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Accueil du site > Actualités > Economie > La crise de A à Z

La crise de A à Z

La crise financière de 2008 tient son origine au plan de sauvetage mise en place par la Réserve fédérale (la banque centrale des Etats Unis connu sous le nom de la "Fed" ) en janvier 2001. En effet, la Fed ayant les moyens pour influencer le coût du crédit, elle va jouer sur le taux directeur qu’on le voit passer de 6.5% fin 2000 à 1% en juin 2003.

Trois années et demie étaient suffisantes pour encourager à la ruée vers les crédits et prendre en otage les derniers rescapés de l’éclatement de la bulle internet de 2000 et de la crise de confiance de 2002 (scandales des manipulations comptables dans les sociétés comme Enron, Wordcom, Vivandi Universal, etc….).
N’ayant plus confiance aux actions des sociétés cotées en bourse, le citoyen se dirige vers le marché de l’immobilier considéré comme plus sûr. Pour combler le déficit de son pouvoir d’achat, déjà altéré par la concurrence des salariés et des produits des pays émergente (chine, l’inde, brésil), le citoyen trouve son refuge dans des prêts à bon marché avec des taux d’intérêts variables indexés sur celle de la Fed qui avoisine le zéro pour cent pendant cette période (2001-2003).
Ce pauvre citoyen ayant cru qu’il a conclu l’affaire de sa vie et assuré sa retraite se trouve une autre fois traqué par les mêmes prédateurs.

Ainsi la Fed, qui veille aux pressions inflationnistes (augmentation du prix de l’immobilier, des prix des instruments financière issus des prêts hypothécaire et des prix des actions des banques qui ont placé leur fonds dans ces instruments), a fait passer le taux directeur de 1% en juin 2003 à 5.25 en juin 2006. Et voici trois autres années (2004-2006) ont été suffisante pour créer une autre crise plus forte que les précédentes (la bulle immobilière).

Cette hausse du taux directeur a entraîné un renchérissement des taux de remboursement des crédits immobilier (crédits à taux variables). Beaucoup de personnes ne pouvant plus rembourser leur crédit se voient saisir leur bien immobilier qui est mis en vente par les banques, entrainant une hausse de l’offre de maisons disponibles vis-à-vis de la demande du marché. En conséquence, les prix de l’immobilier aux Etats-Unis ont baissé. Les banques ayant saisi les maisons n’arrivent plus à les vendre à un prix suffisant, et ne peuvent donc pas récupérer toute la somme qui a été prêtée.

Normalement, une telle situation entraîne des faillites personnelles. Ce qui a été différent aujourd’hui, c’est que les institutions financières ont créé des fonds hypothécaires envers ces créances, étant convaincues que les valeurs des propriétés allaient augmenter de façons substantielles d’ici les prochains mois et prochaines années. Les grandes banques américaines ont alors investi des sommes considérables dans ces véhicules de placement. Mais lorsque les citoyens américains se sont vus incapables de rembourser leurs paiements hypothécaires, ces fonds ont considérablement perdu de la valeur, et les banques ont perdu des sommes considérables. Les grandes banques, qui financent ces établissements financiers spécialisés, ont également pâti de ces faillites et leur ont demandé des remboursements anticipés auxquels ils n’ont pu faire face, accélérant les faillites. D’autres grandes banques sont actionnaires de ces sociétés de crédit spécialisées. Et c’est la grande dépression qui s’annonce.

La crise de confiance de retour suite aux scandales des manipulations comptables du secteur financier et bancaire ( la société générale, l’affaire Madoff et la liste risque d’être plus longue les jours à venir ).
Et une autre fois la Fed vient d’urgence pour sauver la situation en réduisant son taux directeur de 80% en une seule année, passant de 4.5% en octobre 2007 à 1% en octobre 2008. Et cette opération sera saluée en oubliant que cette même intervention en 2003 était la source de la crise actuelle.

