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Dévaluations Compétitives

Face à la crise des années 30, la quasi-totalité des nations réagirent en dévaluant leur monnaie nationale et ce dans une tentative désespérée d’amoindrir le choc de la dépression. Pour autant, ces dévaluations ne firent qu’aggraver les problèmes et accentuer la dépression des pays voisins tout en contraignant les pays ne souhaitant pas faire appel à ce type de manipulation à exercer à leur tour une pression baissière sur leur propre devise.

Ces "dévaluations compétitives " ne bénéficièrent en définitive à personne pour la raison fort simple que tous les pays ne peuvent dévaluer en même temps leur monnaie vis-à-vis de toutes les autres...Ce protectionnisme financier - véritable jeu à somme nulle - ne fit qu’exacerber les incertitudes économiques et les tensions politiques tout en bouleversant les échanges commerciaux internationaux.

Ce scénario de manipulations des monnaies se répèterait-il de nos jours ? La Banque d’Angleterre ayant délibérément laisser sa monnaie s’effondrer de plus de 30% en six mois vis-à-vis de l’Euro et du Dollar, la Banque Nationale Suisse intervenant régulièrement sur les marchés afin d’affaiblir le Franc, le Japon et la Chine seront-ils les prochains ? Notre monde actuel se sabordera-t-il en rejouant le drame des années 30, drame dont aucun acteur ne fut au final gagnant, les dévaluations successives et globales n’améliorant la compétitivité d’aucun pays ?

Ces manipulations de monnaies se transforment généralement en "auto goal ", la dépression sévissant dans un pays ne pouvant être exportée dans un autre, nul n’étant plus en mesure d’acheter des marchandises en quantités suffisantes dans un contexte de désordres et de volatilité monétaires provoqué par un manque de concertation...les nations les plus fragilisées ayant une inclination naturelle à déprécier leur devise.

Néanmoins, ces manipulations de monnaies survenues dans les années 30 eurent en définitive des effets équivalents à des baisses de taux d’intérêts. Ce stimulus monétaire appliqué à l’échelle mondiale étant le prélude à une reprise économique durable, les pays l’ayant appliqué en premier furent les premiers à surmonter la crise. Les taux d’intérêts étant en partie responsables du niveau d’une devise, ces nations décidées à laisser filer leur monnaie nationale furent d’autant plus favorisées qu’elles n’eurent aucun scrupule à réduire radicalement leur propre politique monétaire, bien plus préoccupées de combattre la crise que du niveau de leur propre monnaie...

Ainsi, la baisse récente de la Livre Sterling, si elle reflète l’acuité de la crise économique en Grande Bretagne, est également la conséquence directe des baisses quantitatives de taux d’intérêts que la Banque d’Angleterre a été une des toutes premières Banques Centrales au monde à initier. Pas étonnant que les taux Britanniques aient connu une baisse rapide dans un contexte où la Banque d’Angleterre achetait avec gourmandise ses propres Bons du Trésor et alors que la Fed et surtout la BCE étaient à la traîne.

Les baisses quantitatives étant très précisément le seul remède susceptible d’insuffler un semblant de vie à une économie moribonde, la Banque Nationale Suisse a donc récemment emboîté le pas à sa consoeur Britannique, le corollaire étant un affaiblissement de leurs devises respectives, préalable indispensable à la reprise.

Pour autant, d’autres Banques Centrales comme la BCE, constatant l’appréciation subséquente de leur propre monnaie et soucieuses de la menace déflationniste, s’engageront-elles enfin à leur tour sur la voie de baisses quantitatives vitales pour administrer à notre monde la dose de stimulus dont il a désespérément besoin ? Il serait certes préférable et nettement plus sain pour les équilibres commerciaux et pour les relations (géo) politiques que les grandes Banques Centrales de ce monde coordonnent leurs mouvements de politique monétaire car une telle concertation éviterait des fluctuations erratiques des Devises. 

Le niveau des Devises et le marché des Changes ayant un impact direct sur la politique monétaire, il y a ainsi fort à craindre que ce voeu de coopération internationale ne reste lettre morte et ce d’autant que l’affaiblissement compétitif et bienvenu d’une monnaie peut être entrepris en dépit de taux d’intérêts proche du zéro absolu. 

