Les clés de la réforme audiovisuelle
Voulue par Nicolas Sarkozy, la réforme de l’audiovisuel public soulève actuellement moults débats au sein même de la majorité. La suppression de la publicité, qui va engendrer la création de bénéfices supplémentaires pour les chaînes privées et l’indépendance des rédactions de France Télévision sont les points les plus contestés de la réforme. Le texte, actuellement débattu à l’Assemblée Nationale, prévoit en effet, et cela dès le 5 Janvier 2009, la suppression des écrans publicitaires entre 20h00 et 6h00 sur l’ensemble du réseau France Télévision (hormis RFO), afin d’évoluer vers une suppression intégrale de la publicité d’ici 2011. Le manque à gagner que va occasionner cette mesure est évalué à 430 millions d’euros annuels, contraignant ainsi l’état à débloquer de nouvelles sources de rendement.
Les chaînes privées seront ainsi taxées sur leurs revenus publicitaires, le montant de cette taxe étant fixé en fonction des bénéfices publicitaires supplémentaires opérés par les chaînes. Idem pour les opérateurs téléphoniques, qui seront taxés sur les mêmes critères, si ce n’est que la taxe qui leur est imposée sera, non pas comprise entre 1,5 et 3% mais 0,5 et 0,9%. Cependant, ces taxes ne semblent pas être en mesure de palier les 430 millions issus de la rente publicitaire, laissant ainsi envisager une augmentation de la redevance. Le manque de garantie quant aux fonds utilisés pour financer la suppression de la publicité est d’ailleurs au coeur des critiques qui ont été jusqu’aujourd’hui émises, avec en première ligne celle du socialiste Jean-Marc Ayrault, qui s’exprimant au micro de l’Assemblée Nationale a estimé que la suppression de la publicité est une faute politique et budgétaire, dans une période où il manque de l’argent public.
L’autre point sensible de la réforme concerne l’indépendance de France Télévisions, sérieusement mise en cause par la réforme de l’audiovisuel estiment les syndicats du groupe. Le président de France Télévisions ne sera en effet non plus nommé par le Conseil supérieur de l’audiovisuel mais par décret officiel du chef de l’état, qui devra cependant obtenir confirmation du CSA. Officiellement, cette décision s’explique par le fait que c’est à l’État actionnaire à qui la nomination du président de France Télévisions revient de droit. Par ailleurs, cette réforme, dont l’objectif est de libérer la télévision publique de la pression de l’audience, va conduire à la diffusion de spots de courte durée, sur des thèmes variés tels que l’Union Européenne, l’écologie, la santé etc... Un coup de pouce pour les chaînes privées estime l’opposition, du fait du peu d’intérêt qu’éprouverait le public vis à vis de ces programmes, et des faibles audiences qu’ils réaliseraient.
Quant à la modification des horaires, effective dès le 5 Janvier, elle touchera en première ligne les premières parties de soirées, qui commenceront désormais non plus à 20h50 mais à 20h35, les deuxièmes parties de soirée subiront le même bouleversement avec une avancée de 15 minutes, à 22h15. Les chaînes privées, avec en première ligne TF1, vont devoir repenser l’ensemble de leurs soirées, afin de se caler sur les horaires de France Télévisions et ainsi éviter de voir l’audience chuter en première partie. Pour cela, TF1 envisage de réduire largement la durée du JT de Laurence Ferrari, qui se résumera en un tour complet de l’information en moins de dix minutes.
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