Ce même phénomène tire ses inspirations du krach boursier de 1929. Ainsi les années 1920 marquent une période de forte croissance aux Etats-Unis. Et entre 1921 et 1929, la production industrielle augmente de 50%. Le « boom » boursier n’apparaît donc pas de rien. Toutefois, la hausse annuelle des cours pendant a même période est de 18%, soit une hausse totale de plus de 300%. Le cours des titres augmente aussi plus que les profits des entreprises et un élément spéculatif se développe. La bulle est amplifiée par le nouveau système d’achat à crédit d’actions, qui depuis 1926 est permis à Wall Street. Les investisseurs peuvent ainsi acheter des titres avec une couverture de seulement 10%. Le taux d’emprunt dépend du taux d’intérêt à court terme (le même feuilleton se reproduit avec la bulle de l’immobilier) ; la pérennité de ce système dépend donc de la différence entre le taux d’appréciation des actions et ce taux d’emprunt.

Suite à la hausse des taux d’intérêt en avril 1929 (le même épisode se reproduit en juin 2006), lorsque survient la première stagnation des cours, le remboursement des intérêts devient supérieur aux gains boursiers (la même scène se dessine en 2007 pour le revenu du citoyen et les mensualités de son prêt), et de nombreux investisseurs sont alors contraints de vendre leurs titres pour couvrir leurs emprunts ce qui va pousser les cours à la baisse et déclencher une réaction en chaîne.

Durant tout un siècle, l’économie du marché a été affaibli par des mécanismes sensé protégé son immunité. Etant soucieux de l’ampleur de la crise, on ignore les vrais raisons et on fait recours aux « crédits » pour rendre à l’économie son équilibre. « Les manipulations comptables » seront recommandées pour améliorer les performances des entreprises. Et, « par hasard !! », on se trouve toujours devant des crises identique, et plus violentes. On observe des sociétés plus grandes avec des structures complexes, qui sont exposées à des déficits menaçant leur existence. « Le médicament miracle d’aujourd’hui s’avère le poison mortel de demain ».

La théorie a définie « l’économie de marché » comme étant un système économique qui s’organise autour du marché et qui repose principalement sur les lois du marché, notamment celle de l’offre et de la demande, pour réguler les activités économiques. Une économie de marché naît de la réalisation d’un équilibre entre l’offre et la demande dans un environnement concurrentiel, par un ajustement du niveau des prix.

Toutefois, Les acteurs du marché financier ont abusé de cette théorie. Ils nous ont fait croire que les marchés tendent naturellement vers l’équilibre de l’offre et de la demande, et que les déviations par rapport à cet équilibre sont que provisoire. Mais ils nous ont caché « quant le provisoire dure, le retour à l’équilibre sera désastreux ».
Pour réaliser cet équilibre, ils pensent aussi qu’ils disposent d’une information complète. Mais quant cette information est manipulée et ne reflète plus la réalité, les effets de toute correction seront néfastes.

Or, tout le système est fondé sur ces hypothèses. Des hypothèses qui ont été fondamentalement modifiés vont affecter les prix du marché qui n’atteignent jamais l’équilibre.

Quand les prix montent, les marchés sont trop confiants et les acheteurs affluent, et quand les prix baissent, c’est le contraire. D’abord l’expansion, longue, en accélération progressive, puis la contraction, soudaine et brutale Voilà pourquoi, lorsqu’une bulle se forme, il n’y a aucune chance qu’elle se dégonfle en douceur.

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10 réactions à cet article    


  • TELQUEL 8 mars 2009 05:46

    Bonjour,je ne partage pas votre vision la bulle immobiliereest juste le declencheur ,c’est la titrisation a outrance qui est responsable de la crise(CDS,CDO...) ,je vous recommande le tres bon blog :la crise pour les nuls ,qui explique tres bien ces mecanismes.Amities


    • furio furio 8 mars 2009 10:16

      Je partage assez votre vision de cette crise. Il y a bien sûr d’autres facteurs à cette crise.