Ces dévaluations supposées améliorer la compétitivité Britannique et Suisse et qui risquent de donner des idées à d’autres nations soucieuses de relance par l’exportation risquent certes de ne pas avoir d’effets substantiels au vu des volumes des échanges internationaux en chute libre. Elles auront néanmoins pour conséquence hautement bénéfique de relancer les industries nationales du fait d’importations de facto plus onéreuses : la relance par la consommation domestique. 


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5 réactions à cet article    


  • Internaute Internaute 28 avril 2009 12:12

    « Ce stimulus monétaire appliqué à l’échelle mondiale étant le prélude à une reprise économique durable, les pays l’ayant appliqué en premier furent les premiers à surmonter la crise. »

    Expliquez-nous cela. L’Allemagne n’a commencé à voir le bout du tunnel que lorsqu’elle a effacé les errements monétaires de la République de Weimar, ceux-ci n’étant que l’aboutissement de la saignée infligée par les vainqueurs de 14 à l’économie allemande (dommages de guerre + suppression des principales zones de création de richesse Ruhr et Silésie comme l’explique trés bien Lyndon Larouche dans sa vidéo). La solution a donc été à la fois monétaire et politique.

    Avec un Mark fort et sans dévaluations, l’Allemagne partie de moins que zéro en 1945 était en 2006 le premier exportateur mondial et troisième puissance économique derrière les USA et le Japon, 4 fois et 2 fois plus peuplés qu’elle.

    A contrario, le Japon qui a pratiqué l’aisance quantitative dans les années 90 est dans la stagflation depuis 10 ans. C’est malheureusement le choix de nos politiciens.

    L’arrosage monétaire est un simple vol des pauvres. Les premiers qui recoivent cette monnaie de singe (banques, proches de l’Etat) en bénéficient mais quand elle percole dans la société la monnaie perd son pouvoir d’achat et les petites gens voient érodés leurs économies et leur salaire. Il n’y a pas un seul contre-exemple dans l’histoire.

    L’arrosage monétaire est un leurre complet qui permet aux politiciens de faire bonne figure à la télé en disant « vous voyez on distribue de l’argent au peuple ». Il y a une énorme différence entre distribuer de l’argent et créer de la richesse.


    • Kobayachi Kobayachi 28 avril 2009 12:42

      Les USA se retrouve coincer a leur propre jeu.
      Pendant des années ils ont vecu au dessus de leur moyens en empreintant et en exportant leur inflation vers le reste du monde (le dollar etant la devise de reserve).
      Aujourd´hui cet avantage est devenu un inconvenient, car comment liquidé sa dette sans pouvoir devalué sa devise ?
      Des que les USA s’adonnent au quantitative easing, une floppée d’autre pays s’aligne et rendent leur effort inutile. Le seul resultat etant une inflation mondiale (difference entre valeur réele et valeur nominale).


      • plancherDesVaches 28 avril 2009 18:18

        Et, chose amusante : les US ont arrêté d’accuser la Chine de dévaluer sa monnaie....
        Depuis un certain... G20.

        Yes, in fact : cette fois, ce n’est plus l’Allemagne qui sera obligée de se mettre en économie de guerre : le Royaume-uni vient de commencer avec son budget....


        • W.Best fonzibrain 3 mai 2009 22:08

          exellent michel

          je savais pas que tu publiais dans nexus
          c’est cool

          • miguel34 8 mai 2009 15:42

            Les dévaluations, ça n’existe plus, depuis le début des années 1970.

            Avant, vous alliez à la Banque de France avec des francs, et on vous donnait en échange des dollars au cours légal. Quand l’Etat avait imprimé trop de francs, il finissait par réduire son taux légal : « dévaluation ». S’il le faisait juste pour faciliter ses exportations, on la qualifiait de « compétitive ». Si l’Italie faisait pareil que la France, ça ne changeait rien aux échanges franco-italiens.

            Mais maintenant : il n’y a plus de cours légal. La Banque de France ne vous échange plus les euros contre des dollars. Seul le marché le fait (le bureau de change du coin, ou la Bourse), les cours de change sont flottants, ils varient tous les jours. Entre temps, il y a eu un système intermédiaire de cours encadrés au niveau européen (avec le SME), mais c’est fini.

            Alors quelle dévaluation ? Ca n’existe plus !!!

            Je vous invite à lire mes articles sur AgoraVox pour mieux comprendre comment fonctionne la monnaie.

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