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Entretien avec Franck Biancheri

Franck Biancheri est le directeur de recherche du Laboratoire Européen d’Anticipation Politique LEAP/E2020 . Il est par ailleurs le fondateur et président d'honneur de Newropeans, le premier mouvement politique trans-européen. Il est l’un des pères du programme Erasmus et l’auteur du livre "Crise Mondiale : En route pour le monde d’après - France, Europe et monde dans la décennie 2010-2020" publié aux éditions Anticipolis.

Entretien avec Franck Biancheri
Jean-Paul Baquiast 06/06/2012

Pour en savoir plus
Franck Biancheri par Wikipedia http://fr.wikipedia.org/wiki/Franck_Biancheri
Site http://www.franck-biancheri.info/
LEAP/E2020 http://www.europe2020.org/
Newropans http://www.newropeans.eu/

 

Ce texte a été relu par Franck Biancheri

JPB pour Jean-Paul Baquiast. Cher Franck Biancheri, je suis heureux de notre rencontre de ce jour, 6 juin 2012, tant pour les lecteurs de Automates-Intelligents et Europe Solidaire que pour moi personnellement. Nous vous connaissons depuis quelques années par la lecture de vos articles et interventions sur la situation politico-économique mondiale. Certains chroniqueurs vous avaient surnommé Mr Catastrophe car vous avez prédit, au moins depuis 2005, l'effondrement du système actuel globalement dominé par les intérêts financiers de Wall Street et de la City. Il s'est avéré cependant que ces prédictions se sont réalisées ou sont en train de l'être. Elles ne résultaient pas d'une vision extralucide mais des travaux d'un tout petit groupe d'experts, le LEAP, que vous avez réunis au sein de ce que vos amis appellent le premier think tank véritablement mondial.

Pour moi cependant, en tant qu'européen convaincu, ce surnom de Mr Catastrophe n'est pas adéquat. Il faudrait au contraire le remplacer par celui de Mr Bonne Nouvelle. Vous avez en effet depuis vos débuts européens dans le programme Erasmus annoncé que l'Europe et les Européens, loin d'être les traîne-savates du monde, entrant à reculons dans l'avenir, en seront au contraire un des moteurs. Ce rôle d'entrainement ne leur sera pas acquis d'emblée. Ils devront s'ouvrir à tous ceux, notamment les jeunes, qui dans tous les pays veulent valoriser leurs connaissances et leurs compétences. Mais par sa diversité et sa richesse, dites-vous, l'Europe est la mieux à même de jouer ce rôle de ferment universel. Nos lecteurs connaissent ce message très revigorant car j'ai eu plusieurs fois l'occasion de faire allusion à vos travaux. Néanmoins je crois utile de vous demander aujourd'hui, à un moment où la crise mondiale semble se précipiter, au moment où l'Europe elle-même, y compris au niveau de son noyau dur qui est la zone euro, semble menacée de dislocation, au moment enfin où les tensions entre l'Europe et ses grands voisins du BRICS semblent se durcir, alors que les Etats-Unis accumulent d''énormes ressources en matière de technologies de contrôle des réseaux et des esprits, si votre optimiste ne mériterait pas d'être quelque peu tempéré.

Après vous avoir entendu sur ce premier point, je vous propose de consacrer la seconde partie de cet entretien au concept, dont là encore vous êtes le père, d'euroBRICS. Rappelons qu'il s'agit dans votre esprit d'encourager la construction de la vraie grande puissance multipolaire du monde de demain, celle qui rapprochera l'Europe, la Russie, la Chine, l'Inde et les grands pays d'Amérique latine. Or là encore, on serait fondé à se demander si les briques, si l'on peut dire, loin de se cimenter, ne seraient pas en train de se disjoindre sous la pression de la crise.

