Joe Stack, terroriste mais pas trop…
Il se nommait Joseph Andrew Stack. Il avait 53 ans, était américain et… terroriste. Il est donc né américain. Américain de souche comme les fous d’un certain nationalisme exacerbé aiment si bien dire. A la suite de Timothy Mcveigh qui avait avec des complices commis l’attentat survenu le 19 avril 1995 détruisant la Alfred P. Murrah Federal Buildingau centre-ville d’Oklahoma City, faisant plusieurs dégâts matériels, voici venu un autre yankee qui se révolte contre le paradigme sociétal américain, l’american way of life, Joe Stack.
Mobilisation générale ensuite, depuis la Maison Blanche où le porte-parole Robert Gibbs a précisé rapidement dans un communiqué, que le président Barack Obama était au courant et suivait l’évolution de la situation minute après minute, par son conseiller pour l’antiterrorisme John Brennan. Mais, malgré le fait que Joe Stack se soit donné la mort ainsi, il est précisé rapidement que l’accident n’est pas un acte terroriste et que le ministère américain à la sécurité intérieure allait mener rapidement une enquête. Et pourtant, tous les indices montraient bien que le quidam avait bel et bien commis à attentat suicide et qu’il avait par ailleurs laissé un message pour expliquer son geste.
Dirigeant d’une petite société de logiciels informatiques, il est mentionné que Joe Stack aurait été en butte à des problèmes financiers, poursuivi par deux fois par le fisc, mal conseillé par un fiscaliste surtout, et tutti quanti mentionne le journal Le Monde. Son message découvert post-mortem, sorte de testament de 6 pages, est un vaste réquisitoire contre l’Amérique, cette Amérique qu’il hait au plus profond de lui. Ce pays qui l’a vu naître et qui l’a détruit selon ses déclarations. Il fustige tout, crache sa haine du système qui l’a broyé, depuis sa plus tendre enfance écrit-il. Oui, il est des moments où, les mécanismes du cerveau refusent tout commandement, même enfouit dans le subsconscient. Il est des moments aussi où le cognitif n’influence plus rien. La violence n’est pas seulement le fait de l’Amérique. Hier, une vidéo qui fait déjà un buzz, un film récupéré (cardiaques s’abstenir) par la chaîne qatari Al Jazeera, montrant des images insoutenables de massacres de civils musulmans au Nigeria par la police en pleine ville, est l’un des symptômes de la modernité.
Joe Stack indique qu’il a été le cobaye humain d’un système hypocrite et malhonnête, où les puissants font la loi pour écraser les plus faibles. Banquiers et hommes politiques passent au crible. Dans son message récupéré par le Washington Post, il écrit :« Malheureusement, dans ce pays, nous subissons un lavage de cerveau dès notre plus jeune âge pour nous faire croire qu’en échange de notre dévouement et de nos services, le gouvernement œuvre pour la justice pour tous [...], qu’il y a la liberté dans ce pays et que nous devrions être prêts à donner notre vie pour les nobles principes de nos pères fondateurs. [...] J’ai passé toute ma vie d’adulte à essayer de me sortir tout ce bordel de la tête. » Un homme en colère s’il en est, qui ne s’arrête pas là. D’ailleurs, sa gloire ne fait que commencer, notamment sur Facebook où, en l’espace de deux jours, sa page compte déjà plus de 1360 fans, qui précisent qu’il ne saluent aucunement son geste....
Toujours selon son testament, on croirait entendre l’Egyptien Ayman al-Zahwari, bras droit du spectre Ben Laden, qui fustige Big Brother. Ainsi, Joe Stack précise : « Je choisis de ne pas continuer à regarder Big Brother me désosser, je choisis de ne pas ignorer ce qui se passe autour de moi, je choisis de ne pas prétendre que le business ordinaire ne continuera pas, j’ai eu mon compte. Je peux juste espérer que le nombre de morts sera trop important pour ignorer que les zombies américains vont enfin se réveiller et se révolter. » Ainsi, pour lui, comme pour les adeptes d’Al Qaïda, l’Amérique a dans son propre sein, l’arme qui la tuera, ses ressortissants simplement, qui découvriront peu à peu le pot aux roses. Interprétation galvaudée sans doute mais, le danger guette. Joe Stack conclut son propos par une citation haute en couleurs : « Le credo communiste : de chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins ; le credo capitaliste : de chacun selon sa crédulité, à chacun selon son avidité. Joe Stack (1956-2010). »
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