Au Bois de mon coeur

2011, année de l’arbre
Un maire va peut-être planter un petit arbre sur la place de son village.
Il y aura de beaux discours.
Pas sur que çà empêche la forêt ancienne de continuer à disparaitre
On peut verser une larme de crocodile sur le sort des millions de sapins coupés pour décorer une nuit de Noël, mais il faudrait le relativiser puisque pour chaque arbre coupé, un autre est replanté (lien) d’autant qu’un sapin en pot peut être replanté dans sa cour, ou retourner dans sa forêt de conifères.
Les vrais problèmes sont ailleurs.
Les forêts anciennes régressent comme peau de chagrin, et de l’Amazonie à la Colombie Britannique, en passant par la Chine, l’Indonésie, la Russie ou le Congo, 15 millions d’hectares de forêts sont dévastées chaque année. lien
Sur ce lien, à la page 13, un répertoire des forêts en danger.
En Colombie Britannique, l’un des exemples les plus significatifs de la déforestation concerne l’ile de Vancouver. lien
On y trouve encore des arbres remarquables vieux de plus de 1500 ans et de près de 20 mètres de circonférence. photo
Aujourd’hui, il n’en reste plus que le tiers.
Pourtant la forêt boréale canadienne capte près de 40% de tout le dioxyde de carbone de la planète. lien
Sur ce secteur, on a coupé plus de bois durant ces 15 dernières années que durant les 50 années qui ont précédé.
Un documentaire convaincant, « Battle for the Tree », (57 minutes) a été réalisé sur le sujet par John Edginton et on peut le découvrir sur ce lien.
Beaucoup d’abattages sont frauduleux, et on pense que près de 40% des bois exotiques utilisés en France viennent d’abattages illégaux.
Ces agissements dépassent tout entendement, car même si demain, on décidait de reprogrammer une forêt ancienne, il faudrait attendre près de 2000 ans pour qu’elle soit reconstituée, et sans la garantie d’une réussite totale.
C'est l'occasion de rappeler l’intérêt des ronces, qui non seulement ont des vertus thérapeutiques, mais protègent les jeunes arbres des prédateurs herbivores. lien
Alors, les Nations Unies ont décidé de faire de 2011 l’année internationale des forêts.
Ce n’est pas rassurant pour autant, car les années dédiées se suivent et se ressemblent, sans qu’il y ait de réels progrès.
1979, Année de l’enfant, 2006, Année de la désertification, 2007, Années de la femme, 2010, année de la biodiversité, et une fois l’année finie, on cherche en vain le changement.
Le plus déconcertant, c’est qu’au départ, 2011 devait être l’année de la chimie. Beau télescopage des genres. lien
En tout cas, les Nations Unies ont ouvert un site web qui se veut être un forum.
Mais revenons à nos forêts.
Elles occupent plus de 30% de la surface de notre planète, et sont l’habitat de 300 millions de personnes. photo
Les forêts primaires qui représentent un peu plus du tiers de l’ensemble des forêts sont aussi le refuge de 80% de la biodiversité terrestre.
On le sait, la forêt est l’un des poumons essentiel de notre planète étouffée par la pollution.
Dioxyde de souffre, oxyde de carbone sont le lot des citadins, et les arbres contribuent à nous en débarrasser. lien
La vie d’1,6 milliard de personnes dépend des forêts : en 2004, les produits issus de la forêt sont estimés à plus de 300 milliards de dollars.
Et puis l’arbre est aussi un régénérateur du sol, créant de l’humus, sur lequel repose une bonne partie de l’avenir de l’humanité.
Les USA ont perdu 75% de leur humus, et il faudrait 30 000 ans pour réparer les dégâts. lien
Au Pérou, on plante des arbres au milieu des plantations de caféiers, afin de récupérer de l’humus, et de reconstituer les conditions de fertilité de la forêt. lien
C’est le moment de rappeler le travail formidable qu’avait fait Jean Pain, et son compost de broussailles. lien
Il en tirait de la chaleur, en installant un tuyau souple, faisant des serpentins au milieu de la meule, produisant ainsi de l’eau chaude bon marché, et il récupérait aussi le méthane qui s’en échappait pour faire tourner sa « 2 cv Citroën ». Vidéo
Il ouvrit la voie aux travaux du canadien Gilles Lemieux qui nous a quittés en 2009. lien
C'était le concepteur du BRF (bois raméo fragmenté) qui consiste à broyer des branches fraichement coupées, et à les mettre en place à l’automne sur les terres à cultiver, afin de produire fruits et légumes sans arrosage. lien
D’autres agriculteurs, ont amélioré cette méthode et ont réussi à produire tomates et courgettes, sur le plateau du Larzac, sans jamais arroser, en pleine période de sécheresse. lien
Le bois est indispensable aujourd’hui à notre quotidien : dans la construction, fabrication du papier, instruments de musique, meubles…
Bien sur les matières plastiques l’on largement remplacé pour beaucoup d’usages, sauf que le pétrole n’est pas inépuisable.