Les Etats-Unis

JPB. Voyons d'abord ce que vous pensez du poids futur des Etats-Unis. Ce n'est pas céder à un anti-américanisme forcené que constater comment, depuis la 2e guerre mondiale, Washington sous des encouragements de façade a toujours combattu la construction européenne, dès lors que l'Europe tentait par ce biais de se constituer en puissance autonome et compétitive. Ils continuent à le faire, directement ou par l'intermédiaire de leurs alliés et clients, à Bruxelles et dans les pays européens. Par ailleurs, malgré la crise qui les frappe aussi, ils continuent à se doter d'un arsenal technologique apparemment surpuissant , capable de les assurer indéfiniment une global awareness et une global dominance.

FB pour Franck Biancheri. Je crois de moins en moins à cette puissance. Les leaders politiques et les moteurs sociologiques qui avaient fait leur succès face à l'URSS se disloquent aujourd'hui, laissant place à des réflexes et des idéologies archaïques. Leur message au monde est en train de perdre tout prestige, comme le montre la désaffection des milieux universitaires internationaux. Leurs arsenaux, y compris dans le domaine du monitoring des technologies de l'information, risquent de s'effondrer sous une complexification désordonnée et ingérable. Les Chinois, même les Iraniens, n'en ont plus peur. Des « hackers » commentent à les pénétrer et les détourner. Les Européens auraient tort de se laisser impressionner. Ceci ne veut pas dire qu'ils auraient raison d'attendre le collapse américain les mains dans les poches. Ils doivent évidemment prendre d'urgence le relais des investissements américains dans le domaine de la science et de l'ingénierie. Sinon, d'autres le feront à leur place. Ils le font déjà.

JPB. Les Européens continuent, par Otan interposée ou directement, à faire preuve d'une grande servilité vis-à-vis du lobby militaro-diplomatique américain. Voici longtemps par exemple qu'ils auraient du refuser le programme de Ballistic Missile Defense in Europe (BMDE) ne visant qu'à les couper de la Russie. Or même François Hollande a paru accepter de contribuer aux dépenses de ce système.

FB. Rassurez-vous. Ce programme ne se fera pas. D'une part, personne ne voudra ou ne pourra en assumer les frais. D'autre part, les Américains eux-mêmes s'enferreront dans les conflits bureaucratiques que les deux BMD, en Europe et en Asie, ne manqueront pas de susciter. Et rappel important : depuis 30 ans, les Etats-Unis ont été incapables de conclure efficacement un grand programme d'armement. S'ajoutent désormais à cette inefficacité croissante, les coupes budgétaires importantes pour réduire le déficit US. Le résultat est déjà écrit : un affaiblissement rapide et massif de la machine militaire américaine. D'où l'émergence de tous ces concepts de guerre « nouvelle génération » avec Forces spéciales et hacking. Ils visent surtout à cacher le fait que le roi est de plus nu.

Pour cette raison, les Européens (du continent, oublions le Royaume-Uni en pleine dérive) ont besoiin de très rapidement reprendre le contrôle de leur défense. A ce titre, au moment où le débat européen se recentre enfin sur les questions fondamentales de perspectives politiques, la France aurait tout intérêt à proposer un débat sur la défense nucléaire européenne autour de la dissuasion française, pour y associer l'Euroland ou au moins ses principaux pays. L'Allemagne et son économie, la France et sa défense nucléaire …. voilà à mon avis le débat qui va dominer les 3 ou 4 prochaines années pour trouver le chemin vers l'intégration politique de l'Euroland.

JPB. Sur un autre plan, ne craignez-vous pas que la conjonction des riches et des puissants, le 1% dénoncé par le mouvement Occupy, dont le pôle est à Wall Street, ne s'arrange en sous-mains pour pérenniser la domination financière du monde, quitte si besoin était à militariser les institutions à son profit, aux Etats-Unis comme en Europe ?

