Fort Calhoun : le réacteur sur générateur de secours dimanche
L’intrusion de l’eau dans certains bâtiments de la centrale de Fort Calhoun a obligé la centrale à basculer brièvement sur l’alimentation électrique de secours dans la journée de dimanche selon l’Homaha World Herald.
http://www.omaha.com/article/20110627/NEWS01/706279901/-1#flood-test-not-over-for-nuke-plant
Les générateurs diesel ont été mis en marche avec succès pour pallier à des difficultés d’alimentation de la centrale en électricité par le réseau électrique.
Comme à Fukushima, le système de refroidissement de la centrale dépend de la fourniture constante en électricité.
Par ailleurs, plusieurs explosions ont créé des brèches sur des digues en amont de la centrale Nucléaire inondée de Fort Calhoun aux USA.
La rupture de ces digues a provoqué l’inondation des champs de maïs jusque-là protégés.
Les autorités gouvernementales ont d’abord démenti être à l’origine de ces explosions, et laissent entendre que des fermiers en colère seraient suspects, mais vendredi, Jeff Theulen, le coordinateur des opération d’urgence, a déclaré que les digues ont peut-être été rompues intentionnellement.
En effet, un corps d’ingénieurs de l’US army travaillait à niveler ces digues depuis une semaine. Ces travaux ont d’ailleurs entrainé la mort d’un conducteur dont le camion est tombé de la digue.
Ainsi la digue privée de Vanmann n°30 située au nord de la réserve naturelle de Boyer Chute a d’abord été excavée par l’armée avant qu’une brèche ne soit ouverte par explosifs.
Deux autres brèches ont également provoqué l’inondation de zones de cultures sur cette portion du fleuve.
L’inondation de la plaine par la rupture des digues agricoles est manifestement une tentative de créer des réservoirs en amont de la centrale afin de limiter la crue dans le lit principal du fleuve Missouri.
En France on utilise pour réguler les crues ce que les ingénieurs en hydrométrie appellent des réservoirs passifs d’écrêtement de crue qui sont des zones inondables dont la définition est :
Ouvrages passifs d’écrêtement de crue, à disposer dans un petit bassin versant, avec l’objectif de limiter l’importance des crues a l’aval de ce bassin.
Le principe est celui des vases communicants : au-dessus d’un certain niveau, l’eau déborde du lit du fleuve vers le réservoir, ce qui modère la crue dans le lit du fleuve.
C’est sans doute la raison pour laquelle l’armée abaissait la hauteur des digues en amont du fleuve, l’idée étant que si le niveau monte encore les champs reçoivent l’excès d’eau.
La décision de rompre les digues montrent que l’inquiétude est montée d’un cran et que les autorités sont passées à un mode d’action d’urgence qui n’avait plus pour but de limiter le pic de crue mais de faire baisser le niveau de l’eau.
La situation semble plus préoccupante que ne le disent les autorités nucléaires, comme le confirme implicitement l’évacuation des habitants dans une zone de 15 km autour de la centrale (et l’interdiction de survol) ce qui représente plus de 20.000 personnes.
Un autre indice est la décision prise par les autorités nucléaires d’abaisser considérablement la température de l’eau dans le réacteur au-dessous des normes usuelles afin de disposer de plus de temps en cas de rupture du système de refroidissement.
L’eau est à 308 m au dessus du niveau de la mer.
Le niveau d’alerte (307,85 m) imposant l’arrêt de la centrale a été dépassé le 9 juin.
On s’attend officiellement à une montée de 60 cm qui approche la limite de 309 m au-dessus du niveau de la mer.
A ce niveau, la digue de sacs de sable entourant la zone de l’infrastructure reliant la centrale au réseau électrique pourrait céder ce qui entrainerait vraisemblablement que la centrale serait coupée du réseau électrique comme ça s’est passé à Fukushima.
Le système de refroidissement de la centrale dépendra alors des groupes électrogène diesel qui ont été mis en marche ce dimanche.
Or ces générateurs ne sont supposés supporter qu’une crue de 309m au-dessus du niveau de la mer.
Si l’eau monte encore plus haut, des générateurs secondaires pourraient prendre le relai à concurrence d’une crue de 316.5 m.
Ces calculs ne tiennent pas compte des dommages que peu causer l’eau par l’érosion ou la pression sur les murs à la longue car la décrue n’est pas prévue avant de longs mois.
La crise ne fait donc que commencer.
Inutile de paniquer donc, en cas de problème il suffira d'appliquer la bonne vielle méthode Duck & Cover (plonger & se couvrir) :
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