Français réveillons-nous !

Le quinquennat :

Une fois élu, Sarkozy pensait avoir trouvé le graal : pour gagner en popularité et faire passer les réformes que lui commandaient ses amis du MEDEF et de la haute finance, il fallait enfourcher les chevaux de bataille du FN sans complexe, il empocherait ainsi les dividendes.

Quelques étapes de cette « croisade »

-Le 26 juillet 2007 le discours de Dakar où, sans aucune retenue, il dénie aux Africains d'être entrés dans l'histoire renouant ainsi avec les justifications traditionnelles de la colonisation.

-En novembre 2009 s'ouvre le calamiteux débat sur l'identité nationale qui, loin de faire décoller la cote du président, amorce une remontée du FN et affirme le leadership de la fille de Le Pen.

-On croyait avoir touché le fond de l'ignominie démagogique, mais une nouvelle étape est franchie lors du discours de Grenoble qui reprend tous les poncifs racistes sur les Roms sans oublier les autres racailles de banlieues.

Mais la cote ne remonte pas vraiment et le FN progresse toujours.

-On en remet une couche fin 2010 en promettant un « débat » sur la laïcité qui peut difficilement cacher sa véritable cible : le culte musulmans et ses adeptes.

J'ai passé évidemment sur tous les faits divers qui ont alimenté ce processus de stigmatisation de la population arabo-musulmane , faisant feu de toute occasion susceptible d'alimenter le racisme ordinaire que tout politique respectueux du droit se devrait de contenir.

Tout est bon pour cliver sur une ligne de partage qui oppose entre eux les plus démunis. Tant qu'une partie du peuple a pour « ennemi » une autre partie, l'ordre économique des plus forts règne et on peut faire oublier l'inauguration du quinquennat : le bouclier fiscal, les amis du Fouquet's, le déficit qui se creuse par les exonérations des charges patronales et les avantages fiscaux associés.

Mais le FN continue de progresser en jouant évidemment sur le même filon identitaire et démagogique.

Les autres courants politiques et les média

Mais il n'est pas le seul à jouer sur ce filon avec Sarkozy : on a l'impression qu'une maladie contagieuse atteint une grande partie des dirigeants politiques et de la sphère médiatique.

Les dérapages verbaux de Manuel Valls se plaignant de l'absence de « blancos », les déclarations tonitruantes de Mélenchon sur le voile et les prières musulmanes en plein air, entre autres sont autant d'appels aux réflexes de rejet de l'autre. Comme si pour être populaire en France il fallait s'appuyer sur les réactions les plus émotionnelles et élémentaires de la personne humaine.

Dans les médias, on observe que la popularité de Zemmour et surtout l'importance que ses pairs lui accordent est proportionnelle à son cynisme dans l'affichage de ses convictions racistes et de son procès de l'égalité. Une Caroline Fourest est très régulièrement invitée pour justifier la théorie du « choc des civilisations » alimentant des forums particulièrement crapoteux sur des sites internet.

On assiste aujourd'hui à un véritable renversement de valeurs :

Les droits de l'hommes sont discrédités non pas par une argumentation mais par une transformation verbale, le substantif « droitdel'hommisme » suffit à le dévaloriser définitivement (au nom des privilèges des Françaisdesouche peut-être ?)

Le port d'un voile est considéré comme un délit dans une crèche, comme si cela constituait un grave danger et l'exclusion de la coupable une grande victoire de la civilisation !

Des choix nécessaires

Puisqu'il y a à nouveau débat sur la laïcité et sur l'identité nationale, nous devons nous poser les questions essentielles.

Quels sont les véritables responsables ? Va-t-on continuer à nous faire croire que l'ennemi principal c'est l'autre plus démuni que soi et non ceux qui multiplient leur fortune au casino mondial de la spéculation avec l'aide des politiques qui se soumettent au diktat des marchés par l'abandon des solidarités ?

Souhaitons-nous être à l'image de ce que cette dérive démagogique nous renvoie et accepter qu'on essaie de gagner nos voix par la trouille, le rejet de l'autre et la démagogie ?

Etre citoyen français est-ce appartenir au troupeau apeuré et haineux que nous renvoient tous ces idéologues de l'exclusion.

La démagogie est comme la drogue, au début on est content d'entendre ce que l'on veut entendre, puis on devient accro et on perd tout sens critique.

Ne nous laissons pas séduire par ce pitoyable chant de sirène.

Il n'est pas facile de vivre pour beaucoup de français, mais la solution est dans un combat qui élève ceux qui se battent, non dans la soumission à des hommes ou femmes providentiels d 'autant plus douteux qu'ils prétendent résoudre à notre place tous les problèmes sans s'attaquer aux véritables causes dont ils sont parfois les auteurs ou les complices.

Nous pouvons certainement aimer la France de la Révolution, de la Commune, du Front Populaire, des combats pour la liberté, l'égalité et la fraternité. C'est cette devise qui doit servir de cap, non les valeurs « identitaires » que l'on voudrait nous faire partager de gré ou de force. Il faut nous réveiller et renouer avec ce qu'il y a d'universel dans le fait d'être français (cf la Déclaration des Droits de l'homme et le préambule de la Constitution), non ce qu'il y a d'identitaire.