FB. La conspiration des Maîtres du Monde ? Là encore, je n'y crois pas. J'ai rencontré dans différentes occasions des « membres » de ces cercles présentés comme tout-puissants. Aujourd'hui, ils sont complètement perdus face à la crise. Si certains cercles ont pu croire, dans la période 1945/2000, qu'ils dirigeaient les affaires de la planète, c'était uniquement parce que les choses étaient linéaires et parce que jusqu'aux années 1980, la simplicité des affaires permettait à quelques Américains et Européens d'avoir beaucoup d'influence sur un monde qui comptait peu hors de ces zones. Aujourd'hui le monde est devenu trop complexe et trop mouvant pour pouvoir être dirigé par quelques têtes pensantes, fussent-elles relayées par de puissantes technologies de contrôle. Les intérêts des différents acteurs, pays, … et la complexité de leurs interactions sur fond de crise historique, rendent tout simplement aberrante l'idée même de pouvoir manipuler l'ensemble. Mais, bon, cette vision parano de l'Histoire arrange ceux qui dénoncent ces groupes … et ceux qui sont accusés d'en faire partie. Pourtant la réalité est bien plus rude : plus personne ne contrôle plus rien !

L'Europe

JPB. Bien, mais l'Europe n'est-elle pas elle aussi en train de s'effondrer ?

FB. J'estime toujours que si la crise peut conduire certains pays à l'effondrement, elle aura sur l'Europe un effet contraire, poussant au rassemblement et à l'atténuation des divergences stériles. Voyez comme l'Allemagne et l'Europe du Nord se sont rapprochés des positions françaises et de celles des forces de gauche européennes depuis que François Hollande a été élu. Voyez aussi comme la Pologne bénéficie actuellement de son appartenance à l'Europe. Mais il fallait pour cela que la politique versatile et irresponsable de Nicolas Sarkozy cède la place. Je suis persuadé qu'au delà des difficultés actuelles de la Grèce et de l'Espagne, une relation solide et durable s'établira, au moins au niveau de la zone euro. La France avec toutes ses traditions démocratiques et régaliennes, aura un grand rôle à jouer.

JPB. C'est en fait une fédéralisation progressive que vous envisagez ?

FB. C'est un processus d'intégration politique, économique, social, … . Le mot fédéralisme a des connotations variables selon les pays. Je ne l'utlise jamais car il obscurcit les débats au lieu de les éclairer. Il donne une réponse avant même qu'on ait défini la question. L'Euroland avance sur la voie d'une intégration ad hoc. C'est un modèle sui generis. Ce qui est certzain c'est que cette intégration est antinomique avec l'élargissement vers l'Ukraine, la Turquie, … . Pour avancer cependant, au delà des mesures relevant de la coopération des gouvernements, il faudra que les peuples encouragent les initiatives se traduisant par un partage des pouvoirs au niveau des assemblées représentatives élues, qu'il s'agisse des parlements ou des assemblées territoriales diverses. Les échanges entre scolaires ou universitaires y contribueront, selon la voie qu'avait inaugurée Erasmus.

Mais il faudra faire beaucoup plus, notamment concernant la traduction réciproque des langues européennes. Comment voulez vous que des vues communes sur la démocratie se répandent, compte-tenu de l'étanchéité actuelle des concepts et des cultures ? L'intégration politique n'est pas qu'une affaire institutionnelle, c'est aussi l'émergence d'une société civile trans-européenne. Les bases sont là, bâties depuis plus d'une vingtaine d'années via l'apparition de réseaux européens de toutes sortes (étudiants, citoyens, chercheurs, villes, … ), mais elles sont encore insuffisantes pour porter un édifice institutionnel.

JPB. Nous y reviendrons tout à l'heure. Concernant l'exigence d'une fédéralisation démocratique de l'Europe, pensez vous que la majorité française actuelle, qui l'avait inscrite (timidement) dans ses programmes, fera ce qu'il faut pour faire progresser l'idée, au delà des Euro-Bonds et des euro-investissements ?

FB. Je continue à parler d'intégration démocratique, pas de fédéralisation. Pour les Euro-Bonds et autres, je suis persuadé qu'en effet l'élection de François Hollande va accélérer l'évolution D'ailleurs c'est déjà le cas. Mais les Européens convaincus de la nécessité de la chose devront poser cette exigence en toutes occasions : droit social et du travail, législations fiscales, douanières et environnementales, échanges entre universités et laboratoires, grands programmes structurants...Il faut bien reconnaître que manque encore, au niveau des hommes de gouvernements, en France comme ailleurs, une grande vision géopolitique. Manque également, dans les partis et les syndicats, la volonté d'impliquer les peuples dans de vrais processus démocratiques. Mais je suis certain que cela viendra très vite, l'aggravation de la crise aidant, si je puis dire. Je rappelle que, conformément aux prévisions de mon équipe, le gros de la crise est encore devant nous, à partir de la fin 2012. Elle touchera le monde entier.

