Les allocations doivent-elles être versées directement aux allocaires ?
Le but de l’article n’est pas de remettre en cause les allocations dans le but de les supprimer. Les allocations aujourd’hui sont la partie la plus visible du système social français. Si des gens remettent en cause ces allocations (quantité trop nombreuse, découragement au travail), il serait possible de se demander s’il ne faudrait pas revoir le mode de distribution.
Le système de versement
Aujourd"hui, la plupart des allocations ( le terme globalisera toutes les aides de l’Etat, que ce soit du RMI aux allocations familiales) sont versées aux bénéficiaires sur leurs comptes courants.
Généralement, la technique fait que ces versements sont aujourd’hui bien organisés, même si tout n’est pas parfait.
Ainsi, quand on fait aujourd’hui une demande d’allocation logement, une demande de RMI, les sommes arrivent directement sur le compte en banque personnel. C’est celà que j’aimerais amener à reflexion.
L’argent de l’Etat nous appartient-il réellement ?
La logique de ce système de financement est donc la redistribution. On prélève d’un côté pour le reverser de l’autre. Cette solidarité tellement "sanctifiée" par les politiques montre cependant ses limites.
Il y a réellement aujourd’hui un certain besoin de transparence des comptes de l’Etat ou, autrement dit : " Où partent nos impôts ?"
Ce qui gêne, ce qui est légitime pour ceux qui travaillent, est le fait que l’on peut bénéficier de sommes, sans vraiment les "mériter".
C’est sûrement une caricature, mais peut-on justifier le fait qu’un écran plat à 500 euros ( et encore à 500 euros c’est raisonnable) se retrouve dans des familles qui ont du mal à finir le mois ?
Evidemment , cette réflexion peut paraître démagogique. Mais , même si on ne peut nier qu’il existe de véritables difficultés pour une partie de la population, on peut être en droit de se demander si l’ Etat ne devrait-il pas contrôler ses allocations.
Le bienfait des allocations est réel mais ne faudrait-il pas se lancer dans une responsabilisation de cet argent public ?
Une responsabilisation nécessaire à l’utilisation de l’argent public
Je pense, à tort ou à raison, que le mode de distribution entraîne une irresponsabilité des bénéficiaires. En effet, obtenir, tel un salaire, des sommes allouées à la cohésion sociale est-il ressenti comme tel ? Le bénéficiaire en question réflechit-il encore à chaque versement que cet argent est versé grâce à celui des autres ?
Je suis bénéficiaire d’une allocation étudiante mais il m’arrive parfois de me dire que je ne la mérite pas ou que parfois je pourrais faire sans. Cependant, le simple fait d’avoir l’habitude de retrouver cette somme sur mon compte m’incite en fait à prévoir tout mon budget en fonction aussi de cette allocation. Et quand je dis budget , je parle de courses alimentaires comme de cinémas et cafés...
L’allocation est en soit une réponse à un problème précis :
* Logement peu abordable : allocation logement
* Etudes trop chères : bourses
* Situation de chômage difficile : RMI
Mais, concrètement, cet argent est-il réellement utilisé pour répondre à ces besoins ? Est-ce que l’ensemble de la bourse d’étude sert exclusivement à financer celles-ci ?
Je côtoie pas mal d’étudiants qui, en fait, peuvent se permettre des sorties ou des achats grâce à la bourse. Quand on achète la dernière PS3 grâce à sa bourse, je pense que l’Etat est passé à côté de quelque chose.
Je ne suis pas adepte du contrôle azimut : vous avez fauté, vous payez. Je pense cependant que l’on peut responsabiliser les bénéficiaires en faisant en sorte que les allocations soient uniquement utilisées à leurs usages.
Mettre en place un compte en banque d’Etat ?
Par rapport à ces réflexions, j’ai développé l’idée que l’Etat pourrait en fait lui-même devenir une sorte de compte en banque.
Ainsi , on serait bénéficiaire pour une allocation, on en ferait la demande puis, au lieu de faire verser l’allocation sur le compte courant de la personne, on lui donne un moyen de paiement direct sur l’allocation à laquelle il a droit.
Par exemple, pourquoi ne pas imaginer que si l’on est bénéficiaire du RMI, on obtiendrait un moyen de paiement propre (carte à puce, chèque) qui ne débiterait que sur la somme du RMI (Un compte avec les 440,86 euros du RMI). L’assedic en serait gérante, et il faudrait mettre en place des moyens techniques qui sont largement réalisables empêchant en soi de dépenser les allocations dans des buts autres que la nécessité ( ici dans l’exemple, avec le RMI , on ne pourrait payer que des biens de première nécessité, de l’alimentation, le logement) et que si l’on veut obtenir quelque chose en plus , il faudrait pouvoir en faire la demande.
Il n’y aurait pas de discrimination, on n’est pas obligé de faire des chèques "jaunes fluo" avec marqué en grand dessus : RMIste. La carte ou le chèque seraient comme les autres. La différence est que cet argent ne nous "appartient pas".
Le but est donc de faire comprendre aux bénéficiaires que cet argent est vraiment une aide de la société. C’est la société toute entière qui par ses cotisations permet d’obtenir un RMI et qui donc permet de "survivre" ( parce qu’on est loin de la classe moyenne lorsqu’on touche le RMI). L’assistanat est en soi dû à une complaisance bienveillante : "je touche ce à quoi j’ai droit et j’en fais ce que je veux", qu’on changerait donc en " je touche ce à quoi j’ai droit mais j’en fais bon usage".
Cette idée n’est pas d’empêcher les gens qui bénéficient de ces allocations de ne pas profiter de la vie , mais qu’elles le fassent de manière responsable. Le but de l’Etat n’est pas non plus de verser une allocation pour permettre aux gosses d’obtenir une console à 700 euros , non ?
Le système de redistribution est en soi un excellent système, mais il montre ses limites par son utilisation quelque fois détournée. Au lieu de restreindre de plus en plus le nombre des bénéficiaires, au lieu de " fliquer" au moindre écart et donc d’enfoncer un peu plus dans les problèmes des familles. Ne serait-il pas plus facile d’utiliser un moyen qui responsabilise les citoyens dans leurs utilisations de ces sommes ?
Une utopie ?
Techniquement parlant, le système serait possible. Les différentes enseignes ont les infrastructures technologiques ( paiement par carte bancaire , vérification des chèques), il faudrait généraliser le système type Monéo pour les petits achats " boulangerie, epicerie". Enfin, la carte serait du type " à la demande", c’est-à-dire que le paiement ne pourrait se faire sans une demande automatique ( pas de découvert possible évidemment).
Le plus compliqué serait sûrement d’éviter que ces moyens de paiement soient utilisables dans tous les magasins, ou alors que, si l’on pouvait le faire, il y aurait obligation de justifier son achat ( besoin de vêtements pour son enfant ou d’un nouveau micro-ondes). Tout ceci serait à encadrer de manière précise et souple à la fois.
Le point peut-être noir de ce système serait son impact sur l’économie. En effet, de nombreux modèles économiques montrent que les allocations permettent aussi de maintenir un niveau de consommation ou même de relancer la croissance.
Cependant sur cette question, je me dis que la question sociale et l’enjeu d’éducation à la " chance d’avoir un système social" serait bien plus bénéfique qu’une consommation irresponsable et incontrôlée.
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