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Les marbres du Parthénon

C’était comme hier, et pourtant c’était il y a bien plus de vingt ans. A Mexico, lors d’une conférence extraordinaire de l’UNESCO, Jack Lang, Jules Dassin et Mélina Mercouri lançaient l’idée de « la restitution de pièces uniques, d’une construction unique symbolisant une culture ». Il s’agissait bien sûr des marbres du Parthénon, mais, au Pérou, en Bolivie, en Egypte et ailleurs, cette décision adossée par l’Unesco a eu très vite des effets. Un grand nombre d’objets sont rentrés chez eux depuis. Mais pas les marbres. A l’époque, Mr Brown, alors directeur du British Museum, dédaigneux et sarcastique hautain comme peuvent l’être parfois les sujets de sa majesté rétorqua que les Elgin marbels (du nom du pilleur) étaient protégés au sous-sol de son musée des méfaits du temps et de la pollution athénienne. La pollution était son crédo. Que ne firent les grecs pour répondre à cette accusation : depuis lors, sur toute l’agglomération (première ville au monde à instaurer la circulation des voitures par rapport à leur immatriculation pair - impair), jusqu’aux travaux titanesques qui ont mis en place, tout autour de l’Acropole, un espace archéologique piétonnier immense. Puis, Jules Dassin imposa sans grand mal faut dire l’idée d’un musée exemplaire, aux pieds du temple et dont le dernier étage, transparent, serait habité par le Parthénon lui même.

Il y a trois jours, le musée a été inauguré. Ni Mélina, ni Jules ne sont plus là. Mais ce grandiose musée High Tech est habité, hors les milliers de pièces magnifiques, par leur âme. On a oublié aujourd’hui la pollution, et l’obscur Mr Brown. Et le musée, sans ou avec les marbres est un hymne à la beauté, envoyant des clins d’œil partout dans le monde, appelant à la résurgence de la mémoire culturelle universelle, défiant les vestiges d’un monde colonial où les colonisateurs et autres pilleurs, l’âme en paix, extirpaient la beauté indigène pour la « protéger ».

Il faudra peut-être encore plus de vingt ans, mais les marbres reviendront, en concluant tous les autres retours. C’est l’ironie du geste. Le plus symbolique des temples sera le dernier servi.


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8 réactions à cet article    


  • Manuel Atreide Manuel Atreide 23 juin 2009 11:15

    @ l’auteur

    la dossier de la restitution des frises et métopes du Parthénon est à la fois brûlant diplomatiquement et crucial pour l’avenir des collections muséales de par le monde.

    1ere question : A qui appartiennent de droit les marbres provenant du Parthénon ? Rien que cette question provoque des discussions sans fin. A l’époque, la Grèce est sous domination ottomane. Lord Elgin a-t-il eu les autorisations officielles de Constantinople pour ramener ces oeuvres à Londres ? Y-a-t-il eu vol ou non ? L’état grec peut-il contester une décision juridique prise par un état en charge à l’époque de son territoire ?

    2eme question : Les musées du monde entier sont remplis d’oeuvres venues de tous les coins de la terre. La diffusion de ces oeuvres est une condition sine qua non pour la compréhension, par les visiteurs, des cultures lointaines. Exemple : tous les japonais ne pourront pas venir en France. En revanche, ils peuvent aller dans un musée de Tokyo pour admirer les peintures impressionnistes, la sculpture française etc. Que chaque pays exige le retour de ses « oeuvres nationales » et c’en est fini de l’idée même de musée universel. Nous n’aurons à proximité de notre lieu de vie que ce que nous connaissons déjà. Comment dans ce cas apprendre à connaitre l’autre ?

    Ces questions, à mon avis, priment sur le désir - légitime sans doute - de voir revenir les chefs d’oeuvre à Athènes. J’ai visité la ville l’année dernière, j’ai eu la chance de pouvoir entrer dans le nouveau musée de l’Acropole, alors en cours d’installation. Sans avoir pu voir la salle prévue pour ces marbres, le projet présenté est impressionnant et le bâtiment en lui même vaut le détour. Et si mon coeur me pousse à soutenir le retour des métopes et frises du Parthénon sur leur lieu de naissance, je reste cependant très prudent sur les conséquences d’une telle décision.

    En revanche, je suis un partisan convaincu du projet qui vise à regrouper les différents fragments de ces oeuvres en un seul lieu. Il est aberrant d’avoir une frise à Londres, le bras d’un personnage à Athènes, une tête à Copenhague etc. Ces oeuvres, gravement endommagées par le temps et la folie des hommes, doivent autant que faire ce peut, retrouver leur intégrité. A ce moment là, on pourra se poser la question de savoir où elles iront en définitive.