JPB : L'Europe selon vous est-elle menacé par la montée d'un islam intégriste et conquérant, à ses frontières et en son sein ?

FB : Je pense qu'avec le développement imparable, notamment au sein des réseaux, de la démocratie, du féminisme, de la prise de parole libre, les intégristes musulmans ayant pris le pouvoir sur les ruines des dictatures ne dureront pas longtemps, quelques années tout au plus. Mais il ne faudra pas pour cela que les Européens encouragent, en continuant à consommer leur pétrole, les Etats pétro-arabes qui sous couvert de religion, tentent de s'immiscer en Europe et perturber notre jeu politique. Il faut en vouloir beaucoup ainsi à Nicolas Sarkozy et aux gouvernants qui ont facilité, pour des raisons proches de la corruption, la pénétration en Europe, dans des secteurs clefs, du Qatar, des Emirats et de l'Arabie saoudite.

L'euroBRICS

JPB : Je suis tout à fait de votre avis. Ceci dit, pour en revenir à l'essentiel de notre entretien, vous estimez, comme je l'évoquais en introduction, qu'une très grande puissance mondiale est en train d'émerger, rassemblant les Etats évoqués par cet acronyme d'euroBRICS, en partie sur les ruines de l'Empire américain.

FB : Oui, mais ceci ne résultera pas des voies diplomatiques et institutionnelles traditionnelles. Il n'y aura pas avant longtemps d'instance internationale analogue à une subdivision de l'ONU rassemblant les pays considérés, avec des programmes et des moyens bien définis. Tout au plus le G20, plus ou moins élargi, pourra poser les grands problèmes intéressant la coopération Euro-BRICS, envisager des solutions, notamment en matière de système monétaire international, mais le G20 n'est pas une structure décisionnelle.

Dans vos propres écrits, notamment le Paradoxe du Sapiens, vous évoquez une évolution globale résultant de la compétition de super-organismes nouveaux évoluant dans un environnement chaotique, au sens scientifique et d'ailleurs aussi politique du mot. Je considère pour ma part que le partenariat Euro-BRICS se constitue actuellement selon de tels processus.

JPB. Pensez vous cependant que des ensembles aussi énormes, en termes de population, que la Chine et l'Inde, avec de tels problèmes de développements à résoudre, pourront partager progressivement les intérêts de sociétés plus riches et moins nombreuses, telles celles de l'Union européenne et de la Russie ?

FB : Ces ensembles changeront évidemment lentement, en gardant longtemps leurs pesanteurs. Mais pourquoi voudrait-on que, sur des questions elles-mêmes émergentes, intéressant la planète entière, liées notamment à la lutte contre la dégradation des écosystèmes, des synthèses ne puissent apparaître rassemblant notamment les jeunesses du monde qui veulent ne pas refaire les erreurs du passé ?

JPB : Vous pensez peut-être à la mise en place d'un Erasmus-bis, étendu à l'euroBRICS tout entier, et je suppose aussi à des programmes fondateurs d'avenir, tels que les programmes spatiaux que nous avons évoqués à plusieurs auteurs dans une de vos publications.

FB : Oui mais pas seulement. Je mentionnais il y a quelques minutes l'enjeu essentiel consistant à faciliter la traduction entre des langues aussi apparemment étanches que le mandarin, l'hindoustani, le russe et les langues européennes. La traduction est la langue de l'Europe disait Umberto Eco. Et mon expérience de 30 ans m'a prouvé qu'il avait raison. Pour l'intégration démocratique de l'Europe, le développement et la mise à disposition de systèmes intelligents bon marchés permettant de traduire et/ou d'interpréter est ainsi un impératif absolu. C'est le seul moyen de dynamiser tant le tissu socio-politique qu'économique de notre continent fragmenté linguistiquement. Le délire du tout-Anglais a vécu ce que vivent les roses : le temps de la puissance dominante qui le portait. Pour le reste, 500 millions d'Européens continueront à parler leurs langues, tout comme les milliards de Chinois, Indiens, Brésiliens, etc … . Et la bonne nouvelle pour les chercheurs/entrepreneurs européens dans ce domaine, c'est qu'outre le vaste marché européen, c'est un secteur qui va connaître un boum majeur au niveau mondial dans les décennies à venir. Voilà une direction, à mon sens, que devrait emprunter ceux qui veulent devenir des grands opérateurs technologiques innovants des années 2015/2025.