      Vous noterez avec moi que ceux qui en parlent le mieux de cette crise c’est souvent ceux qui nous disaient " l’ultra-libéralisme : il ne peut y avoir d’autre système" et qui nous serinaient que le marché se régulait de lui-même, que tout allait pour le mieux. On voit aujourd’hui ce que ce marché serait devenu sans les milliards prélevés dans nos poches par les Etats gérés par les medef nationaux ou leurs valets.

      C’est aussi les mêmes qui nous disent aujourd’hui : "Pas d’inquiètude ça va repartir" Comme s’il ne s’était rien passé, on injecte des milliards pour gaver les actionnaires et autres vampires et gourous de sectes ultralibéralistes !! et hop ! le marché est de nouveau debout.

      Sauf que cela ne se passera pas comme ça soyez en sûr !
      Pour en revenir à votre analyse, elle est bonne mais de A à Z, vous n’avez traité que le petit a du grand B. Des causes multiples participent à de tels phénomènes. Tiens l’une me vient à l’esprit. Quand j’étais jeune, l’entrepreneur gérait son entreprise en bon père de famille. L’entreprise s’était quelque chose de sacré. L’entrepreneur ne confondait pas la caisse de l’entreprise et son portefeuille et il était attaché à ses employés. L’entrepreneur souhaitait s’enrichir mais au bout d’une vie de travail. Aujourd’hui, l’entrepreneur se donne 5 ans au plus pour devenir "milliardaire", il prélève directement à pleines mains dans la caisse de l’entreprise, utilise le travail au noir, les heures sup pour défiscaliser etc..etc... 

      Une remise en cause indispensable et totale du système va s’opérer. Les milliards brûlés inutilement vont manquer et la planche à billets va fonctionner. Il va bien falloir que les états s’investissent dans le contrôle des moyens de production. Les pays occidentaux doivent apprendre à décroître. A quoi peuvent bien servir 3 écrans plats dans une maison ? 
      Il semble bien que les entreprises n’ont toujours rien compris et continuent la course folle au rendement, à la production, au profit à tout va. Alors que nous devrions nous tourner vers l’excellence nous continuons à faire de la merde pour faire tourner la machine infernale ultra-libérale. A+


      • Cyber entrepreneur Cyber entrepreneur 9 mars 2009 22:11

        Pauvre de vous si vous voyez les entrepreneurs de cette façon...
        Vous êtes victime des médias et ne tentez pas de raisonner.
        Non, les entrepreneurs de PMe en particulier sont sensibles à leur entreprise et aux gens qui les animent. Mais avec des propos comme les votres, je crains que cela ne soit pas la peine de se donner du mal pour péreniser les entreprises. L’entrepreneur a aussi et encore un droit : celui de cesser d’entreprendre comme cela, vous serez au chomage et saurez pourquoi...
        Cyber entrepreneur


      • herve33 8 mars 2009 10:33

        La crise a sans doute des racines plus profondes que celles invoquées par l’auteur , les bulles immobilières , et la crise des sub primes n’en sont que les déclencheurs . il faut remonter probablement à la fin des années 1980 et la crise asiatique , ou encore plus tôt au Chili avec pinochet , c’est la mise en application des théories néolibérales qui ont apauvries les populations pour le compte d’une minorité .


        • Kalki Kalki 8 mars 2009 11:51

          Oui le problème c’est la vision est en fait inversé par les politiques : pour eux il suffit que le consommateur puisse faire des prets sur l’argent qu’il n’a pas.

          Et si on parlait du répartissement des richesses produites, et des richesses naturel qui n’appartiennent a personne ?


        • Lulu de Pantin 8 mars 2009 11:27

          Bon, le bouton de régulation du taux de crédit ne fonctionne pas quand on "bricole" en même temps la mécanique financière, que ce soit dans les comptes des sociétés ou les outils de la titrisation.