    Manuel Atréide


    • Michel Koutouzis Michel Koutouzis 23 juin 2009 12:14

      Les décisions que nous avions proposé à Mexico (oui, je faisais partie de la délégation) étaient précises (elles ont été adoptées) et il s’agit de la deffinition comme l’indique l’article : 

      « la restitution de pièces uniques, d’une construction unique symbolisant une culture » ; il y avait d’autres garde-fous, le texte est, comme tous les textes de ce genre, coplexe et restrictif. Pour moi, il est évident que le regroupement, sauf situation environnementale desastreuse ou manque d’infrastructures évident, doit se faire au lieu d’origine. Il y a encore quelques decenies, on pourrait à la rigueur utiliser « l’argument touristique », mais aujourd’hui les flux touristiques et les cout du voyage sont tels qu’il devient impossible de l’utiliser. Après tout, la Grèce reçoit autant de touristes par an que sa population. Enfin, concernant l’historique même du détachement de la frise, dans des conditions catastrophiques, dans l’urgence (le firman de la porte sublime n’était pas précis et pouvait être annullé) la brutalité de l’extraction et du chargement et déchargement) plusieurs pièces disparurent à jamais dans la mer et d’autres furent brisées) font des « marbres d’Elgine » l’exemple à ne pas suivre. Quant à la question de l’occupation, imaginez vous que les œuvres d’art volés en Frace ou en Russie par les nazis ne sont pas restitués ? 
      Amicalement


    • Manuel Atreide Manuel Atreide 23 juin 2009 12:56

      @ l’auteur

      construction unique, symbôle d’une culture. je suis d’accord avec tout cela. Même après 2500 d’existence, malgré toutes les vicissitudes, les destructions, les mutilations, l’Acropole reste un lieu unique, parfait, l’un des coeurs artistiques et culturels de la civilisation occidentale. Ce qui se passe sur ce roc nous concerne tous, européens, occidentaux, pas seulement les grecs.

      Mon nom de plume vous signale suffisament, je crois, mon attachement profond pour cette terre, cette culture, cette histoire. je suis allé à Londres plusieurs fois, je connais bien le Brit. Et la muséographie a vieilli, ces chefs d’oeuvres ne sont pas présentés comme on pourrait le rêver désormais. J’avoue aussi que l’idée de les voir à Athènes, dans une muséographie plus conforme à leur positionnement initial, avec le Parthénon à portée de regard est vraiment tentant.

      Je persiste tout de même à dire que nous devons faire très attention à ces envies de restitution. Devons nous, par exemple, rapatrier la Vénus de Milo ou la Victoire de Samothrace en Grèce ? la question n’est pas idiote ... Mais ces oeuvres ne sont-elles pas aussi bien, voir mieux exposées au Louvre. Et, loin des considérations touristiques, ne sont-elles pas les meilleures ambassadrices de cette culture héllène qui nous a tant donné ?

      Les marbres du Parthénon, à Londres ou à Athènes, sont grecs et le resteront. Ils signent la grandeur de cette civilisation. Elle nous a légué le théatre, la scupture, la démocratie. Tout cela a essaimé et c’est pour moi la plus belle preuve de son apport immense.

      Ne brisons pas le rêve d’une culture humaine partagée juste pour des questions de géographie. Même si je pense qu’en définitive, la Grande Bretagne s’honorerait à dire que sa mission de préservation est terminée et qu’elle rend ces chefs d’oeuvre à leur terre natale.

      Manuel Atréide


    • Michel Koutouzis Michel Koutouzis 23 juin 2009 13:38

      Absolument. Venus et la Victoire sont là où il faut. Elles honorent le Louvre, qui les honore à son tour. Il est hors de question de commencer à déménager les musées, qui ont une histoire et font partie de l’Histoire. C’est tout le sens de « la restitution dans son ensemble d’une œuvre unique et symbolique d’une culture ». Sous cette définition, très peu d’œuvres sont concernés. 


    • LE CHAT LE CHAT 23 juin 2009 14:27

      tu vas faire pleurer chirac , s’il faut renvoyer au bled toutes les statues d’art premier !


      • sissy972 23 juin 2009 14:49

        M. LE CHAT,
        Et dans quel « bled » doit-on renvoyer les statues d’art premier ?
        Ce que je renverrais dans leur pays d’origine ce sont toutes ces momies qui tronent
        dans les vitrines des musées occidentaux.
        Les oeuvres d’art sont des « créations » humaines mais les momies n’ont pas être qualifiées comme telles ou comme « curiosités ».


        • Anakin Skywalker 24 juin 2009 00:02

          Un petit article intéressant, une petite bouffée d’air frais.

          Je l’ai lu et ai voté oui sans hésitation.


          • Michel Koutouzis Michel Koutouzis 27 juin 2009 09:08

            Je reviens sur cet article, par indignation. Le Berliner Zeitug conclut un article qui a comme titre « A qui appartient le Parthénon » en disant que « les marbres d’Elgine sont plus un patrimoine culturel de Londres et moins de celui de la Grèce contemporaine ». La Grèce n’a pas le droit de demander les sculptures, dit l’article, par ce que, lorsque Elgin se les ait appropriées avec l’accord de la Sublime Porte, ce pays n’était pas encore une nation et encore moins un pays. Je pourrais, excédé, répondre : n’importe quoi. Mais les dires du journal sous tendent trop de certitudes nauséabondes pour en rester là : Les frises, du nom de leur voleur et non du temple dont elles font partie intégrante ont donc été confiées à un un pays civilisé et responsable par le conquérant, à une époque ou les grecs n’avaient rien de commun avec leurs ancêtres. Voilà comment, encore aujourd’hui, s’écrit l’histoire des colonialismes. Un peu plus tard, au momment ou les grecs faisaient le siège de l’Acropole, ils ont remarqué que les ottomans cassaient les colonnes du temple pour sous tirer du plomb (qui solidifiait depuis leur création leur structure). Ils ont envoyé un émissaire proposant de donner du plomb pour pour qu’on leur tire dessus, pour sauver les colonnes. On trouve ce passage dans les mémoires du général Macriyannis... Aucun rapport entre lui et la Grèce antique ? Ne disait-il pas lui même : ces pour ces ruines que l’on combat...

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