Quand Dr Kouchner met en péril les médecins humanitaires de MSF et MDM...
Les deux organisations humanitaires "Médecins du monde" et "Médecins sans frontières" s’insurgent contre les déclarations de Bernard Kouchner qui a affirmé dimanche 5 octobre, en visite à Jérusalem, que des "ONG françaises" présentes dans la Bande de Gaza fournissaient "officieusement" des informations à l’Etat. Le personnel de ces organisations craint maintenant des représailles... C’est grave Docteur !

"Officiellement, nous n’avons aucun contact avec le Hamas, mais, officieusement, il y a des organisations internationales qui entrent dans la Bande de Gaza, en particulier des ONG françaises qui nous donnent des informations", a affirmé le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, ce dimanche à Jérusalem. Ce n’est pas une mince affaire, car le message est maintenant passé : les ONG françaises travailleraient en collaboration avec le gouvernement. Bernard Kouchner est pourtant cofondateur de Médecins sans frontières (MSF) puis de Médecins du monde (MDM)...
Bronca humanitaire...
Dans un communiqué publié mardi 7 octobre, MSF s’insurge et affirme "n’avoir jamais communiqué d’informations politiques - officielles ou officieuses - concernant le Hamas, ou tout autre acteur politique palestinien, au ministère des Affaires étrangères français (...) MSF tient à rappeler que l’indépendance à l’égard de tous pouvoirs et intérêts (politiques, religieux, économiques ou militaires) est au cœur de sa conception de l’action humanitaire". "Dans le contexte actuel de Gaza, qu’un ministre d’une puissance occidentale puisse laisser entendre que des ONG font du renseignement est, d’une part, mensonger, d’autre part incroyablement irresponsable", a estimé Filipe Ribero, directeur général de MSF. "Les propos du ministre des Affaires étrangères sont non seulement inexacts mais dangereux", estime de son côté Médecins du monde. "Ils jettent la suspicion sur les pratiques des ONG françaises" et "exposent surtout les équipes humanitaires dans les Territoires, mais également au Moyen-Orient à d’éventuelles réactions et risquent de compromettre les activités en cours".
De la nécessité absolue d’indépendance et de neutralité des humanitaires...
Cette déclaration intervient d’ailleurs quelques jours après un article de Médecins du monde, publié dans Libération le 29 septembre, qui insistait lourdement sur la nécessité absolue pour les ONG de se démarquer nettement des gouvernements, et qui suppliait les représentants desdits gouvernements de prendre acte de cette nécessité. Morceaux choisis :
"Un positionnement sans ambiguïté des ministres qui traitent des questions internationales devient aussi crucial. Or, depuis plusieurs mois, un certain nombre de prises de position de ministres français ne sont pas de nature à clarifier la place de chacun. Ainsi est-ce le cas..."
"Quand M. Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères, sollicite les ONG françaises pour participer à des corridors humanitaires au Darfour à partir du déploiement des troupes de l’Eufor au Tchad, ou quand il encourage ces mêmes ONG à utiliser les services de la marine nationale via le Mistral pour apporter de l’aide en Birmanie. Si nous donnons suite, nous participons alors à la confusion."
"Quand M. Hervé Morin, ministre de la Défense, qualifie la mort d’un sous-officier français des forces spéciales, à la frontière soudano-tchadienne, de « décès survenu en mission humanitaire », ce qui ne correspond ni aux engagements ni au mandat de l’Eufor, alors est entretenue la confusion."
"Quand M. Alain Joyandet, secrétaire d’Etat à la Coopération, dans son discours programme en 8 points du 19 juin 2008, fait état de sa volonté de faire transiter des volumes financiers plus importants par les ONG françaises et annonce dans le même temps le renforcement de la coopération militaire française, il en résulte une confusion accrue."
Et l’ONG conclut : "La complexité et la dangerosité qui caractérisent aujourd’hui nos lieux d’action, et la volonté affichée de l’Europe d’intervenir militairement dans un plus grand nombre de crises, imposent cette clarification tant aux acteurs humanitaires qu’aux responsables politiques". Le message a semble-t-il du mal à passer... C’est grave Docteur !
Les mots ont-ils encore un sens ?
(Sources : lesmotsontunsens.com, medecinsdumonde.org, msf.fr, nouvelobs.com)
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