JPB : Ne doutons pas que les lecteurs de Automates Intelligents et Agoravox recevront ce message sans difficultés. Je vous remercie.


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8 réactions à cet article    


  • Jade Jade 14 juin 2012 13:18

    @ l’auteur


    C’est un article intéressant, merci pour sa publication. 
    J’aime bien lire les bulletins et analyses du LEAP 2020, même si on peut toujours regretter un petit biais « pro-européen » de leur part (qui fausse assez souvent leurs prévisions d’ailleurs).



    • BA 14 juin 2012 14:43

      Et pendant ce temps-là, la zone euro se rapproche d’un effondrement systémique.

      Portugal, Irlande, Italie, Grèce, Espagne, Chypre : les dominos tombent les uns après les autres.

      L’Espagne et l’Italie foncent vers un défaut de paiement total.

      Jeudi 14 juin 2012 :

      L’Italie emprunte 4,5 milliards d’euros à moyen et long terme, bond des taux.

      L’Italie a vu ses taux flamber et dépasser les 6% sur les échéances les plus longues jeudi lors d’une émission de dette très suivie, alors qu’elle est de nouveau sous la pression des marchés, mais elle a atteint son objectif maximum en levant 4,5 milliards d’euros.

      Le Trésor italien a emprunté 3 milliards d’euros de titres à trois ans à un taux de 5,30%, contre 3,91% le 14 mai, dans un marché tendu, marqué par la dégradation de la note de l’Espagne de trois crans par Moody’s, qui a propulsé les taux de Madrid à des nouveaux sommets sur le marché secondaire.

      Selon le résultat de l’opération communiqué par la Banque d’Italie, Rome a en outre émis 627 millions d’euros de titres à échéance 2019 et 873 millions à échéance 2020.

      Sur ces deux maturités, les taux ont franchi la barre symbolique des 6%.

      Pour l’emprunt à 7 ans, l’Italie a dû payer un taux de 6,10%, contre 5,21 % lors de la précédente émission le 27 avril.

      Pour l’emprunt à 8 ans, l’Italie a dû payer un taux de 6,13%, contre 5,33% lors de la précédente émission le 14 mai.

      Mercredi, Rome avait déjà enregistré un bond de ses taux à 3,972%, contre 2,34% le mois dernier lors de l’émission de 6,5 milliards d’euros de titres à un an.

      L’Italie, qui avait réussi à regagner la confiance en début d’année grâce aux mesures de rigueur et aux réformes du gouvernement Monti, alimente à nouveau l’inquiétude des marchés.

      A présent que l’Espagne a accepté un plan d’aide pour ses banques, certains analystes craignent que l’Italie, dont la dette colossale dépasse les 120% du PIB, ne soit le prochain domino de la zone euro à tomber.

      (AWP / 14.06.2012 12h00)

      Considérant que l’Union Européenne était à un moment « crucial », le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a décoché de son côté des flèches en direction de celles des « capitales » qui ne mesurent pas l’urgence de la situation.

      « Nous avons un problème systémique devant nous, nous devons avoir un cap et le maintenir. Je ne sais pas si l’urgence est bien comprise par toutes les capitales aujourd’hui », a-t-il déclaré devant le Parlement européen à Strasbourg.

      http://www.boursorama.com/actualites/italie-monti-affiche-sa-serenite-malgre-la-flambee-des-taux-d-emprunt-80574aa0b4cacf171c2e010311c52766

      José Manuel Barroso vient de comprendre.