          Mais la question ne serait-elle pas plus de se demander quelle est cette valeur qu’on veut réguler plutôt que d’ajouter un autre bouton de régulation à l’usine à gaz de la finance ?
          (science sans conscience.......)


          • Kalki Kalki 8 mars 2009 11:49

            En 1977, le président démocrate Jimmy Carter a créé le Community Reinvestment Act, qui demandait aux banques de prêter de l’argent aux personnes qui normalement n’étaient pas solvables (subprimes, prêts risqués).

            En 1995, le président Clinton a imposé des conditions de prêt encore plus dangereuses, de façon à ce que n’importe qui puisse obtenir un prêt pour acheter une maison, ces prêts dangereux étant financés par les entreprises sponsorisées par l’Etat, Fannie Mae et Freddy Mac.

            Et enfin les actions BUshiste


            • raoul coutant 8 mars 2009 22:28

              Pas tout-à-fait d’accord avec les explications données. L’économie non dirigée (c’est le cas de 99% des économies dans le monde) repose sur l’adhésion des acteurs (petits et gros), c’est-à-dire que le "crédit" (au sens propre et figuré) que chacun accorde aux règles, aux produits, aux institutions...
              Et c’est bien ça qui est crise
              Un site crée par u collectif de jeuenes lycéens issus du mouvement de ce printemps, propose de re-responsabiliser les acteurs (et les jeunes, surtout, qui se sentent exclus du monde de l’économie (à uste raison, non ?) :


              http://nous-utiles-et-solidaires.blog4ever.com/blog/index-294976.html


              • Alotar 11 mars 2009 10:55

                Assez clarifiant comme article. Mais ceux qui ont décidé d’augmenter tout à coup le taux d’intérêt, savaient les conséquences que cela engendrerait. Quel était le plan derrière tout cela, c’est une question que je me pose. Cette faillite était donc tout à fait programmée ? Autre question que je me pose concernant le taux d’intérêt directeur de la banque centrale : un taux bas fait augmenter le nombre des contrats d’emprunt mais vu le taux bas, cela baisse le bénéfice bancaire issu des intérêts remboursés à la banque. Un taux haut fait baisser le nombre des contrats d’emprunt, mais vu le taux haut, cela augmente le bénéfice bancaire issu des intérêts remboursés à la banque. Conclusion : l’un dans l’autre, le taux directeur de l’intérêt n’a pas d’impact, notamment au niveau de la création monétaire et de l’activité économique. Juste ou pas juste ?


                • chaaben mohamed chaaben mohamed 11 mars 2009 21:10
                  Beaucoup de personnes mettent en cause le système de l’économie de marché « capitalisme », alors que ce système est relativement cohérent, sauf et bien sur sauf si on respecte certains ses principes de base (la transparence de l’information financière).
                  Quant le taux d’intérêt baisse, théoriquement la demande sur les crédits augmente. Et cela se passe réellement. Toutefois, un nombre important de personnes vont conclure des crédits (à taux réduit) au moment de la crise, seront dans l’obligation de rembourser des crédits à (un taux élevés) puisque ces personnes ont accepté (par ignorance ou par obligation) des crédits à (un taux variable). Car un crédit par sa définition est remboursable sur plusieurs années ( avec un taux qui va passer de réduit dans la crise , et qui peut atteindre des niveaux où ces personnes seront incapable d’honorer leurs engagements. )
                  Ce qui l’ignore encore beaucoup de personne, ce qu’ils font une confusion avec les promotions et les soldes des magasins (de prêts à porter ou de chaussures ou même chez un restaurateur) , car dans ce type de transaction, vous allez profiter immédiatement de cette réduction de prix (vous allez payer uniquement ce qui est affiché sur le ticket au moment de votre achat de ce bien ou ce service) alors avec une banque vous allez accepter et payer un prix (intérêts à taux variable) qui peut tendre vers l’infini (puisqu’il n’a pas de plafond).

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