Les compagnies pétrolières pompent notre argent et ce n’est pas super !
C’est étrange. Le prix de l’essence à la pompe ne baisse pas autant que le baril ne le permet. Y aurait-il quelques combines, ententes, du reste, dénoncées en filigrane par la ministre Lagarde ? Vous pouvez vérifier sur le site du ministère qui affiche tous les prix et constater par vous-même.

Autant que je m’en souvienne, j’ai payé mon super 95 pas loin d’1,50 euro, en plein mois de juillet, dans une grande surface, quand le baril frôlait les 150 dollars. Pas de quoi me plaindre, surtout face au gasoil presque aussi cher que l’essence malgré des taxes moindres. La raison invoquée, un déficit de production ne pouvant satisfaire la demande croissante étant donné que le diesel est très tendance. Dans le courant de l’été, le baril a baissé, passant autour des 120 dollars. Courant août, une surprise à la pompe. Le prix, déjà descendu à 1,41 euro, avait été baissé jusqu’à 1,36 euro. Réajustement soudain le jour même où je faisais mon plein dans cette même surface. Depuis, le baril ne cesse de baisser, mais, étrangement, le prix du super 95 a augmenté. Qu’on ne dise pas que c’est un effet du décalage (ni de la modeste dépréciation de l’euro face au dollar). Si mi-août l’essence vaut 1,36 euro avec un baril autour de 120, l’essence ne peut pas valoir 1,42 euro un mois plus tard, alors que le baril n’a fait que baisser pour passer en dessous des 100 dollars. Il y a comme un bug. Une entorse à ce « gentlemen agrément » faisant que les compagnies pétrolières sont des entreprises citoyennes. Une entorse aussi aux mécanismes du marché, de la concurrence, de l’offre et de la demande.
Pendant le mois de juillet, les pétroliers justifiaient la hausse du diesel par la faiblesse des capacités de production rapportée à la demande. Et en septembre, comment justifier le prix surélevé de l’essence ? Une faiblesse de production due à une modification des priorités dans le raffinage ? L’industrie pétrolière peut-elle en si peu de temps rectifier l’équilibre entre essence et diesel ? Si oui, nous aurions l’explication du prix de l’essence dont le différentiel avec le gasoil rattrape et même dépasse son seuil habituel, pour atteindre 15 voir 18 centimes d’euro.
Mais l’explication la plus plausible c’est que les groupes pétroliers jouent sur les annonces médiatiques, l’endormissement des gens, le chloroforme de la prime transport, pour maintenir les prix élevés et se faire un maximum d’argent en dealant un produit indispensable et sans que notre super Sarko n’intervienne pour calmer les ardeurs des profiteurs de l’automobile. Vache à lait de l’Etat et aussi des groupes pétroliers. Ce qui est logique dans le système du national capitalisme. Cet été, les utilisateurs du diesel ont trinqué et, cet automne, c’est le tour des moteurs à essence et, cet hiver, les bénéfices vont flamber alors qu’au printemps les actionnaires vont prendre les dividendes ou alors les plus-values en vendant leurs actions. On comprend bien que les lois du marché s’appliquent en général, mais qu’elles sont souvent transgressées. Le baril a baissé, la demande a baissé et le super ne cesse d’augmenter, défiant ces règles et montrant que l’économie repose sur des éléments irrationnels, on le savait, mais aussi sur de l’arbitraire lorsqu’il s’agit de biens spéciaux, comme le carburant ainsi que l’immobilier.
Les ruisseaux font les grands fleuves, les petits arrangements sur les tarifs et les marges font les grands profits. Tant que cela passe inaperçu, tant que les autorités ne tapent pas sur la table, tant que les juridictions sur les ententes et les monopoles ne sont pas saisies, les groupes en profitent. C’est de bonne guerre. Quant aux dévots du marché, qu’ils révisent leur manuel de cosmologie walrasienne, la demande d’essence a baissé selon les statisticiens et le prix du super 95 augmente. C’est tout simplement que l’économie a des lois complexes et des mécanismes diversifiés selon le contexte et le type de bien mis sur le marché. Mais l’important est ailleurs et the show must go on. Richard Wright est mort, c’est une triste nouvelle, mais Pink Floyd est éternel, alors qu’un gallon d’essence est consumé dans l’atmosphère.
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