Après l’affaire Buttiglione, l’affaire Calderoli ?
Lorsque le commissaire européen Buttiglione avait déclaré : « Je crois que l’homosexualité est une maladie et un péché », le Parlement l’avait contraint à la démission. Malheureusement, la leçon n’a pas été retenue, le vice-président du Sénat italien Roberto Calderoli vient de déraper en saluant « une victoire de l’identité italienne, d’une équipe qui a aligné des Lombards, des Napolitains, des Vénitiens et des Calabrais, et qui a gagné contre une équipe de France qui a sacrifié sa propre identité en alignant des noirs, des islamistes et des communistes pour obtenir des résultats ».

Que Marco Materazzi et Zidane se soient balancé insultes et coups de boule choque, mais on reste dans un domaine, le sport, où on ne demande pas forcément aux protagonistes d’être irréprochables. En revanche, quand un dirigeant politique dérape dans le racisme le plus douteux et nauséabond, le scandale est beaucoup plus grand...
Roberto Calderoli est le dirigeant de la Ligue du Nord, il a succédé à Umberto Bossi à la tête du parti indépendantiste, populiste, et xénophobe... Il est devenu un as de la diffamation et de la provocation, Silvio Berlusconi avait même été contraint de réclamer sa démission de son poste de ministre des Réformes institutionnelles après que celui-ci eut porté un tee-shirt représentant les caricatures du prophète Mahomet, au plus fort de la crise. Chaque semaine, nos voisins transalpins décernent un "prix Calderoli". Objectif : dire (ou faire) une "connerie" plus grosse que celle de l’homme politique. Il n’y a pas un gagnant chaque semaine...
A la suite des élections serrées des législatives ne dégageant pas de majorité claire au Sénat, Romano Prodi a été contraint de faire quelques alliances et de céder la vice-présidence du Sénat a un homme réputé pour ses dérapages... mais supposé expérimenté. Sauf que Calderoli a gaffé. La déclaration ?
Il a salué une victoire de l’identité italienne, d’une équipe qui a
aligné des Lombards, des Napolitains, des Vénitiens et des Calabrais et
qui a gagné contre une équipe de France qui a sacrifié sa propre
identité en alignant des noirs, des islamistes et des communistes pour
obtenir des résultats.
Le pire, c’est qu’il ne regrette rien, et ne s’excuse pas du tout :
"Quand je dis que l’équipe de France est composée de noirs,
d’islamistes et de communistes, je dis une chose objective et
évidente", a-t-il confirmé mardi. "Qui se scandalise et réclame des
excuses ne se sent pas la conscience tranquille", a-t-il ajouté.
Voilà une déclaration qui tombe à point, alors que la Fédération italienne de football essaye d’éradiquer le racisme des stades...
Alors, certes, la majorité est tellement étroite qu’on peut se demander si le président du Conseil europhile Romano Prodi va oser sanctionner un vice-président qui allume le feu entre deux pays voisins, étant donné la difficulté que les sénateurs ont eu à désigner un exécutif. Mais rappelons que les parlementaires européens avaient renvoyé le commissaire européen Rocco Buttiglione qui avait considéré l’homosexualité comme un péché et déclaré que les femmes devaient avant tout s’occuper de leur foyer. Des propos certes condamnables et condamnés, mais qui sont vraiment de l’allégé comparés aux tonitruantes déclarations d’un individu qui n’a pas été élu à une haute fonction d’Etat pour ridiculiser son pays de la sorte...
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