      José Manuel Barroso vient de dire la phrase la plus importante :

      « Nous avons un problème systémique devant nous »


      • jullien 14 juin 2012 15:04

        Que l’on me pardonne l’auto-citation mais voici ce que j’écrivais le 14 février dernier
        Dans les prévisions du GEAB l’année 2012 sera celle du grand basculement géopolitique mondial. Après l’effondrement du Mur de Berlin en 1989, ils annoncent celui du « Mur Dollar » sur lequel est assise la puissance des États-Unis.
        Liste de prédictions faites par les Nostradamus du LEAP :
        1°) La prise de pouvoir par les extrême-droites européennes en 2009 pour constituer une nouvelle Rome impériale (je triche : la prédiction date de 1998. Pas tant que ça : elle a été reprise dans le premier numéro du GEAB)
        2°) les prix du pétrole fixés en Euros et non plus en dollar... "d’ici cinq ans« (c’est à dire 2011) ou »d’ici deux ans" (c’est à dire 2012)
        3°) Une monnaie commune des pétromonarchies sur le modèle de l’Euro
        4°) Une pépite : « L’Euroland constitue dans les mois à venir [prédiction faite en mars 2006] la seule zone monétaire capable de résister correctement à la crise du dollar »
        5°) la « dilution globale » de l’OTAN et le découplage stratégique UE/USA... en 2006 (Kadhafi doit s’en retourner dans sa tombe)
        6°) Le traité de Lisbonne n’aurait jamais dû voir le jour car « le projet de résurrection de la Constitution européenne [est] politiquement irréaliste »
        7°) Un partenariat stratégique entre l’UE et la Turquie
        8°) les candidatures de Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal « évanescentes »
        9°) la victoire à l’élection présidentielle US de 2008 de... John McCain (prédiction faite en septembre 2008 et comme hasard introuvable aujourd’hui sur leur site)
        10°) Une « prochaine » attaque américaine et/ou israélienne contre l’Iran (bon d’accord, ils finiront probablement par avoir raison un jour. Mais si j’ai bien compté ils l’ont annoncé onze fois au cours des six dernières années).
        11°) le premier porte-avions américain coulé depuis 1945... en 2007
        12°) l’adhésion de la Suède et du Danemark à l’Euro « d’ici deux ans » (c’est à dire d’ici 2009 pour l’annonce faite en 2007, d’ici 2010 pour l’annonce faite en 2008)
        13°) Un défaut de paiement américain en 2009
        14°) Un défaut de paiement britannique en 2009
        15°) L’Euro devenant une valeur-refuge « crédible »
        16°) L’effondrement du dollar en 2010 (très forte inflation ou hyper-inflation)
        17°) Un Euro était censé valoir 1,70$ en 2007, 1,75US$ en 2008, 2 US$ en 2010.
        18°) « Les responsables de la zone Euro savent depuis longtemps que le problème grec surviendrait un jour » (propos de décembre 2009)
        19°) Un défaut de paiement britannique en 2010
        20°) la coalition conservateurs-libéraux en Grande-Bretagne tiendra moins d’un an et aura de la chance si elle tient jusque la fin de l’année (2010)
        21°) « le problème grec aura disparu des radars médiatiques internationaux d’ici quelques semaines » (pour ne pas alourdir un commentaire déjà bien long, je me contente de la première fois où ils ont écrit une telle erreur : en janvier 2010)
        22°) l’Euro à 1,35US$, « ce n’est pas durable » (prévision faite à plusieurs reprises en 2010 et en 2011 pas entièrement fausse puisque il est en fait... descendu légèrement en dessous et non grimpé comme ils l’avaient annoncé [voir l’annonce n°17 ci-dessus])
        23°) la décomposition géopolitique mondiale... pour 2011 (troisième annonce : je considère la prédiction d’un basculement en 2012 comme étant la quatrième)
        Ce qui sauve le LEAP du ridicule est qu’ils ont correctement annoncé la crise des subprimes. Mais il n’est pas très difficile de constater que leur succès repose sur une apparence et qu’en réalité ils se contentent d’annoncer ce que leur public a envie d’entendre (ou eux-mêmes). L’auteur comprendra que je ne prends plus au sérieux le LEAP depuis un moment.