Pour faire un kilo de polystyrène il faut plus de 2 litres de pétrole. lien
D’après le GIEC, la déforestation contribue à 20% des émissions globales de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. lien
Ce qui n’est pas une raison pour se priver de bois, surtout pour la construction, il suffit que le bois soit issu d’une forêt gérée.
Un label a été crée récemment : PEFC (Programme de reconnaissance des certifications forestières) mais aujourd’hui, il ne représente que 20% du bois utilisé pour la construction en France. vidéo
A l’époque de Colbert, on plantait des arbres pour permettre, un siècle après, la construction de navires. lien
C’est d’ailleurs Colbert qui avait commencé à règlementer la gestion des forêts royales, car la rareté du bois inquiétait déjà à l’époque.
En Grèce, même s’il reste encore de belles forêts, elles étaient bien plus importantes dans les temps anciens, (lien) et celles-ci ont subi en 2009 l’assaut des flammes faisant s’envoler en fumée 31 000 hectares de bois. lien
Il faut rappeler ici que, d’après les mythes grecs les hommes sont issus des arbres. lien (page 37)
On retrouve cette légende de nos jours, lorsque l’on évoque la « croissance » d’un enfant, ou que l’on admire « une belle plante ».
Rien à voir avec Dede Koswara, que l’on a surnommé « l’homme arbre », puisque des verrues géantes ressemblant à de l’écorce recouvrent son corps. lien
Le légendaire « jardin des Hespérides », verger que Gaïa offrit à Héra n’est peut-être pas grec, puisque certains le veulent marocain, d’autres en Lybie, mais le naturaliste Pacco le voyait plutôt du coté du promontoire de Thycus.
Ce qui est certain, si l’on en croit le navigateur et géographe Scylax « il s’étendait sur 2 stades, (370 m) couvert d’arbres très épais et entrelacés les uns dans les autres (…) pommiers, orangers, grenadiers, poiriers, arboisiers, murier, vigne, myrte, laurier, olivier, amandier, noyer… » lien
Les troncs pétrifiés de l’ile de Lesbos prouvent que la Grèce était riche en forêt ancienne, (lien) et il est probable que les Grecs, maitres incontestés à l’époque de la Méditerranée ont manifestement payé très cher la déforestation qu’ils pratiquaient pour fabriquer leurs navires. Page 12
C’est en Californie que se trouve vraisemblablement l’arbre le plus vieux de la planète (or système racinaire) : un pin de Bristlecone qui aurait 4700 ans.
Sa localisation est tenue secrète, pour éviter tout acte de vandalisme, (il a détrôné « Prometheus », un autre pin, abattu par erreur en 1964), même si le Japon conteste ce record, affirmant posséder un cèdre de 5200 ans.
Mais le plus vieil arbre vivant est un épicéa Suédois, dont le système racinaire aurait 9550 ans. photo
Question taille, ce sont les Séquoias qui remportent la palme avec les 115,50 mètres de haut « d’Hyperion », dans le « National Redwood Park ».
Le « Général Shermann » n’a rien à lui envier.
Sur « Facebook », un site se propose de répertorier des arbres vénérables, et on peut le découvrir sur ce lien.
Et puis il y a les arbres originaux, ceux dont l’homme a voulu modifier le profil, que l’on peut découvrir sur cette vidéo, ainsi que les arbres qui ont fait le choix de l’insolite. 1-2-3-4-5-6-7-8-9-10-11-12
Même l’arbre mort mérite qu’on s’y intéresse.
En effet, il abrite tout un écosystème
Rongeurs, chauves souris, insectes y sont à l’abri comme on peut le découvrir sur ces photos : 1-2-3-4-5-6-
Les champignons sont les meilleurs amis des arbres : ils les débarrassent de leurs exsudats racinaires et sans eux, les arbres s’empoisonneraient par leurs racines. lien
Lorsque le champignon meurt, il nourrit l’arbre à son tour, raison suffisante pour conseiller aux mycophages du dimanche de ne jamais écraser un champignon, même s’il est mortel. lien
D’ailleurs aujourd’hui, les pépiniéristes vendent des arbres mycorhizés, afin de garantir une bonne croissance de l’arbre. lien
C’est l’occasion de revoir ce chef d’œuvre du dessin animé : « l’homme qui plantait des arbres », d’après le roman de Giono, réalisé par Frédéric Back.
Cette année de la forêt portera-t-elle des fruits ?
On peut en rêver, car comme dit mon vieil ami africain : « le traitre, c’est le manche de la hache ».
L’image illustrant l’article provient de jill-bill.over-blog.com
Pour contacter le forum des nations unies sur les forets : [email protected]
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