Du Code de la Prospérité Au “New Age” des Endettés
A la tête de la Banque Fédérale, A. Greenspan a craqué magistralement le code de la prospérité pour nos nations modernes. Architecte de l’augmentation de la masse monétaire de $233 milliards à $792 milliards, il a emprunté le hall d’exit en nous léguant comme viatique économique le fardeau d’une dette Américaine qui a connu une hausse de $10.8 trillion à $41 trillion. Ce coup de prestidigitation financière a attisé la flamme de l’euphorie des marchés en ouvrant la boîte de pandore du hooliganisme fiscal et budgétaire. Il s’entendait bien que l’optimisme plus que le réalisme doperait l’incompétence bureaucratique et l’exubérance irrationnelle des ingénieurs du futur. Partant, l’accumulation de la richesse par le truchement de moyens non productifs tenait lieu d’une noble occupation pour les élites dirigeantes tant en Amérique du Nord qu’en Europe#. La spéculation immobilière s’était transformeée en nouvelles usines modernes de prospérité économique. En Novembre 2003, plus 750.000 emplois high-tech disparaissaient et on dénombrait au moins plus de 125.000 Américains reconvertis en agents de service immobilier#.
Un consensus semblait tout trouvé pour que désormais l’étoile des bonus accompagne les conquêtes financières des nouveaux producteurs de la richesse. En 2010, au moins 25 managers de fonds spéculatifs empochaient gracieusement plus de $22 milliards tandis que 44 millions d’Américains étaient récipiendaires de tickets d’alimentation de l’Etat fédéral. Alors que le salaire des PDG voyait une augmentation de 27% en 2010, plus de 20 millions d’Américains avaient le chộmage en partage. Un bénéficiaire de bonus qui, de facto, raccompagnerait Crésus lui même parmi la classe plébéienne est sans conteste Phillippe Dauman, PDG de Viacom. Il s’est vu octroyé $84.5 millions de bonus, une manne financière qui dépasse le budget 2011-2012 de la ville de Connecticut. Il faut bien toute une tribu Gauloise pour honorer les services d’un titan entrepreneur !
C’est Simon Kuznets qui nous rappelle pourtant qu’une marque distinctive d’une civilisation avancée se reconnaît par l’égalite croissante des revenus. Les sociétés démocratiques jugeaient avec suspicion les différences trop extremes des revenus. Au milieu du 20 ème siècle, l’opinion publique tenait pour inacceptable la perspective de l’inégalité croissante des revenus.# Aujourd’hui, un trait d’union des démocraties industrielles se signale par le fait qu’elles semblent avoir élu résidence dans la vallée du chômage, des inégalités salariales abyssales et de la pauvreté de masse. Depuis les années 1980, on note que ⅔ parmi les les 24 pays de l’OCDE a fait l’expérience d’une croissance galopante de l’inégalité des revenus. En décembre 2013, l’Union Européenne touchait le seuil de chômage de l’ordre de 11.9%. Les revenus de la classe moyenne sont en stagnation depuis les années 1970. Il reste indéniable que l’alimentation et l’habillement sont relativement accessibles pour la classe moyenne, mais le transport urbain, l’assurance santé, l’éducation supérieure et le logement ne sont pas une porte d’entrée que tous peuvent emprunter sans perdre le nord économique.
Les longs épisodes de la saga de l’austérité budgétaire confirment, si besoin est, que nous sommes entrés dans le “new age” des citoyens endéttés. Autant, les restructurations budgétaires imposent une nouvelle reconfiguration du secteur de la défense, autant, le rapport entre discipline budgétaire et relance de la croissance par l’emploi manque de lisibilité convaincante. Entre 2009 et 2011, les pays européens ont reconverti 160.000 soldats en civils. La Grande Bretagne d’ici 2020 va éconduire 25.000 hommes de ses forces de défense. Paris, pour faire front à la croissance anémique et l’hiver de son déficit, envisage le gêle de son budget de défense de l’ordre de €40 milliards, soit 130% de son budget de 2012 alors que la réduction de son personnel de défense de 314.000 à 230.000 combattants occupe le calendrier des réformes.
La saga actuelle des austérités budgétaires n’équivaut pas encore un programme de reconstruction post-industrielle encore moins un plan d’éradication du chômage endémique. Pendant la seconde guerre mondiale, l’Amérique a créé 17 millions de nouveaux emplois. Les salaires furent multipliés par deux tandis que les comptes d’épargne grimpèrent 7 fois. Il s’en est suivi une meilleure qualité du style de vie et le chômage fut virtuellement éffacé. Pendant les années 1940, l’administration Américaine dépensait $1 million par jour pour redynamiser le potentiel industriel Japonais. Conséquemment, pendant les années 1960, la croissance annuelle Japonaise touchait le seuil de 11%. Le Japon avait assuré avec succès le passage de la reconstruction à l’émergence économique et occupait la place de seconde puissance économique dès 1968. Il est sans doute temps pour nous de conclure le long conclave des endettés pour résolumment faire l’élection d’un plan d’éradication du chômage dans l’euro zone.
Narcisse Jean Alcide Nana, International Security Studies
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