        Frank Biacheri raconte des histoires qui plaisent à son auditoire et se fait payer pour cela. Tant mieux pour lui mais il est préférable d’éviter de le croire sur parole.


        • yoananda 14 juin 2012 21:13

          Bravo, excellent post qui montre bien le biais pro-eurpéïste total de Biancheri.
          Il m’a fallu du temps pour l’identifier de mon coté. J’en ai parlé plusieurs fois sur mon blog.
          http://yoananda.wordpress.com/2012/04/16/geab-64-joue-au-lego-sur-un-nuage/
          http://yoananda.wordpress.com/2011/11/17/geab-59-mouaif-bof/
          http://yoananda.wordpress.com/2011/12/17/geab-60-eurobeats/
          au point que je ne fais plus que survoler leurs publications qui ont beaucoup perdu en pertinence avec le temps.

          La crise de l’Europe, c’est la crise de la périphérie de l’Empire. Historiquement, le centre s’écroule toujours en dernier. Avant cela, il fait comme le corps humain, il sacrifie les membres non vitaux (les vassaux comme nous).

          Enfin, on verra bien après dimanche.


        • yoananda 14 juin 2012 21:08

          Je pense comprendre le point de vue de Franck Bianchéri, mais je ne le partage pas. L’europe rassemble ses élites qui partagent le meilleur d’eux même, mais divise ses peuples qui eux partagent le pire.
          Au dela de toutes les questions géopolitiques l’Europe va « régler ses problèmes » ???
          Mais c’est faire totalement fi de la question énergétique, du pic pétrolier en l’occurrence, de la révolution robotique, du découplage économique des pays du nord, du sud et de l’est de l’Europe.
          FB ne parle jamais des problèmes structurels de l’Euro, ou les pays ne peuvent plus dévaluer.
          Les travailleurs ne peuvent pas non plus migrer entre zones économiques comme aux USA : vous imaginez les grecs au chômage aller bosser en allemagne alors qu’ils n’ont même pas le même alphabet ???
          De plus l’Europe se dirige tout droit vers une planification technocratique a la URSS.
          FB accroché a son rêve (qui le rêve de tout Européen) ne voit pas les ecceuils de la construction actuelle, il pense qu’on peut corriger le tir a coup de traducteur automatiques.
          Non, l’Europe va exploser, et la construction Européen se prendre 50 ou 100 ans dans les dents.
          Elle se fera sûrement un jour, mais dans un autre siècle ... et avec une réincarnation de FB.
          L’Europe qui se construit avec serpillère Von Rompuy est un monstre ; Une dictature molle, c’est à dire par consentement « tant que ça ne gueule pas trop en face, on continue de faire comme on a prévu ».
          Un peu comme Facebook qui fait un sondage pour demander aux gens leur avis sur leur nouvelle politique mais qui prends soin de bien cacher la page du sondage, et qui ensuite dit « ceux qui ont voté étaient contre, mais ils étaient minoritaire a voter » ...
          lol
          apparemment, c’est la mode de faire les choses en traître.

          De plus, il a beau jeu de dire que l’Europe fait chier les USA, c’est EUX qui l’ont construit de A a Z. D’abord via le plan marshall, ensuite via quelques politiciens a leur solde.

          Il vaut mieux lire un Asselineau pour comprendre ce qui se trame qu’un rêveur comme Biancheri, qui, s’il a bien la crise américaine est aveuglé par son eurangélisme.


          • yoananda 15 juin 2012 07:32

            N’oublions pas que c’est Goldman Sachs qui dirige une grande partie de l’Europe ...


          • Débat intéressant. Merci de ces réactions. Comme toujours on peut penser qu’il existe une voie moyenne entre europessimisme et eurooptimisme.
            Ce que j’ai trouvé le plus intéressant dans les propos actuels de FB concerne les perspectives de l’euroBRICS. Mais là encore ne prenons pas nos rêves pour des réalités.


