « Là-bas si j'y suis », Gaylord Van Wymeersch a été molesté par un agent du BAC, l’escouade anti-crime déployée à grande échelle, vêtue en civil, avec ou sans brassard. Son coéquipier, Dillah Teibi, a enregistré la scène. « Si vous voulez rester en vie, alors rentrez chez vous ! Vous n'avez rien à faire ici ! “, a dit à un journaliste un policier-citoyen de la république (enmarche…).

 Pour Macron, le violence ne serait que d’un côté, des "voyous". Depuis le 8 décembre, grenades et armes réputées « non-létales » continuent le massacre tous les samedis ici ou là.

Il reste au pouvoir un autre recours pour la mise en place d’un régime d’exception qui marquerait un nouveau pas vers une franche dictature, c’est l’application de l’article 16 de la cinquième république : "Lorsque les institutions de la République, l’indépendance de la Nation, l’intégrité de son territoire ou l’exécution de ses engagements internationaux sont menacés d’une manière grave et immédiate et que le fonctionnement régulier des pouvoirs publics constitutionnels est interrompu, le Président de la République prend les mesures exigées par ces circonstances, après consultation officielle du Premier ministre, des Présidents des Assemblées ainsi que du Conseil constitutionnel". Dans ce cas, le président de la République est doté de pouvoirs exceptionnels, exécutifs et législatifs. Les mesures présidentielles sont soumises à avis du Conseil Constitutionnel mais cet avis reste secret. Les actes du président de la République sont qualifiés de "décisions" et pris sans contreseing.

Encore faudrait-il que le phénomène des gilets jaunes soit assimilable à une « interruption du fonctionnement régulier des pouvoirs publics ».


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2 réactions à cet article    


  • pipiou 22 janvier 2019 21:00

    Ne pas oublier toutes les terribles répressions qui sévissent en France : des meurtriers sont arrêtés, voire condamnés, par ce pouvoir illégitime, des voleurs, des dealers sont emprisonnés, des violeurs sont privés de leurs droits de circulation.

    Même des chauffards sont poursuivis, vous vous rendez compte de l’indignité ? On ne peut plus griller les feux rouges et bruler des poubelles, quelle atteinte à nos droits les plus élémentaires.

    Stop à la répression, laissez les délinquants s’exprimer bordel de dieu de dictateurs totalitaro-facho-collabo-rototo !


    • Eric F Eric F 23 janvier 2019 15:03

      L’article 16 de la constitution (pouvoirs spéciaux) n’a été utilisé qu’une fois, en réaction au putsch d’Alger. Il ne l’a pas été en 1968 ni lors des attentats. La situation actuelle ne correspond pas à une urgence pour la sauvegarde de la république, et le pouvoir n’a pas intérêt à surdramatiser, ce qui montrerait qu’il a perdu la main.

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