            • Luxum Luxum 19 novembre 2012 15:53

              « Ce n’est pas céder à un anti-américanisme forcené que constater comment, depuis la 2e guerre mondiale, Washington sous des encouragements de façade a toujours combattu la construction européenne »

              Et ce n’est pas non plus un anti-américanisme forcené que de constater que, depuis la seconde guerre mondiale, Washington, sous un combat de façade, a toujours soutenu la construction européenne pour mieux nouer les intérêts nationaux divergeants entre eux et faire office de fédérateur.

              Lien : Article du Daily Telegraph
              Lien : L’UE : La stratégie des chaînes

              --------------------------

              « Rassurez-vous . Ce programme ne se fera pas. »

              Oui rassurez-vous, détendez-vous, dormez bien. C’est pas comme si des programmes US soumettaient déjà l’UE.

              Lien  : Accords Swift

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              « les coupes budgétaires importantes pour réduire le déficit US. Le résultat est déjà écrit : un affaiblissement rapide et massif de la machine militaire américaine »

              Où est ce que vous les voyez vous, monsieur Biancheri, les importantes coupes budgétaires américaines ? Bon certes des coupes il y en a, mais c’est dans le milieu social qu’on les fait. Pas de coupe dans le budget de l’armée à l’horizon. Obama a même augmenté les dépenses militaires de son pays lors de son premier mandat.

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              « Pour cette raison, les Européens (du continent, oublions le Royaume-Uni en pleine dérive) ont besoin de très rapidement reprendre le contrôle de leur défense. »

              Ne vous inquiétez pas, une armée européenne il y en aura une, nous sommes sur la bonne voie pour ça. Mais bien sûr elle sera soumise à l’OTAN (Lien)

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              Lien

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              « La conspiration des Maîtres du Monde ? Là encore, je n’y crois pas. plus personne ne contrôle plus rien ! »

              C’est la stratégie du choc. On laisse la situation s’envenimer jusqu’à ce que les gens réclame l’ordre (ici une entité fédérale européenne).

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                «  J’estime toujours que si la crise peut conduire certains pays à l’effondrement, elle aura sur l’Europe un effet contraire, poussant au rassemblement et à l’atténuation des divergences stériles. »

              SI pour vous « divergences stériles » désigne les intérêt nationaux divergents et la souveraineté national alors rassurez vous : nous sommes en train de les perdre à la faveur de la crise que les gouvernements aux ordre laisse s’aggraver volontairement.

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              « Mais il fallait pour cela que la politique versatile et irresponsable de Nicolas Sarkozy cède la place. »

              La politique de Nicolas Sarkozy et celle de François Hollande sont identiques. Les deux défendent les intérêts nationaux des États-Unis car les deux hommes sont des « Young leaders » de la French-American Foundation.

              Lien

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              « C’est un processus d’intégration politique, économique, social, … . Le mot fédéralisme a des connotations variables selon les pays. Je ne l’utilise jamais car il obscurcit les débats au lieu de les éclairer. »

              Vous ne l’utilisez jamais car vous ne voulez pas assumer vos idées, largement réprouvées par la majorité des citoyens, qui sont favorables à l’instauration d’un gouvernement fédéral européen. Le mot fédéralisme n’a qu’une seule définition, et ce quelque soit la langue, celle du dictionnaire que je vous invite à consulter.

              Lien

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              « Comment voulez vous que des vues communes sur la démocratie se répandent, compte-tenu de l’étanchéité actuelle des concepts et des cultures ? »

              Non mais vous avez raison la culture c’est chiant. Il faudrait fondre toutes les cultures nationales dans une nouvelle culture européenne, comme en URSS, voire créer un homme sans-culture. Ce serait bien plus pratique. (ironie)

              Lien

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              « les intégristes musulmans ayant pris le pouvoir sur les ruines des dictatures ne dureront pas longtemps, quelques années tout au plus. »

              Ils ne dureront pas longtemps sauf si ils acceptent de vendre leur pétrole national à moindre coût aux pays de l’OTAN comme c’est le cas en Arabie Saoudite. Et s’ils ne se soumettent pas alors l’OTAN trouvera un prétexte qui sera relayé par les médias pour se livrer à un pillage organisé des ressources.

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